Archive dans 30 octobre 2010

Service public, journalisme et décadence

La sotie de Gérald Dahan du 27 octobre vogue sur l’Internet. On le voit et on l’y entend énoncer plein de vérités sur un ton si stupide que Michèle Allot-Marie, invitée de cette « Matinale », le contemple avec un air désolé en train de faire l’andouille. Car il fait l’andouille, sans nuances aucune, sans litote ni métaphore. Le propos est nul.

Et pourtant…

Et pourtant tout ce qu’il dit aurait pu faire l’objet de belles et intéressantes questions posées par les journalistes qui n’aborderont aucun de ces sujets. Et si, comme il est probable, les journalistes n’osent plus poser des questions qui risquent de fâcher, alors notre démocratie est très malade. Voici qu’on ne pourrait plus aborder les vrais sujets autrement que le faisaient autrefois les fous des tyrans.

Il est temps que les journalistes se réveillent et aillent prendre quelque cours de courage politique !

Salvador Allende, O.N.U., 1972

« Nous sommes face à un véritable conflit entre les multinationales et les états Ceux-ci ne sont plus maîtres de leurs décisions fondamentales, politiques, économiques et militaires à cause de multinationales qui ne dépendent d’aucun état. Elles opèrent sans assumer leurs responsabilités et ne sont contrôlées par aucun parlement ni par aucune instance représentative de l’intérêt général. En un mot, c’est la structure politique du monde qui est ébranlée. Les grandes entreprises transnationales nuisent aux intérêts des pays en voie de développement. Leurs activités asservissantes et incontrôlées nuisent aussi aux pays industrialisés où elles s’installent. »

Drame de Clichy-sous-Bois : le parquet fait appel du renvoi des policiers devant le tribunal

Dans certains pays la justice était aux ordres: Espagne de Franco, Chili de Pinochet, Portugal de Salazar, Italie de Mussolini, Allemagne d’Hitler, URSS de Staligne à Brejnev et tous les pays du bloc communiste.

Des pays où il faisait bon vivre.

On peut aussi ajouter la Chine, la Corée du Nord, la Birmanie, l’Iran… Etc.

Des pays où il fait bon vivre.

Ce que la mastérisation signifie

Sauvons l’université !
Newsletter n° 29 – 24 octobre 2010

1.Constats

Depuis la rentrée, la réforme de la formation des enseignants, dite « mastérisation », a retrouvé une place dans les medias et dans les débats. Ceux qui, il y a encore quelque temps, la considéraient au mieux comme un non-sujet s’étonnent des ravages que produit la nouvelle organisation de la première année des lauréats des concours de recrutement. Commencé au début de l’année 2008, un mouvement de contestation de ladite réforme – d’abord minoritaire et extérieur aux syndicats – a rallié peu à peu à lui l’ensemble des acteurs de la formation dans un front large et aux motivations variées (des présidents d’université aux syndicats, des enseignants aux étudiants, des amoureux de la pédagogie et de la didactique aux chantres des disciplines). Face à ce consensus rarissime dans le monde de l’éducation, la surdité du gouvernement a été totale et sa réponse aux critiques a consisté en un passage en force – quitte à prendre des libertés avec la légalité comme l’illustrent le non respect du Code de l’éducation et les atteintes à la définition réglementaire du Master. Le tout a été enrobé d’annonces non suivies d’effets, relevant parfois de mensonges purs et simples : il suffit de songer à la prétendue concession selon laquelle un tiers du temps de travail serait consacré à la formation, alors que la plupart des jeunes collègues se retrouve à ce jour devant des classes pendant 15 à 18 heures par semaine.

La souffrance et l’exaspération de ces milliers de nouveaux enseignants servant de cobayes constituent le cœur des témoignages de ces dernières semaines. S’il est important que cette souffrance soit exprimée et relayée, le risque existe toutefois que l’analyse soit réduite à une dramatisation jouant sur le pathos dont les jeunes collègues eux-mêmes ne veulent pas. Pire, en perdant de vue la responsabilité du gouvernement dans cette situation, on en arriverait vite au simple constat que ces nouveaux enseignants n’ont pas été bien formés ou que les modalités de leur recrutement sont décidément trop éloignées de la pratique du métier qui les attend ! À ce jeu de la mauvaise foi, les universités formatrices ou les concours recrutant pourraient bien se retrouver dans l’œil du cyclone. Dans ce renversement, d’un côté, les ministères se laveraient les mains de ce qu’ils ont créé de toutes pièces pour en faire une arme contre ceux-là même qui ont tenté de leur résister. De l’autre, n’en viendraient-ils pas à affirmer que, puisque les concours n’apportent rien de plus à une formation qu’il convient de concentrer sur les improbables « Masters d’enseignement », le Master pourrait bien pour le coup rendre à terme le concours inutile ?

Une telle situation engage à ne pas perdre de vue le rôle clé que joue la « mastérisation » dans un projet beaucoup plus vaste concernant les diplômes nationaux de Masters, et dont l’enseignement primaire et secondaire est l’un des laboratoires privilégiés. De fait, au-delà de la politique délétère de suppression massive de postes, on trouve, parmi les effets collatéraux de la « mastérisation », les véritables objectifs, inavoués, de la réforme : la redéfinition de la nature des diplômes et des articulations entre le premier cycle et les cycles suivants. Cet objectif est d’autant plus probable qu’il règne un flou total sur le fondement juridique des diplômes de Master instaurés par la mise en place en France du LMD au début de la présente décennie. L’arrêté du 25 avril 2002, très vague, signé à la hâte par un ministre sur le départ (J. Lang) est actuellement encore le seul cadre juridique de référence pour les Masters. Il distingue selon leur finalité, deux types de Masters, (article 2), exclusifs l’un de l’autre : Master « professionnel » ou Master « recherche ». Cette distinction est établie pour le M2, l’année de M1 étant indifférenciée. Nombre de maquettes sont déjà loin de ce cadre mais le phénomène ne peut qu’être amplifié par la « mastérisation » des concours, conduisant à consacrer, de fait, l’année de M1 à la préparation des écrits des concours et l’année de M2 aux stages ainsi qu’à la préparation de l’oral, malgré le maintien de façade d’une finalité recherche, ce qui impliquerait, selon l’arrêté, un travail d’écriture scientifique conséquent. La question de la place de la recherche dans la formation des enseignants est donc posée, nous y reviendrons. Bien plus, à terme, mettant en évidence certaines des contradictions du système LMD, le processus ainsi enclenché pourrait bien conduire à détruire le caractère national des diplômes (d’abord au niveau Master) au profit de diplômes d’établissements.

