Archive dans 29 février 2008

Mai 1968 : 1 – Pour commencer

Il y a quelque temps que ceci me démange. Et puis j’ai entendu dire à la radio qu’il y avait pas moins de 300 ouvrages qui allaient être publiés à l’occasion du quarantenaire des évènements de mai 1968. Et comme l’envie me taraudait, j’ai donc décidé d’être le 301ème. Et quand je pense à tous les blogs, ici et ailleurs qui vont fleurir sur le sujet, avec tous les témoignages et tous les commentaires, je me dis que les historiens auront bien du mal, dans le futur.

Quand des évènements historiques ne sont consignées que dans quelques gestes reproduis en autant ou un peu plus de grimoires copiés par des copistes qui ne connaissaient ni l’imprimerie, ni la machine à écrire, ni le copier-coller, le nombre de sources est donc fort limité. Chaque chercheur y va de son édition critique commentée à sa façon. Mais là, combien de centaines de milliers de lignes vont être écrites ? Que de thèses en perspective. On imagine: les évènements de mai 1968 à travers les témoignages des bloggeurs du journal Le Monde… Et ainsi de suite… Naturellement, cela risque d’être un peu impressionniste et mal structuré.

Nourrissant donc, au fur et à mesure de l’écriture de ces lignes, le projet de servir de matière à une deux thèses dans le futur, étant moi-même conscient de l’abnégation dont il faut faire preuve pour en avoir écrit une, j’ai donc décidé de produire une matière un peu organisée. Ce témoignage sera rare parce que j’ai vécu plusieurs Mai 68. J’étais à la fois étudiant, enseignant à l’Université, salarié d’un service public et jeune père de famille puisque mon fils a eu l’idée (bonne ou mauvaise, seul lui le sait, et encore…) de naître le 3 mai.

13mai-3.1204242038.jpgOn peut dire aussi que le mémorialiste aurait pu attendre le cinquantenaire, nombre plus prestigieux. Mais il se trouve qu’en 2018, je devrais avoir 73 ans et que je ne suis point certain d’avoir toute les facultés nécessaires à ce moment-là. Sans compter qu’il y a même une probabilité pour que je soie mort. Cette affaire de date est peut-être l’explication de la grande charrette littéraire qui nous attend. Avoir eu 20 ans en 68, c’est en avoir 60 aujourd’hui. Les auteurs vivant se disent que le temps n’est pas infini.

Avant de commencer vraiment cette suite de souvenirs, je voudrais juste donner quelques images fortes, sélectionnées dans toutes celles qui me restent. La première est auditive: le bruit des pavés qu’on jette les uns sur les autres, cet espèce de claquement un peu mat quand chacun d’eux tombe sur la barricade. Mais ce bruit n’est pas isolé. Avec le nombre de mineurs qui dépavent la rue et le nombre de manutentionnaires qui jettent les pavés, le bruit est celui d’une rafale cadencée autour de la seconde. D’une rafale qui ne s’interrompt pas.

Un autre souvenir fort est la peur quand on se trouve en face d’une ou deux compagnies de CRS qui sont prêtes à charger. L’uniforme est noir, le bouclier et le casque cachent ce qu’on pourrait entrevoir du visage. Pour le coup, les CRS n’ont rien d’humain, car rien ne permet d’apercevoir, ne serait-ce que fugitivement, la moindre expression. Avec la matraque à la main, on sent que cette chose est prête à tout. C’est pourquoi j’avoue que j’ai une certaine admiration pour les suicidaires qui ont le courage de s’avancer, les mains nues, vers cette pieuvre noire. Les CRS n’ont rien d’humain. C’est fait pour. C’est peut-être aussi pourquoi il était si facile de crier « CRS SS ».

Une autre image encore, c’est la rue Gay Lussac en feu. Scène de guerre. On s’étonne qu’il n’y ait pas eu de morts.

Et pour finir, une vraie image cette fois, car je n’étais pas en position de le voir comme cela. Mais d’autres l’ont photographiée. L’immensité de la manifestation du 13 mai.

[Suite]

Sarkozy: l’exercice solitaire du pouvoir

Sur la bannière de ce blog est reprise cette citation d’Alain: « Tout pouvoir sans contrôle rend fou ». L’histoire en fournit un certain nombre d’exemples. Il y a ceux qui sont déjà un peu fous avant de trouver le pouvoir. Probablement était-ce le cas de Néron. Il y a ceux qui étaient très fous: c’est le cas d’Hitler. Il y a ceux dont l’intelligence est limitée: c’est le cas de G.W. Bush. Il y a ceux qui dérapent. C’est le cas de Napoléon Ier.

Car à chaque instant, le dérapage guette celui ou celle qui détient le pouvoir. Combien d’exemple, autour de nous, de gens à qui nous avons confié des responsabilités à la lumière de leur personnalité et de leurs actes antérieurs et qui, une fois parvenus au pouvoir, déçoivent par la manière dont ils l’exercent.

La démocratie a celà de rassurant qu’elle est censée déterminer les limites et le contrôle. Mais ce n’est vrai qu’à condition que les représentants aient été élus avec discernement. La démocratie française en est contre-exemple. Après chaque élection présidentielle, on entend les candidats partisans de l’élu rechercher les suffrages au nom des moyens à donner au nouveau président pour accomplir sa politique. Mais dès lors qu’il y a un parti du chef de l’état, on entre dans un système déraisonnable. A partir du moment où une majorité vote sans broncher, dut-elle avaler cent couleuvres, il n’y a plus de contre-pouvoir.

Le contre-pouvoir est ce qui donne sa légitimité au pouvoir. En France, le système de contre-pouvoir est faible, car tous les cercles sont fréquemment serviles.

Dans les cercles, il y a d’abord les conseillers du Président, le secrétariat Général de l’Elysée. Ce cercle est fort utile dès lors qu’il se présente comme une instance de prévision et de débat discret avant la publication des projets. Encore faut-il que ses membres soient écoutés. Il y a ensuite les membres leaders du parti du président. A vrai dire, il y a toutes sortes de personnes ou d’instances qui peuvent apporter au dirigeant une dose raisonnable de dialectique, voire de contestation.

La plupart des présidents de la Cinquième République ont fonctionné de cette façon. On connaît le rôle discret qu’a tenu Dominique de Villepin auprès de Jacques Chirac. Et le secrétaire de l’Elysée n’était pas le seul conseiller. Car le pouvoir bien exercé doit s’accompagner de prudence : des mesures mal préparées, mal annoncées, mal justifiées peuvent provoquer de grands mouvements sociaux. Juppé en fut victime. De Villepin avec le CPE en fut une autre.

Celui qui détient le pouvoir doit donc être entouré d’un cercle de confiance, de gens capables de lui dire non et de lui résister. Cette confiance doit être réciproque et doit résister aux conflits d’opinion qui ne manquent pas de survenir. Pour le chef, la meilleure chose qu’il puisse faire est de choisir des gens qu’il estime et qui seront libres de s’opposer si nécessaire.

En quelques mois de présidence, Nicolas Sarkozy a dégagé tous ceux et celles qui auraient pu jouer ce rôle. En humiliant ses conseillers, en n’étant pas solidaire d’eux, en les traitant d’imbécilles et de « cons », il les a mis en position de devoir choisir entre la rupture et la servilité. Comme personne n’est parti, on voit bien ce qui reste.

louisxiv.1204205780.JPGDe même, les élus de la majorité, qui ont eu droit aussi, à leur tour, de se faire traiter de « cons’ ou de « connards » ou tout autre élément d’un vaste florilège de noms d’oiseaux (lire le Canard Enchaîné, toujours bien informé), sont devenus serviles, à part quelques grognons qui grognent mezzo vocce, et sont prêts à déguster de grands plats de reptiles de peur de perdre leur siège de député, de sénateur, de conseiller général ou régional, de maire, aux prochaines élections.

