Pas vierge le jour de son mariage

Pas vierge le jour de son mariage

Pas vierge le jour de son mariage. Le Tribunal d’Instance de Trifouilly-les-Etrons a rendu un jugement qui risque de faire jurisprudence. Bientôt notre justice sera étouffée sous les plaintes des maris, et aussi des femmes, qui auront découvert au moment de la nuit de noces l’inconduite de leur conjoint.
– Ainsi, Monsieur Minable, vous déposez plainte contre madame, votre épouse, et demandez la dissolution du mariage, au motif que cette dernière n’était pas vierge.
– Oui, Monsieur le Juge.
– Apportez-vous la preuve de vos assertions ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Expliquez-vous.
– Et bien, Monsieur le Juge, au moment où je m’introduisis, je ne trouvais point la résistance attendue.
– Vous introduisîtes quoi ?
– Eh bien ma…, mon…, vous voyez bien ce que je veux dire.
– Non, Monsieur, je ne vois rien.
– Monsieur le Juge, quand on pénètre une femme vierge, avec son…, sa…, sa bite quoi.
– Je vous en prie, Monsieur, soyez poli dans ce tribunal. N’employez pas de mots vulgaires. Dites « verge » ou encore » pénis ».
– Bien Monsieur le Juge.
– Alors reprenez ! Et soyez bref et précis.
– Oui. Alors, en introduisant ma verge dans le… , dans la…, dans… la chatte…
– Vous voulez dire, Monsieur, que vous êtes zoophile ?
– Comment cela Monsieur le Juge ?
– Vous dites pénétrer une chatte…
– Je parle de la chatte de Madame.
– Ceci a un nom, Monsieur que vous choisirez en fonction de l’état d’avancement de votre besogne. Vous direz « en introduisant ma verge dans la vulve » ou bien si vous voulez suggérer que vous êtes plus avancé « en introduisant ma verge dans le vagin »…
– Bien je ne sais pas, Monsieur le Juge.
– C’est pourtant important. Car vous déclarez dans votre plainte avoir constaté qu’il n’y avait pas d’hymen. Le lieu est important.
– Bien oui, on sent bien quoi.
– Vous en aviez l’expérience ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Vous voulez dire que vous n’étiez pas vierge pour votre nuit de noces ?
– Certainement, Monsieur le Juge.
– Et vous n’êtes pas gêné par le fait que vous semblez exiger que votre femme le fût ? Vous trouvez cela normal ?
– Oui, Monsieur le Juge. Les hommes et les femmes, ce n’est pas la même chose.
– Mais si un homme dépucelle plus d’une femme, il y aura nécessairement des hommes qui n’en dépucelleront aucune. C’est statistique. Cela ne vous trouble pas ?
– Je ne comprends pas Monsieur le Juge. Un homme doit trouver sa femme vierge le jour de ses noces. Un point c’est tout !
– Bon, passons. Continuez.
– Et puis, il n’ y a pas eu de sang.
– Savez-vous qu’il est possible qu’il n’y en ait point ? Savez-vous aussi que l’usage de certaines serviettes hygiéniques peu distendre l’hymen ?
– Je ne comprends rien à tout cela. Ce qui doit être est que je doive percer une résistance qu’il doit y avoir de la douleur et du sang.
– Je vois… Telle que vous décrivez la chose, il est probable que Madame n’éprouve point de jouissance lors de la copulation.
– Mais, Monsieur le Juge, la jouissance des femmes est dans leur soumission à leur maître.
– Je vois. Je vois. Mais êtes vous bien certain que vous aviez la taille ?
– Je ne comprends pas Monsieur le Juge.
– Il es peut que votre pénis soit petit et passe comme cela dans un orifice naturellement assez large pour qu’il n’y ait point de résistance. Vous n’avez pas produit d’expertise. Et de toute façon celle-ci n’aurait rien prouvé car nous ne pouvons savoir quel était votre état d’excitation à ce moment là.
– Il était très fort, Monsieur le Juge.
– C’est vous qui le dites. Et puis, n’avez-vous pas malencontreusement abimé l’hymen de Madame par des attouchements préliminaires ?
– Monsieur le Juge, quand on déflore sa femme, le soir de la nuit de noces, il n’y a pas lieu, comme vous le dites, à préliminaires. L’attente du seigneur et maître doit suffire. Sinon c’est que la femme a déjà l’expérience du mâle et c’est donc une putain.
