Archive dans 28 octobre 2008

Crise: des millions de victimes innocentes, il faut un Tribunal Pénal International

On sait maintenant que la crise ne sera pas que boursière. Elle accompagne ou amplifie un mouvement de récession dont il n’est pas certain qu’elle soit la cause, car il n’est pas interdit de supposer que le mouvement de récession se soit amorcé de façon indépendante. Mais, au jour d’aujourd’hui, l’effet boule de neige est là. Et cet effet est encore amplifié par la couardise des milieux boursiers qui, au lieu de faire la part des choses et ne réajuster que ce qui mérite de l’être, réagissent de manière infantile et irréfléchie. A moins que, hypothèse d’un machiavélisme plus grand encore, l’ordre du jour ne soit à la spéculation frénétique à la baisse en espérant « se refaire » en achetant à vil prix et en espérant aussi n’être pas le dindon.

Mais, en tout cas, et au final, tout ceci se traduit par une perte de revenus, voire d’une perte d’emploi, pour des millions de gens à qui l’on présente la crise comme on le ferait des mouvements de la marée, comme si c’était inexorable et non modifiable, comme si c’était volonté divine d’un dieu malveillant ou comme si c’était « la faute à personne ».

Or, la faute est bien à un groupe de gens qui ne sont guère plus d’une poignée à l’échelle de l’humanité et qui se sont emparé du pouvoir économique sur le monde pour s’enfler du phallus et des comptes offshore dans ce qu’on nomme « paradis » fiscaux. Et même si ceux-ci, de méprisante façon, ne reconnaissent pas leur faute, on n’entend pas dire qu’ils soient le moins du monde inquiétés par les puissances d’état. Leurs ennuis se limitent, au maximum, à la perte d’un parachute doré et même pas à la perte de valeur de leurs stock-options, car ils ont vendu fort à propos, ce qui n’aurait jamais été que la nième couche de leur tas d’or.

En d’autres temps, on était moins indulgent envers les profiteurs. Au Far West, on les eut couverts de goudron et de plumes. Et ceux qui furent poursuivis, en France, pour marché noir, en 1945, n’avaient pas touché le millième de ce que ces arrogants parrains ont engrangé.

Il semblerait quand même légitime que la justice passe. Au moins qu’on les dépouille de la plus grande part de leurs biens pour secourir ceux que leur impéritie a conduit et va conduire au désespoir. Il y a tous ceux, dans le monde occidental qui vont se retrouver au chômage. Il y a tous ceux dans le Tiers Monde, pire encore, qui ne pourront manger à leur faim. Il y a tous ceux qui y perdront la vie de désespoir ou de disette. Car même ceux qui ont souscrits à des emprunts irréalistes ne sont jamais coupables que de s’être fait embobiner par des intermédiaires incompétents et avides de profit

Il est pas impossible que le nombre de victimes soit plus élevé que ne le furent celles de la Yougoslavie. Alors, qu’attend-on pour constituer un Tribunal Pénal International pour juger des crimes économiques qui ont conduit les citoyens de la planète à un tel désastre ?

Dans une société « normale », où subsisterait un peu de morale, il faut reconnaître ses fautes, mais aussi les réparer. On attend…

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Notes d’économie politique  36 – 28 octobre 2008

L’Islande, la crise et la consommation

carte_islande.1224888076.jpgSi les soixante-huitards dont je fais partie, consomment tout en continuant à critiquer la société de consommation, ils commencent à se trouver un peu seul. Car la consommation est devenue envahissante et peu critiquée. L’examen des caddies aux caisses des supermarchés, notamment le premier samedi du mois, après la paye, en donne témoignage. Y figurent des produits de peu d’intérêt sur le plan nutritif, voire organoleptique, et qui ne sont venus là que parce que la publicité les y a conduits.

 

Il y a d’ailleurs quelque chose de totalement surprenant quand on constate que des sites Internet, des journaux et des chaînes de  télévision puissent être totalement financés par la publicité. Car il faut bien, au final, que les annonceurs de TF1 se rattrapent quelque part. Et la publicité a ceci d’odieux, c’est qu’elle est le plus souvent mensongère en présentant comme nouveaux ce qui ne l’est pas (ou si peu), en présentant des vertus qui n’existent pas (ou si peu). Ainsi a-t-on inventé le verbe mincir pour parler des produits qui ne faisaient pas maigrir !

 

Les Islandais ont consommé comme des malades.