Un exemple risible est celui de l’idée d’adoption de la « mémoire » d’un enfant victime du génocide juif par un autre enfant de l’école élémentaire. Pour qu’une idée aussi stupide et irréfléchie ait pu surgir ainsi, à l’occasion d’un discours, il faut qu’elle n’ait guère été discutée auparavant. Et l’actualité donne de nombreux exemples d’idées de ce type, proférées de la même façon, à l’improvisade. Et tous les serviteurs de se débrouiller par de pathétiques déclarations alambiquées pour faire mine de ne pas donner tort au chef. Et tous de perdre leur temps et les deniers de l’état en réunions et contorsions improductives. A raison d’au moins trois idées par semaine, on peut évaluer le temps perdu.

Et l’on passe ainsi du simple pouvoir, au pouvoir personnel à l’exercice solitaire du pouvoir, dernier stade avant la catastrophe aux conséquences imprévisibles.

Eloge de la dialectique

Je me souviens d’une étude qui avait été effectuée autrefois par un collègue. Il s’était intéressé, il y a bien 25 ou 30 ans, à l’usage de la télévision par les enfants, dans les familles, en fonction du niveau socio-culturel. L’expérience comprenait deux groupes de familles, nettement différentes sur le plan du niveau d’études des parents. On aurait pu penser que, dans les familles où le niveau culturel était le plus élevé, les enfants consommaient moins de télévision. En réalité, les différences n’étaient pas statistiquement très probantes. Par contre, ce qui était remarquable, c’est l’usage qui en était fait. Dans un cas, on « consommait » les programmes de façon assez passive, alors que, dans l’autre, ils étaient source de commentaires, de discussion, voire de contestation.

Cela n’a guère changé et s’applique, me semble-t-il à univers de connaissance bien plus étendu que ce qui est dispensé par la TV. Je suis souvent étonné d’entendre des propos proclamés comme vrais par qu’on les a lus ou les a entendus.
– Il ne faut pas manger de fruits au dîner, parce que cela empêche de dormir.
Je ne puis m’empêcher de demander:
– D’où savez-vous cela ?
– C’est évident… On le dit… Les médecins le disent.
– Pouvez-vous me donner une source scientifique fiable ? Les références d’un article scientifique publié dans une revue à comité de lecture ?
– …

descartes.1204151808.jpgDéjà, Voltaire avait écrit bien des choses de ce genre dans l’article « Certain, certitude » du Dictionnaire Philosophique. Et bien avant lui, Descartes avait surtout écrit, ce qu’on ignore, « dubito ergo cogito, cogito ergo sum » . C’est parce que je doute que je pense et c’est parce que je pense que je suis..

Il en est ainsi de tout ce qu’on raconte et c’est banalité de dire que la connaissance ne progresse que par la remise en cause permanente des savoirs du jour.

Je suis frappé de constater combien ce principe est peu appliqué dans l’enseignement. Car s’il est vrai que 2 et 2 font 4, il est tout à fait possible que, si l’Univers est courbe, je regarde derrière ma tête en tournant mon regard vers ce que je cois être l’infini. Les programmes sont truffés de certitudes. Et si l’on peut le comprendre dans les petites classes pour l’apprentissage des fondamentaux, cela devrait être moindre dans les classes élevées ou l’enseignement supérieur. Les enseignants de l’Université se plaignent souvent de la difficulté des étudiants qu’on les étudiants à produire un travail construit et dialectique. Mais combien d’heures de cours passées à une simple transmission unilatérale de savoirs. Les théories qui ne sont jamais que des modèles heuristiques sont souvent énoncées (et défendues) comme stricte vérité.

Quand au discours politique, il est encore plus rigide. A l’époque, on a reproché à Ségolène Royal de n’avoir pas de programme bien formé. Sans doute savait-elle ce que valent les programmes politiques à l’épreuve de la réalité du pouvoir. Il n’est de jours qui ne vous apporte de quoi mettre en cause bien des certitudes.

Il faut réhabiliter l’usage du mode conditionnel.

L’article d’El Pais / Courrier International pour ceux qui ne l’on pas lu

Si vous ne l’avez pas lu, l’article du directeur adjoint d’El Pais, traduit dans le dernier numéro de courrier international :
Vous devez savoir aussi que les librairies du groupe Lagardère n’ont pu montrer l’affichette reproduisant la couverture
Voir http://rue89.com/

courriercouv.1203989516.jpg

Les Français ont un problème. Ils croyaient avoir un superprésident, un hyper­dirigeant capable de les sortir de la dépression et de la décadence, et voilà qu’ils ont écopé d’un président comme ils en ont déjà connu beaucoup d’autres : à savoir malade, limité, qu’il faut dorloter et protéger tout en s’organisant pour que la France tourne et que le gouvernement et les institutions fassent leur devoir. La situation n’a rien d’inédit : Pompidou et Mitterrand étaient déjà des présidents malades et diminués. Le premier est même mort avant la fin de son mandat. Quant à Chirac, il fut un obstacle paralysant pendant une bonne partie de sa présidence. La maladie dont souffre Sarkozy n’a pas la gravité du cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle touche un organe vital s’il en est : l’ego. Celui du président est d’évidence atteint d’une hypertrophie probablement incurable.
Plus on s’approche du 9 mars, date du premier tour des élections municipales, plus la nervosité des candidats du parti présidentiel augmente et plus on redoute les interventions de Sarkozy, susceptibles de faire perdre des voix à l’UMP. Le parti du chef de l’Etat est divisé à cause de tensions qu’il a lui-même créées. Le traitement qu’il a infligé en public aux uns et aux autres, y compris à certains de ses collaborateurs les plus proches, est digne du comportement d’un monarque bilieux et capricieux avec ses laquais. Même son actuelle impopularité est extravagante : elle ne s’explique pas par un train de réformes puisque ces dernières sont encore largement inappliquées. Elle s’explique uniquement par son comportement public.
Un triomphe de sultan, seigneur en son sérail.
Le trône qu’occupe Nicolas Sarkozy a été imaginé par de Gaulle pour lui permettre d’être le troisième larron d’un monde bipolaire. Le président français voulait être un fier contrepoids occidental dans l’affrontement entre Washington et Moscou. Or Sarkozy, arrière-petit-fils libéral et proaméricain de De Gaulle (après le petit-fils, Chirac, et le fils, Pompidou), s’est installé sur le trône élyséen porté par son ambition personnelle et sa conception égotique de la présidence : il a par le fait encore accru les pouvoirs de la présidence. Et, une fois parvenu à ses fins, il s’est consacré à lui-même, comme un ado narcissique obnubilé par ses sentiments et ses plaisirs. Certes, le pouvoir peut en apporter beaucoup, mais la prudence conseille de ne pas trop en faire étalage. Sarkozy le téméraire fait tout le contraire et se vautre dans l’exhibitionnisme.
C’est sur trois points précis qu’est venu se briser le personnage : l’économie, qui n’a pas enregistré la moindre amélioration depuis son arrivée ; son idéologie plus néocons, voire “théocons”, que gaulliste – en témoignent des prises de position sur la laïcité contraires à la culture de la République ; et sa vie privée, étalée dans les médias. En monarque thaumaturge qui par une simple imposition des mains devait augmenter le pouvoir d’achat, il a échoué au point de prononcer la formule maudite qui rompt les sortilèges : “Qu’est-ce que vous attendez de moi ? Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?” En monarque philosophe, il a manifesté les plus fortes réserves vis-à-vis des traditions républicaines, en exprimant avec désinvolture son affinité intellectuelle avec le pape. Il n’a pleinement triomphé que dans le rôle de sultan, seigneur en son sérail, paré des atours qui passionnent un certain public – et manifestement aussi ses pairs. Le voilà fasciné par son propre pouvoir de séduction, son goût exquis et sa désinvolture. Mais ce triomphe-là a le don de déprimer beaucoup de Français car il rabaisse la République au niveau de la principauté de Monaco.

