Archive dans 30 mai 2008

Pas vierge le jour de son mariage

Pas vierge le jour de son mariage. Le Tribunal d’Instance de Trifouilly-les-Etrons a rendu un jugement qui risque de faire jurisprudence. Bientôt notre justice sera étouffée sous les plaintes des maris, et aussi des femmes, qui auront découvert au moment de la nuit de noces l’inconduite de leur conjoint.
– Ainsi, Monsieur Minable, vous déposez plainte contre madame, votre épouse, et demandez la dissolution du mariage, au motif que cette dernière n’était pas vierge.
– Oui, Monsieur le Juge.
– Apportez-vous la preuve de vos assertions ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Expliquez-vous.
– Et bien, Monsieur le Juge, au moment où je m’introduisis, je ne trouvais point la résistance attendue.
– Vous introduisîtes quoi ?
– Eh bien ma…, mon…, vous voyez bien ce que je veux dire.
– Non, Monsieur, je ne vois rien.
– Monsieur le Juge, quand on pénètre une femme vierge, avec son…, sa…, sa bite quoi.
– Je vous en prie, Monsieur, soyez poli dans ce tribunal. N’employez pas de mots vulgaires. Dites « verge » ou encore » pénis ».
– Bien Monsieur le Juge.
– Alors reprenez ! Et soyez bref et précis.
– Oui. Alors, en introduisant ma verge dans le… , dans la…, dans… la chatte…
– Vous voulez dire, Monsieur, que vous êtes zoophile ?
– Comment cela Monsieur le Juge ?
– Vous dites pénétrer une chatte…
– Je parle de la chatte de Madame.
– Ceci a un nom, Monsieur que vous choisirez en fonction de l’état d’avancement de votre besogne. Vous direz « en introduisant ma verge dans la vulve » ou bien si vous voulez suggérer que vous êtes plus avancé « en introduisant ma verge dans le vagin »…
– Bien je ne sais pas, Monsieur le Juge.
– C’est pourtant important. Car vous déclarez dans votre plainte avoir constaté qu’il n’y avait pas d’hymen. Le lieu est important.
– Bien oui, on sent bien quoi.
– Vous en aviez l’expérience ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Vous voulez dire que vous n’étiez pas vierge pour votre nuit de noces ?
– Certainement, Monsieur le Juge.
– Et vous n’êtes pas gêné par le fait que vous semblez exiger que votre femme le fût ? Vous trouvez cela normal ?
– Oui, Monsieur le Juge. Les hommes et les femmes, ce n’est pas la même chose.
– Mais si un homme dépucelle plus d’une femme, il y aura nécessairement des hommes qui n’en dépucelleront aucune. C’est statistique. Cela ne vous trouble pas ?
– Je ne comprends pas Monsieur le Juge. Un homme doit trouver sa femme vierge le jour de ses noces. Un point c’est tout !
– Bon, passons. Continuez.
– Et puis, il n’ y a pas eu de sang.
– Savez-vous qu’il est possible qu’il n’y en ait point ? Savez-vous aussi que l’usage de certaines serviettes hygiéniques peu distendre l’hymen ?
– Je ne comprends rien à tout cela. Ce qui doit être est que je doive percer une résistance qu’il doit y avoir de la douleur et du sang.
– Je vois… Telle que vous décrivez la chose, il est probable que Madame n’éprouve point de jouissance lors de la copulation.
– Mais, Monsieur le Juge, la jouissance des femmes est dans leur soumission à leur maître.
– Je vois. Je vois. Mais êtes vous bien certain que vous aviez la taille ?
– Je ne comprends pas Monsieur le Juge.
– Il es peut que votre pénis soit petit et passe comme cela dans un orifice naturellement assez large pour qu’il n’y ait point de résistance. Vous n’avez pas produit d’expertise. Et de toute façon celle-ci n’aurait rien prouvé car nous ne pouvons savoir quel était votre état d’excitation à ce moment là.
– Il était très fort, Monsieur le Juge.
– C’est vous qui le dites. Et puis, n’avez-vous pas malencontreusement abimé l’hymen de Madame par des attouchements préliminaires ?
– Monsieur le Juge, quand on déflore sa femme, le soir de la nuit de noces, il n’y a pas lieu, comme vous le dites, à préliminaires. L’attente du seigneur et maître doit suffire. Sinon c’est que la femme a déjà l’expérience du mâle et c’est donc une putain.
