Archive dans 9 juin 2008

L’U.I.M.M. s’est goinfrée d’argent public

guillotine.1212964872.jpgLe temps des nausées est revenu. Selon un article publié par Rue 89 et dont je vous conseille la lecture, l’Union des Industries Métallurgiques et Minières se serait emparée d’une grande proportion de fonds public destinés à la formation professionnelle en montant des dossiers de stagiaires fantômes. Avec ce que l’on sait ce temps-ci, il n’y aurait rien d’étonnant. Voilà des institutions qui se posent comme des références et qui ne rien de mieux qu’un syndicat de gangsters de Chicago.

On dira sans doute que la moralité publique est en baisse. J’aurais plutôt tendance à penser qu’il en a toujours été ainsi et que seule la presse lorsqu’elle n’est pas aux ordres et naturellement Internet font que ces affaires « sortent » plus facilement au grand jour. Et de me rouler par terre de rire quand on montre du doigts certains pays d’Afrique ou d’Asie. Les « puissants » de France ne valent guère mieux.

Parfois, bien qu’à mon corprs défendant, je me sens bien proche de Maximillien Robespierre et des Conventionnels épris de « vertu » qui appliquaient une excellente thérapeutique Place de la Révolution.

Les caisses sont vides, mais pas pour tout le monde

sarko-teeshirt.1212701437.jpgMon attention avait été attirée par un article paru sur Bakchich concernant les festivités qui vont accompagner la présidence française de l’Union Européenne. Et ces prédictions semblent avérées. Ces six mois seront meublés de manifestations diverses, rencontres, inaugurations et tutti quanti qui auront pour corollaire de nombreux frais d’organisation, de déplacements et de réception. Et l’on sait que, sur ce chapitre, Sarkozy et les Sarkoziens n’ont pas la main légère.

Il semblerait qu’il en soit de même pour tous ces trucs onéreux tels que voyages et réceptions des ministres et de leurs proches collaborateurs.

Sur ce sujet, nous sommes encore loin de la rupture.

Le téléchargement est-il vraiment malhonnête ?

Je crois me souvenir qu’une nouvelle loi ayant pour objectif de dissuader du téléchargement « illégal », est en préparation. A ce propos, il me vient certaines observations.

cd.1212623702.jpgLa position de l’industrie du disque peut sembler, en première analyse, justifiée. On peut considérer que le fait de télécharger de la musique au lieu de l’acheter est une spoliation. Si l’on examine les choses avec cet écran brutal et superficiel, on peut, il est vrai, le reconnaître. Mais il y a diverses considérations.

Il faut bien prendre en compte l’évolution des moeurs. Ce sont ceux-là même qui se plaignent, qui ont « désacralisé » la musique. On remarque d’ailleurs que là où sa valeur culturelle est la plus forte, dans le cas de la musique dite classique, le téléchargement est plus rare. La musique classique repose sur des valeurs éprouvées et légitimées par le temps. J’imagine mal ne pas posséder physiquement un CD quand il s’agit de musique médiévale enregistrée par des artistes courageux et inspirés. On pourra télécharger une pièce ou deux « pour voir » si l’on aime. Au final, le client déterminé fera l’acquisition. Éventuellement, le téléchargement viendra en appoint pour le mélomane qui n’a pas les moyens de s’offrir des objets dont il faut bien dire aussi qu’ils sont fort chers.

A contrario, pour la variété contemporaine, le téléchargement est plus fréquent. Mais on ne peut nier aussi que ce sont les majors qui en ont fait des produits « jetables ». L’immoralité va même plus loin, puisque les jeunes interprètes sont aussi jetables parce qu’on ne se souciera point d’un échec durables qui aurait succédé à une réussite éphémère. Une présentation correspond bien à cet état de choses, le CD 2 titres qui est vendu proportionnellement encore plus cher à une clientèle dont les moyens sont encore plus faibles. Et ceci ne date pas d’hier. Le 45 tours a correspondu à cette démarche.

Les plaignants sont des gens qui ont entassé des montagnes de profits et qui se trouvent mis à mal par une évolution de la technologie que certains d’entre eux soutiennent en même temps d’une autre main, car elle apporte par d’autres chemins, des revenus considérables. Le cas de Sony en est un exemple, qui vend en même temps des CD et des baladeurs MP3. Ce n’est pas nouveau. Sony a « inventé » le « Walkman » et l’on ne me fera pas croire que toutes les cassettes qui tournaient dans les Walkmans étaient authentiques. C’étaient déjà des disque copiés ici ou là.