 

Ne vous contentez pas d’Internet. Achetez un journal ! La presse libre est le dernier rempart de la démocratie.

Hausse des prix et hausse des profits

Il est amusant de voir subitement s’énerver nos gouvernants à l’annonce de la hausse des prix de détail de la bouteille de lait et du paquet de nouilles. Et d’annoncer toutes sortes de mesures, probablement inopérantes comme toujours car aucun contrôle des prix n’est possible dans un environnement libéral d’économie de marché. Notre Fillon qui hausse le ton ne dispose d’aucun attirail législatif à opposer aux producteurs et aux distributeurs qui lui promettront tout ce qu’il voudra et ne tiendront pas parole.

nouilles.1203988406.jpgIl va faire une opération « coup de poing »! Pan dans les spaghetti et le yaourt !

Il est amusant aussi de voir combien les 40 cts sur le paquet de pâtes lui font de l’effet alors que la hausse des rémunérations des patrons le laissent impavides, que la hausse des profits des grandes compagnies le laisse de marbre. Et quant à la hausse des dividendes des actionnaires, il n’en a sans doute pas entendu parler. Et la hausse de la rémunération du Calife, ni vu ni connu.

Le voici donc parti à remuer l’accessoire pour faire croire qu’il administre quelque chose. Sans compter que son petit camarades, le « Président du Pouvoir d’Achat » doit être énervé et doit lâcher nombre de bordées d’injures à l’encontre de tous ces « cons », ce qui rend l’athmospère… atmosphère.

Si cela ne mettait pas en jeu les conditions de vie de nos concitoyens je me roulerais par terre. Mais au bout du compte, je ne trouve qu’un ou deux ou quelques mots: minable, lamentable, déplorable.

La loi scélérate

Pendant que le Président nous occupe avec ses pantalonnades sentimentales et ses déclarations superficielles et improvisées, la peste noire fait son chemin. La loi scélérate, après avoir été votée, a reçu l’assentiment du Conseil Constitutionnel.

Maintenant, en France, on pourra être judiciairement privé de liberté par qu’on est susceptible, simplement susceptible, de récidive. Au motif de protéger le citoyen on piétine la démocratie et toute ces règles issues de notre Révolution et qui on fait de la France un modèle respecté.

Et voici que, non content de cet état de choses, le Président s’insurge contre le fait que le Conseil Constitutionnel ait refusé que la loi soit rétroactive.

On me dit que nous sommes en France, en 2008. Il faut qu’on me pince. Je me croyais en Allemagne en 1933 !

 

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« Casse-toi alors pauvre con » ou Internet au secours de la liberté de la presse

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Lagardere, Dassault, Arnault, amis de Nicolas Sarkozy et propriétaires d’organes de presse. Bientôt tous les journaux seront au mains de ceux-là ou de quelques uns qui leur ressemblent. Par ce pouvoir, ils espèrent être en mesure de choisir et contrôler ce que pense et pensera le peuple. Comment sont-ils assez niais pour ne pas se rendre compte qu’il leur faudra aussi s’approprier Internet pour réussir. Même les dirigeants chinois n’y parviennent pas complètement.

Et quand bien même la presse française serait-elle muselée, il y a des chances aussi que la presse étrangère ne le soit pas. Voyez ce superbe article décrivant la personnalité du Président de la République traduit et reproduit dans Courrier International. Alors Lagardère impose à ses boutiques de presse de ne pas exposer la pub de Courrier où il est écrit « Sarkozy, ce grand malade ». Mais les medias libres sur Internet racontent tout ! C’est comme pour les images du Parisien de ce matin. Et si l’on réussissait à censurer Le Parisien, on pourra toujours aller sur YouTube ou DailyMotion .

C’est fini pour les grands censeurs de la presse. Il y aura toujours quelqu’un pour filmer, enregistrer ou être là. C’est fini pour les hommes politiques à deux visages. Quoique vous disiez, quoique vous fassiez, il ya désormais de la vidéo à vos basques.

Vous qui êtes tous partisans de la vidéo-surveillance des citoyens, vous devez être contents, non ?

 

Monsieur Je-Sais-Tout et la grande bouffe

grandebouffe.1203794661.jpgMonsieur Je-Sais-Tout est allé visiter le Salon de l’Agriculture. Pas comme d’autre. il n’a rien mangé et il n’a rien bu. Car Monsieur Je-Sais-Tout est aussi Monsieur Boit-Rien-Bouffe-Rien. Mais Monsieur Je-Sais-Tout n’est jamais à court d’idées. Une idée par jour. Et deux parfois. Il vadonc demander que la gastronomie française soit élevée au rang de Patrimoine Mondial de l’Humanité. C’est vachement important.

Monsieur Je-Sais-Tout va plaire a toutes les cultures qui consomment des nourritures raffinées. En Asie, en Afrique. Cuisine indochinoise, cuisine indienne… Et même tout près de chez nous. Bon, les anglais, c’est pas terrible. Mais la cuisine italienne est loin d’être mauvaise…

Mais tout ceci sera au final bien futile. Car, ceux qui seront les plus heureux de voir ainsi consacrée la cuisine française seront les millions d’humains qui ne bouffent pas à leur faim.

Bravo, Monsieur Je-Sais-Tout. Dans le genre délicat, vous avez encore gagné !