 

Pendant très longtemps, les hommes n’ont consommé que ce qu’ils produisaient. Et les cultures agricoles fournissaient la nourriture, les forêts le bois de chauffage ou de construction, les carrières, les pierres, la pêche, les poissons, etc., etc.. Ils consommaient aussi ce qu’ils volaient comme le faisaient les rois en levant l’impôt. Et si les rois s’endettaient, au moins le peuple plus sage, ou contraint de l’être, s’endettait peu.

 

La société de consommation a changé tout cela. Et le peuple de Zola qui s’endettait pour payer son pain, s’est mis, désormais repu, à s’endetter pour tout et n’importe quoi. Et c’est devenu d’autant plus facile que tout le monde y trouve son compte: le vendeur qui vend et le préteur qui prête. Souvent d’ailleurs, ils font partie de la même bande et le guichet du crédit voisine à trois mètres la caisse. Je me souviens d’un vendeur de Conforama, prêt à baisser son prix, pour autant que j’achête à crédit, la commission de la société de crédit venant compenser le manque à gagner de la vente.

 

Et puis on a inventé la ligne de crédit « revolving », la ligne de crédit ouverte à un taux quasi usuraire…

 

Les islandais ont emprunté comme des malades.

 

L’Islande se trouvait disposer d’une monnaie un peu surévaluée. Allez savoir pourquoi. Donc on empruntait en euros ce qui offrait des taux de crédit plus réduits. Ainsi, les islandais ont emprunté 5 fois leur PNB. Pour rembourser, il leur faudra travailler 5 ans sans toucher un rotin ! Et en même temps, leurs banquiers, aussi cons que les autres, leur vendaient des actifs pourris, pour placer leurs faibles économies ou pour constituer un capital pour la vieillesse.

 

Et, compte tenu de la petitesse des banques islandaises, elle se sont cassé la figure parmi les première. La couronne islandaise s’est complètement écrabouillée et les emprunts en euros sont devenus horriblement cher en même temps que les valeurs pourries s’effondraient entraînant tout le reste.

 

Les islandais endettés jusqu’au cou et sans doute au delà, sont maintenant dans la fosse septique !

 

Cherchons les coupables.

 

L’état évidemment qui a totalement manqué à son rôle protecteur et régulateur, comme partout ailleurs. Les banques vendant n’importe quoi comme partout ailleurs. Et les organismes de crédit vendant du crédit encore plus qu’ailleurs.

 

Le cas de l’Islande n’est pas et ne sera pas le seul. Nous allons probablement constater que la société scandinave doit sa relative paix sociale et politique a sa compromission avec la société de consommation. Du coup, le modèle risque d’être moins modèle qu’il n’y paraissait.

 

Le cas de l’Islande ouvre la voie de l’analyse de la crise. Il ne suffit pas de clamer qu’on va réformer le capitalisme, car les acteurs de cette catastrophe sont très nombreux et dispersés. Il n’y a pas que les banques, puisque c’est toute la chaîne de production, de vente et d’offre de consommation qui est concernée. Nous devons donc continuer notre analyse pour continuer à montrer que toutes les structures de production et de commercialisation se sont trouvées unies pour s’embarquer sur ce navire, y compris les pouvoirs politiques complices par ignorance, ou bêtise, ou par esprit de système d’hostilité envers toutes les formes d’organisation coopératives. Et lorsqu’on continue, par exemple, à vouloir valoriser les retraites par capitalisation, on est complice. Que valent aujourd’hui les retraites des islandais ? Vaut-il mieux que les générations à venir payent la note des retraites de leurs parents ou remboursent les crédits que ces derniers ont exagérément souscrits ? Sans compter l’injustice sociale, car on sait bien que l’impact sur les grandes richesses sera bien moins fort. Car ce n’est pas aussi dur de perdre 50% de 100000 euros que 50% de 1000 euros.

 

P.S.: Quelle est la monnaie islandaise ? le 4×4 !

 

Notes d’économie politique  35 – 25 octobre 2008

Etat policier: Danger, la police fait ce qu’elle veut

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Depuis quelques mois, les témoignages de la toute puissance de la police, au mépris du respect des règles et des lois se font de plus en plus nombreux. Simplement pour avoir osé donner leur avis, pour être intervenu en faveur de citoyens maltraités, de simples et honnêtes citoyens se retrouvent arrêtés et poursuivis. Voir le témoignage tout à fait représentatif de Patrick Mohr .

