Les comparaisons avec Mai 1968 s’arrêtent là. En Mai, les étudiants étaient dans la rue et les enragés derrière. Aujourd’hui, il y a le peuple. Le peuple, c’est-à-dire des hommes, des femmes, peut-être des enfants. Tout le monde quoi. Tous ceux qui en ont leur claque de Macron, parce qu’il s’est fait élire en prétendant qu’il gouvernerait autrement, sauf qu’on découvre qu’il gouverne contre le peuple. Le peuple espérait mieux qu’avec Hollande et voilà qu’ils retrouvent les fins de mois difficiles, voire pire. Le peuple découvre qu’il gouverne avec le Grand Capital et le Libéralisme mondial. Et quand il s’agit d’éponger la dette avec des taxes, le peuple s’en fout de la dette. Et le réchauffement climatique ? Ça va bien, un peu, mais pas trop, pendant que les Chinois et les Indiens font de la fumée et piquent le boulot !
Et il sent bien le peuple qu’il y a quelque chose de louche. Il accepterait volontiers que leur patron gagne bien, dix ou quinze mille balles mais pas 400000 ! A fortiori quand les mecs sont là pour liquider, licencier, vendre, faire des « plans sociaux ». Le grand truc, c’est de « délocaliser la production » là où les mecs travaillent pour moins cher ou presque rien.
Sur tout ça, le gouvernement, élu sur un programme libéral, paralysé par le coup de la monnaie unique, ne fait rien ou agite les bras dans tous les sens et, au final, ne fait rien ou presque rien.
Peu à peu, le peuple commence à sentir qu’on le baise vraiment. Les profits. Car c’est toujours une question de profit. Le profit se cache dans les actions (ou les parts, comme vous voulez). Il y a des particuliers, des riches, qui détiennent des parts. Des grosses parts. Ou des toutes petites parts qu’on a vendu à des pauvres gens pour leur retraite ou ci ou ça. Disons qu’il y a de gros actionnaire (qui peuvent gagner 1000 balles, le temps de pisser un coup), des petits actionnaires qui se sont constitué un fond pour leur vieux jours, des grandes sociétés parfois actionnaires réciproquement les unes autres. Tout ce beau monde, surtout les gros parce que les petits on s’en tape, aiment les dirigeants qui dirigent en créant du profit, en créant de « la valeur » comme on dit. Alors, on n’est pas chien sur leurs rémunérations. Bien à toi Carlos Ghosn, mon mignon. Même aux mains de la police japonaise.
Parmi les retraités, il y en a que leurs petite retraite, en PEA, par exemple, sont charquepouillées dans ce boxon : baisse ou crainte de la baisse : les voilà vêtus d’un gilet jaune.
Mais si les retraités sont plutôt pacifiques, il y a des Gilets Jaunes que tout cela énerve et qui s‘assemblent avec les suivants.
Donc, entre les familles, les retraités et les familles, il y a donc les gilets légitimement énervés. Parce qu’ils ont bien du mal à finir le mois, aller au ciné ou se payer un bon resto ou des vacances. Et si les précédents sont plutôt pacifiques, ceux-là, plutôt jeunes, mais pas forcément, se laisseraient bien aller, en compagnie à dévaster ou à piller un peu tout ce qui représente la richesse (et dieu sait s’il y a de belles boutiques en certains lieux).
Viennent ensuite les Gilets Jaunes déterminés. Ils en ont, par exemple, leur claque d’infirmière qui touche 2,00 € pour injecter un vaccin quand les pharmaciens en touchent 20.00 . C’est un exemple ! Puis viennent aussi les CDD de merde de loup, enfin tous ces trucs après quoi il faut courir, certains autoentrepreneurs à qui on a fait miroiter l’illusion de l’indépendance et autres foutaises.
Viennent ensuite les Pas-De-Gilet qui viennent faire leur stock de clopes, de whisky, ou de billets de banques, sujets que Sarko appelait « racailles »
Enfin viennent les « enragés » de l’extrême droite ou de l’extrême gauche.
Vous mélangez tout ça qui court en tous sens dans les rues de Paris ! Quel bordel !
En Mai 68, c’était de tout repos. Tout le monde était ensemble. Sans compter qu’il n’y avait pas de portables et que, désormais, toute baston de manifestant se retrouve dans l’heure filmée sur les réseaux sociaux. Plus moyen de bastonner voire de tuer en douce.
Pauvres poulets !
1410 – 03/12/2018