Vol de jour

Le téléphone sonne enfin. Voilà une heure que j’attendais.
– Salut Grand Vizir. Ca y est, on décolle.
– C’est pas trop tôt.
– Oui, je sais, Vizir. On a eu un problème. Je te raconterai. On va rattraper cela. Tu vas voir, on va être à Beauvais en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. A tout à l’heure !
Mon disciple veut m’emmener en avion.
Je pense qu’à l’époque de son entrée dans ma vie, il aurait bien aimé être le disciple de quelqu’un d’autre. Il avait les yeux de Chimène pour un calife local hâbleur et embrouilleur, d’origine incertaine.
Ce calife l’avait posé là.
Je l’ai découvert un jour, le cul répandu sur mon fauteuil, ses sales doigts sur le clavier de mon ordinateur, me narguant de sa grande superbe (pas si haute que ça). Il était là, disait-il, pour écrire une thèse sous la direction du calife. En vrai, il plumitivait des écrivailleries foireuses sur un sujet totalement bidon concernant l’orientation des chauffeurs d’autobus.
Il utilisait des méthodes éprouvées de la psychologie expérimentale : il leur faisait apprendre et réciter l’itinéraire. Quand ils ne savaient pas, il les frappait. Seulement, quand on les mettait au volant, ils avaient tellement d’yeux au beurre noir (le record fut de sept yeux chez un seul sujet) qu’ils ne voyaient plus la route. C’est ainsi qu’on retrouva un 48 assurant la ligne A du RER et qui fut désintégré le premier jour. Un autre, suivant en cela l’exemple du thésard, s’envola. L’ennui c’est qu’il n’a pas atterri. On vient d’en signaler un dernier près de Novosibirsk, en panne pour avoir cassé un essieu.
Ainsi préparé à l’orientation, mon disciple (qui n’était pas encore mon disciple car il avait les yeux de Chimène pour qui vous savez), décida d’appliquer ces préceptes d’orientation à son orientation sociale personnelle. Il se mit à flatter tout le monde, tous les califes et même moi qui n’étais rien, en vue d’obtenir une prébende dans le monde universitaire. Mais le calife qui le califait ne le qualifia pas. Je crois qu’il en fut tout marri. Alors, il se mit à nous targuer de haut nous menaçant des pires sévices. Mais comme chacun sait, les universitaires sont des personnes insensibles à la flatterie.
– Etrons, nous dit-il, vous n’êtes que des mini habentes (pluriel de « minus habens »). Je pars. Je pars là où d’immenses étendues sont libres pour les conquérants comme moi. Je vais apprendre à voler en F17 et je reviendrai vous détruire d’une pichenette de missile. Tremblez, professeurs et maîtres-assistants de tous poils qui ne voulez de mon génie suprême. Vos jours sont comptés avant votre désintégration.
Et, contre toute attente, il partit.
D’aucuns furent bien contents, car pour l’obtention des places, cela faisait un concurrent de moins. Les mois passèrent, nous ne pensâmes plus à lui.
Et voici qu’il revint avec un brevet de pilote. Mais comme il était fort désargenté, il ne put que louer un ULM d’occasion. Et pour se venger de l’avoir oublié, il nous bombarda de pastèques pourries, puis se tournant vers nos visages dégoulinant de pulpe et de pépins, il déclara :
– Douillou avé jobfort mi ?
– Téléphoner maison ?
Il s’exprimait dans un sabir que nous ne comprenions guère, car c’était du vrai américain d’Amérique, cette langue vernaculaire utilisée par les cow-boys. Mais, comme il s’était éloigné longtemps de ses yeux, le Calife l’avait oublié lors de la dernière distribution des emplois de la couronne. Alors, se tournant vers moi, il me dit:
– Tu vois, être, je reviens d’une longue aventure où mille opportunités se sont offertes à moi chaque jour: J’ai possédé des trésors fabuleux, j’ai dirigé de grandes compagnies, les plus belles actrices d’Hollywood se sont battues pour recevoir une injection de mon génie, j’ai disposé de la puissance et la gloire…
Puis, voyant mon œil atone, il s’interrompit subitement. Son visage exprimait un désarroi absolu :
– En vrai, Grand Vizir, je voudrais être ton disciple.
Nul ne peut être insensible à qui le traite de Grand Vizir, sauf que Grand Calife pouvait aussi faire l’affaire.
Bien lui en prit. Car, grâce à mes attentifs conseils, le voici Maître de Conférences prestigieux, dans une prestigieuse université française.
Pour me remercier de son disciplinat, mon disciple décida de m’envoyer en l’air.
Le téléphone raccroché, je m’empresse donc vers mon véhicule de catégorie supérieure, adapté à non standing personnel. Quelques kilomètres vite accomplis et me voici à l’aéroport international de Beauvais-Tillé qui, à l’époque n’était pas ce qu’il est advenu. C’était un aéroport où seuls trois ou quatre charters se posaient par an. Pour le reste, le trafic était composé d’avions particuliers pour des personnes de qualité… Comme moi.
C’est là que mon disciple, qui a donc coutume de m’appeler Grand Vizir, doit venir me chercher pour me faire jouir d’un survol de la Picardie normande et de la Normandie picarde. Il m’a promis des sensations fortes.
… Il me prend pour un blaireau, comme si je n’avais jamais pris l’avion… Mais cela ne fait rien. Il faut être compréhensif avec les humbles.
Toutefois, cette insistance à me mettre en l’air m’intrigue quelque peu. Je me demande s’il n’a pas l’intention de me précipiter pour m’occire et prendre ma place. Tous les disciples souhaitent supplanter le maître, et celui-ci surpasse les autres par sa flagornerie mielleuse. A tout hasard, je me suis armé.
L’aéroport international de Beauvais-Tillé est désert, comme à l’accoutumée, dans un brouillard à couper au couteau. Le marchand de journaux a fermé sa boutique depuis 47 jours. Je découvre enfin un immigré lascif armé d’un balai à qui je demande où se trouve l’accueil et qui me répond dans un sabir glauque :
– Toi y en a qu’à crier ou taper dans les mains.
J’accomplis illico la divine incantation. Je crie en tapant dans les mains :
– Holà, manants ! C’est le Grand Vizir. Y a-t-il créature vivante ici ?
Aussitôt apparaît l’hôtesse d’accueil, le cheveu en broussaille, qui rajuste un sein qui déborde de son corsage, suivie du directeur qui rajuste ses pudenda dans son haut de chausses. Ce dernier s’incline profondément devant moi.
– Excusez-nous, Maître Grand Vizir. Il y a si peu d’activité ici qu’on était en train de se donner un peu d’exercice. Autrement, nous prenons du poids, assis sur nos chaises à ne rien faire. Le médecin a dit qu’il fallait nous agiter un peu. Alors on s’agite.
Puis, tapant à son tour dans ses mains :
– Holà, larbins immondes, crie-t-il alentour. Notre Vizir nous fait l’auguste honneur d’une visite inattendue. Préparez tout.
Aussitôt une nuée de serviteurs serviles sort de toute part, certains rajustant des parties de chair, comme l’hôtesse, d’autres écartant des parties de cartes. Un tapis rouge, s’installe à partir de mes pieds, mais les pauvres hères ne semblent pas savoir dans quelle direction le dérouler. Le directeur s’incline de nouveau vers moi :
– Noble et généreux Vizir, accepteriez-vous de me dire ce qui nous vaut l’honneur de cette visite inattendue ?
– Je vais prendre l’avion.
– Allez, esclaves. Notre Vizir va prendre l’avion. Déroulez le tapis rouge jusqu’à l’avion.