2. Nouveaux Masters, vieilles impostures

De plus en plus clairement, ces nouveaux Masters des métiers de l’enseignement et de la formation apparaissent ainsi pour ce qu’ils sont : de lourds dispositifs incapables d’assurer une formation efficace au métier d’enseignant, non plus qu’une véritable initiation à la recherche. Leur création a pour effet de construire, sur le papier, des diplômes professionnels non plus de trois ans mais de cinq ans, contrairement à ce qui était le modèle dominant. Cela ne va pas sans de nombreux flottements dans la définition de leurs caractéristiques, ce qui conduit à une très grande diversité d’interprétation du croisement des modèles de référence selon les universités, faisant éclater tout cadre national dans la formation des enseignants. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche en est même réduite à nommer un comité de suivi pour examiner l’offre, plus que variée et incohérente, de formation.

De manière plus structurelle, cette évolution vers l’affichage d’une professionnalisation plus accentuée des formations universitaires s’inscrit largement dans la réponse majoritairement apportée par les politiques universitaires pour répondre à la deuxième vague de massification de l’enseignement supérieur – amorcée depuis les années 1990 et conséquence logique de l’augmentation de la proportion d’une classe d’âge obtenant le baccalauréat. On se réjouirait d’une véritable augmentation du nombre d’années de formation et d’une élévation potentielle de la qualification des étudiants. Cependant, on est fondé à douter de la réalité de la chose à trois titres au moins. D’abord, malgré les objectifs affichés et les effets d’annonce, ces Masters ne permettent pas d’assurer une réelle professionnalisation des étudiants aux métiers de l’enseignement. La formation didactique et pédagogique dans ces diplômes reste en grande partie de fait déconnectée de la pratique de terrain. Pis, le ministère de l’Éducation nationale conseille lui-même d’utiliser les étudiants qui sont appelés à dispenser 108 heures d’enseignement au sein de leur Master comme des moyens de remplacement, simples bouche-trous conjoncturels, ce qui n’a rien de commun avec une véritable formation. Cette réforme conduit donc à accentuer cela même qui a pu être reproché aux IUFM : une formation trop théorique éloignée des réalités du terrain. Ensuite, ces nouveaux diplômes évacuent largement ce qui fait le propre d’une formation universitaire : l’articulation avec la recherche. Ainsi réussissent-ils le tour de force de ne pouvoir être réellement professionnalisants ni de permettre une véritable initiation à la recherche dans le cadre imposé (malgré l’ingéniosité des collègues) (voir plus loin). Enfin, ils ne permettent pas une meilleure insertion professionnelle ; produisant, d’une part, une nouvelle catégorie : « les reçus collés » et soumettant, d’autre part, la nomination comme fonctionnaires-stagiaires des reçus aux concours à des conditions supplémentaires désormais extérieures à ces derniers : la réussite au diplôme de Master (Voir sur ce sujet les recours en annulation déposés par SLU, SUD-Éducation, la FCPE, SUD-Étudiant, l’AGEPS et autres contre l’arrêté du 28 mai 2010) – sous peine de perdre, au bout d’un an, le bénéfice de la réussite aux concours. Les postes sont déjà en forte baisse, les nominations pourront l’être encore davantage….

Les Masters dits « en alternance » annoncés par Luc Chatel sont-ils une solution plus satisfaisante ? Ce dispositif peut être développé dans le cadre réglementaire actuel pour les concours (en M2 ou après le M2, voir la circulaire du 13 juillet 2010). Il conduit à utiliser les étudiants qui sont assistants d’éducation comme moyens de remplacement à tout faire pendant leurs années de Master en alternance (« formation sur le tas »), ce qui servira à « justifier » pour les étudiants ayant réussi le concours, le « stage » d’une année à plein temps. Quant à la majorité des étudiants qui n’auront pas de concours et seront seulement diplômés, le ministère de l’Éducation nationale explique qu’il est possible de les « fidéliser » et une fois le Master en poche, de les recruter comme « agents non titulaires » comme l’indique la circulaire du 14 octobre 2010 sur « l’amélioration du dispositif de remplacements des personnels enseignants dans les établissements d’enseignement du second degré ». Dans cette perspective, le concours devient tout à fait superflu. Si ces Masters en alternance appartiennent à la catégorie Master professionnel, un rapport de stage plutôt qu’un mémoire peut suffire. Cerise sur le gâteau, le statut d’apprentissage induit par les Masters en alternance présente l’intérêt de pouvoir faire financer les étudiants non par des bourses du MESR mais par la région, ce qui va tout à fait dans le sens de la « décentralisation » sarkozyenne.

Une telle réforme de la formation des enseignants ne laisse pas de bouleverser également l’école primaire, le collège et le lycée. La « mastérisation » prépare les étudiants à devenir des « animateurs » de classe plus que des professeurs. La dégradation de la formation engendrée par un dispositif mal conçu mène ainsi les jeunes professeurs à adopter des situations défensives relevant d’une simple gestion empirique de l’urgence. La modification importante de la nature des épreuves des concours est l’un des ressorts de cette évolution : ils encouragent le bachotage de vastes questions, sans approfondissement des démarches propres aux métiers ou aux disciplines spécifiques des enseignants, se souciant en revanche de vérifier a priori la compétence des candidats à « agir en fonctionnaire de l’État, de façon éthique et responsable ». Ce qui est en jeu, c’est la réalisation d’une sorte de bloc indistinct du premier degré au collège, sans guère de différenciation disciplinaire, au profit d’un ensemble de « compétences ». Il n’est pas alors nécessaire de construire un cadre permettant une formation de qualité des enseignants car on peut se demander par ailleurs s’il ne s’agit pas avant tout de « gérer des groupes », comme le laissent pressentir d’actuelles actions de formations organisées dans les académies.

