Archive dans 28 septembre 2010

Des Hommes et des Dieux

Je me souviens – j’avais alors 15 ans – d’une dissertation en langue anglaise où je m’étais permis d’écrire « heroism is not heroism ». J’y expliquais quoique confusément, à cet âge, que les héros étaient probablement des hommes simples que leur déontologie, leur morale, leur philosophie, leurs croyances, avaient conduits, sans pouvoir déroger, sur des chemins dont ils connaissaient le danger et peut-être l’issue fatale.

En regardant le film « Des hommes et des Dieux », j’ai rencontré cette vérité. Voilà des hommes qui sont là, qui se sont enracinés dans ce village qui leur apporte à la fois une certaine joie de vivre dans un lieu paisible et l’accomplissement de leur naturelle vocation d’apporter un peu de bien à autrui. Et quand le péril vient, non sans hésitations, même pour ceux dont le chemin semble tout tracé, il devient naturel de continuer. Les expériences de la vie commune, de l’amour des autres, de la beauté du lieu, s’unissent pour tracer la seule voie compatible avec cette vie-là.

Et, ce qui est encore plus beau, dans le film, c’est qu’on nous montre que les héros sont êtres humains qui ont peur. Et c’est cette peur-là qui donne toute son humanité à cette histoire vraie. Pas d’invocations ! Pas de martyre ! Rien que la simple réalité d’hommes à la fois forts et faibles dans leur chair et dans leur esprit décidés à attendre là, parce que c’est leur place, que le futur se réalise comme il doit être.

 

Il faut arrêter la dégradation du discours politique

Olivier Duhamel

Article paru dans l’édition du Monde du 25.09.10
Professeur de droit et de science politique à Sciences Po, Olivier Duhamel participe notamment à l’émission « Médiapolis » sur Europe 1 et à « Politiquement show » sur LCI. Il évoque, ici, la montée de la radicalisation populiste

Le discours politique s’est-il dégradé sous la présidence de Nicolas Sarkozy ?

Il ne cesse de se dégrader depuis un quart de siècle, principalement à cause de la « vidéocratie » : l’ère des écrans accentue dramatiquement la crétinisation du politique. La présidentialisation d’un certain nombre d’institutions est un facteur aggravant. Cela a commencé avec Ronald Reagan, a franchi une étape avec Bill Clinton et Tony Blair et a été porté à un point d’incandescence, de ridicule parfois, mais aussi d’efficacité, par Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy.

En France, cela a vraiment commencé avant Nicolas Sarkozy ?

Oui. Cela commence avec la combinaison « prédominance de l’image, personnalisation, présidentialisation ». Il existe deux modèles de pouvoir. Un modèle hiérarchique, vertical. L’homme politique, qui aspire à devenir homme d’Etat, veut être le guide, engageant un dialogue démocratique avec le peuple pour lui montrer un chemin. Dans sa version authentiquement démocratique et non présidentielle, c’est la conception qu’avait Pierre Mendès France. Elle ne peut plus fonctionner.

Mais il en demeurait des traces avec le général de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand. Tony Blair, Silvio Berlusconi, Nicolas Sarkozy se placent, eux, dans un modèle horizontal, empathique. Ce leadership horizontal est en harmonie complète avec notre époque d’horizontalité, de réseaux. En outre, il a des aspects démocratiques sympathiques. Sarkozy prend le modèle postmoderne, télévisuel, d’identification du chef avec tout un chacun, et le pousse à un point extrême. D’où l’hyperprésidentialisme : « Je vais faire tout pour vous ». Et il ne fait rien.

Certains disent qu’il a désacralisé la fonction présidentielle et que les Français l’approuvent…

Au début, on pouvait apprécier le fait d’avoir ce président, dans notre pays engoncé dans des siècles de convention. Mais il a poussé son attitude au ridicule, dans l’exhibition people qui est le contraire de l’empathie. Si on gère bien la « vidéocratie », on peut mêler people et leadership empathique. Barack Obama sait le faire et le contrôler. Nicolas Sarkozy ne contrôle pas. De temps en temps, on lui dit qu’il faut se représidentialiser, il le fait, et le lendemain il fait le contraire. C’est comme si un acteur de cinéma décidait d’être tantôt Louis de Funès, tantôt Louis Jouvet. Cela n’aurait aucun sens.