Il me regarde servilement.
– Mais, Vizir, il n’y a point d’avion.
– Point d’inquiétude, serviteur. Mon avion va venir. C’est mon disciple qui le pilote. Mais auparavant, je souhaiterais boire un café.
– Mais certainement, Vizir suprême. Comment n’y ai-je pas pensé. Si vous voulez bien me suivre jusqu’en mon salon d’accueil. Je vous fais porter sur le champ cette réconfortante boisson. J’ai coutume de prendre une hôtesse avec mon café. Vizir Glorieux, en souhaitez-vous une aussi ?
J’entre dans le salon en question dont le désordre témoigne des usages locaux. Je me promets de faire trancher la tête de ce directeur à la première occasion pour avoir osé me proposer une hôtesse ayant déjà servi. Mais pour l’heure, j’ai besoin de lui. Il a posté des guetteurs tout autour, sur les toits. Je savoure un café totalement dégueulasse me promettant de faire crever les yeux, à la deuxième occasion, de l’abruti qui l’a préparé.
Dans la flagorneuse agitation ambiante, je crois percevoir dans le talkie-walkie du directeur qui renvoie les conversations de la tour, que mon avion est annoncé. Mais, je fronce les oreilles quand j’entends :
– Ici Charter Air 3452 en provenance de Mers les Bains. Je demande l’autorisation d’atterrir.
– Ici le disciple du Vizir. Disciple Airlines. Je demande l’autorisation d’atterrir.
C’est bien ma chance ! Juste là, au moment où je dois embarquer sous les applaudissements, un charter arrive. Tous des pauvres.
Et voici que la tour, car il y a une tour à Tillé, cause :
– Ici la tour. Disciple Airlines, c’est quoi comme compagnie ? Je ne connais pas. Alors faites pas chier. Attendez. Charter Air vous pouvez atterrir. Prenez la piste sens nord-sud. Brouillard épais. Visibilité nulle. La température au sol est inconnue, mais probablement supérieure à –273°. Quant au vent, je ne sais pas d’où il vient, ni à quelle vitesse il va. Je vous rappelle que vous ne devez pas survoler la rue de l’Orangerie, sinon vous vous ferez tirer dessus. Par contre vous pouvez passer en rase-mottes au dessus du garage Renault parce qu’ils m’ont baisé dans ma dernière facture. S’il vous reste un peu de kérosène, larguer leur dessus pour tacher les costards des clients…
– Déroulez le tapis rouge jusqu’au parking de CharterAir, s’écrie le directeur.
J’éclate de rire. Troublé, il me précise :
– Maître Noble Vizir, je fais dérouler le tapis rouge pour préserver vos semelles afin qu’il n’y ait pas trop de crottes de chien quand nous allons devoir les lécher. Puis-je vous faire respectueusement observer que ce n’est pas drôle.
– Directeur, tu n’es qu’un âne. Dans ta bêtise tu es là à croire que ce qui est gros est forcément attaché au Vizir. Je vais donc bien rire à voir les grands-pères et les grands-mères du charter en provenance de Mers les Bains marcher sur ton tapis rouge.
– Votre avion n’est pas le gros ?
– Non, crétin, c’est le petit. Dès qu’il est au sol, conduis-moi vers lui afin que j’y monte.
– Vous voulez dire que votre avion c’est le petit zinc de merde de Disciple Airlines, piloté par l’ergonome déplumé ?
– Comment sais-tu que c’est un ergonome déplumé ?
– Parce que j’ai reconnu sa voix. Tous les week-end il vient tourner autour de la rue de l’Orangerie pour faire chier le mec qui habite là et regarder sa femme qui prend des bains de soleil. La prochaine fois, ça va être marrant parce que le mec vient de s’acheter une DCA et il va le descendre.
– N’empêche que le petit zinc de merde piloté par l’ergonome déplumé, c’est pour moi. Alors tu laisse ces braves gens de Charter Air atterrir en paix avec ou sans tapis rouge, puis tu me fais atterrir pas trop loin le petit zinc de merde piloté par l’ergonome déplumé. Et l’on se dépêche, parce que je suis venu pour voler, pas pour parler.
– Ah oui, Vizir Valeureux. Il ne sera pas dit que j’aurai failli à mes devoirs.
Le directeur empoigne son talkie walkie.
– La tour. Ici le directeur. L’avion du Vizir noble et généreux n’est pas le gros. C’est le petit.
– Vous voulez dire que son avion c’est le petit zinc de merde de Disciple Airlines, piloté par l’ergonome déplumé ?
– Oui. Alors dégagez Charter Air et laissez atterrir en priorité Disciple Airlines.
– Oui, Monsieur le Directeur. Charter Air, dégagez à droite ou à gauche, mais dégagez. Laissez atterrir le petit zinc de merde piloté par l’ergonome déplumé . Disciple Airlines vous pouvez atterrir. Prenez la piste sens sud-nord. Brouillard épais. Visibilité nulle. La température au sol est inconnue, mais probablement supérieure à –273°. Quant au vent, je ne sais pas d’où il vient, ni à quelle vitesse il va. Je vous rappelle que vous ne devez pas survoler la rue de l’Orangerie, sinon vous vous ferez tirer dessus.
Le directeur se tourne vers moi.
– Voyez Vizir Majestueux. Tout est fait pour votre service. Votre digne aéroplane sera dans quelques instants à vos pieds. Je vous accompagnerai jusqu’à l’aile. Je baise vos mains et vos chaussures qui ont marché sur le tapis rouge.
Ensemble nous sortons des bâtiments de l’aéroport, côté pistes. Comme ils sont un peu à court de tapis rouge, des sous-hommes en déroulent un au fur et à mesure devant mes pieds tandis que d’autres l’enroulent au fur et à mesure après mon passage. Le talkie-walkie émet toujours des borborygmes.
– Directeur, ici la tour. Charter Air dit qu’il est trop engagé dans son approche pour renoncer à atterrir. Je fais quoi ?
– Dites-lui de se tirer avec son putain d’avion.
– Charter Air, tirez-vous avec votre putain d’avion.
Je lève les yeux vers le ciel. A ce moment, le brouillard se dissipe d’un coup. Au nord, le putain d’avion, le gros Charter Air est prêt à toucher la piste. Au sud, mon avion, piloté par l’ergonome déplumé, aussi !
Merde. Ce con de contrôleur a envoyé les deux avions l’un contre l’autre. Et le pilote de Charter Air probablement si furieux qu’il continue et mon disciple, aveuglé par la brume ne voit rien.La catastrophe semble inévitable jusqu’au moment où le pilote de Charter Air prenant sans doute conscience des risque que son entêtement lui fait courir remet les gaz à fond s’élève de quelques mètres et vire à droite dans un hurlement de réacteurs.Quelques instants plus tard, mon avion s’immobilise devant moi pendant que Charter Air s’écrase tranquillement au milieu de la ville. Mon disciple descend, accompagné de deux femmes.
– Salut, Grand Vizir. Prêt à décoller ?
– Prêt à décoller, mon disciple.
Le directeur s’incline très profondément :
– Grand Vizir, tout le personnel de l’aéroport s’incline à tes pieds et te remercie de ta glorieuse visite. Tu as pu apprécier notre habileté dans la gestion du contrôle aérien. Nous regrettons que tu montes dans un petit zinc de merde piloté par un ergonome déplumé. Car nous formons les pires inquiétudes concernant ce qui va t’arriver avec ce pilote-là. Toutefois, saches que s’il mésadvenait que tu soies victime de la hargne forestière de ce serpent, saches bien que nous n’aurons de cesse avant de t’avoir vengé et précipité ce monstrueux dans la géhenne fétide de sa malfaisance accomplie. Saches, O mon Grand Vizir empreint de majesté suprême…