 

 

Vient aussi la question du délit d’outrage. Pour peu que vous soyez en désaccord avec une action d’une personne « dépositaire de l’autorité » vous pouvez être poursuivi pour outrage . Sarkozy n’est pas poursuivi pour avoir dit « casse-toi pauvre con » à un citoyen ordinaire. mais le citoyen ordinaire Romain Dunand est poursuivi pour l’avoir écrit sur une affichette lisible par Nicolas Sarkozy.

 

Ceci n’est évidemment pas nouveau. Mais la menace de pouvoir être poursuivi pour délit d’outrage pèse naturellement sur la liberté d’expression. Ainsi, un flic pourra, sans être inquiété, vous traiter de ce que bon lui semblera (voir le témoignage de Patrick Mohr) ou vous traiter comme bon lui sembler, sans que la réciproque soit vraie.

 

Je sens que bientôt, nous allons être inquiétés pour ce que nous écrivons sur les blogs.

 

Cela me fait penser à une certaine police qui affectionnait les imperméables moirs et les tractions de même couleur.

 

Pas vous ?

 

Il est temps de prendre du temps pour s’occuper de cette question.

 

 

Trombinoscope des hommes dangereux (catégorie porte-flingue): Antoine Di Zazzo

dizazzo.1224438954.jpgCe type est cinglé. Il veut vendre des Tasers partout. Il rêve d’un monde taserisé avec des flingues électriques entre les mains de n’importe quel porte-flingue. Le fait que son Taser de merde ait déjà fait des victimes: il n’en a rien, mais rien à foutre. Ce qu’il veut c’est vendre, vendre, vendre et pognon, pognon, pognon.

 

Dès qu’on ose mettre en doute son électro-fligue: procès, procès, procès.

 

Ce type est fou à lier.

Le prix du danger: ils vont le faire !

« Dans une société futuriste, « le prix du danger » est le nouveau jeu d’une chaîne de télévision. Un homme doit rejoindre un endroit secret en évitant cinq hommes venus pour le tuer. S’il réussit, il empoche beaucoup d’argent » (Allocine.com). Ce film d’Yves Boisset est sorti en 1982.

La « société futuriste est arrivée. Voici le nouveau jeu télévisé tel qu’on l’annonce en Amérique: un couple ayant tout perdu (… par exemple sa maison par trop d’endettement, suivez mon regard), se verra poser des questions. El s’il réussit, il gagnera beaucoup d’argent.

Mais s’il échoue, ses amis (qui l’accompagneront, apparemment), recevront des chocs électriques.

Vive le Taser !

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Un homme (au sol) vient d’être tué par un Taser
14-10-2007, aéroport de Vancouver

 

Le vertige de l’homme

En ces temps de crise, de distribution de milliards et autres pantalonnades, je suis pris de vertige en considérant l’espèce.

Comment, par quels chemins, l’espèce humaine a-t-elle pu survenir, avec cette faculté supérieure de pouvoir gérer son développement ? Et le pouvoir de choisir entre l’amour et la haine, entre la charité et le mépris, entre l’homme et la femme, entre la guerre et la paix. Bien sûr, ces questions sont triviales. Chacun d’entre nous se les pose de temps à autre. Mais ces périodes de crises me semblent propices à mesurer à la fois le beau chemin et les sordides impasses.

L’occident et le christianisme ont probablement sinon inventé, au mois fixé l’humanisme en terme de règle morale et sociale fondamentale. Alors on se demande ce qui peut bien passer dans la tête d’un homme ou d’un groupe d’hommes qui ne pensent qu’à acquérir richesses et pouvoirs bien au delà de leurs besoins. Qu’est-ce qui déconne ?

Décidément cette race est mal finie.

Comment disait-il, l’autre ? Fini au pipi ?

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Travailleurs de tous les pays, unissez-vous !

nidieunimaitre.1224026404.jpgLe capitalisme vient de montrer, une fois encore, sa gueule noire qu’on résume ici et là comme privatisation des profits et collectivisation des pertes. Des années de dérégulation et de délire. Et voici que tout devient instable: le peu de richesse ou de bien être acquis au cours d’années de travail est en péril. L’emploi est en péril. Le quart monde est en grand péril.

nidieunimaitre.1224026404.jpgAlors, il est temps de rejoindre les structures qui permettront la lutte: groupes de réflexion libertaires et autogestionnaires et, faute de mieux, les syndicats et les partis.

 

nidieunimaitre.1224026404.jpgTravailleurs de tous les pays, ne restons pas contemplateurs et frileux. Seul, on n’est rien. Mais si nous sommes cent, mille ou un million, la face du monde peut être changée.