3. Formation, recherche, enseignement et responsabilités

Paradoxalement, si, à propos de la réforme actuelle de la formation des enseignants, l’on a toujours beaucoup critiqué, à juste titre, le manque de professionnalisation ou de travail sur le terrain dignes de ce nom, la place de la recherche non dans les Masters mais dans la formation des enseignants a été peu évoquée, comme si s’était peu à peu installée l’idée que celle-ci n’est pas nécessaire à une bonne formation des enseignants. Or, si le remplacement de l’année de formation – avec décharge et formation en IUFM – par des pseudo-stages, plus aptes à décourager les candidats qu’à les préparer, a détruit toute formation pratique à l’enseignement, la seconde victime de cette réforme est la formation par la recherche, et ce à deux niveaux : d’abord, en réduisant à néant le travail d’élaboration et de rédaction d’un mémoire de recherche antérieur à la préparation du concours ; ensuite en retirant toute dimension de recherche à la préparation aux concours. Initier à la recherche par la pratique effective de la recherche et non développer simplement le maniement d’une trousse à outils conceptuels et de grandes problématiques transversales, voilà l’enjeu. Indispensable à la formation des enseignants, ce travail permet d’apprendre concrètement comment les résultats que l’on enseigne sont élaborés de même qu’il suppose l’apprentissage de l’écriture scientifique, et donc la distinction entre opinions et énoncés scientifiques. La préparation aux concours est, en effet, censée faire découvrir aux candidats l’état actuel de la recherche sur un thème donné, ainsi que son histoire. Elle permet ainsi de prendre conscience que toute position énoncée selon des critères scientifiques contient les conditions de sa propre critique. L’enseignement en lien avec la recherche ne peut jamais se réduire à répéter ce que l’on aurait lu : elle exige de le comprendre, de le critiquer éventuellement, de le prolonger parfois. Rien ne ressemble moins à du bachotage.

Les nouveaux « Masters métiers de l’enseignement », en faisant du Master un « tout-en-un » (mémoire de recherche, stages et préparation au concours, cours de langues et d’informatique devant être cumulés), tuent donc la formation par la recherche qui caractérisait une partie de la formation des enseignants. Plus largement, cette évolution de la conception des concours, comme de la place de la recherche à l’Université avant le doctorat, fait courir aux champs disciplinaires un risque d’éclatement Ainsi, faisant d’une pierre deux coups, la réforme de la « mastérisation » aura réussi à détruire la formation des enseignants, tout en détruisant la place de la recherche à l’université, et probablement aussi la conception actuelle des disciplines (sans la remplacer par rien de convaincant).

Dans cette situation n’est-ce pas le moment de poser la question de la responsabilité ? Sacrifiant leurs convictions sur l’autel du réalisme ou de la bonne conscience (ne pas laisser les étudiants sans formation professionnelle, fût-elle minimaliste), arguant parfois des risques de la concurrence (l’université voisine fait bel et bien des maquettes), ou voulant souvent défendre les Masters recherche (de façon assez abstraite), les enseignants-chercheurs qui ont mis en place la réforme sont tombés à pieds joints dans le piège tendu par le gouvernement, lequel a parfois réussi à user habilement des ressorts de la division entre universités et entre secteurs de formation. Les Masters « métiers de l’enseignement » n’en sont pas moins des monstres nés dans l’Université, qu’ils aient été conçus par une poignée d’enseignants-chercheurs des composantes disciplinaires ou des IUFM ou sous la pression de responsables élus ou de conseils trop soucieux de faire remonter des maquettes au ministère, sur fond de désengagement, de lassitude, mais aussi d’impuissance des opposants à la réforme. Comme tels, ce sont les universitaires qui en ont bel et bien désormais la responsabilité. L’enjeu à présent est de se demander si nous sommes d’accord pour nous résigner à faire fonctionner une telle réforme dès lors que, de toutes les façons, il faut affirmer que les universités (dans la diversité de leurs composantes) seront tenues pour responsables de la médiocrité des résultats de ces « formations » qui leur ont été imposées. Il est donc de notre responsabilité de ne pas cautionner un tel système et de continuer au contraire à demander, preuves à l’appui désormais, une tout autre réforme de la formation des enseignants. Certainement plus consciente des conséquences incalculables de ces nouveaux Masters et de l’ensemble du dispositif de formation (ou plutôt de non formation), et désormais bien informée des conditions de travail inadmissibles des néo-recrutés, la communauté universitaire, tout comme au-delà, la communauté nationale, savent que cette réforme doit être d’urgence totalement réformée.

 

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Pécresse est nulle en statistiques

pecresse-eblouie.1289663486.jpgIl y a une semaine, Le Figaro Magazine publiait des tableaux de classement des universités françaises avec une lognue interview de Valérie Pécresse. Ce classement avait été effectué sur la base de réponses obtenues auprès d’étudiants ayant obtenu leur master 30 mois auparavant.

Ces classements sont présentés dans des tableaux où la hiérarchie est déterminée sur la base de pourcentages calculés au dixième de point.

On ne sait pas grand-chose de la méthode employée dans cette enquête, comme il aurait fallu le faire dans tout article scientifique. Mieux encore (ou pire), on ne sait rien des effectifs. Or l’on sait, dans toute étude de ce genre, qu’il est très difficile de retrouver des sujets, notamment à l’âge de l’insertion professionnelle ou la mobilité est très grande. Ceci suggère que les effectifs de chaque groupe considéré ne devaient guère dépasser quelques dizaines, au mieux quelques centaines.

Pour retenir des comparaisons au dixième de pourcentage près, il faut avoir une population d’au moins 1000 sujets. Dans ce cas, un sujet représente effectivement 1/10ème  de pourcent. Et s’il ne sont que cent,, 1/10ème de % représente 1/10ème de sujet !

Tous ceux qui, parmi nous, ont fréquenté ou enseigné les statistiques savent bien la faiblesse de la valeur des résultats en pourcentage quand les effectifs sont petits. Alors, quand nous avons examiné ces tableaux, nous nous sommes roulés par terre de rire.

