Archive dans 31 décembre 2008

Un Noël de pauvre à la caisse d’Intermarché

L’autre jour, un jour ou deux avant Noël, mardi, je crois. Je suis à la caisse d’Intermarché pour acheter de la nourriture pour le réveillon et le repas du lendemain. Devant moi, un homme, la soixantaine passée. Il est vêtu d’une grande veste jaune, un peu épaisse, un peu trop grande pour lui. Il y a une ou deux taches de graisse. Pourtant, il parait assez soigné. Je suis certain qu’il n’a rien d’autre à mettre pour sortir un jour de froid. Il me dit quelques mots, je ne me souviens plus lesquels. Je crois bien lui avoir répondu quelque trait contre ceux qui nous gouvernent.

Devant l’homme, une dame, plus jeune. Avec une fille, probablement sa fille. Elles sont vêtues avec des anoraks comme on en trouve au Secours Populaire. Elles achètent deux grandes bûches de Noël bien garnies de crème rose. Des bûches de Noël un peu exagérées et bon marché.

L’homme me dit, et je comprends qu’il est avec la dame, qu’en s’y mettant à plusieurs, on arrive à avoir de quoi fêter Noël.

La dame paie ses achats.

C’est le tour de l’homme. A un moment, il demande à la caissière le montant de ses courses. Il reste deux bouteilles. Il dit qu’il les laisse. Qu’il ne peut pas les prendre.

L’histoire pourrait s’arrêter là.

Mais je vais avouer la suite, non pour faire valoir un petit geste de générosité. D’ailleurs, où était la générosité ? J’étais pris à la gorge, avec des larmes aux yeux. Impossible de faire autrement. J’ai à peine tergiversé deux secondes.

C’est la réaction de la caissière…

Je dis à la caissière qu’elle compte les deux bouteilles avec mes achats et qu’elle les donne à ce monsieur.

Et là, se trouve le plus ahurissant. Elle me regarde comme si j’étais fou.

– Vous êtes bien sûr ?

Et elle insiste… Elle me croit toqué.

– C’est vrai, vous êtes bien sûr ?

Révocation de Roseline Bachelot

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– Pour avoir accepté d’être ministre de ceci après avoir été ministre de cela ce qui montre qu’on est compétent sur rien.

– Pour avoir accepté la politique de santé du gouvernement dont elle fait partie et dont le vrai chef est qui nous savons.

– Pour s’étonner que, dans ces conditions, des gens meurent faute de soin ce qui donne une raison supplémentaire:

– Pour n’être vraiment pas intelligente pour ne pas s’en rendre compte.

Mort faute de soin ? Mais que se passe-t-il ?

hdehopital.1230586006.jpgLa question n’est pas « que se passe-t-il à l’hôpital public , ». La question est « que se passe-t-il partout ? « . Que se passe-t-il dans cette putain de société civilisée qui croule sous la richesse ?

Quel spectacle décadent de celui d’une société qui gaspille des milliards d’euros dans la spéculation et qui n’est pas foutue de payer une poignée d’infirmières et de médecins ? Et voilà que ceux qui nous gouvernent vont naturellement demander une enquête et l’on va bien trouver un pauvre gars pour lui faire porter le chapeau. Comment Sarkozy ose-t-il, sans rire, emprunter des sommes folles pour renflouer les banques et pas pour l’hôpital public ?

Ce régime est pourri !

Voici que notre société française qui se distinguait sur ces sujets du libéralisme sauvage commence à y ressembler fort. Les gaullistes devraient prêter l’oreille: le Grand Charles se retourne dans sa tombe !

L’année 2008 de la désolation: où est la révolte ?

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Que retiendront les générations futures de cette année 2008 ?

Rien de bien joli !