– Je vois que votre point de vue est bien déterminé et peu nuancé.
– Il n’y a pas de nuances. Voilà des jours que les fiancés se sont attendus. L’impatience est très forte. La femme s’allonge immédiatement et s’offre  à son mari qui sans attendre, relève sa robe et la pénètre d’un bon coup de rein. On dit même que l’homme est si fortement tendu que son impatience ensemence la femme au premier instant.
– Et c’est ainsi que cela est arrivé ?
– Bien sûr que non ! Le fait de ne pas trouver ce que j’attendais  m’a tout de suite refroidi.
– Vous voulez dire que votre érection s’est trouvée… amollie ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Et ensuite, qu’avez-vous fait ?
– Je l’ai battue.
– Comment cela ?
– Oui, Monsieur le Juge. Je l’ai battue. Une femme qui trompe son mari mérite d’être battue.
– Mais elle ne vous avait pas trompé ?
– Mais si, puisqu’elle était allée avec un homme.
– Mais c’était avant.
– Oui, mais c’est pareil.
– Mais vous m’avez dit que vous étiez allé, vous-même, avec une femme avant ?
– Pas une seule, Monsieur le Juge. Plusieurs. Je suis un homme, un vrai.
– Et vous ne considérez pas que le fait, pour vous, d’être allé avec des femmes, constitue aussi une tromperie ?
– Bien sûr que non !
– Pourquoi cela ?
– Parce que je suis un homme. Ce n’est pas la même chose.
– L’aviez-vous dit à votre femme, que vous aviez eu des expériences.
– Ce n’est pas ma femme, Monsieur le Juge, c’est une prostituée.
– L’aviez-vous dit à Madame ?
– Certainement pas.
– Pourquoi ?
– Ce ne sont pas ses affaires.
– Donc vous demandez le divorce ?
– Non, Monsieur le Juge. Je demande l’annulation du mariage. J’ai été très humilié par cette découverte, au point que je n’ose presque plus sortir de chez moi.
– Je ne comprends pas.
– C’est très humiliant, Monsieur le Juge, de ne pas trouver sa femme vierge. On se moque de vous.
– Croyez vous ? Personne n’en aurait rien su.
– Et si ! Il y a l’homme avec qui elle est allée. Lui il aurait su et se serait moqué de moi.
– Et si elle avait été forcée ? Violée ?
– C’est pire encore.
– Comment cela.
– Une femme violée est une putain. Elle excite l’homme pour l’amener à avoir un rapport avec elle. Puis, après c’est facile de dire qu’on a été violée.
– Donc, pour vous, une femme violée ne pourra trouver à se marier normalement.
– Bien sûr que non. sauf avec des hommes de rien. Quel homme accepterait d’avoir des enfants avec une femme violée ?
– Ne croyez-vous pas que la révélation publique de la non virginité de Madame n’a pas été humiliant pour elle. Imaginez, dans sa famille…
– Dans sa famille ça a été très simple. J’ai dit à son père : « reprenez-là. Elle n’est pas vierge. J’ai été trompé ».
– Vous n’avez pas été gêné de dire tout cela en public ? Et la famille, et les amis, quand vous avez rendu les cadeaux de mariage ?
– Je n’ai pas rendu les cadeaux. Ils sont à moi.
– Vous avez dit à tout le monde qu’elle n’était pas vierge et gardé les cadeaux.
– Bien sûr. Les cadeaux, ce n’est pas pour la femme. C’est pour l’homme. C’est lui le chef de la famille.
– Et vous comptez vous marier à nouveau ?
– Certainement, Monsieur le Juge. Dès que vous aurez annulé mon mariage. Il y a une femme qui m’attend.
– Et vous savez qu’elle est vierge ?
– Tout à fait sûr. J’ai un certificat.
– D’un médecin ?
– Non, je ne voudrais pas qu’elle se montre à un médecin. C’est ma mère. Et sa mère était là
– J’imagine la scène. La jeune femme qui doit s’allonger après avoir retiré ses sous-vêtements et relevé sa robe sous les regards. Puis une femme étrangère qui introduit un, puis deux doigts dans son intimité, qui hésite et s’y repend tellement la jeune femme est tendue qu’on n’est pas certain que la résistance qu’on trouve ne soit pas liée à son angoisse. C’est parfait. Je vous félicite, Monsieur. Vous êtes un gentleman.

Bakounine