Il est probable que les différences, pour chaque discipline, ne dépassent pas quelques unités ou quelques dizaines. Si l’université A place 12 étudiants de mieux que l’université B, il est bien évident, même pour un non spécialiste que cette différence ne veut pas dire grand-chose.

Quand on est Ministre de la Recherche, on est supposé être meilleure qu’un étudiant médiocre de première année de licence !

Madame Le ministre, vous avez zéro à ce travail, notamment pour le cautionner, et aussi pour n’avoir pas discuté la valeur des résultats. L’expérience nous montre que vous n’avez guère progressé pendant ces 3 ans. Le Conseil de Classe pourrait proposer un redoublement. mais pitié, ce serait affreux. Un placement en SEGPA est recommandé.

Y a-t-il des flics chez les casseurs ?

Cette question est posée depuis toujours, notamment depuis 1968. Quand on sait que le pouvoir a intérêt à rendre les manifestations impopulaires, on peut imaginer volontiers qu’il mandate des agents infiltrés pour commettre ou faire commentre des exactions.

Une photo circule ces jours-ci: On y voit des individus encagoulés, munis d’un brassard rouge, qui ne sont pas inquiétés par les forces de police. Si cette seule photo ne suffit pas à convaincre, elle est pour le moins étonnante. Comment la police peut-elle ne pas s’intéresser à l’individu qui se trouve à droite ?

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On pourra lire aussi l’article très bien documenté d’Arrêt sur Image. L’auteur convient, à son tour qu’il en a été ainsi précédemment : »Si nul ne conteste qu’il arrive traditionnellement à des policiers en civil « d’infiltrer » des manifestations, jamais, à notre connaissance, des fonctionnaires n’ont été surpris en flagrant délit de « casse » eux-mêmes. En mai 2009, le Canard enchaîné avait assuré que des policiers avaient été vus en train de faire « monter la pression » dans un cortège parisien, en « invectivant les gendarmes » et en « prenant à témoin la foule ». L’info avait été relayée par Métro par exemple, mais la Préfecture avait démenti »

Les retraites de nabab des fonctionnaires européens

Le 19 mai 2009, le journal Le Point qu’on ne peut pas soupçonner d’être révolutionnaire publiait sur son site Internet, lepoint.fr un article intitulé Les retraites en or de l’Europe . Ce document présentait ét analysait un dossier plus complet (http://www.lepoint2.com/sons/pdf/Etude-Hauts-Fonctionnaires-Europeens.pdf ) concernant les retraites des hauts fonctionnaires européens.

La lecture de ce rapport est évidemment instructive. Non seulement les salaires son très épais, mais les cotisation sont faibles ou nulles et la pension peut être obtenue après une durée courte. Cette pension est évidemment très consistante, sans compter des indemnités de départ qui le sont tout autant.

No more comment.

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Edwy Plenel : L’heure du peuple

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Cet article est paru sur Médiapart le 10 octobre 2010. Il n’est pas accessible aux non abonnés (http://www.mediapart.fr/journal/france/201010/lheure-du-peuple). Mais je juge que cette analyse appartient désormais à l’histoire. Qu’Edwy Plenet et Médiapart me pardonnent alors cette entorse au respect du droit d’auteur.

Où va la France ? Nul ne le sait, et les journalistes pas plus que les acteurs de l’actuel mouvement social. C’est une histoire non écrite qui s’invente au jour le jour, de rendez-vous en rendez-vous, de manifestations en grèves. Le pays se sent confusément au seuil de l’imprévu et de l’inattendu, pour le meilleur ou pour le pire, entre extension et reflux, surprise, accident ou épuisement. Depuis les premiers défilés du 4 et du 7 septembre, chacun sent bien que nous vivons l’un de ces moments où le peuple, dans sa diversité d’âge et de condition, entend faire valoir ses droits légitimes contre une légalité illusoire.

La démocratie est de son côté, sur l’asphalte des rues, dans les établissements scolaires ou dans les lieux de travail. Car la démocratie véritable suppose sa présence active. Elle n’est pas ce silence forcé auquel on voudrait le contraindre cinq ans durant, en le laissant seulement choisir, d’élection en élection présidentielle, un maître intouchable avant de l’obliger à retourner en servitude. En tentant de dérégler l’agenda que voudrait lui imposer autoritairement le pouvoir, le peuple défend donc bien plus que ses droits acquis. Il dit, tout simplement, qu’on ne décide pas de son sort sans le consulter. Qu’on ne modifie pas ses conditions de vie sans l’écouter. Qu’on ne lui impose pas des priorités dont il ne veut pas.

C’est ainsi toute la société qui gronde, consciente de l’enjeu symbolique de la bataille des retraites. Sera-t-elle abaissée et humiliée par un pouvoir arrogant qui diffuse peur et défiance, insécurités et divisions, pour mieux imposer les intérêts d’une minorité oligarchique ? Ou bien sera-t-elle relevée et rehaussée par sa propre volonté rassemblée, retrouvant confiance en elle-même afin d’imposer les exigences du plus grand nombre contre les privilèges de quelques-uns ? Deux interrogations qui n’excluent pas un troisième scénario : une société apparemment défaite mais secrètement victorieuse, offrant à ce pouvoir aveugle une victoire à la Pyrrhus tandis qu’elle entrerait durablement et profondément en dissidence, patiemment et paisiblement réfractaire.

Entre ces incertitudes, c’est le temps qui fera la décision. Non pas le temps comme durée ou impatience, mais le temps comme maîtrise et exigence. Trois temporalités s’affrontent ici.

Celle du pouvoir d’aujourd’hui, cette hyperprésidence césariste dont le temps est celui de l’urgence : que sa volonté passe, à tout prix, au plus vite, fût-ce en force et avec violence.

Celle du pouvoir de remplacement, cette opposition socialiste dont le temps est celui de l’attente : que rendez-vous soit pris avec elle pour 2012, sans précipitation ni radicalisation, en lui faisant crédit sans compter.
Celle, enfin, de ce peuple qui manifeste et proteste avec constance, dont le temps est plus essentiellement celui de la vie, de la vie vécue, de la vie sensible, de la vie partagée : que ses vies concrètes, au travail, à l’école et en famille, entre générations, entre voisins et entre collègues, soient défendues, protégées et améliorées ici et maintenant. Ce peuple-là sait bien qu’il ne doit compter que sur lui-même : ce qu’il réussira à prendre ou à sauver le garantira bien plus que des promesses lointaines et, d’expérience vécue, souvent illusoires.