Cette « libération » du discours au sommet de l’Etat a-t-elle changé pour tout le monde la notion de ce qui peut se dire ou non publiquement ?

Nicolas Sarkozy a de grandes qualités, qu’il a gâchées. Il a gâché la désacralisation contrôlée de la fonction présidentielle. Et la construction d’un nouveau discours politique, qui mènerait une discussion, non plus technique, mais simple et profonde. Il lui a substitué la légitimation de la vulgarité et de l’injure. Et c’est contaminant.

Ses propos à Bruxelles, le 16 septembre, à l’égard de la commissaire européenne Viviane Reding et de José Manuel Barroso, sont-ils une sorte de saut qualitatif dans cette dégradation du discours ?

Ce qui se passe depuis cet été est un saut qualitatif. Au bout d’un certain temps, presque inéluctablement, les gouvernants deviennent impopulaires. La question est alors : comment redevenir populaire ? En France on a deux exemples, François Mitterrand et Jacques Chirac. Certes, ils ont été aidés par la cohabitation qui a disparu, mais pas seulement. Quel principal facteur ont-ils su utiliser ? Le temps.

Sarkozy fait l’inverse, à un point inimaginable. Si l’on prend la séquence de fin juillet, il commence en développant un virage à l’extrême droite, avec la scandaleuse stigmatisation d’une population d’origine étrangère. Puis, le 20 septembre à l’ONU, il fait un virage à l’extrême gauche en prônant la taxe Tobin. Il ne sait pas où il va et se moque de nous. Ce ne sont que des mots. Il ne sait pas choisir entre deux stratégies : se faire réélire sur une ligne Berlusconi d’alliance avec le nouveau populisme, ou sur une ligne néo-blairiste d’alliance avec le centre et une partie de la gauche. Il est moins cohérent que Berlusconi.

Mettre en cause Angela Merkel, était-ce une tactique ?

Je pense qu’il ne se contrôle pas. Et qu’on lui conseille deux stratégies contraires. Certains l’encouragent à adopter la stratégie populiste berlusconienne et d’autres conseillent la stratégie merkelienne.

Chirac comme Mitterrand savaient choisir une stratégie. On dit que Chirac n’a rien fait. Peut-être a-t-il peu fait, mais à la fin du mandat de Sarkozy on pourra aussi se demander s’il a fait vraiment plus. Sur le sujet de la taxation, Chirac a fait celle sur les billets d’avion. Onze pays l’ont adoptée. Dans une société où tout incite de plus en plus à l’individualisme et à l’égoïsme, le vrai projet de la gauche devrait être de faire passer les gens à l’altruisme.

Nous vivons dans des temps où, à cause de la mondialisation et de la « vidéocratie », la stratégie de personnalisation outrancière du pouvoir et de populisme xénophobe fonctionne. Elle progresse dans beaucoup de pays. En Suède, pays riche, l’extrême droite vient d’entrer au parlement. En Norvège, encore plus riche, elle est à 15 %. En Italie, Berlusconi se fait réélire et dirige depuis longtemps.

Au Chili, le milliardaire Sebastian Pinera, qui a fait fortune sous Pinochet, est devenu président de la République en dépit de son passé. Il a été élu sur la ligne du nouveau populisme. Aujourd’hui il s’en prend aux résistants contre Pinochet. Par exemple, il demande l’extradition de Galvarino Apablaza Guerra, qui avait organisé l’assassinat d’un des théoriciens du fascisme pinochetiste et s’était réfugié en Argentine, pour qu’il soit jugé. Sur ce sujet, il faut lire le livre de Téo Saavedra et Anne Proenza, Les Evadés de Santiago (Seuil).

En France aussi, cela fonctionne. Alors comment réagir ?

