Un Noël de pauvre à la caisse d’Intermarché

Un Noël de pauvre à la caisse d’Intermarché

L’autre jour, un jour ou deux avant Noël, mardi, je crois. Je suis à la caisse d’Intermarché pour acheter de la nourriture pour le réveillon et le repas du lendemain. Devant moi, un homme, la soixantaine passée. Il est vêtu d’une grande veste jaune, un peu épaisse, un peu trop grande pour lui. Il y a une ou deux taches de graisse. Pourtant, il parait assez soigné. Je suis certain qu’il n’a rien d’autre à mettre pour sortir un jour de froid. Il me dit quelques mots, je ne me souviens plus lesquels. Je crois bien lui avoir répondu quelque trait contre ceux qui nous gouvernent.

Devant l’homme, une dame, plus jeune. Avec une fille, probablement sa fille. Elles sont vêtues avec des anoraks comme on en trouve au Secours Populaire. Elles achètent deux grandes bûches de Noël bien garnies de crème rose. Des bûches de Noël un peu exagérées et bon marché.

L’homme me dit, et je comprends qu’il est avec la dame, qu’en s’y mettant à plusieurs, on arrive à avoir de quoi fêter Noël.

La dame paie ses achats.

C’est le tour de l’homme. A un moment, il demande à la caissière le montant de ses courses. Il reste deux bouteilles. Il dit qu’il les laisse. Qu’il ne peut pas les prendre.

L’histoire pourrait s’arrêter là.

Mais je vais avouer la suite, non pour faire valoir un petit geste de générosité. D’ailleurs, où était la générosité ? J’étais pris à la gorge, avec des larmes aux yeux. Impossible de faire autrement. J’ai à peine tergiversé deux secondes.

C’est la réaction de la caissière…

Je dis à la caissière qu’elle compte les deux bouteilles avec mes achats et qu’elle les donne à ce monsieur.

Et là, se trouve le plus ahurissant. Elle me regarde comme si j’étais fou.

– Vous êtes bien sûr ?

Et elle insiste… Elle me croit toqué.

– C’est vrai, vous êtes bien sûr ?

Bakounine

2 commentaires

gavroche Publié le13h28 - 31 décembre 2008

C’est peut être que simplement cette dame à la caisse ayant des revenus modestes trouve injuste votre geste. En effet cette caissière fait peut être partie de ceux qui travaillent « ce qu’ils peuvent pour gagner ce qu’ils peuvent » et trouve surprenant la générosité pour des tiers qui, à ses yeux, n’ont pas prouvé leur volonté de « s’en sortir ». Dans ce cas, c’est finalement l’acte en lui même qui choque et non sa valeur. La misère et l’envie associée à une certaine anxiété ne provoquent ils pas des sentiments d’injustice ?

Le frère de Bakounine Publié le1h30 - 4 janvier 2009

Je reconnais Bakounine, c’est un geste sans préméditation, sans réfléchir, un geste instinctif, primaire et généreux.
Son grand père faisait la même chose, discrètement, juste pour le plaisir d’avoir un sourire! Ta caissière n’a pas eut la chance de connaître ‘Pépé’