Le temps des manifestations contre l’agenda de Mrs Tina

Nul hasard évidemment si cette citation se trouve en exergue du livre récent des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le Président des riches (Zones, 2010). Nul hasard non plus si, au tout début de la présidence de Nicolas Sarkozy, l’un des porte-voix du patronat, Denis Kessler, doté d’un franc cynisme, lâchait un aveu semblable, créditant le nouveau régime de vouloir « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance » et, au fond, prendre ainsi une revanche historique sur le Front populaire de 1936 dont les idéaux inaccomplis inspirèrent nombre des réformes de 1945. Nul hasard enfin si, dans un lapsus à répétition, le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a régulièrement exprimé sa crainte d’une France saisie par « une tentation de la nuit du 4 août dont il faut se débarrasser » (en 2009), voire d’une « ambiance malsaine de nuit du 4 août » (en juin 2010). Oui, cette nuit du 4 août 1789 qui pourtant marque le début de la fin de l’Ancien Régime avec l’abolition des privilèges. Ils ne se cachent donc pas de craindre pour leurs privilèges. Et s’ils ont peur du peuple, c’est parce qu’il n’est pas dupe de leurs intentions.

Car, toutes générations confondues, il sait que l’affaire des retraites n’est pas une question comptable mais un enjeu de société. En prétendant, contre toute rationalité économique, qu’il n’y aurait qu’une seule solution pour préserver les pensions, celle de contraindre les salariés à travailler et à cotiser plus longtemps, le pouvoir n’entend pas défendre nos retraites mais attaquer nos sécurités. MicrosoftInternetExplorer4 –> Comme la lettre volée de la nouvelle d’Edgar Poe, placée en évidence sur la cheminée, la vérité de la situation n’échappe qu’à ceux qui se laissent aveugler. Et c’est bien là le message du mouvement social : ne plus se laisser avoir, ne plus se laisser faire, ne plus se laisser tromper. D’où cette méfiance récurrente envers les médias dominants, au risque de confondre les journalistes avec leurs employeurs, tant leur responsabilité est grande dans ce moment particulier. Car ils ont le pouvoir de nommer les choses et, par conséquent, de nous tromper en les parant d’atours mensongers, très loin du réel et tout près de l’idéologie. Réforme ou contre-réforme ? Discours sécuritaire ou propos incendiaires ? Identité nationale ou pédagogie xénophobe ? Dans la filiation de George Orwell, l’auteur de 1984 qui avait démasqué la novlangue des dominations modernes, le collectif « Les mots sont importants » met en garde, à juste titre, contre ces lieux communs du langage médiatique où se donne à voir une « euphémisation de la violence des dominants » associée à une « hyperbolisation de la violence des dominé-e-s ».

« L’euphémisation consiste, étymologiquement, à positiver du négatif, rappellent ses initiateurs, Sylvie Tissot et Pierre Tevanian. Dans la sphère politique, elle consiste à essentiellement occulter, minimiser, relativiser et justifier une violence » (Les mots sont importants 2000-2010, Libertalia, 2010). Ainsi ne parlera-t-on que de réforme, de modernisation, d’assouplissement, etc., quand le droit du travail est affaibli, la protection sociale réduite et tel service public privatisé. A l’inverse, la révolte de ceux qui subissent ces mesures sera qualifiée de conservatisme, de corporatisme et de crispation, voire de provocation.
Les éditoriaux des médias dominants sont actuellement encombrés de ces raisonnements automatiques qui font fi des expertises syndicales ou associatives, vulgate dont le dernier exemple en date fut offert par l’actuel directeur du Monde. « There is no alternative », avait l’habitude de dire Margaret Thatcher pour justifier sa contre-réforme néo-libérale, ce qui lui valut chez ses opposants le surnom de Mrs Tina. Il n’y a pas d’autre solution, ne cessent de répéter après elle ses équivalents français, adhérents tacites de ce «cercle de la raison» qui unit droite et gauche supposées gestionnaires… dans leur irrationalité et leur irresponsabilité.–

La priorité à l’emploi contre la diversion des retraites

Car, entre-temps, une démonstration cinglante est survenue avec cette troisième crise historique du capitalisme dont nous sommes loin d’être sortis, aussi ample et profonde que celles de 1857 et de 1929. Le bilan de ces politiques sans alternative, ou plutôt niant toute alternative, est là : des richesses dilapidées, des inégalités accrues, un chômage en hausse, des sociétés affaiblies, des peuples inquiets, des pays désindustrialisés, des économies fragilisées, etc. Au grand dam des excellents « économistes atterrés », qui refusent de tourner la page de cette démonstration radicale toujours inaudible dans les discours dominants, Mrs Tina est donc de retour, en version tricolore. Elle l’est en fait depuis le début de ce feuilleton des retraites, depuis qu’au printemps dernier, le piège d’un agenda présidentiel aussi soudain qu’impatient s’est refermé sur des directions syndicales trop consentantes et sur une opposition socialiste trop complaisante.

En effet, en quoi les retraites étaient-elles l’urgence du moment ? Pourquoi fallait-il, toutes autres affaires cessantes, sur un dossier si complexe, trancher si vite, dans un calendrier si serré qui présageait de l’humiliation finale du Parlement via la censure de fait de l’opposition ? Comment en est-on venu à imposer à tout un pays de débattre d’un futur incertain – le fameux « trou » des retraites – sans aucunement discuter d’un présent évident – le chômage et la crise ?

Ce que la protestation actuelle s’efforce de nous faire comprendre, c’est que l’agenda présidentiel des retraites était en lui-même un piège. D’emblée, la méthode choisie fut celle de la revanche symbolique contre les syndicats et la gauche, plutôt que celle d’une recherche du compromis ou du consensus. Dans ses procédés (ce calendrier en forme de déclaration de guerre), comme dans ses objectifs (cet isolement d’un dossier pourtant indissociable de celui de l’emploi), cette offensive tenait du calcul partisan plutôt que de la responsabilité politique.