Voici que quelques esprits se croyant supérieurs ont inventé une roulette banquière mondiale dans laquelle ils se sont pris les pieds et le corps tout entier. Ils ont entraîné dans leur chute le monde entier, ruiné des millions de pauvres gens qui avaient placé leurs économies en vue de leur retraite ou pour se couvrir des mauvais jours. Ils ont provoqué la faillite de millions d’entreprises et mis des millions de personnes au chômage. Ils ont mystifié des milliers de gestionnaires d’organismes publics qui mettront des années à s’en relever.

Et croyez vous qu’ils baissent la tête ? Point. On peut être persuadés qu’ils coulent des jours tranquilles sous les cocotiers, hors de portée, autant que possible, des juridictions qui auraient velleités de les poursuivre.

Les états injectent quasiment à fond perdu des milliards qu’ils prennent dans des caisses vides, c’est à dire en endettant encore davantage les générations futures. Ces milliards viennent réconforter tous ces chevaliers d’industrie qui regardent encore avec arrogance ceux qu’ils ont dépouillés, pendant que le peuple peine à assurer son ordinaire dans les pays développés, à assurer sa survie dans les autres.

C’est tout juste si l’on s’en indigne… un peu.

En France, un pauvre déjanté du nom de Jérôme Kerviel, est poursuivi pour avoir fait perdre cinq milliards d’euros à une banque, en jouant, façon pousse mégot, le même jeu que les grands banquiers du monde jouaient en vraie grandeur.

A ce gigantesque brigandage, on a trouvé un nom. Pas celui des coupables. Ce serait trop joli. Non ! C’est la « crise ». C’est la  crise, madame, et par la crise votre pension se trouvera sensiblement diminuée. C’est la crise, monsieur, et vous n’aurez plus qu’à vendre à l’encan votre maison familiale laborieusement gagnée, mais dont vous ne pourrez plus honore les mensualités du crédit. C’est la crise, enfant qu’on ne peut soigner car tes parents ne peuvent pas payer. C’est la crise, c’est la crise mondiale, ouvriers, cultivateurs, employés, chômeurs, immigrés, SDF de tous les continent.

C’est la crise, peuple. Vous voyez, vous êtes pilé, vous êtes appauvri, vous êtes affamé, par les lois de l’ordre mondial du capitalisme et du libéralisme, système dans lequel une minorité se goinfre pendant que la majorité en chie.

Mais, peuple, où est ton indignation, où est ta révolte ?

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Notes d’économie politique  40 – 27 décembre 2008

La police vous parle : comment ne pas être inculpé d’outrage ou de rébellion

moutons.1230074438.jpgDans le Sarkodrome, la police roule des mécaniques. Elle se la pête. Elle aime les fouilles à nu, ce qui témoigne d’une mentalité douteuse. Donc danger.

Pour éviter ce genre de risque, je vous suggère, dès que la police vou parlera, de vous incliner vers le sol, en signe d’humilité, voire de vous mettre à quatre pattes, en faisant :

‘Bèèèèè, Bèèèèè »

Trois personnes inculpées pour avoir tenté de s’opposer à une expulsion dans un avion

Rue 89 raconte un incident ayant eu lieu dans un vol Air France où trois personnes sont intervenues pour marquer leur opposition à une expulsion (Air France a-t-elle dénoncé trois philosophes à la police ? ). On y apprendra que, naturellement ces trois personnes font l’objet de poursuites.

Ce texte est assorti d’un commentaire que je voudrais reproduire ici (signé Jean Chonot, plebeien):

Depuis un certain 6 décembre 2006 et l’expulsion de la famille Raba vers le Kosovo, je ne crois plus guère en l’efficacité d’indispensables interventions citoyennes de ce type.

Néanmoins, à chaque fois que cela se reproduit, je rêve qu’un brillant avocat trouve enfin la faille à cet épouvantable système et parvienne à faire arrêter ces manifestations de « résultat » délibérément perfides.

Car dans ces conditions déplorables et indignes ; créées par une situation qui ne l’est pas moins ; comment dès lors condamner la désobéissance civile de certain(e)s alors que tout est fait ou plutôt que rien n’est fait pour que ce genre de réaction ne se produise pas?

