Archive dans 31 mars 2011

Fukushima, question : entreprise privée ou entreprise publique ?

La question du statut des entreprises de production d’énergie nucléaire (et de toute entreprise pouvant nuire à la santé des populations) est posée à nouveau à l’occasion de l’accident de Fukushima.

Une hypothèse est qu’une entreprise nationale serait plus performante dans le domaine de la sécurité. L’argument est que, en l’absence d’actionnaires, il n’est pas nécessaire de produire des bénéfices. Donc autant de moyens disponibles pour les investissements fondamentaux dont la sécurité. On avance aussi qu’en cas de nécessité, l’état peut remettre la main à la poche pour des investissements importants.

Cette hypothèse est contredite par l’accident nucléaire majeur de Tchernobyl survenu dans une centrale d’entreprise nationale. Sauf, qu’en l’occurrence, cette centrale était notoirement mal entretenue dans un dispositif notoirement insuffisant. En d’autres termes l’accident de Tchernobyl ou de tout autre centrale comparable en Russie était terriblement prévisible.

En tout cas, ceci ne certifie pas le mode de gestion public qui n’est pas à l’abri de négligences ou de corruption.

En plus, il faut une certaine vertu : l’administration de dispositifs susceptibles, en cas de défaillances, de mettre en jeu la vie et la santé des populations, doit être confiée à des personnes ayant une haute opinion de leur mission et surtout de leur devoir devant les citoyens. C’est plus qu’un axiome. C’est une affirmation empiriquement démontrable. Toutes les gestions laxistes de centrales nucléaires n’ont pas donné lieu à des accidents. Mais, dans tous les accidents on retrouve des négligences systémiques ou procédurales. Quand l’entreprise n’est pas au service de l’argent, mais au service des citoyens dans un environnement démocratique, la probabilité de la vertu est plus élevée. Imagine-t-on l’Inspection du Travail entre les mains d’entreprises privées ?

La nécessité de cette vertu est apparue en France après les énormes mensonges distillés par P. Pellerin, directeur du SCPRI (Service Central de Protection Contre les Rayonnements Ionisants) lors de l’accident de Tchernobyl, en 1986. C’est ainsi qu’est née la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité), association à but non lucratif qui, par la qualité de ses travaux dispose d’une certification de qualification technique délivrée par le Ministère de la Santé.

Un autre aspect est l’harmonie des systèmes. Le meilleur exemple dont on dispose aujourd’hui est Internet qui fonctionne selon les mêmes règles et le même protocole dans le monde entier. La France a d’ailleurs été source de dysharmonie quand elle développait le Minitel, pendant qu’ailleurs on développait Internet. Un autre exemple peut être donné par les chemins de fer espagnols, portugais et russes qui avaient adopté un écartement plus large que le « standard » de la majorité des pays européens de 4 pieds 8 pouces et demi soit 1435 mm.

Les entreprises de distribution d’électricité n’ont pas choisi les mêmes règles au Nord et au Sud d’Honshu. Dans un cas le réseau est à 50 Hertz et à 60 dans l’autre. Résultat, il sera très difficile de compenser le manque des 6 réacteurs de Fukushima, car les dispositifs de conversion ont un volume limité. Ces choix différents ont été effectués pour des raisons économiques, en fonction de bénéfices réels ou supposés. Ce qu’EDF n’a jamais fait, préoccupée vers 1964 d’unifier, au contraire, les tensions domestiques de 110, 120, 130 volts vers 220, puis vers 230.

Ces observations s’appliquent à toute entreprise industrielle pouvant occasionner des accidents et des conséquences sur la santé des populations. Cela ne concerne pas que le nucléaire, mais aussi l’industrie chimique (Bhopal, AZF), les transports (routiers, aériens, ferroviaires), voire les industries alimentaires, etc.

La première conclusion est qu’on doit préférer des entreprises nationalisées : elles installeront la standardisation et seront plus à l’abri de l’appât du gain et de la corruption.

Cette proposition n’est pas suffisante. De telles entreprises doivent évoluer dans un système démocratique permettant la transparence et le contrôle des citoyens (liberté d’enquête, liberté de la presse, etc). Nombre de journalistes rapportent qu’au Japon, l’industrie nucléaire est traitée de façon confidentielle, même si ce pays est réputé démocratique. D’où la nécessité de la liberté d’investigation.

Une solution est de faire de ces entreprises des établissements participatifs dans lesquels les employés possèdent des parts et sont représentés assez nombreux dans les Conseils d’Administration. Dès lors, la transparence est (presque) garantie.

Ces principes trouveront leur corollaire dans l’existence d’associations indépendantes formant contre pouvoir devant les puissances politiques ou économiques. L’exemple de la CRIIRAD est exemplaire, puisque ces données sont utilisées désormais par des organismes d’état. Mais ces organismes doivent se renouveler. La CRIIRAD n’est pas à l’abri d’avoir, un jour, des dirigeants corrompus et compromis.

In fine, c’est donc le modèle politique démocratique et participatif qui offrira les plus grandes chances de sécurité.

Notes d’économie politique 54 – 30 mars 2011

Fukushima évité ? le commentaire de Gavroche

De mon point de vue, la catastrophe de Fukushima montre à quel point nos sociétés se trompent sur l’appréhension du risque. Sans doute cette catastrophe aurait elle pu être évitée. Cela dit quelques enseignements peut on tirer de cet événement inacceptable ?