Car ce sont bien les emplois qui font les retraites et ce sont bien les actifs qui financent les pensions. Comment cette évidence a-t-elle pu disparaître à ce point du débat public alors que la France connaît un taux de non-emploi des moins de 25 ans qui bat des records en Europe ? Pourquoi ne pas avoir fait des mesures pour l’emploi des jeunes un préalable à toute discussion sur l’avenir des retraites ? Autrement dit, ce que rappelle le mouvement social aux directions syndicales comme à l’opposition parlementaire, c’est que, pour porter une alternative crédible, il faut d’abord être capable de promouvoir un agenda différent de celui du pouvoir, d’imposer dans la société un raisonnement qui ne soit pas pris au piège des préjugés gouvernementaux.

Aujourd’hui, l’emploi devrait être la question centrale d’une République authentiquement sociale. Le nombre des inscrits au Pôle emploi a augmenté de 1,1 million entre juillet 2008 et juillet 2010. Avec 4,6 millions d’inscrits, soit un actif sur six, le record enregistré il y a treize ans, en 1997, est battu. Les inscrits au Pôle emploi qui n’ont pas travaillé du tout étaient 2,7 millions en juillet dernier, soit un actif sur dix. Quant au nombre de chômeurs de longue durée, il ne cesse de croître, atteignant plus de 1,4 million, soit un actif sur vingt. Les plus touchés sont les ouvriers, mais les employés ont vu leur nombre de chômeurs augmenter d’un quart en deux ans, tandis que les jeunes de 15 à 24 ans sont évidemment les premières victimes de la crise.

A cette priorité de l’emploi, que l’offensive sur les retraites avait pour objet de reléguer au second plan, s’ajoute la question de la répartition des richesses, spectaculairement illustrée par l’affaire Bettencourt, durant l’été. Liliane Bettencourt gagne 550 euros par minute sans rien faire tandis que la moitié des salariés du pays gagnent moins de 1500 euros par mois. Toute la machinerie idéologique mise en œuvre voudrait faire porter aux travailleurs la responsabilité des déficits publics et, ainsi, évacuer toute interrogation sur une politique immensément favorable, depuis dix ans, aux plus fortunés. Tandis que le poids des dépenses publiques dans le PIB français restait stable (de 52% en 1985 à 53% en 2008), en revanche les politiques de réduction d’impôt mises en œuvre n’ont cessé d’appauvrir l’Etat, dans des montants astronomiques confirmés par le député UMP Gilles Carrez et détaillés par Mediapart.
Tandis qu’ainsi, certains s’enrichissent en dormant, sans faire grossir la richesse collective, le travail des Français restait parmi l’un des plus productifs au monde en 2009, seulement devancé par l’Irlande et le Danemark, comme le rappelle le dossier d’octobre d’Alternatives économiques, consacré à juste titre au chômage. Selon les calculs du mensuel, chaque Français qui occupe un emploi a produit l’an dernier 5% de richesses de plus qu’un Américain, 19% de plus qu’un Italien, 21% de plus qu’un Allemand et 28% de plus qu’un Britannique. La France cumule donc ce paradoxe d’être à la fois l’un des pays où ceux qui ont un emploi produisent le plus de richesses et où le nombre de demandeurs d’emploi est le plus élevé. C’est aussi, contrairement aux fredaines officielles, l’un des pays fiscalement les plus favorables aux plus fortunés dont le taux d’épargne est un des plus élevés au monde.

Notre droit à avoir des droits contre leurs privilèges
Partage des richesses, partage du travail, relance plutôt qu’austérité, confiance au lieu de défiance, solidarité contre inégalité : les quelques données ci-dessus rappelées suffisent à indiquer d’autres priorités, d’autres raisonnements,

d’autres solutions que celles aujourd’hui imposées au pays par le pouvoir. Dans un ouvrage très pédagogique, L’Enjeu des retraites (La Dispute, 2010), le chercheur Bernard Friot les détaille minutieusement, déconstruisant avec méthode tout l’argumentaire des prétendus réformateurs.

« Pourquoi ne sauve-t-on pas les retraites de la même manière qu’on a sauvé les banques ? demande-t-il ingénument. On vient de sauver les banques en leur donnant de l’argent, beaucoup d’argent d’ailleurs, tandis que, pour « sauver » les retraites, depuis vingt ans, on ne fait que leur ôter de l’argent, principalement par le gel du taux des cotisations patronales. N’est-ce pas étrange ? (…) Sauver par la saignée : Molière nous a appris à nous méfier de ces dangereux médecins et de leurs prétendus remèdes. D’autant plus qu’il y a trente ans que cette thérapeutique dure et que nous voyons bien que ces sauvetages ne sauvent que les actionnaires. »
Ce livre met à nu l’irrationalité de la réforme et, surtout, combien elle fait l’impasse sur les retraités eux-mêmes, leur rôle dans la société, leur contribution à la solidarité, leur rapport au travail. Sur Mediapart, Mathieu Magnaudeix a tôt détaillé les cinq grandes injustices d’une réforme qui taxe beaucoup le travail, très peu le capital ; qui occulte les inégalités d’espérances de vie ; qui pénalise les femmes et les plus modestes ; qui risque d’aggraver les conditions de travail ; et qui, enfin, fait un tri arbitraire entre les pénibilités.

Il faut sans doute y ajouter le déni de la retraite elle-même comme réussite sociale, épanouissement d’activités choisies, occasion d’entraides inter-générationnelles, invention d’une seconde vie libérée d’anciennes servitudes et contraintes, don à la collectivité de son temps libre, engagement dans le tissu associatif, etc.
On prête à la ministre de l’économie, Christine Lagarde, ce cri du cœur pour justifier l’obligation de rechercher un emploi faite désormais aux chômeurs de plus de 57 ans : « Mais, enfin, on n’est pas fichu à 57 ans ! » Comme s’il fallait être fichu, abîmé, blessé, épuisé, pas loin du cercueil, etc., pour avoir droit à la retraite et, ainsi, bénéficier de cette seconde vie qui, l’allongement de l’espérance de vie aidant, ne signifie aucunement un retrait de la société ! Sans doute inconsciente, cette morgue sociale exprime l’impensé profond de l’offensive gouvernementale : en culpabilisant ainsi ceux qui n’ont d’autre richesse que leur travail, une vie de travail dont la retraite est l’une des récompenses, c’est en fait notre droit d’avoir des droits que met en cause ce pouvoir.