Au-delà de la loi qu’il faut bien appliquer ou alors qu’il faut amender, comment ne pas penser que ce genre de « démonstration » ; provoquant une réaction empathique naturelle, suivi de l’inexorable contre-réaction insidieusement recherchée ; ne soit pas l’expression :
a) d’une manipulation des consciences,
b) d’une pièce d’un puzzle dans la mise en place d’une graduation sur l’échelle de ce qu’un peuple pourrait accepter avant de sombrer définitivement dans le chaos de la désobéissance absolue ?
c) d’une stratégie bien plus vaste qui consisterait à injecter dans notre démocratie un mal bien plus dangereux que la provocation gratuite à l’aide d’un dosage homéopathique savamment calculé ?

Outre la colère, voilà les réflexions ; parmi tant d’autres ; que m’inspire ce « fait divers ». N’en déplaise d’ailleurs à une certaine catégorie de personnes. Celle-la même qui cache sa perverse délectation pour ce genre de « petite victoire » derrière les lois promulguées par un troupeau de moutons naïfs et somnolents, aux pieds desquels elle ne manque d’ailleurs pas de se réfugier au moindre petit cumulus osant traverser le ciel limpide de ses rassurantes et artificielles certitudes.

A ces compatriotes, qui risquent injustement la prison pour avoir fait preuve de désobéissance civile et d’humanisme, je dis toute ma reconnaissance pour me donner une raison supplémentaire de croire encore en une certaine idée de la République et de la Nation qui lui donne vie. »

Frédéric Lefebvre décoré de l’ordre de Guémené

lefebvre.1229894364.jpgCe député a déclaré:

« la présence des images qui défilent sur les écrans les plus divers n’a jamais été aussi importante dans notre environnement. Ce déferlement visuel va de pair avec une grande facilité d’accès aux images alors même que certains contenus audiovisuels véhiculent un climat de violence, d’agression et banalisent la sexualité et la pornographie. Les jeunes, grands utilisateurs d’écran, sont ainsi régulièrement exposés à ces images et gèrent cette consommation d’autant plus seuls qu’ils circulent dans ce flot d’images avec beaucoup plus d’aisance que leurs parents, souvent démunis face aux nouvelles technologies ».

Il parait qu’il parlait du net. Moi, je croyais qu’il parlait de TF1.

Groupe Universel Ecologique et Magistral des Epistémologues Naturellement Epicuriens

Tout savoir sur L’Ordre de Guémené

Il n’y a pas plus d’andouilles à Guémené qu’ailleurs. Mais il y a plein d’andouilles qui ne sont pas à Guémené.
Visitez Guémené

Chercher et enseigner à l’Université

Au moment où la Ministre est en train de peaufiner un projet de décret destiné à punir les enseignants de l’Université qui se trouveraient être de « piètres chercheurs », il n’est peut-être pas inutile de faire connaître au public, ce qu’est un travail de recherche.
Quand on présente, à la télévision, des images censées illustrer l’activité de recherche, on montre volontiers des personnes en blouse blanche devant des paillasses et des tubes à essais. Mais, dans la réalité, l’activité prend des formes très diverses  et recouvre différentes phases préparatoires, qui prennent souvent bien plus de temps que la « paillasse » proprement dite. Si les biologistes cherchent dans des « laboratoires »,  il faut aussi se demander où sont les archéologues , les paléontologues,  les mathématiciens, les psychologues, les astronomes, etc. ?