Le phénomène de la copie est aussi vieux que l’humanité. Ce fut même une istitution dans les monastères médiévaux. On se souvient aussi d’une redevance qu’un député imbécile voulut appliquer aux magnétoscopes. Il y eut, en leur temps, des crises d’urticaire économique et politique qui, au final n’on rien apporté. On a inventé quelques taxes qui ont ou non survécu. Et c’est tout. A propos de taxe, on rappellera ici que les supports sont déjà taxés, y compris les CD que les entreprises utilisent pour leurs données, donc sans rapport avec la musique. Tout achat de DVD enregistrable fait l’objet d’un impôt de un euro. On ne peut qu’être stupéfait par le lobbying et la réactivité stupide de ces grands groupes qui sont prêts à piétiner sans honte leurs valeurs économiques libérales et de libre concurrence dès lors qu’il s’agit de leurs gros sous.

On objecte aussi que, contrairement au support magnétique, la copie numérique se fait sans perte de qualité. Ce qui est vrai, mais cette perte n’a jamais été un obstacle dur. Les copies de cassettes à la limite du sonore infect ont tourné dans des Walkmans sans que cela semble gêner trop fort les auditeurs. Car, ce désir n’est pas technique. Certains mélomanes sont totalement réticents à ce qui n’est pas Hi-Fi. Les jeunes s’en fichent pour un usage qui ne dépassera pas quelques semaines.

Je voudrais, à ce propos, faire état de mon expérience personnelle.

vinyle.1212623755.jpgLe disque entra chez nous quand j’avais peut-être 10 ans, sous la forme d’une platine surmontant un poste de radio. Histoire d’avoir quelque chose à écouter, mes parents firent l’acquisition d’un ou deux 78 tours avec des titres immortels de paso-doble. Il arrivait donc qu’on dansât fort longtemps sur le même morceau. Puis entra à la maison, un double 33 tours reproduisant un concert d’Yves Montand au théâtre de l’Empire. Les premiers microsillons que je vis de ma vie ! Pendant de longs mois, on en restât pratiquement là, tant les disques étaient chers. Ensuite c’est moi qui, à l’occasion de cours de musique, fit entrer Une nuit sur le Mont Chauve en 45 tours, qu’il fallait retourner au milieu de l’oeuvre. Un peu plus tard, la Symphonie Fantastique. Je me souviens que ma grand-mère que j’avais emmené me l’offrir chez un disquaire réputé à Paris, m’avait demandé au moins dix fois avant de passer en caisse si c’était bien cela que je désirais. Puis on en resta là pour longtemps au point que je suis capable, aujourd’hui encore, de chanter de mémoire toute la Symphonie de Berlioz. En ce temps-là, la musique était sacrée. Et ce ne sont pas les auditeurs qui l’ont désacralisée.

Que les temps ont changé !

La chasse au « pirate » va être ouverte. On va en attraper quelques uns qu’on va condamner à l’échafaud pour l’exemple. Et puis ce sera fini parce qu’il y a 65536 ports d’entrée sur mon ordinateur et qu’on ne pourra empêcher d’habiles informaticiens de tripoter les paquets d’octets qui se baladent sur Internet pour leur donner une honnête apparence. Tant pis pour ceux qui ont joui d’une position économiquement très confortable, mais, il faut bien le dire, assez injustifiée. Tant pis pour les actionnaires de Sony ou EMI. Je ne vais pas pleurer. Tant pis pour les artistes belges qui veulent s’enfuir au Liechtenstein pour ne pas payer leurs impôts en France.

Seuls les artistes peu connus et sincères qui travaillent à fond seront peut-être pénalisés. Mais, de toute façon, il y a longtemps que les « majors » n’en veulent pas.

Je ne peux aussi m’empêcher de penser à quelque chose. Il ya vingt ans, sous la pression technologique, je fis l’acquisition d’un lecteur de CD. Simplement parce qu’il était évident que c’en était fini du disque vinyle. Les platines commençaient à se faire rares, les têtes diamant aussi. Quant à l’industrie du disque, elle s’était tournée de façon résolue vers le numérique.

A partir de ce jour-là, j’ai non seulement acheté de nouveaux titre en CD, mais j’ai peu à peu refait ma discothèque en achetant des titres au format CD que j’avais déjà au format 33 tours. J’ai donc payé deux fois les droits. L’industrie du disque n’a pas versé une larme sur mon sort. Au contraire, elle s’est bien frottée les mains.

