Archive dans 15 mars 2006

Le CPE : une offense au droit des gens

Tout à l’heure, je disais à un chef d’entreprise que j’avais essayé de convaincre une étudiante favorable au projet de C.P.E. en lui disant que ceci permettrait à son patron de la licencier au bout de six mois simplement parce qu’elle aurait refusé de coucher avec lui. Et ce chef d’entreprise me répondit que, de toute façon, cela ne changeait pas grand-chose car il était toujours facile de trouver ou d’inventer un motif d’insuffisance professionnelle pour licencier.

Oui. Sauf que…

Sauf qu’aujourd’hui, un salarié licencié après sa période d’essai (un ou trois mois selon la position) peut toujours introduire un recours devant le Conseil des Prud’hommes. Et c’est là qu’est toute la différence.

Ce principe du recours contre des décisions jugées arbitraires ou injustifiées est inscrit dans notre droit. On peut contester une décision administrative devant le Tribunal Administratif. On peut contester une contravention, un jugement. Il y a (normalement) toujours au moins une possibilité d’appel.

Avec le C.P.E., pendant deux ans, point d’appel.

On peut donc en déduire que l’existence même du C.P.E. n’est pas conforme aux usages constitutionnels de notre pays.

Ce droit au recours, à la contestation d’une décision est un fondement majeur de notre société. Et lorsqu’un ministre, lorsqu’un responsable d’université, lorsqu’un professeur, lorsque des étudiants qui croient leur démarche légitime, se livrent à la pression, voire à l’odieux chantage de la proximité des examens, ils s’opposent aux principes même du droit français.

Il faut donc nécessairement soutenir tous ceux qui s’opposent à cette loi. Car, même s’ils n’en n’ont pastrès grande conscience, ils ne se battent pas contre une mesure conjoncturelle. Ils se battent pour le droit républicain. Ici, les étudiants ne se lèvent pas contre une nouvelle réformette de leurs études. Le sujet est bien plus grave, bien plus fondamental dans l’ordre de notre démocratie et de nos institutions. Ilsse lèvent pour un combat qui ne concerne pas qu’eux. Il implique aussi tous les jeunes y compris ceux du monde agricole ou ceux des banlieues.

Aujourd’hui, la police peut entrer dans la Sorbonne, haut lieu historique des franchises universitaires, symbole de la liberté de dire, de la liberté de penser, de la liberté de chercher, sans que le peuple de France s’en émeuve. Voilà comment, après quarante ans d’un battage continu de la société de la compétition et de laconsommation, on a prostitué de telles images.

C’est pourquoi, nous, enseignants, devons tout faire, par tous les moyens, pour que ceux qui ont entrepris de se lever contre cette mesure inique ne soient pas pénalisés pendant que d’autres recueilleraient injustement les fruits d’un combat qu’ils n’auraient pas mené. Apprendre à s’engager, c’est aussi apprendre la vie. C’est là une parfaite formation citoyenne tant réclamée par ceux-là même qui ont voté
la loi.

Voilà une unité d’enseignement ô combien formatrice qui mériterait d’être validée !

Pourquoi j’ai voté NON au référendum sur la Constitution Européenne

Une constitution est un texte simple. La Constitution de la Cinquième République,
dans sa forme initiale, tenait en quelques pages.

 

Une constitution démocratique est un texte simple qui énonce, dans son préambule, des principes de justice sociale, de respect et de protection des membres, généreux, clairs et forts

 

Une constitution est un texte qui régit, en terme simples et accessibles à tous les citoyens, l’organisation des pouvoirs, et leur séparation dans toutes les démocraties.

 

Une constitution démocratique est un texte simple qui énonce comment les citoyens
participent au gouvernement de leur pays ou sont représentés pour le faire.

 

Une constitution démocratique a pour objectif de protéger chaque citoyen, notamment des forces du pouvoir et de l’argent dont on sait bien qu’elles ont toujours contribué à corrompre les rapports sociaux.

 

Une constitution n’est pas un texte dont le préambule est une longue liste de «plénipotentiaires».

 

Une constitution n’est pas un long et incompréhensible acte notarié.

 

Une constitution n’organise pas la concurrence entre les territoires ou les
citoyens concernés.

 

Une constitution n’a pas besoin de longs protocoles annexes sur les dispositions financières des banques centrales. Ou le marché pétrolier.

 

Voilà pourquoi j’ai voté « NON » le 29 mai 2005 à ce long et fastidieux projet de contrat, issu de la plume d’un besogneux notaire, qui n’a même pas l’apparence d’une authentique constitution. Et j’ai invité chacun à faire de même, sans même l’ombre d’un regard pour les arguties ou les arguments partisans ou les mesquines stratégies
individuelles, dans la confiance en l’énergie de tous les peuples pour avancer difficilement, parfois douloureusement, mais toujours, vers plus de liberté, plus d’égalité et plus de fraternité.