Sa contre-réforme tourne le dos à la philosophie du « droit naturel » qui, depuis le dix-huitième siècle, a nourri l’espérance démocratique et sociale : cette idée que l’homme a naturellement des droits, tout simplement parce qu’il est homme et que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (Article 1 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789). Des droits donc, droit au travail, droit à la santé, droit à l’éducation, droit au repos, droit au logement, droit à la libre circulation, droit d’expression et d’opinion, etc. Des droits naturels, pas des droits conditionnels.
Dans la diversité de ses situations, le peuple qui s’ébranle a compris cet enjeu. On se tromperait en effet et, notamment, l’on ne comprendrait rien à l’irruption de cet acteur improbable qu’est le mouvement lycéen, si l’on voulait réduire l’actuelle protestation dont les retraites sont le point de ralliement à cette seule question. C’est une protestation bien plus vaste et profonde qui s’exprime, venue de tous les secteurs touchés par les dégâts des régressions en cours : non seulement l’éducation, mais aussi la santé, la justice, l’habitat, les territoires, l’immigration, les services publics, le transport, les équipements collectifs, etc. Partout, les revendications sont latentes tant les conditions de travail se sont dégradées. Partout, des colères rentrées cherchent l’occasion de s’affirmer. Partout, des humiliations accumulées espèrent leur revanche.

Le temps de la démocratie contre le présidentialisme

Pour l’opposition socialiste, qui prétend succéder à ce pouvoir d’ici un an et demi, ce paysage devrait être réjouissant. Or, loin de se saisir de cette opportunité, on sent la majorité du Parti socialiste prudente, voire méfiante. Certes, elle accompagne le mouvement, mais s’abrite derrière les directions syndicales alors même qu’elles sont elles-mêmes impuissantes à faire céder le pouvoir et à trouver une issue à la crise. Laissant les mobilisations se succéder sans chercher à leur offrir une perspective politique, le PS s’est empressé de mettre en garde contre la radicalisation et, à la vérité, renvoie le présent au futur : l’élection présidentielle de 2012.
Son attentisme est à la fois de conviction et d’opportunité : parti d’élus et non plus de masse, il s’alarme spontanément au spectacle de la rue manifestante, dans la mesure où elle est imprévisible et incontrôlable ; parti converti au présidentialisme bonapartiste, il a renvoyé à ses « primaires » de l’été 2011 l’arbitrage de ses compétitions internes.

En d’autres termes, tout cela vient trop tôt et il n’est pas encore prêt. A tel point que sa première secrétaire se comporte plus en syndic de la diversité socialiste qu’en leader d’une opposition de gauche rassemblée. A tel point, de plus, qu’au bout de trois ans et demi de présidence sarkozyste, cet inévitable parti central ou charnière de la gauche qu’est le PS n’a jamais cherché à réunir ou organiser un front commun unitaire des oppositions politiques.

Le PS prend ainsi le risque de se comporter avec une mentalité de propriétaire, comme si le pouvoir allait lui revenir naturellement sans qu’il fasse d’effort sur lui-même et auprès de la société. Il attend, et espère que le peuple voudra bien attendre avec lui, au point de lui demander d’arbitrer ses rivalités intestines en ouvrant largement le collège électoral du choix de son candidat. Mais c’est un pari discutable de croire que ledit peuple n’a pas de mémoire. De mémoire immédiate, d’abord : le moment venu, il se souviendra de ceux qui se seront vraiment opposés, sans relâche ni compromis, sans hésitations ni précautions, à cette hyperprésidence. De mémoire longue, ensuite : d’instinct, il sait bien que cette exacerbation de la crise démocratique française dont le sarkozysme est à la fois l’instrument et le produit a une histoire, dont les gouvernants socialistes d’hier sont aussi comptables. Bref, le peuple n’est pas incapable de faire lui-même l’inventaire, et notamment parmi ceux qui, justement, n’auront pas fait leur propre travail d’inventaire.

L’aile gauche du PS n’est certes pas insensible à ces arguments, et l’on sent qu’elle tente, ces jours-ci, d’ébranler sa lourde machine partisane. A l’opposé, le discours le plus symptomatique du conservatisme socialiste est aujourd’hui tenu par François Hollande qui, en ces temps de protestation sociale, a bizarrement fait de l’anti-sarkozysme sa cible politique favorite. L’ancien premier secrétaire du PS lors des deux dernières défaites présidentielles, celles de 2002 et de 2007, n’a de cesse de fustiger cette « paresse » ou cette « facilité » que serait l’anti-sarkozysme, posture, ajoutait-il le 26 septembre sur RTL, « à la portée du premier venu ».
Pourtant, c’est ne pas voir, ou plutôt se refuser à voir, que l’anti-sarkozysme populaire n’est pas une négation, mais une exigence. Que, loin d’exprimer seulement un refus, il affirme le désir de réponses radicalement nouvelles, et non plus la répétition de recettes éculées. La critique active, par la société elle-même, de cette présidence met la barre haut, qu’il s’agisse des pratiques démocratiques (un présidentialisme sans contrôle), des questions sociales (une politique de classe) ou des sujets internationaux (le refus du monde).

Or, à l’exception des questions fiscales dont François Hollande est un spécialiste indéniable, on attend toujours, dans ces trois domaines, les propositions concrètes des socialistes marquant une véritable rupture avec non seulement ce que nous subissons depuis 2007, mais aussi avec ce que nous avons vécu depuis que le PS revendique « une culture de gouvernement » qui, dans les faits, a souvent signifié sinon sa conversion à l’ordre existant, du moins son accommodement ou son arrangement avec le monde tel qu’il va, injuste et inégal.