– Je vois que votre point de vue est bien déterminé et peu nuancé.
– Il n’y a pas de nuances. Voilà des jours que les fiancés se sont attendus. L’impatience est très forte. La femme s’allonge immédiatement et s’offre  à son mari qui sans attendre, relève sa robe et la pénètre d’un bon coup de rein. On dit même que l’homme est si fortement tendu que son impatience ensemence la femme au premier instant.
– Et c’est ainsi que cela est arrivé ?
– Bien sûr que non ! Le fait de ne pas trouver ce que j’attendais  m’a tout de suite refroidi.
– Vous voulez dire que votre érection s’est trouvée… amollie ?
– Oui, Monsieur le Juge.
– Et ensuite, qu’avez-vous fait ?
– Je l’ai battue.
– Comment cela ?
– Oui, Monsieur le Juge. Je l’ai battue. Une femme qui trompe son mari mérite d’être battue.
– Mais elle ne vous avait pas trompé ?
– Mais si, puisqu’elle était allée avec un homme.
– Mais c’était avant.
– Oui, mais c’est pareil.
– Mais vous m’avez dit que vous étiez allé, vous-même, avec une femme avant ?
– Pas une seule, Monsieur le Juge. Plusieurs. Je suis un homme, un vrai.
– Et vous ne considérez pas que le fait, pour vous, d’être allé avec des femmes, constitue aussi une tromperie ?
– Bien sûr que non !
– Pourquoi cela ?
– Parce que je suis un homme. Ce n’est pas la même chose.
– L’aviez-vous dit à votre femme, que vous aviez eu des expériences.
– Ce n’est pas ma femme, Monsieur le Juge, c’est une prostituée.
– L’aviez-vous dit à Madame ?
– Certainement pas.
– Pourquoi ?
– Ce ne sont pas ses affaires.
– Donc vous demandez le divorce ?
– Non, Monsieur le Juge. Je demande l’annulation du mariage. J’ai été très humilié par cette découverte, au point que je n’ose presque plus sortir de chez moi.
– Je ne comprends pas.
– C’est très humiliant, Monsieur le Juge, de ne pas trouver sa femme vierge. On se moque de vous.
– Croyez vous ? Personne n’en aurait rien su.
– Et si ! Il y a l’homme avec qui elle est allée. Lui il aurait su et se serait moqué de moi.
– Et si elle avait été forcée ? Violée ?
– C’est pire encore.
– Comment cela.
– Une femme violée est une putain. Elle excite l’homme pour l’amener à avoir un rapport avec elle. Puis, après c’est facile de dire qu’on a été violée.
– Donc, pour vous, une femme violée ne pourra trouver à se marier normalement.
– Bien sûr que non. sauf avec des hommes de rien. Quel homme accepterait d’avoir des enfants avec une femme violée ?
– Ne croyez-vous pas que la révélation publique de la non virginité de Madame n’a pas été humiliant pour elle. Imaginez, dans sa famille…
– Dans sa famille ça a été très simple. J’ai dit à son père : « reprenez-là. Elle n’est pas vierge. J’ai été trompé ».
– Vous n’avez pas été gêné de dire tout cela en public ? Et la famille, et les amis, quand vous avez rendu les cadeaux de mariage ?
– Je n’ai pas rendu les cadeaux. Ils sont à moi.
– Vous avez dit à tout le monde qu’elle n’était pas vierge et gardé les cadeaux.
– Bien sûr. Les cadeaux, ce n’est pas pour la femme. C’est pour l’homme. C’est lui le chef de la famille.
– Et vous comptez vous marier à nouveau ?
– Certainement, Monsieur le Juge. Dès que vous aurez annulé mon mariage. Il y a une femme qui m’attend.
– Et vous savez qu’elle est vierge ?
– Tout à fait sûr. J’ai un certificat.
– D’un médecin ?
– Non, je ne voudrais pas qu’elle se montre à un médecin. C’est ma mère. Et sa mère était là
– J’imagine la scène. La jeune femme qui doit s’allonger après avoir retiré ses sous-vêtements et relevé sa robe sous les regards. Puis une femme étrangère qui introduit un, puis deux doigts dans son intimité, qui hésite et s’y repend tellement la jeune femme est tendue qu’on n’est pas certain que la résistance qu’on trouve ne soit pas liée à son angoisse. C’est parfait. Je vous félicite, Monsieur. Vous êtes un gentleman.