C’est un énorme problème pour les démocrates. Rester dans la posture intellectuelle de l’analyse et de la dénonciation ne suffit pas. Il faut essayer de contenir ce populisme xénophobe qui l’a emporté en Italie. Et surtout ne pas le confondre avec les partis fascistes d’autrefois, sinon on ne comprend rien à son efficacité.

Ce sont des mouvements protestataires identitaires qui puisent une force considérable dans la mondialisation, l’inéluctable progression de l’immigration, la réduction de la démographie en Europe, la progression de l’islamisme radical. Il faut réfléchir vraiment à la manière d’arrêter la dégradation du discours politique, qui n’est pas seulement quelque chose de gênant à l’égard d’une époque, du reste un peu idéalisée, où les débats politiques demeuraient courtois, mais une radicalisation populiste très dangereuse.

La gauche n’est-elle pas enfermée dans un pur discours de protestation ?

Supposons que Sarkozy choisisse de manière cohérente la ligne populiste et une alliance avec Marine Le Pen, si elle fait un bon score au premier tour de l’élection présidentielle. Là, si la gauche se contente d’appeler à un front antifasciste, elle peut perdre. Car qu’est-ce qui mobilise un peuple ? Se voir offrir ce qu’il croit être une solution à ses angoisses et ses souffrances.

Pendant un siècle, la religion communiste a offert une réponse magnifique, qui s’est avérée catastrophique. C’est la droite populiste xénophobe qui offre aujourd’hui cette réponse simple aux souffrances, en disant « vous souffrez à cause de tous ces gens pas comme nous ». Et c’est efficace. La gauche ne peut pas offrir une réponse simple. Elle ne doit pas dénoncer, mais construire des réponses complexes, pour démontrer l’inanité du populisme xénophobe. Obama a réussi cela. D’autres aussi. Ce n’est pas impossible, à condition de ne pas se cantonner dans le discours, dans la dénonciation, si juste soit-elle. Il faut des propositions qui fassent sens pour les jeunes qui ne vont plus voter.

Propos recueillis par Josyane Savigneau

Politique de sécurité : Echec et lourd héritage annoncé

Voici bientôt dix ans que Nicolas Sarkozy est à la manœuvre sur les questions de sécurité, soit comme Ministre de l’Intérieur, soit comme Président de la République. Et les résultats ne sont pas là. Malgré les promesses de débarrasser certaines cités de leurs « voyous ». On observe, apparemment, une légère baisse des atteintes aux biens (cambriolages, vols de voiture), mais une augmentation des atteintes aux personnes. Donc rien de bien significatif.

Cet échec s’explique par une approche dogmatique de la question et non pragmatique comme cela aurait dû être.

D’abord, on a diminué le nombre de « médiateurs » au motif qu’ils pouvaient être trop près des délinquants voire délinquants eux-mêmes. Ce qui , pourtant, ne met pas leur rôle en cause, mais la manière selon laquelle ils pouvaient être recrutés. Il existe pourtant bien partout, des seniors qui ne partagent pas les positions des jeunes délinquants et qui peuvent apporter du lien social et des ouvertures de dialogues. Mais la théorie en vigueur est d’implanter des caméras vidéo. Voilà des décennies qu’on a installé des caméras dans beaucoup de pays et en France. La délinquance a-t-elle diminué pour autant ? La réponse est évidemment non. Tout au plus les enregistrements permettent-ils, avec un peu de chance, d’identifier les auteurs de délits. En tout cas, pas de rôle dissuasif. Et, très vite, les populations visées déplacent leurs activités hors de vue.

police-enfant.1285373114.jpgEn même temps, on diminue le nombre des policiers. Pour des motifs économiques à courte vue. La productivité des membres de la corporation peut, sans aucun doute, être améliorée. Mais, de là à de telles diminutions ! Peut-être imagine-t-on que les yeux stupides des caméras produisant des images devant lesquelles les opérateurs s’endorment tant elles sont monotones sont aussi performantes qu’une des paires d’yeux humains. Pas besoin d’une longue démonstration pour démontrer que cette opinion est stupide.