Chacun son tour…

Notes d’économie politique 26 – 5  juin 2008

Mai 1968 : 21 – Mai 2008 : Cessons d’être des veaux

[Mai 1968: commencer au début]

Voici terminé le mois de mai. Et avec lui se terminent aussi tous les évènements commémoratifs de mai 68. Curieusement, je n’ai pas souvenance que 1988 ou 1998 furent autant célèbratifs ! J’espère être encore en vie en 2018, pour le cinquantenaire. Alors là, on fera une grande fête, nous les vieux survivants. Et puis en 2048, il y aura peut-être encore un ou deux centenaires qui auront vraiment participé en criant « CRS SS » ou en lançant un pavé, ne serait-ce qu’un petit.

Je voudrais un instant m’attarder sur tout ce que j’ai lu, dans la presse, ou entendu, à la radio. Tous ces témoignages d’hommes (et pas de femmes – bizarre), celèbres ou non, jeunes ou moins jeunes.

Et ce qui reste, ce ne sont pas les cris de « CRS SS », ni les pavés. Ce qui reste, c’est d’abord l’analyse unanime d’une société sclérosée qui ne se sentait pas évoluer, comme, par exemple, aux Pays-Bas. La référence aux autres manifestations est pourtant quasi absente, comme elle le fut pour moi : la force de ce que nous avions vécu a masqué nos souvenirs. Sauf Prague, peut-être, parce que là, c’était vraiment du « dur ».

Et ce qui reste ensuite, et c’est le souvenir dominant, et c’est ce qui est merveilleux, c’est le souvenir d’une société fraternelle. Tout le monde se souvient qu’on parlait avec tout le monde, qu’on échangeait idées et points de vue avec tolérance et créativité. Tous ceux qui habitaient de façon un peu éloignée des centres des villes se souviennent que l’auto-stop marchait très bien. On ne peut donc pas nier que cette apparence libertaire correspondait à un certain besoin chez un grande partie des citoyens, et pas seulement les jeunes.

Je ne peux, alors que m’interroger. Pourquoi cet « esprit de mai » a-t-il été éteint ? Sans vouloir en faire un mode dominant de fonctionnement social, il aurait pu rester quelque chose de cette humanité. Pourquoi cela a-t-il totalement disparu ? Il me revient la constatation que j’avais faite en août-septembre 1970, alors que j’avais été appelé au service militaire. Les deux mois de « classes » ont été deux mois d’une semblable solidarité. Parce que nous avions, car nous étions tous sursitaires et soixante-huitards, à nous adapter à ce que nous avions identifié comme un adversaire commun qui nous faisait faire des choses stupides et vexatoires. Et ceci disparût dès lors que nous nous trouvâmes dispersés dans des « emplois » adaptés à notre niveau de formation. Et, ce relatif confort, nous rendit complices.

Pour grandir socialement, l’homme a besoin d’adversité. Notre société, sécuritaire, d’état providence, ne fait que cultiver la facilité de l’égoïsme. Nous avons besoin de luttes. Pas forcément de guerre, heureusement. De luttes politiques ou de luttes syndicales.

Français, cessez d’être des veaux. Prenez solidairement votre destin en main.

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[Suite ]