La population de la terre : il y a un problème

Quand j’étais à l’école élémentaire, dans les années 59, on m’apprenait que la terre était peuplée de 2 milliards d’habitants.

Maintenant, on me dit qu’il y a plus de 6 milliards, bientôt 7. Soit un triplement dans la vie d’un homme. Je me suis donc amusé à faire une projection linéaire pour le millénaire en cours, sur la base d’un triplement tous les 60 ans. Cela donne les résultats ci-dessous.

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Soit 86 millions de milliards d’être humains. Sans commentaires.

Puis je me suis amusé à faire la projection inverse, linéaire, avec une division par trois tous les soixante ans. Si ce modèle était vrai, il n’y aurait eu qu’un seul être humain sur terre en 748.

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Ce qui dit bien que depuis les origines de l’humanité, la progression a dû être quelque chose comme exponentielle. Mais alors quid de la période à venir.

Si vous voulez vous faire froid dans le dos, allez visiter ce site:
http://www.populationmondiale.com/

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Sarkozy et l’intéressement des salariés

Je suis à peu près persuadé que cela part d’une bonne intention. Sarkozy a bien fini par être sensible à la question de l’écart scandaleux entre les revenus salariaux et les revenus des actionnaires. Sans compter les salaires exorbitants des patrons.

Alors il reprend la vielle idée gaullienne de l’intéressement et de la participation.

Ce qu’il oublie, c’est que le nombre des salariés susceptibles de bénéficier d’un tel intéressement n’est pas si important que cela. En sont exclus tout d’abors tous les fonctionnaires. Et tous ceux qui travaillent dans le secteur public ou para-public et qui ne produisent pas de bénéfices. Et le personnel hospitalier (alors que le personnel des cliniques le pourrait), personnel de l’URSSAF, des ASSEDIC et des mutuelles, personnel du monde associatif, personnel des services à la personne, etc., etc., et toutes sortes d’emploi qu’on a créé pour pallier le manque d’emplois industriel. Il y a aussi, bien sûr, toutes les professions indépendantes dont les honoraires ne sont pas toujours aussi élevés que l’on croit. Au bout du compte, cela doit faire beaucoup de monde ! Allez, à tout casser, il y aura une petite moitié des salariés qui en bénéficiera. Ce qui aura pour effet d’en mécontenter beaucoup d’autres.

Et voilà ce qui arrive quand on ne veut pas prendre un problème vraiment de face. Alors, on a recours à des expédients bricolés. Y compris des expédients qui peuvent être aussi coûteux pour le Trésor Public, puisqu’il est prévu des avantages pour les entreprises. La vraie réponse consisterait à affirmer qu’il est impératif que les revenus du travail retrouvent la proportion d’il y a quelques dizaines d’années pendant lesquelles le revenu des actionnaires était égal à celui des salariés, alors que maintenant il en est le double.