 

Car la recherche se fait d’abord avec la pensée. Chercher, c’est formuler des questions, nous disons des hypothèses, c’est mettre en œuvre des moyens de vérifier ou d’infirmer ces hypothèses et apprendre de ce travail suffisamment pour continuer, en reformulant d’autres questions dont on essaiera de faire la preuve, etc.. Tout ce qui se passe avant le moindre geste spécialisé dans le cerveau du chercheur, ou, de plus en plus souvent, dans les cerveaux des membres de l’équipe de recherche, fait partie de ce travail et peut être long. Car une hypothèse, et la réunion de tous les éléments nécessaires à son examen, ne s’improvisent pas.
Une hypothèse est le fruit d’observations, d’expériences et de connaissances étendues. Il serait naturellement vain et ridicule de réinventer ce qu’on sait déjà. Le chercheur est censé connaître TOUT ce qui a déjà été fait ou dit sur le sujet qui l’intéresse. Et s’il est vrai que les moyens informatiques permettent aujourd’hui de trouver plus facilement les ouvrages et les articles nécessaires à sa réflexion, la prolifération de ces derniers, due à une pression aggravée sur les chercheurs pour qu’ils publient beaucoup, fait contrepoids. Se documenter sur un sujet peut prendre des semaines, des mois ! Et comme les publications paraissent sans cesse, ce travail de documentation, ou « veille scientifique »,  n’est jamais véritablement terminé.
Parallèlement, il faut mettre en place la méthode, le protocole comme on dit souvent, qui pourra permettre d’avancer, en général, par petits pas, pour  valider ou invalider l’hypothèse de départ. Et il faut savoir qu’il est alors fréquent de s’apercevoir que cette hypothèse a besoin d’être remaniée, et que le protocole devra être modifié, lui aussi, au vu d’aléas qui ne sont pas tous prévisibles, et ce d’autant plus que la problématique est nouvelle…Car il est impossible de reproduire en laboratoire les conditions du terrain, impossible de mettre en place sur le terrain tous les éléments souhaités, et plus généralement, difficile ou impossible de prévoir ou d’effectuer tous les contrôles nécessaires…. La recherche est faite de compromis entre les vœux  sophistiqués et rigoureux du chercheur et une réalité incontournable. C’est là qu’il doit être capable d’inférer les conséquences sur ses résultats de l’ensemble des éléments qu’il n’a pu maîtriser et c’est pourquoi le chercheur s’exprime toujours en termes de probabilités.
Il ne faut pas croire non plus, que les astronomes passent leurs nuits à promener leurs télescopes, au hasard. Une observation céleste aura fait l’objet d’une longue préparation pour déterminer la probabilité d’une découverte. Il ne faut pas croire que les historiens se jettent sur les grimoires de la Bibliothèque Nationale sans une préparation soigneuse. Il ne faut pas croire que les archéologues se mettent à faire des trous dans le sol au hasard. Il ne faut pas croire que les psychologues interrogent les passants dans la rue en leur posant des questions jetées sur le papier une heure avant. Et que dire des expériences de physique nucléaire, de modélisation informatique, de biologie médicale, etc. !
Faire de la recherche demande du temps. Du temps pour réfléchir et préparer les bonnes questions, du temps pour réfléchir et préparer les bon dispositifs d’investigation, et du temps, parfois beaucoup de temps pour comprendre les résultats qui n’ont pas l’habitude d’être forcément ceux qu’on attend. Et, ne pas vérifier une hypothèse pose au moins autant de questions que sa vérification.
Voilà rapidement dressé le tableau schématique de l’activité de recherche proprement dite. Mais un chercheur doit aussi communiquer avec la communauté scientifique. Il doit présenter ses recherches dans des congrès, publier des articles, voire des livres. Il lui faut donc écrire. Et l’on imagine volontiers qu’écrire un article, avec toutes les règles très strictes et très codifiées inhérentes à la science, n’est pas chose facile. On ne s’assied pas devant son traitement de texte en se disant « tiens, je vais pondre un article ce matin ». Il faut décrire avec la plus grande minutie ce qui a été fait. Il existe une règle : une recherche doit pouvoir être reproduite et par conséquent les résultats retrouvés à partir des seules informations présentées dans l’article. Il faut aussi discuter, commenter, mettre en perspective les résultats et référencer tous les travaux déjà publiés dans le domaine.
Mais voici qu’on demande maintenant au chercheur d’effectuer des tâches qui n’ont plus rien à voir avec la recherche proprement dite. Aujourd’hui, il lui faut écrire des contrats de recherche ! On se met même à juger de sa créativité en fonction du nombre de contrats obtenus ! Il lui faut donc aussi être un bon vendeur ! Savoir tourner son texte pour faire miroiter les « merveilleuses » retombées économiques de son travail !
De qui se moque-t-on ? Edison aurait-il prédit ….. ? Pasteur aurait-il prédit ….. ?
Qui est le partenaire privilégié du chercheur ? Le service de communication de son institut, formé à la publicité et à la vente ? Ou d’autres passionnés comme lui, prêt à s’investir pour comprendre un phénomène ? Doit-il rechercher la rentabilité à court terme  ou les découvertes à long terme ?