L’économie libérale : dogme et illusion des vertus de la concurrence

Aujourd’hui la concurrence est présentée comme un moyen d’assurer le dynamisme économique et les meilleurs prix. Ce dogme est partagé par de nombreux pays, dont la France, et les instances de la Communauté Européenne qui se montrent très sourcilleuse sur cette question. Mais est-on assuré, pour le moins, que la méthode permette d’atteindre les objectifs poursuivis ?
On commencera, tout d’abord, que l’économie de marché et la concurrencent furent bien avant les nationalisations. Le développement industriel au XIXème siècle fut assuré par des entreprises privées dont le capital était familial ou composé par des participations d’actionnaires. Ainsi furent des secteurs qu’on nationalisera par la suite, tels les charbonnages ou les chemins de fer, par exemple.
Après le Front Populaire et la Seconde Guerre Mondiale, en France, un certain nombre de secteurs se retrouvèrent nationalisés pour plusieurs raisons.
La première était l’aspect stratégique, au sens militaire du terme : ainsi, en était-il de la production d’énergie, des transports, du service postal, des télécommunications. On en comprend aisément le sens : il aurait été tout à fait pernicieux qu’en cas de conflit, des secteurs aussi déterminants pour la conduite des opérations puissent être entre des mains mercantiles et même<étrangères.
Un autre aspect concerne la recherche et le développement. Il est, en effet, très facile d’obtenir d’entreprises nationales qu’elles mettent en œuvre des programmes de recherche même si l’intérêt économique n’apparaît pas immédiatement. Le TGV aurait-il été inventé si la SNCF n’avait pas été entreprise publique ? Et quid de la filière nucléaire française, réputée par sa qualité et sa sécurité, si EDF avait été privée ? France Telecom aurait-elle déroulé tant de kilomètres de fibre optique et développé le réseau RNIS ? On n’aurait certainement pas construit Concorde si l’état n’avait pas été autant impliqué dans l’industrie aéronautique. Car même si le programme Concorde a été abandonné en raison du coût des carburants, on ne peur faire l’impasse sur les technologies dérivées.
Par nature, dans un état raisonnable et non corrompu, l’industrie nationalisée vise autant l’intérêt général que les profits évidemment nécessaires.
Un troisième aspect concerne l’aspect social. Tout le monde a lu Germinal et se représente donc très bien l’impact terrible sur les ouvriers de la fermeture des puits d’extraction charbonnière non rentables. Dans un environnement libéral, la situation des ouvriers débauchés est laissée à la charité publique où à la conscience, rare, des maîtres des entreprises. Face à Germinal, on peut se souvenir de ce que fut la liquidation progressive de Charbonnages de France. Certes, ceci ne fût sans conflit. Même sans dur conflit. Mais, au demeurant, la puissance publique eut à cœur d’atténuer autant que faire se pouvait l’impact social de la fermeture des puits.
Naturellement, sur la base de l’industrie métallurgique française, on peut gloser sur les nombreuses aides de l’état qui n’ont pas empêché la fin prévisible. Mais on pourrait aussi se poser la question du maintien de certaines industries, même si elles ne sont pas tout à fait rentables, en mettant dans la balance des coûts sociaux tels que le chômage ou les pré-retraites et toutes les conséquences telles que la précarité sociale, l’alcoolisme, la délinquance, la drogue, etc..
Privatisation et concurrence sont devenus des dogmes.
On va même jusqu’à des positions délirantes. Quel intérêt peut-on trouver à faciliter la création de fournisseurs virtuels de communications téléphoniques ? Voilà des sociétés qui ne possèdent rien, par un mètre de paire de cuivre ou de fibre optique ! On pourrait au moins leur imposer de s’impliquer dans les investissements ! Car si les vendeurs de minutes se bousculent, rares sont ceux qui s’impliquent auprès de France Télécom ou de Cégétel ou de la SNCF pour tirer de la fibre. Et quand ils le font (voir l’exemple de Free) c’est dans des secteurs à rentabilité rapide. Tout ceci au détriment de l’aménagement du territoire.
Car avant d’être privatisées, EDF, la SNCF, La Poste, France Télécom, ont contribué à cet aménagement en apportant leur service dans les endroits les plus reculés. Qu’en sera-t-il bientôt des agriculteurs du Massif Central ?
La notion de Service Public est indissoluble de celle d’Aménagement du Territoire. En privatisant, on laisse les situations peu ou non rentables à la charge de la collectivité. C’est ainsi que certains Conseils Généraux en sont à poser de la fibre optique pour distribuer Internet dans un maximum de communes. Est-ce vraiment la mission des Conseils Généraux ?
Enfin, il y a l’illusion de la concurrence censée faire baisser les prix. Et là, il y a plein de contradictions. Ainsi, France Télécom doit faires des bénéfices pour distribuer du dividende. Si la concurrence conduit à baisser au plus bas les prix de vente, alors le dividende baisse ou devient nul. Pour le coup, c’est le cours de l’action qui baisse aussi et la valeur de l’entreprise passe en dessous de sa valeur réelle permettant l’achat massif par des spéculateurs. La concurrence ne peut donc jouer pleinement. Et comment y parvenir : l’entente.
Il est remarquable que, dans le secteur des télécommunications, les trois opérateurs ont été condamnés pour entente illicite. Ils ont payé l’amende ou procédé d’appels en appels. Au final, le consommateur est loin d’être gagnant. Il n’est pas rare que des infractions de ce genre soient relevées, dans la grande distribution, par exemple, où « l’alignement » des prix fait sourire. On relèvera aussi l’exemple de l’optique (secteur mutualiste à part) où les différences de prix s’appuient, pour l’essentiel, sur des différences de qualité ou des artifices tels qu’il est impossible de s’y retrouver (comme dans les forfaits de téléphone et bientôt d’électricité).
Privatisation et concurrence sont des dogmes. Des centaines de contre-exemples peuvent être avancés tant dans la question des ententes que dans celle des coûts non intégrés et laissés à la charge de la collectivité. Il serait bon que les citoyens en prennent conscience et exercent des pressions corrélées sur les élus.