C’est pourtant simple de faire une loi disant que le montant des dividendes ne saurait être supérieur au montant des salaires. Et s’il y a des actionnaires mécontents, peu importe. Ils n’auront qu’à vendre leurs actions qui auront, de ce fait, perdu de leur valeur. Les salariés les achèteront.

La finance folle ne doit pas nous gouverner

C’est sous ce titre que Jacques Delors, Lionel Jospin et plusieurs autres anciens premier ministres ou ministres de l’économie ou des finances de divers pays européens, publient, dans Le Monde du 22 mai, un appel à la constitution d’un « comité de crise européen pour apporter des réponses solides à la crise actuelle des marchés ».

Suivent diverses analyses de la situation actuelle et de ce qui en a été la cause, notamment l’attitude des marchés sur la question des prêts hypothécaires qui se sont révélés douteux. Ils montrent que « l’industrie financière est incapable d’auto-régulation », ce qui, il faut bien le dire, n’est pas un fait nouveau. La seule recherche qui motive cette « industrie » étant celle du profit, si possible à court terme, sans aucune considération envers l’intérêt général, on ne voit pas comment elle s’auto-régulerait.

L’histoire est pleine d’évènements spéculatifs depuis le système de Law à la crise de 29, en passant par les emprunts russes , le tunnel sous la Manche et autres montages hasardeux où tout le monde a embobiné tout le monde, faute d’analyse sérieuse et de systèmes de freinage. Les spéculateurs sont comme les joueurs du casino. Ils sont totalement irrationnels.

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Les auteurs rappellent, de surcroît, que les « subprimes » ont été très bien notés par les meilleures agences de notation mondiales. Voilà qui démontre bien l’incompétence de ces organismes, composés eux-mêmes de spéculateurs ou d’anciens spéculateurs ruinés et aigris. Et l’on sait bien que la science économique et financière est bien loin d’être une science exacte qui ne s’est pas encore totalement libérée de l’impressionisme de certains gourous.

Continuant dans leur logique, les auteurs souhaitent donc que les « instruments financiers » fassent l’objet, au moins en Europe, d’une réglementation. Et continuant encore dans leur analyse et l’étendant à l’économie de marché et au capitalisme, ils vont jusqu’à écrire que « les marchés libres ne peuvent faire fi de la morale sociale ». Ils ajoutent: « le capitalisme décent (…) requiert une intervention publique efficace ».

Voici bien contradictions et naïveté. Sont-ils autant ignorant de l’histoire économique et politique du monde au point d’ignorer que chaque fois que ce principe n’a pas été suivi, il s’en est ensuivi des crises et des désastres? Demander l’intervention publique, c’est l’économie administrée. Bienvenue au club. Dommage, messieurs que vous ne l’ayez fait et verrouillé quand vous étiez au pouvoir.

Et qu’attendent nos gouvernants actuels ?


Notes d’économie politique 23 – 25 mai 2008

Crimes contre l’humanité en Birmanie

ruinesbirmanie.1211670391.JPGCe qui se passe en Birmanie est odieux. Voilà des bâtiments militaires qui croisent à la limite des eaux territoriales avec des milliers de tonnes de vivres. Et voilà qu’on leur interdit de faire escale pour les déposer. J’en reste moi-même interdit. Interdit aussi devant la passivité du monde. Il est vrai qu’on condamne par-ci, qu’on condamne par-là. Et l’O.N.U. vote des résolutions qui sont et restent lettres mortes.