Plan de sauvetage de la crise bancaire: bien sûr qu’il faut s’abstenir

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Il semble que les socialistes aient pris l’option de s’abstenir lors de la présentation par le gouvernement à l’Assemblée Nationale du plan de sauvetage des banques. J’ai entendu des commentateurs critiquer cette position au sens où, selon eux, le PS devrait voter favorablement puisqu’il approuve les mesures annoncées.

Oui mais…

Qui pourrait ne pas approuver un plan qui est mis en place pour sauver ce qui peut être sauvé de l’économie mondiale et ainsi éviter toutes les conséquences qu’on peut imaginer. Mais peut-on vraiment accepter ainsi, sans autre forme de procès, de courir à l’aide du capitalisme ?

Car ce sont quand même le libéralisme et le capitalisme qui ont foutu cet immense bordel ! Ce ne sont pas les électeurs du PS. Pire encore, ce sont ces mêmes électeurs qui voient leurs économies, leur retraite, voire leur emploi, en péril. Alors, pourquoi approuver une mesure de sauvetage dans ces conditions.

Naturellement, on ne va pas s’y opposer. Mais de là à applaudir !

C’est la fin du capitalisme

Un excellent article paru dans Le Monde du 11/10/2008 présente un entretien avec Immanuel Wallerstein , présenté comme suit:

Signataire du manifeste du Forum social de Porto Alegre (« Douze propositions pour un autre monde possible »), en 2005, vous êtes considéré comme l’un des inspirateurs du mouvement altermondialiste. Vous avez fondé et dirigé le Centre Fernand-Braudel pour l’étude de l’économie des systèmes historiques et des civilisations de l’université de l’Etat de New York, à Binghamton.

L’interviewé explique comment le capitalisme qui a pris le relais de la société féodale aux XVème-XVIème siècles en est arrivé à cette voracité financière et cet aveuglement. Et ce qui est probablement sa fin.

On pourrait ajouter qu’il est probable que les citoyens n’ont pas été autant informés au cours des crises similaires précédentes. Les moyens de communication de 1929 n’avaient évidemment rien à voir. Et les relais médiatiques, qui ne manquent pas désormais, permettent à chacun de comprendre et, s’il ne comprend pas tout, de chiffrer. Il s’étonne que même si « les caisses sont vides », il soit possible de mobiliser des millions, voire des milliards. On lui explique alors que ce ne sont que des emprunts ou des garanties et qu’on retrouvera un jour tout… ou partie. Et là, il sait bien que son Trésor, le Trésor Public, devrait y laisser des plumes. Sauf peut-être à bien manager la créance. Au fond, devenir actionnaire et siéger dans les conseils d’administration.

On peut penser aussi que les représentants du peuple seront vigilants, car les cloches de leurs électeurs vont tinter à leurs oreilles. En France, les électeurs de gauche, n’en doutons pas, et même les électeurs de droite qui n’ignorent pas ce qu’aurait fait leur référent, le Général de Gaulle. Qu’on le veuille ou non, cette pression populaire existera. Au moins pendant quelques années. Personnellement, je regretterai qu’on ne soit pas encore entré dans l’économie administrée, mais au moins ce sera l’économie surveillée.

On voudrait pouvoir espérer, comme le suggère Wallerstein, qu’on pourrait entrer dans une nouvelle forme de développement. Les citoyens sont clairement favorables à ce que la question de la répartition des richesses soit posée. Ils sont également sensibles à la question de la modification des modèles de développement en relation avec la nécessaire économie de moyens de la planète.

C’est là où une administration doit intervenir. Voilà un Fond Monétaire International étonnamment muet pendant cette période qui pourrait bien faire l’effort de s’investir dans le développement durable. Par exemple, tous les pays qui se trouvent entre les deux tropiques ont tout ce qu’il faut pour développer l’énergie solaire et recevoir les bénéfices qui en découleront. Mais ceci n’est possible qu’en jugulant la corruption dans nombre de ces pays qui canalise la richesse vers un petit nombre. Ce qui veut dire qu’il faut aussi administrer cela et mettre son nez dans ce qu’on a coutume de considérer comme du seul ressort des dirigeants de l’état considéré.

Les « puissances » ont donc là une grande responsabilité: aider au développement raisonné tout en contrôlant l’usage qui est fait des transferts de technologie et d’ingenierie. Un ingérence est donc nécessaire dont, jusqu’à présent, elles ont été bien peu capables ou bien peu volontaires. Il est grand temps que cela cesse.

Notes d’économie politique 34 – 14 octobre 2008