Notes d’économie politique 25 – 1er juin 2008

Le choc pétrolier ou l’incurie des gouvernants du monde

Bien des questions se posent à propos de la phénoménale augmentation du coût du pétrole.
mblanche.1212272776.jpgLa première concerne l’impuissance des gouvernements. Et c’est tout de même fort ! Comment la comprendre. Passe encore s’il s’agissait de pays producteurs. Mais ce n’est même pas le cas. Les USA subissent. Toute la Communauté Européenne subit. L’Inde subit. Même la Chine subit ! Les pays producteurs affirment que, pour une bonne part, cette inflation est d’origine spéculative. Si cela est exact, cela veut dire que l’ordre économique mondial est, actuellement, entre les mains de quelques dizaines de spéculateurs et que les gouvernements des états libéraux sont dans l’incapacité totale d’agir.
La deuxième question concerne la réalité de la production.
On nous dit, comme si l’on s’en apercevait subitement, que la demande des états émergents croît de façon importante.
Ceci était-il prévisible ? Evidemment oui. Quelles dispositions ont-elles été prises pour tenir compte de ce facteur ? Apparemment aucune.
On nous dit, et là depuis quand même un certain temps, que les réserves pétrolières diminuent de façon sensible.
downingst.1212272927.jpgQuelles dispositions ont été prises par nos gouvernants ? Très peu. La plupart des programmes de recherche ont été initiés par des chercheurs indépendants ou des groupes industriels de façon dispersée. En fait, on attend que la production d’énergie de substitution devienne rentable pour déployer les programmes de recherche. Mais ceci aurait dû être fait avant afin d’éviter la douloureuse période transitoire. De plus, cette question n’a été pratiquement traitée qu’en termes économiques. Le fait que l’économie humaine ait consommé en 150 ans le pétrole que l’évolution géologique a mis des millénaires à constituer n’est évoqué que de façon anecdotique.
On peut regretter et déplorer l’attitude des personnes individuelles et des entreprises industrielles ou commerciales sur cette question. Mais qui, au demeurant, a la charge d’organiser et de déployer une politique adaptée sinon les gouvernements qui sont, normalement, là pour ça?

elysee.1212272805.jpgDepuis longtemps, les gouvernements ont fait des produits pétroliers, notamment du carburant automobile une source de revenus grâce à des taxes élevées (notamment dans la plupart des pays d’Europe et particulièrement en France). Ceci se concevait, dès lors qu’il s’agissait d’un produit bon marché et sans que ceci père de façon exagérée sur l’économie et le budget des ménages. Aujourd’hui, pour nombre de citoyens qui doivent utiliser leur automobile pour aller à leur travail ou s’approvisionner, le carburant est devenu un produit de première nécessité. Il en va de même pour un certain nombre de professions.
L’intelligence consisterait à prendre acte du changement de statut de ce produit et d’adapter en conséquence le système de taxation quitte à redéployer ces taxes vers des produits moins indispensables. Ou sur des produits d’importation qui concurrencent l’économie locale. On constate qu’il n’en est rien. Cette hypothèse est rejetée d’un revers de main par ceux qui nous gouvernent tant les soi-disant bénéfices fiscaux qui en découlent sont séduisants.
C’est ignorer l’impact secondaire, notamment sur le revenu des ménages et la consommation. Dans des pays, comme la France, où le développement est fortement appuyé sur la consommation intérieure, cette attitude est dangereuse.
Dans cette affaire, on constate donc que, pour l’essentiel, les régimes libéraux tenants de l’économie de marché n’ont rien prévu et se laissent aller à la politique du chien crevé au fil de l’eau. Cette absence de volonté, cette impuissance, remet le monde entier entre les mains des dangereuses puissances de l’argent.