Qu’est-ce qui peut bien motiver cela ? Qu’a donc cet exécrable régime birman pour qu’on fasse preuve d’une telle indulgence ? Est-ce parce que ce pays est frontalier avec la Chine ? Craint-on qu’une révolution qui flanquerait à la porte la bande d’assassins qui sont au pouvoir ne fasse basculer ce pays dans le camp communiste chinois ? Il est vrai que, jusqu’à présent, les puissances occidentales et notamment les U.S.A. ont fait fort. L’affaire du Viet-Nam n’est pas si loin. Prétend-on maintenir en place ce régime insalubre au motif qu’il ne serait pas sous l’influence de Pekin ?

junte-birmanie.1211670048.jpgL’armée birmane ne doit pas être en mesure de s’opposer aux armées des puissances occidentales qui se seraient coalisées pour secourir de force ceux qui meurent encore de faim. Est-ce donc si difficile de s’emparer de ces fauteurs de crimes contre l’humanité et de les passer devant une cour de justice ?

Il y a là des questions qui mériteraient des réponses…

Le prix du pétrole et des denrées alimentaires ou le dérèglement absolu de l’économie de marché

Chacun, qu’il soit spécialiste ou non, y va de son couplet sur les motifs et la légitimité apparente de l’évolution du cours du baril de pétrole. Mais l’objectivité consiste à reconnaître que ce qui se passe actuellement est totalement exagéré. Car s’il est vrai que la demande mondiale tend à s’accentuer, elle ne l’est pas, proportionnellement, en rapport avec l’augmentation des prix. C’est une loi dont la légitimité n’est apparemment justifiable que dans le cadre de l’économoie sauvage qui est qu’un produit devient de plus en plus cher parce qu’il devient de plus en plus rare ou parce qu’il est de plus en plus demandé.

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L’absurdité de cette loi apparaît encore plus facilement si on l’applique aux denrées alimentaires. On explique l’aumentation du prix du riz par la hausse de la demande. Mais cette variation du prix n’est pas directement liée aux coûts de production. Elle est purement spéculative. Ceux qui détiennent du riz savent qu’ils peuvent vendre plus cher car il y a des acquéreurs à tel prix. Voici donc qu’au fur et à mesure qu’une partie de plus en plus importante de la population mondiale se trouve en état de consommer davantage, les prix montent ce qui a pour effet de restreindre le nombre des bénéficiaires. Plus il y avait de pauvres, moins le riz etait cher ! Ceux qui s’extraient à grand peine de la pauvreté doivent, en plus de l’effort que ceci leur demande, produire un effort supplémentaire pour pouvoir acquérir ce qui leur est nécessaire.

Une part des bénéfices de ceux qui vendent du riz peut être considéré comme enrichissement sans cause puisque leur richesse croît sans qu’il aient eu à produire un effort supplémentaire. Et ceci n’a aucune retombée sur les clients. C’est du vol.

On dit que le premier choc pétrolier fut à la fois le produit d’un rapport entre le niveau de production limité par les pays producteurs et la nécessité pour les compagnies pétrolières de faire face à l’augmentation des coûts de la prospection de plus en plus compliquée. Si tel etait le cas, l’augmentation eût été presque légitime. Demander aux consommateurs de financer la recherche qui permettra de maintenir un certain niveau de production, au moins pendant un certain temps, n’est pas scandaleux, si tel est vraiment le cas.

Si la recherche, la production et la commercialisation du pétrole étaient administrée par une autorité compétente, on pourrait volontiers imaginer que le prix du brut serve aussi à financer des recherches vers l’exploitation de gisements plus onéreux ou à la recherche et au développement d’énergies alternatives. Mais il n’en est rien. Les pays producteurs engrangent des recettes plus élevées, suivis en cela par les compagnies pétrolières et les états dont les taxes augmentent. Au final, le consommateur paiera au moins deux fois: une fois au titre de cette évolution spéculative et une deuxième fois pour financer la recherche des énergies nouvelles.

C’est ainsi que l’économie de marché atteint son dérèglement maximum. Elle ne fonctionne pas au bénéfice des peuples de la terre. Une part de la richesse disponible dans les gisements de pétrôle dont au demeurant l’ensemble des êtres qui peuple la planète peuvent s’estimer propriétaires est confisquée par quelques uns que le hasard ou l’opportunisme a placés au bon endroit.