 

Et il y a aussi une chose qu’on oublie trop souvent. Un chercheur ne commence pas à chercher en entrant dans son bureau à 9 heures et ne cesse pas à 18 heures. Un chercheur ne peut même pas véritablement se mettre en grève, car il faudrait qu’il s’arrête de penser ! Un chercheur cherche en des lieux inattendus, en des circonstances qu’on pourrait croire improbables. Un chercheur peut réfléchir à ses travaux dans son lit, dans son bain, sur un télésiège, dans le métro et dans mille autres lieux et circonstances pour peu qu’il ait le loisir de permettre à sa pensée… de penser. Un enseignant de l’Université est censé avoir une telle activité à mi-temps. Les décrets prévus par notre ministre précisent même le nombre d’heures exactement ! On voit bien que ce partage est tout à fait théorique. Selon les moments, selon l’expérience en cours, il en sera ceci ou cela.

 

Mais, non content de produire des textes de haut niveau, il est aussi encouragé, souvent par lui-même qui en ressent le besoin, à écrire des manuels ou des ouvrages introductifs pour les étudiants. Ces ouvrages sont complexes, car il faut toujours négocier entre le côté pédagogique et le côté scientifique, sans tomber dans la simplification ou la schématisation trop fortes. Et qu’on ne fasse pas « le coup » des droits d’auteurs. Vu la taille des tirages, ils sont souvent symboliques !
Si l’on ajoute à cela, la durée des cours et leur préparation (car on n’a pas toujours la possibilité, surtout en premier cycle, de produire des enseignements autour de ses propres thèmes de recherche), les tâches annexes d’examen, de corrections (à une époque où la demande de contrôle continu est très forte), de jurys, de direction de mémoires ou de thèses, d’innovation pédagogique (qui est malheureusement souvent le parent pauvre, faute de temps), de tutorat (pour les étudiants mais également les chargés de cours), de participation aux Conseils de gestion ou d’administration et les activités d’organisation pédagogique, et ceci pour un salaire correspondant à celui d’un cadre petit ou moyen dans le secteur privé, on commence à se faire une idée plus précise de l’ampleur de la tâche.
Que peut-il arriver, alors,  si un chercheur, accaparé par ces tâches multiples, n’a plus de contact renouvelé et soutenu avec la littérature ?  Le risque essentiel, c’est qu’il  perde sa créativité et qu’il ne puisse plus formuler d’hypothèses innovantes, car celles-ci proviennent directement de la confrontation des savoirs et des idées. Pourquoi pensez-vous que les jeunes apparaissent plus créatifs que les « vieux »,  est-ce parce qu’ils sont plus intelligents, plus réfléchis ? Non, la vérité se trouve plutôt dans le fait qu’ils n’ont plus le temps ! Temps de lire, temps de s’interroger, temps de confronter, temps d’exercer leur pensée critique ! Le propre d’un chercheur est de se poser encore des questions là où d’autres se contenteront de réponses bien établies.
Faut-il vraiment ajouter qu’un chercheur ne peut qu’être très consciencieux. la qualité d’une recherche, et le fait que ses résultats « tiendront » ou non avec le temps, est directement proportionnel à la rigueur avec laquelle elle a été menée. Le quotidien du chercheur est fait de minutie et de contrôle, ce qui s’envisage mal lorsqu’il s’agit de grappiller par ci par là des minutes entre des dizaines d’autres activités.