Notes d’économie politique 24 – 1er juin 2008

Pas vierge le jour de son mariage

Pas vierge le jour de son mariage. Le Tribunal d’Instance de Trifouilly-les-Etrons a rendu un jugement qui risque de faire jurisprudence. Bientôt notre justice sera étouffée sous les plaintes des maris, et aussi des femmes, qui auront découvert au moment de la nuit de noces l’inconduite de leur conjoint.
– Ainsi, Monsieur Minable, vous déposez plainte contre madame, votre épouse, et demandez la dissolution du mariage, au motif que cette dernière n’était pas vierge.
– Oui, Monsieur le Juge.
– Apportez-vous la preuve de vos assertions ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Expliquez-vous.
– Et bien, Monsieur le Juge, au moment où je m’introduisis, je ne trouvais point la résistance attendue.
– Vous introduisîtes quoi ?
– Eh bien ma…, mon…, vous voyez bien ce que je veux dire.
– Non, Monsieur, je ne vois rien.
– Monsieur le Juge, quand on pénètre une femme vierge, avec son…, sa…, sa bite quoi.
– Je vous en prie, Monsieur, soyez poli dans ce tribunal. N’employez pas de mots vulgaires. Dites « verge » ou encore » pénis ».
– Bien Monsieur le Juge.
– Alors reprenez ! Et soyez bref et précis.
– Oui. Alors, en introduisant ma verge dans le… , dans la…, dans… la chatte…
– Vous voulez dire, Monsieur, que vous êtes zoophile ?
– Comment cela Monsieur le Juge ?
– Vous dites pénétrer une chatte…
– Je parle de la chatte de Madame.
– Ceci a un nom, Monsieur que vous choisirez en fonction de l’état d’avancement de votre besogne. Vous direz « en introduisant ma verge dans la vulve » ou bien si vous voulez suggérer que vous êtes plus avancé « en introduisant ma verge dans le vagin »…
– Bien je ne sais pas, Monsieur le Juge.
– C’est pourtant important. Car vous déclarez dans votre plainte avoir constaté qu’il n’y avait pas d’hymen. Le lieu est important.
– Bien oui, on sent bien quoi.
– Vous en aviez l’expérience ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Vous voulez dire que vous n’étiez pas vierge pour votre nuit de noces ?
– Certainement, Monsieur le Juge.
– Et vous n’êtes pas gêné par le fait que vous semblez exiger que votre femme le fût ? Vous trouvez cela normal ?
– Oui, Monsieur le Juge. Les hommes et les femmes, ce n’est pas la même chose.
– Mais si un homme dépucelle plus d’une femme, il y aura nécessairement des hommes qui n’en dépucelleront aucune. C’est statistique. Cela ne vous trouble pas ?
– Je ne comprends pas Monsieur le Juge. Un homme doit trouver sa femme vierge le jour de ses noces. Un point c’est tout !
– Bon, passons. Continuez.
– Et puis, il n’ y a pas eu de sang.
– Savez-vous qu’il est possible qu’il n’y en ait point ? Savez-vous aussi que l’usage de certaines serviettes hygiéniques peu distendre l’hymen ?
– Je ne comprends rien à tout cela. Ce qui doit être est que je doive percer une résistance qu’il doit y avoir de la douleur et du sang.
– Je vois… Telle que vous décrivez la chose, il est probable que Madame n’éprouve point de jouissance lors de la copulation.
– Mais, Monsieur le Juge, la jouissance des femmes est dans leur soumission à leur maître.
– Je vois. Je vois. Mais êtes vous bien certain que vous aviez la taille ?
– Je ne comprends pas Monsieur le Juge.
– Il es peut que votre pénis soit petit et passe comme cela dans un orifice naturellement assez large pour qu’il n’y ait point de résistance. Vous n’avez pas produit d’expertise. Et de toute façon celle-ci n’aurait rien prouvé car nous ne pouvons savoir quel était votre état d’excitation à ce moment là.
– Il était très fort, Monsieur le Juge.
– C’est vous qui le dites. Et puis, n’avez-vous pas malencontreusement abimé l’hymen de Madame par des attouchements préliminaires ?
– Monsieur le Juge, quand on déflore sa femme, le soir de la nuit de noces, il n’y a pas lieu, comme vous le dites, à préliminaires. L’attente du seigneur et maître doit suffire. Sinon c’est que la femme a déjà l’expérience du mâle et c’est donc une putain.
– Je vois que votre point de vue est bien déterminé et peu nuancé.
– Il n’y a pas de nuances. Voilà des jours que les fiancés se sont attendus. L’impatience est très forte. La femme s’allonge immédiatement et s’offre  à son mari qui sans attendre, relève sa robe et la pénètre d’un bon coup de rein. On dit même que l’homme est si fortement tendu que son impatience ensemence la femme au premier instant.
– Et c’est ainsi que cela est arrivé ?
– Bien sûr que non ! Le fait de ne pas trouver ce que j’attendais  m’a tout de suite refroidi.
– Vous voulez dire que votre érection s’est trouvée… amollie ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Et ensuite, qu’avez-vous fait ?
– Je l’ai battue.
– Comment cela ?
– Oui, Monsieur le Juge. Je l’ai battue. Une femme qui trompe son mari mérite d’être battue.
– Mais elle ne vous avait pas trompé ?
– Mais si, puisqu’elle était allée avec un homme.
– Mais c’était avant.
– Oui, mais c’est pareil.
– Mais vous m’avez dit que vous étiez allé, vous-même, avec une femme avant ?
– Pas une seule, Monsieur le Juge. Plusieurs. Je suis un homme, un vrai.
– Et vous ne considérez pas que le fait, pour vous, d’être allé avec des femmes, constitue aussi une tromperie ?
– Bien sûr que non !
– Pourquoi cela ?
– Parce que je suis un homme. Ce n’est pas la même chose.
– L’aviez-vous dit à votre femme, que vous aviez eu des expériences.
– Ce n’est pas ma femme, Monsieur le Juge, c’est une prostituée.
– L’aviez-vous dit à Madame ?
– Certainement pas.
– Pourquoi ?
– Ce ne sont pas ses affaires.
– Donc vous demandez le divorce ?
– Non, Monsieur le Juge. Je demande l’annulation du mariage. J’ai été très humilié par cette découverte, au point que je n’ose presque plus sortir de chez moi.
– Je ne comprends pas.
– C’est très humiliant, Monsieur le Juge, de ne pas trouver sa femme vierge. On se moque de vous.
– Croyez vous ? Personne n’en aurait rien su.
– Et si ! Il y a l’homme avec qui elle est allée. Lui il aurait su et se serait moqué de moi.
– Et si elle avait été forcée ? Violée ?
– C’est pire encore.
– Comment cela.
– Une femme violée est une putain. Elle excite l’homme pour l’amener à avoir un rapport avec elle. Puis, après c’est facile de dire qu’on a été violée.
– Donc, pour vous, une femme violée ne pourra trouver à se marier normalement.
– Bien sûr que non. sauf avec des hommes de rien. Quel homme accepterait d’avoir des enfants avec une femme violée ?
– Ne croyez-vous pas que la révélation publique de la non virginité de Madame n’a pas été humiliant pour elle. Imaginez, dans sa famille…
– Dans sa famille ça a été très simple. J’ai dit à son père : « reprenez-là. Elle n’est pas vierge. J’ai été trompé ».
– Vous n’avez pas été gêné de dire tout cela en public ? Et la famille, et les amis, quand vous avez rendu les cadeaux de mariage ?
– Je n’ai pas rendu les cadeaux. Ils sont à moi.
– Vous avez dit à tout le monde qu’elle n’était pas vierge et gardé les cadeaux.
– Bien sûr. Les cadeaux, ce n’est pas pour la femme. C’est pour l’homme. C’est lui le chef de la famille.
– Et vous comptez vous marier à nouveau ?
– Certainement, Monsieur le Juge. Dès que vous aurez annulé mon mariage. Il y a une femme qui m’attend.
– Et vous savez qu’elle est vierge ?
– Tout à fait sûr. J’ai un certificat.
– D’un médecin ?
– Non, je ne voudrais pas qu’elle se montre à un médecin. C’est ma mère. Et sa mère était là
– J’imagine la scène. La jeune femme qui doit s’allonger après avoir retiré ses sous-vêtements et relevé sa robe sous les regards. Puis une femme étrangère qui introduit un, puis deux doigts dans son intimité, qui hésite et s’y repend tellement la jeune femme est tendue qu’on n’est pas certain que la résistance qu’on trouve ne soit pas liée à son angoisse. C’est parfait. Je vous félicite, Monsieur. Vous êtes un gentleman.