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L’économie planifiée, on le pressent alors, fonctionnerait tout autrement et produirait de tout autres effets. Dans ce cadre, la production d’hydrocarbures serait gérée pour permettre, au meilleur coût, la satisfaction des besoins essentiels des citoyens. Et comme il en serait besoin, depuis bien des années, on aurait développé l’action vers les énergies renouvelables, y compris vers celles qui sont peu productives de gaz carbonique et peu génératrice d’effet de serre. Pour le coup, l’humanité se serait trouvée mieux préparée à passer le cap de l’inévitable conversion vers d’autres sources énergétiques.

Or, aujourd’hui, il n’en est rien. Tout se fera dans l’urgence et probablement pas sans coût humain simplement parce qu’un petit nombre se sera attribué la richesse d’un bien planétaire sans contribuer, en contrepartie, au progrès de l’humanité. Nous sommes en présence du plus grand racket jamais commis dans notre histoire.

Notes d’économie politique 22 – 23 mai 2008

Sarkozy et al. : la vulgarité au pouvoir

andouillette.1211404052.jpgJe lis avec désespoir la page 2 du Canard Enchaîné daté de ce jour. J’y découvre les expressions à la mode dans le gouvernement comme « égorger », terme de prédilection de Karoutchi. On y raconte aussi que Sarkozy engueule (le terme est presque faible) ses ministres, même pas en privé, voire en hurlant dans leur téléphone portable. On y apprend aussi qu’il y a des réunions où il parle de ses couilles.

Et cette vulgarité de la langue va de pair avec la médiocrité du projet. On laisse Pierre dire, ce que Paul contredira, l’important n’étant pas d’agir, mais de faire croire qu’on agit. A aucun moment le sens de l’Etat ou du Bien Public ne vient troubler cet océan d’opportunisme. On sent bien qu’il n’y a plus de morale et que seul domine la recherche des moyens d’exercer le pouvoir à n’importe quel prix.

J’ai déjà cité ce grand homme qui disait que la politique était comme l’andouillette, qu’il fallait qu’elle sente la merde, mais pas trop. Mais voici que ça pue vraiment… Ce n’est pas de l’andouillette.

Qu’est-ce que la science ?

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Mes lecteurs fidèles (si j’en ai) savent que je suis universitaire et que j’enseigne à des étudiant en psychologie, pour l’essentiel des débutants. Et, depuis des dizaines d’années, je sais qu’ils s’imaginent qu’ils entreprennent des études peu ou pas scientifique. Il est vrai que, dans l’esprit public, les « Sciences Humaines » sont connotées « pas vraiment » scientifiques. Pour autant que ce public ait un peu forniqué avec la Psychanalyse, il a vite fait de rapprocher ce domaine de la divination. On m’a souvent demandé d’interprèter des rêves et quel n’est pas l’étonnement du demandeur à qui je répond que ce n’est pas moi qui interprète les rêves, mais le sujet lui-même.

Il y a, de surcroît, dans la Psychologie, une nécessité de rigueur. Car notre objet d’étude est singulièrement singulier puisque c’est l’être humain. Notre position se doit d’être aussi sérieuse que celle des médecins. Les Sciences Humaines, au bout du compte, doivent être plus scientifiques que d’autres sciences naturelles, voire d’autres sciences plus pures. Qu’un astronome se trompe de quelques milliers d’années lumière est beaucoup moins grave que de conduire malencontreusement un sujet vers une dépression plus profonde encore que celle qui l’a mené vers nous.

D’un autre côté, je suis frappé par l’usage ordinaire ou médiatique de la connaissance. Je hais des phrases comme « tout le monde le dit » ou encore « ils ont montré que… »

D’abord, mettons-nous d’accord: la science est incertaine. J’aime à me promener dans l’article « Certain, certitude  » du Dictionnaire Philosophique dont l’incomparable Voltaire est l’auteur. Sans être le premier à mettre en cause la solidité de notre entendement, il y résume en des termes familiers la relativité de la connaissance. La science est incertaine. Si l’univers est courbe (et il a de fortes chances de l’être), le théorème de Pythagore n’est plus vrai.