Ensuite, on s’intéressera à la politique du chiffre. Personne n’en nie l’existence. Là une arrestation d’un petit délinquant compte autant qu’un gros bonnet. Mais le petit est plus facile à prendre. L’enquête sera plus rapide et moins coûteuse. Alors, pourquoi s’en priver ? Mais il n’est pas rare que les dossiers communiqués aux juges ou au Parquet sont si insuffisants ou mal fichus que les intéressés sont aussitôt remis en liberté. Mais qu’importe ! L’arrestation aura compté pour un ! Même quand on compte des pommes de terre pour les frites, on ne donne pas la même valeur aux grosses et aux petites.

Il y a aussi la question récurrente de l’importance du commerce de la drogue qui prend une importance économique de plus en plus grande. A tel point qu’il est probable que les fruits de cet activité constitue une source non négligeable de revenus. Et, en période de récession économique et de chômage, ce n’est probablement pas marginal. Du coup, il est plus difficile d’obtenir des renseignements de personnes indirectement impliquées de cette façon. Mettre la police sur une piste, c’est risquer de perdre une source de revenus. Et la drogue apporte avec elle son cortège de délits, voire de crimes. Du point de vue des vendeurs pour se partager les produits et les territoires de vente. Du point de vue des consommateurs qui ont besoin d’argent pour acheter leur dose quotidienne (vols à la tire, à l’arraché ou à l’étalage, autos-radios, etc.).L’éradication du commerce de la drogue devrait être un objectif de premier ordre.

Pire encore : le commerce des armes est en pleine floraison. Celles-ci sont importées d’Europe de l’Est en provenance de stocks mal contrôlés, comme en Serbie, par exemple. Ce commerce est entre les mains de responsables puissants alimentant des revendeurs. C’est ainsi que les tirs contre la police lors d’opérations sont signalés de plus en plus souvent. Et les moyens mis en œuvre pour démanteler de tels réseaux doivent être considérables, adaptés et gérés par des enquêteurs chevronnées. Et là reviennent les questions d’effectifs et d’expériences des enquêteurs.

En matière de drogue et de trafic d’armes, il semble bien que les responsables de la police ou ceux qui les gouvernent n’ont rien vu venir. Ils étaient trop occupés avec les racailles, les voyous et le « karcher », l’esprit rivé sur la politique du chiffre et la pose des caméras.

Cet aveuglement, par esprit de système, est d’autant plus regrettable que les évènements de certains quartiers de France ressemblent à ceux qu’ont connu des quartiers d’autres pays d’Europe ou d’Amérique. De nombreuses méthodes et expérimentations ont été essayées avec plus ou moins de bonheur. Mais ceux qui nous gouvernent, trop imbus de leur pseudo savoir, ignorent totalement ces essais et ces recherches. Cette connaissance des observations venues d’ailleurs n’est certes pas une clé de la réussite. Mais l’ignorance est, à coup sûr, la voie garantie de l’échec.

Après toutes ces années d’impéritie, l’héritage sera pesant.

Sarkozy ou la France humiliée. Episode suivant

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En s’engueulant avec Barroso, Sarkozy a fait preuve d’une immaturité et d’une irresponsabilité terrible. En se défaussant sur l’Allemagne comme un gamin pris en faute dans une cour d’école (« Y’a pas que moi qui… »), il s’est montré encore plus immature. Quel gouvernant, de quel pays, pourra désormais le considérer avec respect. La France et les français en feront les frais.

C’est abominable. Il est temps de demander la démission de cet irresponsable.

Les allocations et l’absentéisme scolaire ou comment nos gouvernants ignorent la science

Dans un article paru dans Le Monde le 27 avril 2010, Thibault Gadjos , chercheur au CNRS faisait le point sur la question de la relation possible entre la suppression d’allocations et la diminution de l’absentéisme scolaire. Cet article est scientifiquement documenté puisqu’il résume les résultats de travaux parus dans des revues scientifiques ayant un comité de lecture (notamment, American Economic Review).

Ces études prouvent que les choses ne sont pas aussi simplistes que le croient ceux qui nous gouvernent. Par exemple, il semble bien que la suppression d’allocations n’ait pas conduit à une baisse de la délinquance en Grande Bretagne entre 2002 et 2007. Une autre étude américaine montre que les jours où les jeunes sont à l’école, il y moins d’atteintes aux biens, mais plus d’agressions.