Quelques minutes plus tard je suis installé inconfortablement dans une cabine étriquée, avec un casque sur les oreilles et mon disciple effectue ses vérifications avant le décollage.
Ces vérifications faites par mon disciple valent leur pesant de couscous. Elle comprennent : Etude avancée sur ordinateur de la répartition des passagers en fonction de leur poids, avec invitation à procéder à diverses mictions et défécations pour alléger le tout ; examen attentif de toutes les vis, boulons, écrous ; lecture de la check-list avec re-lecture autant de fois que nécessaire jusqu’à l’obtention du silence absolu dans la cabine avec respect manifeste pour le pilote ; conversations avancées et répétées avec la tour du genre « Ici Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO, est-ce que je peux lever le petit doigt ? », « Ici Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO est-ce que je peux respirer ? », etc., etc..
Enfin, après un siècle d’avanies, l’avion s’ébranle, roule, roule, roule et s’élève enfin.
Le commentaire perfide jaillit inévitablement de la bouche du pilote incompétent :
– Qu’est-ce qu’on était lourd.
Toujours aimable. Il est vrai qu’à cette époque, j’avais un certain embonpoint. Mais la correction, tout de même, était de n’en point faire cas. Est-ce que je me permets de dire quelque chose à propos de la calvitie précoce de mon disciple. D’ailleurs je serais gêné, car on a coutume d’associer la calvitie à une bonne sécrétion d’hormones sexuelles mâles. Alors moi qui suis et resterai plein de cheveux jusqu’à ma mort. C’est humiliant, tout de même.
Pour détendre l’atmosphère, j’émets un souhait :
– Disciple, je voudrais survoler Beauvais.
– Tu rêves Vizir, c’est interdit. On n’a pas le droit de survoler Beauvais.
Voilà, ça commence. On m’invite à voler, en promettant monts et merveilles et dès que j’émets le moindre souhait, on me refuse tout. Puisque c’est ainsi je ne vais pas rester une minute de plus dans ce petit zinc de merde piloté par un ergonome (vous remarquerez que je ne fais plus d’allusion à ce que vous savez). Je vais aller voir le directeur de l’aéroport pour qu’il m’affrète un Boeing. J’annonce :
– Puisque c’est comme cela, je veux descendre. Où sont les parachutes ?
– Il n’y a pas de parachutes.
– Comment, pas de parachutes ? Me voilà livré aux caprices des vents et d’un pilote tyrannique qui veut m’interdire de m’épanouir personnellement par la visite aérienne de cette cité superbe. Saches, Disciple, que tu me déçois profondément. Que je regrette déjà d’être à bord et privé de mes droits civiques d’aller et venir comme bon me semble. Je vais donc te donner lecture de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen qui stipule que :
Art.1 Tous les hommes naissent libres et égaux en droits.
Art.2 Les vizirs sont libres de voler où bon leur semble.
Art.3 Tout pilote d’avion doit obtempérer quand un vizir donne un ordre.
Je prends conscience du complot. On m’emmène en avion dans un petit zinc de merde piloté par un ergonome… fou et méchant et il n’y a même pas de parachute. Je vois. On me veut du mal. J’ai bien fait d’emmener un pistolet. J’exhibe mon arme.
– Pas de cris. Ceci est un détournement avec prise d’otages. Et maintenant on survole Beauvais sans discuter.
Mon disciple est mort de peur. Son visage fait semblant de se foutre de ma gueule. Oui, mais je sais qu’au fond du fond de lui, il crève de peur.
Enfin, il était temps que l’autorité soit rétablie dans cet avion.
Pourtant, voilà que le pilote cause :
– La tour. Ici Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO. J’ai un détournement avec prise d’otage. Le bandit voudrait survoler Beauvais. C’est interdit non ?
– Ecoute mon pote, déjà que tu nous déranges avec ton bruit. Alors tu fais pas chier avec ton détournement et tout ça. Ici c’est un aéroport international, tu comprends. Ya un avion pour Dublin le vendredi soir qui revient le dimanche soir plus un ou deux charters par an. Ca nous épuise. Heureusement, de temps en temps ya un Charter Air qui s’écrase. Ca diminue le trafic. Le reste du temps, on fait de la maintenance. C’est fou ce qu’on a comme maintenance à faire, maintenance du bar, maintenance des fauteuils pour la sieste, maintenance des hôtesses. Alors, tu survoles ce que tu veux. Sauf la rue de l’Orangerie parce que tu vas te faire tirer dessus.
– Roger.
– Je m’appelle pas Roger. Je m’appelle Antoine. Salut mec.
Mon disciple se retourne vers moi:
– Tu vois, c’est interdit de survoler Beauvais.
– Je ne déduis pas de ce propos qu’on ne doit pas survoler Beauvais. J’ai entendu « survole ce que tu veux sauf la rue de l’Orangerie».
Mon disciple s’énerve.
– Et bien moi je n’ai pas envie de survoler Beauvais.
Et voici qu’il ne regarde d’un regard pénétrant. Et il ose ajouter :
– D’abord c’est une ville de merde habitée seulement par des cons. Ensuite, il y a la cathédrale, la plus haute d’Europe. Alors on va se la prendre dans la gueule. Si on en réchappe, il y aura ce con de la rue de l’Orangerie qui va nous tirer dessus. Enfin, si on est encore vivant, probabilité infime, on va se faire cramer par l’incendie de toute la ville provoqué par le crash de Charter Air.
– Je vois. On invite le vizir pour lui faire visiter le monde et on commence par le priver de tout ce dont il a rêvé des nuits durant depuis des mois. Je vois. Mon plaisir est gâché dès les premiers instants. Disciple, tu m’as profondément blessé. Je vais tuer un otage.
Ma menace l’intimide.
– Bon. D’accord. Vizir, nous allons survoler Beauvais.
– Et la rue de l’Orangerie aussi.
Disciple sursaute.
– Et la rue de l’Orangerie aussi. Ca va pas non ?
– Je vais tuer un otage. Je veux survoler cette rue. Elle est sublime.
– Mais on va se faire tirer dessus.
– On ne tire jamais sur un Vizir. Dis-toi bien cela, disciple. Et même, si cela arrive, tu devras prouver ton habileté en slalomant entre les obus.
Et je conclus :
– Disciple, montres-nous que tu es un pilote, un vrai. Ou alors, je tue un otage.
Mon disciple est piqué au vif. Je sens que sa fierté le conduit là où je désire.
– Tu veux aller rue de l’Orangerie. Eh bien, on va y aller dans ta rue de l’Orangerie. Allez, en piqué. Vizir, a partir de cet instant tu es mon navigateur. Séquence d’acquisition de cible. Introduction des caractéristiques : maison avec DCA habitée par un con qui se prépare à nous tirer dessus.
Le premier survol de la rue de l’Orangerie se passe sans incident. Nous pouvons admirer la sublime propriété toute entourée d’espaces verts et de bassins où des naïades s’ébattent gracieusement parmi les fleurs et sous l’ombrage des micocouliers.
Je me marre. Personne n’a tiré. Tout cela n’était que foutaises.
– Tu vois, disciple, il ne se passe rien.
– Très bien. Deuxième passage. Acquisition de la cible. Missile numéro 1. Paré. Vizir, tu vois ce bouton rouge. Si on nous tire dessus, tu appuies dessus.
– Très bien disciple.
Et joignant le geste à la parole :
– J’appuie sur le bouton rouge… Oh merde ! C’est parti !
Le missile nous quitte vivement et va détruire la maison de la rue de l’Orangerie. En quelques instants, ce ne sont plus que ruines, arbres fracassés, naïades déchiquetées.
– Disciple, je dis, ce n’est pas bien grave. C’était juste un exercice. Mais sait-on qui habite rue de l’Orangerie ?
Mon disciple éclate de rire, de ce rire immonde des malfaisants intrinsèques nés pour détruire et répandre le malheur dans le monde.
– Tu ne sais pas qui habite rue de l’Orangerie, Grand Vizir ! Mais c’est toi.
Merde, c’était moi. C’est vrai. J’avais oublié. Ce disciple avait commencé son entreprise pour devenir calife à la place du vizir. J’affirmai mon arme dans ma main. Tout à l’heure, ce salaud aurait son compte. Je ne pouvais pas le tuer maintenant, je ne savais pas piloter l’avion.
– Assez, disciple. On s’en va.
– On ne repasse pas pour finir de détruire la maison du con qui…
– Non. On ne détruit plus rien. On n’est pas là pour détruire, mais pour aimer notre prochain. Disciple, on s’en va. Cap sur la mer.
– A tes ordres, vizir. Cap sur la mer.
Je range mon arme.
Mon disciple est un maniaque. Il a lu dans un bouquin qu’on doit s’annoncer à tous les contrôles aériens, même les plus minuscules. En quelques minutes nous étions au dessus d’Amiens. Voilà que disciple cause dans son micro.
– Contrôle Amiens. Ici Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO, en provenance de Beauvais et me dirigeant vers Abbeville.
– Ici contrôle Amiens. Tu veux quoi, mec ? T’as un problème ? T’es nerveux, tu as envie de pisser, t’es en MayDay ? Bon, maintenant tu te casses. J’ai un programme spécial de maintenance à mettre en œuvre avec une petite stagiaire du contrôle aérien du septième ciel. Alors tu me lâches la grappe. Tu te tires vers le nord, l’est, l’ouest ou le sud. Adieu Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO.