Or, que savons-nous de l’infini ? Si l’univers est courbe, quand je regarde à l’infini, je regarde dans mon dos alors que mon dos n’y est pas encore. Quand je regarde une planète ou, a fortiori, une lointaine étoile, je vois un état qui n’existe plus puisque la lumière me parvient avec retard qui peut être de millions d’années !

Quand je mélange de l’acide chlorhydrique et de la soude, je fabrique du sel et de l’eau. Mais que se passe-t-il si la température ambiante est de -40° ?

Et c’est parce que la science est imparfaite qu’elle a besoin d’être sérieuse.

Quand on me dit qu’il a été montré qu’il faut manger 5 fruits et légumes par jour, j’ai coutume de demander qui a publié l’étude qui le démontre et dans quelle revue à comité de lecture.

Car la science se trouve dans les articles qui sont dans les revues scientifiques qui ont un comité de lecture. Le chercheur fait une étude, réalise une expérience, puis écrit un article qu’il propose à une telle revue. Là, d’autres chercheurs de préférence aussi émérites que lui évaluent le travail et décident de l’accepter pour publication avec, éventuellement, des retouches. Cette évaluation collégiale est une garantie de sérieux du travail. Elle est toute relative, bien sûr, et des cas de résultats frelatés ont récemment été rendus publics. Mais c’est ce qu’on a trouvé de mieux pour l’instant et globalement cela ne marche pas trop mal.

De tels comités sont là, notamment pour éviter des erreurs de raisonnement. Le public non averti en fait souvent et j’ai coutume d’illustrer ce péril auprès de mes étudiants novices par un exemple de ce type:

– On sait que les mères qui fument ont des enfant prématurés plus souvent que celles qui ne fument pas. On est donc tenté de conclure que le tabac est une cause de prématurité.
– On sait aussi que les femmes qui ont une surveillance médicale insuffisante pendant la grossesse ont plus souvent un enfant prématuré. On est donc tout aussi bien tenté de rapprocher la non surveillance de la prématurité.
– On sait aussi que les femmes dont le niveau socio-économique est bas ont plus souvent aussi des prématurés. Mais on retrouve aussi, dans cette population, une surveillance médicale moindre et une plus forte consommation de tabac.

Au final où est la cause ? Ce qu’on prend pour une cause peut être un effet. On est en présence de phénomènes corrélés. On va supposer que l’un est la cause des autres, par exemple le niveau social. C’est probable. Mais encore n’est-il pas certain.

On voit toute la difficulté de parvenir à l’explication. Une méthode est d’expliquer le mécanisme. La chimie peut le permettre en montrant comment, par exemple, la nicotine atteint le foetus par voie transplacentaire et connaissant les effets de la nicotine par ailleurs, on peut raisonnablement supposer qu’elle produit des effets néfastes.

Ce simple exemple est là pour montrer, sur un sujet qui semble, au demeurant, simple et évident, combien il est difficile de confirmer de façon solide les hypothèses qu’on peut faire.

Au bout du compte, la science c’est le doute. Bien plus que la certitude. Contrairement à ce que l’on croit souvent, Descartes n’a pas écrit « je pense, donc je suis » qui n’est qu’une formule tronquée. Il écrivit, en latin, « dubito ergo cogito, cogito ergo sum » (je doute donc je pense, je pense donc je suis). Et c’est le doute qu’il a placé en premier.

Birmanie : Feu sur les assasins !