La population de la terre : il y a un problème

Quand j’étais à l’école élémentaire, dans les années 59, on m’apprenait que la terre était peuplée de 2 milliards d’habitants.

Maintenant, on me dit qu’il y a plus de 6 milliards, bientôt 7. Soit un triplement dans la vie d’un homme. Je me suis donc amusé à faire une projection linéaire pour le millénaire en cours, sur la base d’un triplement tous les 60 ans. Cela donne les résultats ci-dessous.

population-1.1211841946.JPG

Soit 86 millions de milliards d’être humains. Sans commentaires.

Puis je me suis amusé à faire la projection inverse, linéaire, avec une division par trois tous les soixante ans. Si ce modèle était vrai, il n’y aurait eu qu’un seul être humain sur terre en 748.

population-2.1211841974.JPG

Ce qui dit bien que depuis les origines de l’humanité, la progression a dû être quelque chose comme exponentielle. Mais alors quid de la période à venir.

Si vous voulez vous faire froid dans le dos, allez visiter ce site:
http://www.populationmondiale.com/

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Sarkozy et l’intéressement des salariés

Je suis à peu près persuadé que cela part d’une bonne intention. Sarkozy a bien fini par être sensible à la question de l’écart scandaleux entre les revenus salariaux et les revenus des actionnaires. Sans compter les salaires exorbitants des patrons.