– Roger.
– Je ne m’appelle pas Roger. Je m’appelle Philippe.
– Roger Philippe. Je note.
Un quart d’heure plus tard on survolait Abbeville.
– Contrôle Abbeville. Ici Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO, en provenance de Beauvais et me dirigeant vers Le Crotoy.
– Ici contrôle Abbeville. Tu veux quoi, mec ? T’as un problème ? T’es nerveux, tu as envie de pisser, t’es en MayDay ? Bon, maintenant tu te casses. J’ai un programme spécial de maintenance à mettre en œuvre avec un petit stagiaire bien giron du contrôle aérien du septième ciel. Alors tu me lâches la grappe. Tu te tires vers le nord, l’est, l’ouest ou le sud. Adieu Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO.
– Roger.
– Je ne m’appelle pas Roger. Je m’appelle Jean-Marc.
– Roger Jean Marc. Je note.
Et pareil au contrôle du Crotoy, du Touquet. Ca n’arrête pas de jaspiner. Ca me gonfle ! J’interviens pour élever le niveau du débat.
– Je suis pas là pour entendre toutes ces conneries. Je veux survoler la mer. Je veux me retrouver seul au milieu de l’océan comme Mermoz au centre de l’Atlantique. Je veux sentir l’odeur d’algues monter jusqu’à moi. Je veux respirer infiniment l’infinitésimal infini. Je veux être délivré des chaînes de la vie citadine et putride, monter dans le ciel et approcher l’Etre Suprême.
– On ne va pas survoler la mer, Vizir.
– Et pourquoi ne survolerait-on pas la mer, Disciple ?
– Parce que si on avait une panne on ne pourrait pas atterrir.
Voilà bien l’aviation moderne. Voler au dessus des pistes pour le cas où. Fini le temps où le moindre décollage était synonyme de jouer sa vie au casino. Adieu Blériot, adieu Lindbergh, adieu Radiguet, adieu Mermoz, adieu Saint-Exupery qui vécût seul sans personne avec qui parler véritablement jusqu’à une panne dans le désert du Sahara parce ce quelque chose s’était cassé dans son moteur…
Je m’apprête à reprendre mon arme pour contraindre Disciple à élever son âme lorsque la radio borbore.
– Allo, Objet volant non identifié. Ici le contrôle de Dieppe. Donnez votre nom, prénom, adresse, date de naissance, numéro de Sécurité Sociale, pointure des chaussures. Chasseurs prêts à décoller si non réponse immédiate. Identifiez-vous !
– Ici Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO. Tu veux quoi mec. T’as des contractions. T’as pas de programme spécial de maintenance à accomplir avec un ou une stagiaire du contrôle aérien. T’es tout seul. T’as rien d’autre à faire que de m’emmerder.
– Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO, votre licence vous sera retirée pour ces propos fétides.
Cette avanie réveille Disciple :
– Accrochez vous.
Et s’adressant à moi:
– Navigateur, préparez l’acquisition de la cible pour destruction de ce connard de Dieppe
– Allo Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO, ici Dieppe. Je vous sens hostile. Hissez le drapeau blanc.
Disciple m’interpelle:
– Navigateur, hissez le drapeau noir.
Je hisse.
– Disciple 237-456-XLK-987-22-TRQ-KRO, vous hissez le drapeau noir, nous lançons les chasseurs
– Dieppe, vous n’êtes qu’un blaireau fossile. Vos chasseurs, je vais les empailler. Je vais en faire du steack tartare, du boudin antillais, de l’andouillette de Troyes, du hachis Parmentier, de la purée de carottes.
Pendant qu’il raconte sa carte, mon écran radar s’anime. J’interviens :
– Deux hostiles au 421.
Sans hésiter, Disciple m’ordonne:
– Alors essayez à la Belotte. Armez missiles.
– Missiles armés.
– Grattez l’allumette
– Allumette grattée
– Attention… Feu !
Quand il s’en donnait la peine, Disciple était vraiment un pilote hors pair. On allait enfin rompre la monotonie de ce vol fastidieux.
Le premier missile alla s’encastrer dans le Ferry de Newhaven qui explosa immédiatement et sombra dans le port en quelques instants. Le second missile nous entra dans le cul, Mais c’était un F15 hostile qui l’avait lancé. Cet événement sembla troubler Disciple.
– Vizir. J’ai un trou dans le cul.
– Le contraire m’eût étonné à moins que tu ne soies mal formé.
– Vizir Crétin. On a un trou dans le cul de l’avion. C’est pas habituel de voler comme cela. Les gaz s’échappent.
– Disciple matérialiste, saches qu’il y a mille façons de piloter un avion. La façon désespérée et désespérante qui est la tienne et la façon poétique qui est la mienne. Nous allons donc continuer en déclamant des vers.
– Vizir, nos passagères !
– Quoi, nos passagères ?
– Elles ne sont plus là !
– Oh, mortel, arrête de compter comme cela. C’est mesquin. L’important c’est la mission que Dieu nous a confiée. Pilote, mon disciple, pilote afin que je puisse armer le missile rédempteur qui purifiera le monde.
Le missile lancé par mes soins, arracha la bouteille de Jameson que l’autre débile du contrôle de Dieppe était en train de boire. Du coup, sa tour fut transformée en chaleur et lumière, ce pauvre type se retrouvant assis sur un tabouret haut du bar de l’aérodrome avec un double J&B dans les mains et hurlant qu’il voulait absolument du Jameson et que le J&B, c’était de la merde.
Le troisième missile, lancé par on ne sait qui, atteignit la gare SNCF de Dieppe, détruisit les bâtiments, le train en correspondance du ferry qui ne servait plus à rien puisque le navire était coulé et qui de toute façon ne serait pas parti parce comme d’habitude les cheminots étaient en grève. La destruction se produisit sous les vivats de la foule enthousiaste de voir réduit en cendres gare, trains et ces connards tout le temps en grève.
Le quatrième missile ne fut pas retrouvé. Certains pensent qu’il y a peut-être un rapport avec la disparition, ce jour là, d’un Airbus d’Air Lingus qui assurait la liaison Dublin-Paris Charles de Gaulle et qui devait se trouver dans les parages. Mais aucune preuve n’a pu être apportée.
Par l’anus artificiel pratiqué par le missile dans la coque de notre avion s’échappaient diverses substances et morceaux. Il était à craindre que cette dysenterie mécanique ne provoque quelque incident fâcheux. Disciple, comme d’habitude semblait incapable de tout. Il était temps que je reprenne les choses dans mes mâles mains.
– Disciple, il faut nous poser.
Il n’était plus question de nous poser sur la piste de l’aérodrome, car elle était pleine de trous de bombes et l’on risquait encore de rencontrer un hostile ou l’autre contrôleur à la con qui n’avait pas de stagiaire pour s’occuper. Je choisis donc la promenade du front de mer. Disciple, au plus bas psychologique, réussit à poser l’avion. Ceci fut fait avec fracas, mais sans pertes sous les acclamations de la foule enthousiaste dès qu’elle me reconnût comme Phileas Fogg accompagné de son valet. Le maire fit un discours et nous conduisit au restaurant Les Arcades où un vin d’honneur nous attendait. Là, toutes les célébrités virent me saluer: Georges Marchais, Adamo, Patrick Poivre d’Arvor, Jacques Chirac, Boris Eltsine, Margaret Thatcher. Chacun et chacune me demandait le nom du petit homme qui se trouvait près de moi et me félicitait d’avoir emmené mon valet en avion alors que d’autres patrons moins progressistes l’auraient laissé courir derrière.
A chacun et chacune, je répondais : « Regardez le bien. C’est mon disciple. Alors, bientôt ce sera votre maître. »
———-
Dix ans après, le disciple est devenu Vizir et même Calife 737. Il n’a point déçu mes espérances. Quand il décolle ou atterrit toute la Chine l’acclame. A ma connaissance, il est le seul prof de fac à être devenu pilote de Boeing. Pour ce faire, il a courageusement dominé toutes les avanies et tous les pièges qu’on lui a tendus. Il ne s’est pas brûlé les ailes même si elles ont eu chaud, quelquefois.
Il a toujours le crâne déplumé. Même davantage. En tenue de pilote , cela fait vraiment classe.
Quand il a quitté l’Université, il m’a dit qu’il n’avait pas beaucoup aimé l’histoire ci-dessus que je croyais pleine d’affection. Mais on me dit toujours que mon ironie est… spéciale et qu’il faut me connaître. Aujourd’hui je la publie avec fierté, car voilà un disciple qui n’est pas devenu comme son maître. Beaucoup pourraient s’en inspirer.
Cet unique voyage que je fis dans un si petit avion m’a laissé un souvenir impérissable. Surtout de notre atterrissage à Deauville avec un gros avion devant et un gros avion derrière. Chacun d’entre nous, parvenu à une certaine « maturité » sait bien qu’il n’a pas atteint ce qu’il aurait pu atteindre. Sans que ce soit forcément de sa faute. A l’époque où nous enseignions ensemble et où j’avais des responsabilités, il m’avait proposé des thèmes de séances très originaux. Je lui avais dit : « Vas-y, essaie ».
Je ne croyais pas si bien dire.
© Jean Pierre Dufoyer & Les éditions du Vizir. 9.11.1998 – 10.02.2008