 

Enfin, dans un autre registre, on ajoutera que, dans certains secteurs, il est souhaitable d’avoir une pratique professionnelle. Imagine-t-on des enseignants en médecine qui ne pratiquent pas, des psychologues qui n’ont pas de clients ? Il est même souhaitable que, d’une certaine façon, les enseignants de l’Université aient une certaine expérience du monde du travail auquel ils préparent les étudiants. On leur reproche assez, et parfois à tort, de n’en point avoir.

 

Alors, de grâce, laissons-les en paix en n’oubliant pas qu’aucune loi n’empêchera leur cerveau de travailler le dimanche.

 

Jean Pierre Dufoyer
Carolyn Granier-Deferre
Maîtres de Conférence
Université Paris Descartes

Eric Woerth veut empêcher les pauvres de manifester à Chantilly

Communiqué de Thierry AURY, secrétaire départemental du Parti communiste français
« M.Woerth veut interdire le rassemblement du 20 décembre ! Soyons nombreux à Chantilly ce jour là ! »

Sur une idée des conseillers généraux communistes, plusieurs partis de gauche ont lancé un appel  » à tous ceux qui souffrent de la politique du gouvernement « ,  » à toutes les forces de progrès, aux syndicats, aux associations de locataires, de parents d’élèves, de personnes handicapées, de solidarité aux migrants, aux collectifs citoyens de défense des services publics, aux élus de toutes senssibilités à se rassembler pour porter colère et résistance contre toutes les mesures de régression  » sous le mot d’ordre  » ça suffit ! « , Samedi 20 décembre, à 10h, devant la Mairie de Chantilly où siège le Ministre du Budget, M.Woerth, maire de la ville.

J’ai eu la surprise de recevoir ce lundi 15 décembre, par fax, un courrier de M.Woerth ( dont la copie est envoyée au Préfet – ce n’est pas anodin vu le contenu du courrier – ) m’indiquant qu’ il « condamne vivement cet appel « , qu’il est « stupéfait et choqué d’un tel rassemblement à quelques jours de Noël qui politise de façon abusive une période de joie et de fêtes familiales  » et qui « revient à pénaliser les l’ensemble des habitants et de ses commerçants à un moment où la crise économique de frappe durement le monde et notre pays. » (sic).

Pire, le Ministre sarkozyste et patron de l’UMP de l’Oise nous « demande fermement de ne pas donner suite à cette initiative qui dans la période que nous traversons et aussi proche des festivités de fin d’année, me parait inacceptable » !

Venant de la part d’un Ministre éminent du gouvernement, la copie de cette lettre adressée au Préfet indique clairement la volonté de voir interdire cette manifestation : c’est un fait extrêmement grave qui porte atteinte à l’un des droits fondamentaux de la République.

Cela s’inscrit dans une dérive grave portée par le sarkozysme d’atteintes aux libertés et d’intimidation, de répression vis à vis de tous ceux qui relèvent la tête et veulent résister à la politique du gouvernement.

Cette arrogance et ce mépris du peuple ( oser dire dans le contexte de crise que c’est notre rassemblement qui va empêcher le peuple de festoyer, il fallait le faire !) doivent être un encouragement encore plus grand à venir très nombreux Samedi 20 décembre, à 10h, sous le balcon de M.Woerth pour crier haut et fort : « régressions, destructions, provocations, ça suffit ! « .

C’est M.Woerth comme Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique qui organise le « bouclier fiscal » pour les plus riches, l’étranglement financier des collectivités locales, la suppression de dizaines de milliers de postes dans le secteur public, le renflouement des banques sans contrepartie : avec lui, c’est « Noël tous les jours » pour les riches, pour les actionnaires, pour les grandes sociétés capitalistes !