Alors il reprend la vielle idée gaullienne de l’intéressement et de la participation.

Ce qu’il oublie, c’est que le nombre des salariés susceptibles de bénéficier d’un tel intéressement n’est pas si important que cela. En sont exclus tout d’abors tous les fonctionnaires. Et tous ceux qui travaillent dans le secteur public ou para-public et qui ne produisent pas de bénéfices. Et le personnel hospitalier (alors que le personnel des cliniques le pourrait), personnel de l’URSSAF, des ASSEDIC et des mutuelles, personnel du monde associatif, personnel des services à la personne, etc., etc., et toutes sortes d’emploi qu’on a créé pour pallier le manque d’emplois industriel. Il y a aussi, bien sûr, toutes les professions indépendantes dont les honoraires ne sont pas toujours aussi élevés que l’on croit. Au bout du compte, cela doit faire beaucoup de monde ! Allez, à tout casser, il y aura une petite moitié des salariés qui en bénéficiera. Ce qui aura pour effet d’en mécontenter beaucoup d’autres.

Et voilà ce qui arrive quand on ne veut pas prendre un problème vraiment de face. Alors, on a recours à des expédients bricolés. Y compris des expédients qui peuvent être aussi coûteux pour le Trésor Public, puisqu’il est prévu des avantages pour les entreprises. La vraie réponse consisterait à affirmer qu’il est impératif que les revenus du travail retrouvent la proportion d’il y a quelques dizaines d’années pendant lesquelles le revenu des actionnaires était égal à celui des salariés, alors que maintenant il en est le double.

C’est pourtant simple de faire une loi disant que le montant des dividendes ne saurait être supérieur au montant des salaires. Et s’il y a des actionnaires mécontents, peu importe. Ils n’auront qu’à vendre leurs actions qui auront, de ce fait, perdu de leur valeur. Les salariés les achèteront.

La finance folle ne doit pas nous gouverner

C’est sous ce titre que Jacques Delors, Lionel Jospin et plusieurs autres anciens premier ministres ou ministres de l’économie ou des finances de divers pays européens, publient, dans Le Monde du 22 mai, un appel à la constitution d’un « comité de crise européen pour apporter des réponses solides à la crise actuelle des marchés ».

Suivent diverses analyses de la situation actuelle et de ce qui en a été la cause, notamment l’attitude des marchés sur la question des prêts hypothécaires qui se sont révélés douteux. Ils montrent que « l’industrie financière est incapable d’auto-régulation », ce qui, il faut bien le dire, n’est pas un fait nouveau. La seule recherche qui motive cette « industrie » étant celle du profit, si possible à court terme, sans aucune considération envers l’intérêt général, on ne voit pas comment elle s’auto-régulerait.

L’histoire est pleine d’évènements spéculatifs depuis le système de Law à la crise de 29, en passant par les emprunts russes , le tunnel sous la Manche et autres montages hasardeux où tout le monde a embobiné tout le monde, faute d’analyse sérieuse et de systèmes de freinage. Les spéculateurs sont comme les joueurs du casino. Ils sont totalement irrationnels.

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Les auteurs rappellent, de surcroît, que les « subprimes » ont été très bien notés par les meilleures agences de notation mondiales. Voilà qui démontre bien l’incompétence de ces organismes, composés eux-mêmes de spéculateurs ou d’anciens spéculateurs ruinés et aigris. Et l’on sait bien que la science économique et financière est bien loin d’être une science exacte qui ne s’est pas encore totalement libérée de l’impressionisme de certains gourous.

Continuant dans leur logique, les auteurs souhaitent donc que les « instruments financiers » fassent l’objet, au moins en Europe, d’une réglementation. Et continuant encore dans leur analyse et l’étendant à l’économie de marché et au capitalisme, ils vont jusqu’à écrire que « les marchés libres ne peuvent faire fi de la morale sociale ». Ils ajoutent: « le capitalisme décent (…) requiert une intervention publique efficace ».

Voici bien contradictions et naïveté. Sont-ils autant ignorant de l’histoire économique et politique du monde au point d’ignorer que chaque fois que ce principe n’a pas été suivi, il s’en est ensuivi des crises et des désastres? Demander l’intervention publique, c’est l’économie administrée. Bienvenue au club. Dommage, messieurs que vous ne l’ayez fait et verrouillé quand vous étiez au pouvoir.

Et qu’attendent nos gouvernants actuels ?


Notes d’économie politique 23 – 25 mai 2008