Monsieur Je-Sais-Tout et les programmes scolaires: 2- Instruction Civique et Morale

Afin de venir à l’aide de Monsieur Je-Sais-Tout et de son vizir qui s’efforce de rénover efficacement les programmes scolaires, je viens à son secours sur les sujets de l’instruction civique et de la morale.

Je commencerai par dire que le civisme, ce n’est jamais que la morale « citoyenne ». C’est pourquoi, les thèmes de réflexion que je vais proposer ci-après concernent aussi bien la sphère publique que la sphère privée.

Sujet n°1: Est-il moral qu’un patron, quels que soient ses mérites gagne des milliers de fois plus qu’un travailleur de son entreprise ?

Sujet n°2: Est-il moral qu’un élu du peuple, en position de responsabilité, profite de cette situation pour se faire offrir bénéfices et prébendes ? Donner la liste des hommes politiques de premier plan concernés. Donner les motifs de leur inculpation. Donner la liste des condamnations puis traiter le sujet n°3.

Sujet n°3: Est-il moral qu’un juge fasse durer pendant des années une instruction afin de ménager un homme politique ayant été élu maire de la capitale ?

Sujet n°4: Est-il moral ou tout le moins civique de faire la fête avec ses amis dans l’un des restaurants les plus chers de la capitale juste après avoir été élu Président ?

Sujet n°5: Est-il moral de dépenser d’énormes sommes du trésor de l’état pour affréter un avion privé pour être à temps pour boire un verre de champagne ?

Sujet n°6: Est-il moral de promettre un ministère pour obtenir un ralliement politique ?

Sujet n°7: Est-il moral, quand on est maire, d’utiliser du personnel rémunéré par sa commune pour ses besoins privés ? Est-il moral, malgré une condamnation, de continuer à s’afficher avec arrogance ?

Sujet n°8: Est-il moral, et à tout le moins civique, de refuser d’implanter sur sa commune des logements sociaux et de laisser cette charge à d’autres communes d’un bord politique différent ? Est-il moral, et à tout le moins civique, en la circonstance, de ne pas appliquer la loi ?

Sujet n°9: Est-il moral, alors que le baril de pétrole brut atteint des sommes très élevées, de continuer à maintenir une taxe proportionnellement la même sur l’essence et le gazole pénalisant ainsi les travailleurs qui ont besoin de leur véhicule pour se rendre à leur travail ?

Sujet n°10: Est-il moral, alors que le baril de pétrole brut atteint des sommes très élevées, d’en profiter pour toujours augmenter les profits d’une société pénalisant ainsi les travailleurs qui ont besoin de leur véhicule pour se rendre à leur travail ?

Sujet n°11: Est-il moral, et à tout le moins civique, de traiter une adversaire politique de « salope » ?

Sujet n°12: Est-il moral, pour des raisons de règles d’immigration, de séparer des enfants de leurs parents, ou des couples, ou des familles ?

Sujet n°13: Est-il moral que les Conseils d’Administartion de nombre de très grosses entreprises soient composées d’une proportion importantes de conseillers qui sont toujours les mêmes qui s’entre-votent rémunérations pharaoniennes et stock-options juteuses ?

Sujet n°14: Est-il moral de licencier des travailleurs, en l’absence de difficultés financières, juste pour augmenter les bénéfices et les dividendes ?

Sujet n°15: Est-il moral de préférer contrôler l’identité des basanés ou des noirs plutôt que celle des faces roses.

Sujet n°16: Est-il moral de loger des travailleurs ou des familles dans des conditions d’hygiène et d’espace inacceptables tout en percevant un loyer usuraire ? Est-il moral de le savoir de de n’y point mettre bon ordre ?

Sujet n°17: Est-il moral de s’imiscer au dernier moment dans l’affaire des infirmières bulgares, au risque de faire tout échouer, pour se faire de la publicité personnelle ?

Sujet n°18: Est-il moral de recevoir comme un chef d’état une personne qui a du sang sur les mains ?

Sujet n°19: Est-il moral de condamner légèrement la délinquance « en cols blancs » et sévèrement la délinquance en survêtements ?

Sujet n°20: Est-il moral de se faire élire en promettant d’être le « Président du pouvoir d’achat » tout en sachant que « les caisses sont vides » ?

Sujet n°21: Est-il moral de faire voter en douce un traité que les électeurs ont refusé par référendum ?

Sujet n°22: Est-il moral de faire savoir qu’on offre à sa maîtresse une montre dont le prix correspond à plusieurs années de travail d’un travailleur ?

Sujet n°23: Est-il moral de presque doubler son salaire alors qu’on a déjà un train de vie totalement pris en charge par l’état ?

Sujet n°24: Est-il moral ou tout le moins civique de cumuler les mandats électoraux au risque de ne pas les exécuter convenablement ?

Voici quelques questions posées vite-fait. Naturellement, toutes les questions que mes lecteurs voudront bien ajouter en commentaire seront reprises à adressées à Monsieur Je-Sais-Tout