Alors que M.Woerth ne nous fait aucun cadeau, alors que toute la politique du gouvernement a contribué à l’ampleur de la crise, alors que des millions de famille se serrent toujours plus la ceinture et sont inquiètes pour l’avenir, nous voulons l’empêcher de passer un Noël tranquille !
Venez et faites venir nombreux à ce rassemblement avec vos pancartes, vos couleurs et toutes vos idées
pour exprimer vos colères, vos résistances et vos espoirs !

Enseignement supérieur et conséquences de la loi LRU : la privatisation rampante est en route

Sans doute les universitaires n’avaient-ils pas pris toute la mesure de la loi LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités). On ne peut pas leur en tenir rigueur, d’abord parce qu’elle avait été votée en quasi catimini, mais aussi parce que toute son expression dépendait des décrets d’application. Sans compter que personne, en aucune circonstance, ne leur avait demandé leur avis.

Aujourd’hui ces décrets sont publiés ou en passe de l’être. Et les conséquences en sont complexes et subtiles, au point qu’on pourrait se faire éblouir.

L’autonomie, un grand mot séducteur, revient à dire en fait que les universités deviennent des entreprises qui vont gérer leurs budgets et toute leur production sans avoir à en référer vraiment à quiconque. En même temps, on repasse le mistigri des transferts de charges, notamment immobilières, à un moment ou la carence de l’état a produit ce qu’on peut constater.

L’état se débarrasse de la chose universitaire. Les universités ont un Président, élu par un Conseil d’Administration, comme dans beaucoup d’entreprises. Et ce Président aura énormément de pouvoir. Naturellement, il sera sous surveillance de son C.A.. Mais la composition des C.A., elle même, ouvre la porte à d’autres que des universitaires. Donc rien n’est certain, sauf qu’il aura beaucoup de pouvoirs.

Ces pouvoirs seront très vastes; ils concerneront toute l’infrastructure, tout le personnel, tout l’enseignement. On peut imaginer une université ne remplaçant pas les enseignants partant à la retraite et augmentant sensiblement les salaires des enseignants, quitte à compléter par une augmentation des droits universitaires. On peut imaginer une politique de sélection sur toutes sortes de critères. On peut imaginer des diplômes cessant d’êtrenationaux. Oh, pas tout de suite, bien sûr, mais c’est juridiquement faisable, quitte à faire sauter discrètement un ou deux petits verrous dans quelques années.

Cette loi vient compléter le dispositif L (licence) M (Master) D (Doctorat), assez largement répandu en Europe, et qui s’inspire un peu (mais pas complètement) du modèle américain. Elle est à mettre en relation avec la forte demande de la tutelle pour la création de Licences Professionnelles. En même temps, on supprime les IUFM, on appauvrit, voire on supprime les IUT.

En ajoutant à cela la possibilité que certains universitaires soient moins ou pas du tout chercheurs, on voit donc se mettre en place, brique par brique, un dispositif qui tend à marquer la séparation entre la licence et le reste. On imagine alors volontiers qu’on pourrait, à moindre coût (puisque les enseignants pourraient effectuer jusqu’à deux fois plus d’heures pour le même salaire), recevoir un grand nombre d’étudiants en premier cycle. On crée ainsi le super-lycée. Un peu comme les colleges américains, à la mode européenne. Il y a longtemps que nos gouvernants en rêvent !

Mais, de plus, en raison d’une politique inévitable d’évaluation, puisque les universités seront concurrentes, en raison de l’abandon probable de la notion de diplôme national, on s’achemine vers une hiérarchie des universités, des mauvaises aux meilleures. Les « meilleures » bénéficieront facilement de l’argent complémentaire ou totalitaire du secteur privé pour former les cadres dont l’industrie et le commerce ont besoin. Les mauvaises seront les universités régionales…

La privatisation rampante est en route.