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La semaine dernière, les marins du Mistral ont travaillé avec une immense ardeur toute une journée, pour charger au plus vite le bâtiment de 1000 tonne de fret permettant de nourrir 100000 victimes du cyclone pendant deux semaines et de fournir un abri à 60000 survivants. Puis le navire a filé à toute vapeur pour apporter cette aide aux sinistrés. Il s’est présenté aux limites des eaux territoriales et depuis 48 heures il attend. Il attend que ces assassins qui règnent sur la Birmanie autorise l’accès. Ces crétins l’interdisent au motif qu’il s’agit d’un navire de guerre.

Et l’on attend et l’on négocie. Pendant ce temps des gens souffrent et meurent.

Il est temps, camarade Kouchner, de remettre à l’ordre du jour le droit d’ingérence. Allez. Faites accoster le Mistral en force ! Que les marins en armes débarquent et distribuent l’aide à ceux qui en ont vraiment besoin avant que les ordures ne s’en emparent. Tant mieux si c’est un bâtiment de guerre ! Et que tous les autres navires de guerre unis de toutes les parties du monde se joignent à eux.

Image: http://www.nytimes.com

Et si le mammouth n’était pas là où on le croit

mammouth.1208556302.jpgJe lis avec grand intérêt la contribution de Sophie de Menthon, intitulée « le cauchemar des cabinets fantômes  » qui décrit la complexité de la démarche du chef d’entreprise qui souhaite rencontrer tel ou tel responsable ministériel. Elle décrit, de façon tout à fait suggestive, le Chemin de Croix du demandeur: déjà obtenir un rendez-vous après avoir passé des dizaines de coups de téléphone, raconté des dizaines de fois son histoire et franchi les barrages de toutes les couches défensives. Elle dépeint le jeu de patate chaude qui consiste à renvoyer le solliciteur de ministère en ministère après l’avoir fait lanterner plusieurs semaines puis baladé d’ici à là, de là à ailleurs et d’ailleurs à autre part. Elle raconte l’humiliation du rendez-vous avec un jeune et brillant énarque imbu de lui-même dont l’attention labile est encore diminuée par des coups de téléphone importuns.

Mais ce qu’elle ne dit pas, c’est que cette glu bitumineuse s’est reproduite à tous les échelons de l’administration territoriale et que les Préfectures de Région comme les Préfectures de Département ont décliné cet immense pandémonium ad libitum. Ceci incluant toutes ces Directions du Travail et de l’Emploi, toutes ces Directions Départementales de l’Equipement, toutes ces Inspections Académiques et tous ces Rectorats, dans compter les DDAS, les DDIS, etc, etc, etc.

Et elle ne dit rien des piles de dossiers ! Les informaticiens disposent dans les méthodes de programmation des ordinateurs de deux sortes de pile de données: les piles FIFO (« first in, first out ») et les piles FILO (« first in, last out »). Ils ont, pour des raisons techniques sur lesquelles je ne m’étendrai pas ici une prédilection pour les piles FILO. Mais il semble bien que l’administration ait la même, ce qui conduit à examiner en premier le dernier dossier reçu. Malheur à celui qui se trouve au fond de la pile car il a toutes les chances de n’être jamais dépilé.

L’Administration de l’Education Nationale, réputée mammouth à dégraisser depuis les paroles du ministre renégat que l’on sait, n’est jamais qu’une application dans le plus important service de l’Etat, celui de l’éducation, du principe général. Par exemple, la loi d’autonomie des universités a provoqué le transfert d’un certain nombre de responsabilités et charges associées des Rectorats ou du Ministère vers les Universités elles-mêmes qui ont, derechef, transféré une part de la charge aux Facultés. Et voici qu’en raison même de ces charges et de façon complètement légitime, le mammouth s’est engraissé vers le bas. Mais il ne s’est pas pour autant dégraissé par le haut !

C’est pourquoi je m’adresse ici à tous les ministres grands pourfendeurs du mammouths de commencer par dégraisser celui qui les entoure au plus près d’eux-même et d’en donner exemple. Ce faisant, je sais que cette exhortation n’aura pas plus d’effet qu’un murmure au fond du Grand Canyon du Colorado.