Tout cela pour dire que la pensée schématique qui consiste à croire que la suppression des allocations enverra les enfants à l’école, ce qui n’est déjà pas démontré, et que les délits diminueront, ce qui est tout aussi incertain. Voilà qui relève d’une naïve et grossière ignorance.

Ceux qui gouvernent tireraient avantage de mieux de s’informer auprès des chercheurs au lieu de les vilipender comme le fit le Président de la république le 22 janvier 2009 dans un discours méprisant qui restera dans les mémoires. Les gouvernants trouveraient avantage à prendre des décisions éclairées par la recherche plutôt que de sauter sur des idées toutes faites. A moins qu’ils ne soient motivés par des objectifs démagogiques

Chronique des abonnés du Monde, 17 septembre 2010

L’absentéisme scolaire en otage (Thibault Gajdos CNRS)

Le Monde 27/4/10
Nicolas Sarkozy souhaite rendre systématique la suspension du versement des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire. Si la mesure n’est pas très originale, la motivation l’est davantage. En effet, la lutte contre l’absentéisme scolaire est en général conçue comme un instrument de politique éducative. Or, le titre du discours contenant cette proposition ne laisse aucun doute : « Discours sur le thème de la sécurité à l’occasion de la prise de fonctions du nouveau préfet ». L’objectif est de l’ordre de la sécurité publique.

Le raisonnement du président de la République est le suivant. Des actes de délinquance sont commis par des enfants. Si ceux-ci étaient à l’école, ils ne seraient pas dans la rue. Donc une baisse de l’absentéisme scolaire entraînera un recul de l’insécurité urbaine. Enfin, la suspension du versement des allocations familiales est une menace suffisante pour obtenir des parents qu’ils contraignent leurs enfants à aller à l’école.

Les choses ne sont toutefois pas si simples. Ainsi, en Grande-Bretagne, entre 2002 et 2007, malgré la suspension des allocations, le taux d’absentéisme est passé de 0,7 % à 1 %. Rien ne dit non plus qu’accroître la participation scolaire réduira instantanément l’insécurité.

Dans une étude parue en 2003, Brian Jacob et Lars Lafgren ont évalué l’effet de l’absentéisme scolaire sur la criminalité (« Are Idle Hands the Devil’s Workshop ? Incapacitation, Concentration and Juvenile Crime», American Economic Review). Ils se sont, pour cela, appuyés sur les fermetures ponctuelles des établissements scolaires. En analysant les taux de criminalité juvénile locale quotidiens dans 29 grandes villes américaines entre 1995 et 1999, MM. Jacob et Lafgren ont observé que, les jours d’ouverture des écoles, les atteintes aux biens chutaient de 14 %, tandis que les agressions augmentaient de 28 %.

Le premier effet s’explique sans doute par l’absence des jeunes dans les rues, tandis que le second pourrait être lié aux interactions entre les jeunes au sein des établissements. A supposer, donc, que la suspension des allocations familiales permette de lutter efficacement contre l’absentéisme, il se pourrait que cette mesure ait l’effet inverse de celui recherché.

Les enfants ont néanmoins d’autant moins de chances de devenir délinquants qu’ils auront quitté l’école tardivement. Ainsi, en exploitant les variations des durées de scolarité obligatoire aux Etats-Unis, Lance Lochner et Enrico Moretti ont montré qu’une année de scolarité supplémentaire réduisait le taux d’incarcération de 11 % (« The Effect of Education on Crime : Evidence from Prison Inmates, Arrests, and Self-Reports », American Economic Review).

Les politiques de scolarisation permettent donc de lutter efficacement contre l’insécurité. Evidemment, il ne peut s’agir que d’un investissement à long terme, laissant peu de place aux annonces spectaculaires. L’absentéisme scolaire est un défi majeur, qui concerne d’abord et avant tout les élèves des lycées d’enseignement professionnel (12,6 % d’absentéisme en mars 2006, contre 2,8 % au collège), et dans une moindre mesure les élèves des lycées d’enseignement général et technologique (5,8 % d’absentéisme). De ces élèves en déroute, le président de la République n’a pas dit un mot.