Grand corps sans tête, le mouvement social actuel est confusément animé par l’espoir d’une opposition déterminée, témoignant d’une altérité véritable avec l’oligarchie sociale qui, aujourd’hui, prétend régenter notre République. Car ce que nous donne à voir cette présidence, dans toutes ses pratiques comme dans tous les domaines, c’est la confiscation du bien commun par une minorité qui, au croisement des mondes financiers et politiques, se croit au-dessus du peuple, plus compétente que lui, plus experte et plus clairvoyante, plus à même de choisir à sa place son avenir et de le conduire là où, sans doute, il ne voudrait pas aller. S’ils ont peur du peuple, c’est parce qu’au fond, ils n’aiment pas la démocratie, ce régime où n’importe qui peut prétendre s’exprimer, voter, se faire élire, voire gouverner, sans privilège de fortune, de naissance ou de diplôme. Tel est le scandale démocratique qu’ils veulent conjurer, en instituant durablement les nouveaux privilèges d’une oligarchie de la possession, de l’avoir et du pouvoir.

L’heure du peuple, c’est donc le temps de la démocratie. D’une démocratie vivante et réjouissante, inventive et curieuse, égalitaire et solidaire. D’une démocratie qui n’attend pas.

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Sarkozy et la retraite : un peu plus de sagesse et d’intelligence !

En politique, l’esprit de système est déconseillé. Voilà un Sarkozy devant la question des retraites. Sans doute l’échéance a-t-elle été rapprochée en fonction de la « crise ». Toujours est-il que ses « conseillers » lui ont conseillé de s’occuper sérieusement de cette question.

Quelque part, on ne sait trop avec qui, une réforme a été vite écrite, probablement bâclée. Et Sarkozy qui aime que les choses aillent vite a décidé que cette affaire serait réglée en trois coups de cuillers à pot.

Mais, toujours par esprit de système, incapables d’imaginer des alternatives, l’effort demandé porte sur les salariés et eux seuls, à qui l’on demande simplement de travailler plus longtemps. On n’a pas imaginé de faire appel à d’autres sources de financement en imposant des revenus qui proviennent du travail et qui ne profitent pas aux travailleurs comme les profits, les dividendes, par exemple. Et le patronat trouve cela très bien.

Ce qui produit un sentiment d’injustice.

En même temps, il y a la question du « bouclier fiscal » dont le caractère inique apparaît de plus en plus, jours après jours.

Et puis, il y a eu la « crise ». Et voilà qu’on a demandé aux travailleurs qui n’y étaient pour rien, de se serrer la ceinture pour sauver les banques en même temps que celles-ci recommencent avec des profits, des bonus, des retraites-chapeau, etc..

Sans compter la proximité du Président de la République avec les patrons du grand capital qui s’affiche de plus en plus.

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Mais la question des retraites n’est pas seule en cause. Il y a ce sentiment partagé par les membres de la plus grande partie de la population, d’une gestion des affaires publiques au seul avantage de quelques uns : cette politique n’est absolument pas sociale. Ce « ras l’bol » est partagé, y compris dans des catégories de population traditionnellement centristes voire de droite. Sans compter toutes les décisions antérieures qui ont éloigné des électeurs depuis des mois et qui regrettent leur vote.

Et là-dessus on vient faire voter à la hussarde un texte scélérat qui bouche l’avenir de nombre de travailleurs. Vivront-ils, se demandent-ils, jusqu’à 67 ans pour jouir d’un peu de retraite, dont on dit, par ailleurs, qu’elle sera de toute façon maigre ?

La sagesse, l’intelligence aurait été d’expliquer beaucoup et de progresser lentement.

Mais c’est tout le contraire. Alors, au début, on manifeste contre le projet sur les retraites. Mais comme le gouvernement reste, comme on a dit en d’autres temps, « droit dans ses bottes », le mécontentement augmente et augmente. Donc, on re-manifeste.

La sagesse, l’intelligence, serait de se mettre enfin à négocier. Mais on ne veut négocier sur rien.

D’autres catégories de population viennent rejoindre le groupe des mécontents, dont certaines, étudiants et lycéens, notamment, traînent en remorque des sujets dont le seul objectif est de se battre avec les flics. Et comme la guerre entre les jeunes des « quartiers », comme l’on dit et la police est larvée, ces jeunes viennent naturellement se joindre aux cortèges pour arroser les flics de projectiles (en d’autres temps, les mêmes usaient du pavé).

Et, pour faire bonne mesure, la chienlit, comme aurait dit Charles, s’augmente avec la pénurie de carburant nerf de la guerre des temps modernes, l’exaspération augmente. Et les exaspéré de bonne foi savent bien ce qui a provoqué tout ce bordel.

Nombre de ministres, de sénateurs et de députés serviles savent bien que la stratégie qui consiste à violer, voire à réprimer, le peuple est mauvaise. Mais comme ils manquent de courage et qu’ils craignent par-dessus tout de perdre l’investiture aux prochaines élections, ils se la bouclent et se la rebouclent. Et tous d’accomplir les volontés du chef.

Et comme le chef semble bien manquer de sagesse et d’intelligence, et qu’au final, il s’est donné tous les pouvoirs, le désastre social et politique est arrivé. Il peut toujours passer en force et humilier le peuple.

Mais un peuple humilié se venge toujours !

Valérie Pécresse décorée de l’ordre de Guémené (Officier)

pecresse.1289664631.JPG Valérie Pécresse était naturellement Chevalier de l’Ordre de Guémené depuis le 27 octobre 2009. Il a cependant été décidé, à l’unanimité, de la promouvoir comme Officier, pour avoir déclaré, à propos des étudiants en psychologie: « Nous devons ouvrir des licences professionnelles à bac+3 dans les nouveaux métiers d’accompagnement des malades que réclame par exemple le plan Alzheimer ».

Hormis la question de l’adéquation entre une licence de psychologie et ce type de métier de garde malade, elle devrait être au courant qu’il n’existe que très peu de postes de ce type et qu’ils sont réservés aux psychologues diplômés.  Pour le reste, des aides soignants suffisent.

Tout savoir sur L’Ordre de Guémené

Il n’y a pas plus d’andouilles à Guémené qu’ailleurs. Mais il y a plein d’andouilles qui ne sont pas à Guémené.
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