Thibault Gajdos CNRS, Le Monde, 27/4/2010

Sarkozy ou la France humiliée. Démission !

decla.1284676733.JPGNicolas Sarkozy va devoir « s’expliquer » devant les autres dirigeants européens sur les expulsions de Rom. La France pourrait même être traduite devant la Cour Européenne de Justice !

Je crois que de Gaulle qui avait « une certaine idée de la France » doit s’agiter dans sa sépulture de Colombey les deux Eglises. Et même, si l’on n’est pas gaulliste et je ne le suis vraiment pas, je ne peux que me sentir profondément humilié. Ce sont des français qui ont inventé la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, texte fondamental de la Révolution Française. Avant Sarkozy, aucun Président de la République n’avait osé transgresser aussi délibérément ce texte fondateur auquel il est fait référence dans le Préambule de la Constitution.

Nicolas Sarkozy va devoir « s’expliquer » comme un prévenu devant son tribunal. On ne peut le croire. Cet abaissement fait le désespoir de tous.

Monsieur Sarkozy, seule votre démission pourra, peut-être, effacer cet outrage.

Expulsions, connivences, écoutes, prévarication, mensonges, concussion, telle est la république de Sarkozy

viol-loi.1284493021.JPGC’est à ne pas y croire. Chaque jour apporte désormais sont lot de nouvelles affligeantes. Quand ce n’est pas un ministre qui est soupçonné de conflit d’intérêt, c’est un autre qui se rend coupable de crimes ethniques. Pour faire bonne mesure, des juges sont soupçonnés de partialité. Et tout cela étayé par des faits ou des témoignages. Et, cerise sur le gâteau, le Président ou l’entourage présidentiel est accusé d’avoir violé la loi. Ce n’est pas rien, violer la loi pour des gouvernants de ce niveau !
Tout est devenu mensonge, écran de fumée pour cacher les actes de gens qui ont oublié qu’ils vivaient dans une république et qui se permettent n’importe quoi sans rendre compte aux assemblées élues par le peuple. Pour défendre leurs exactions, ces personne se croient tout permis, ne respectent pas les lois mêmes qu’ils ont édicté et qui ne sont bonnes que pour les autres.
Le monde entier se gausse, pire s’insurge !

La France de 1989 et des droits de l’homme qui brillait comme un phare de l’humanité est tombée dans un cul de basse fosse.

Retraites : Une fois encore, Sarkozy ou le valet du grand capital

Au temps de Germinal, souvenons nous, la compagnie minière allouait une pension aux ouvriers atteints par la limite d’âge. Le montant en était très faible. Mais un principe était acquis : l’employeur se trouvait responsable de la retraite de son salarié. Depuis ce temps, la question de l’âge et du montant a fait l’objet d’évolutions générées par les luttes ouvrières. Mais on peut se demander pourquoi la question de la provision de la retraite par l’employeur a été supplantée par le régime de la répartition.

Ce qui n’empêche cependant pas, de convenir que la retraite est à la charge de ceux qui emploient ou tirent bénéfice des travailleurs. Voilà un principe sain, simple et légitime. Dans cette perspective, toutes les institutions et toutes les personne qui tirent des revus du travail des salariés devrait se trouver contraintes de cotiser pour financer les retraites. Cette affirmation n’est point irréaliste quand on compare les insuffisances de fond des caisses de retraite et les gigantesques profits qui sont réalisés par ailleurs.

Actuellement, Sarkozy présente par Woerth interposé, un bricolage dont on ne peut affirmer qu’il permettra d’aller jusqu’en 2018. Dans ce bricolage, l’essentiel des efforts est demandé aux salariés sans qu’on ose véritablement mettre à contribution les profits du capital.

Cette incapacité à considérer tout autre point de vue ou toute autre manière de procéder montre bien où se situe le réseau des alliances du Président qui se manifeste, une fois de plus, comme la valet du grand capital.