La notion de risque prend souvent la forme d’une probabilité associée à un coût pour s’en prémunir et à un coût de sinistralité en cas de « réalisation » du risque. On se trompe sur ces trois variables. La probabilité est entachée d’erreurs systémiques ou de mesures sans même que l’on soit certain de la variabilité des erreurs. On traite cette probabilité dans un cadre théorique qui est parfois le reflet de la simplification de l’environnement. L’évaluation des coûts est toute aussi hasardeuse, bien que l’on puisse considérer que le coût de prévention soit bien mieux prédictible que le cout de la sinistralité que l’on connaît qu’après le sinistre. Pour Fukusima, il faudra attendre plusieurs siècles.

Nous savons que le risque inacceptable dans une centrale nucléaire est le risque de défaut du refroidissement. Donc excusez moi l’expression, mais on s’en tape que ce défaut provienne d’un tsunami, d’une météorite, d’une erreur d’un ingénieur, d’un terroriste, ou d’une bouse extraterrestre.

Tout cela pour dire que nous devons être en mesure de traiter la sinistralité mieux que pour nous en prémunir. Si nous n’en sommes pas capables nous ne devons pas réaliser l’activité concernée. Pour le Nucléaire civil cela signifie de-facto qu’un organisme privé ne dispose pas des moyens techniques et financiers pour réaliser cette activité. Les centrales nucléaires et leur maintenance doivent être sous le contrôle des États mais pas seulement.

Il est absolument nécessaire de disposer de 2 autorités internationales :
Une autorité de contrôle
Une autorité de traitement de la sinistralité. Cette dernière recevant les contributions techniques et financières des différents Etats.

Dans le cas de Fukushima, cela aurait permit de mobiliser un maximum de ressources sans attendre le 30 mars 2011. Les pompiers qui devaient intervenir sur le site n’auraient jamais du être les pompiers de Tokyo.

Tout cela ne suffit pas, il faut bien évidement décliner un ensemble de processus permettant de pallier au risque de défaut des centrales nucléaires, c’est à dire être capable de substituer un système de refroidissement avec un outillage prédéterminé dont seul les états peuvent assumer le coût. Bien entendu, cela signifie de mettre en place une fiscalité spécifique pour ce type d’activité.

D’un point de vue politique les réactions que j’ai pu entendre sont loin de ce que j’exprime, sauf chez une personne, tardivement, sans doute la preuve que mon approche est partagée par d’autres. Il s’agit de Monsieur Fillon au journal de 20 :00 qui après avoir dit les inepties habituelles dit : « il faut imaginer un système de refroidissement transportable pouvant se substituer à l’existant ».

Nous sommes en danger c’est évident !

L’accident nucléaire de Fukushima-Daïchi aurait facilement pu être évité

La centrale a résisté au séisme (en apparence, cependant, car son examen détaillé n’a apparemment pas pu être fait). L’accident nucléaire qui a suivi serait dû aux pannes du système de refroidissement des réacteurs, pompes et adduction d’électricité, par immersion. Cet accident est d’autant plus surprenant qu’il n’aurait pas été difficile de rendre ces systèmes insubmersibles en les plaçant dans des compartiments étanches.

Lors de la conception, la possibilité d’une submersion par un tsunami de grande hauteur n’a pas été prise en compte ou a été ignorée, même après le 26 décembre 2004, en Indonésie, où l’on a pu mesurer une vague de 35 mètres de hauteur. Le tremblement de terre du 15 juin 1896 avait provoqué, au Japon, un tsunami de 38 mètres de haut. En fait, 16 séismes ont été recensés depuis 1611, avec des effets d’une  violence comparable (voir l‘étude du CNRS , citée par Wikipedia ).

Comment les concepteurs du site nucléaire de Fukushima-Daïchi  ont-ils pu négliger cela ? A cette question, trois réponses : ou bien l’étude n’a pas été faite ou elle a été mal faite, ou bien les résultats ont été négligés. Les premières hypothèses sont peu vraisemblables. Il serait ahurissant qu’on ait pu construire, même dans les années 1960, un site nucléaire en bord d’océan sans tenir compte de l’éventualité d’un tsunami de grande hauteur. Quant à la dernière hypothèse, elle est tout aussi improbable. Comment concevoir un site nucléaire d’un coût aussi élevé en admettant qu’il puisse être détruit par un phénomène naturel dont il est certain qu’il se produira un jour ? Sauf à faire un coup de poker en pariant qu’il ne se passera rien dans le demi-siècle à venir. Invraisemblable. Alors ?

L’humanité toute entière va devoir subir les conséquences de cette incurie.

Auchan flingue à tout va

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Admirez cette superbe tête de gondole du supermarché Auchan de Beauvais. Ici sont proposés des jeux éducatifs afin de susciter une élévation de l’esprit humaniste, comme il convient dans tout projet éducatif. Ces reproductions permettent d’ailder l’enfant à se représenter son futur rôle d’assassin, comme il se doit.

Révocation de Claude Guéant

« Les Français à force d’immigration incontrôlée ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux. »

Pour avoir bientôt dit plus de conneries en un mois que son prédécesseur en un an et demi, Monsieur Claude Guéant

1 – Est décoré de l’Ordre de Guémené
2 – Est révoqué

Tout savoir sur L’Ordre de Guémené

Il n’y a pas plus d’andouilles à Guémené qu’ailleurs. Mais il y a plein d’andouilles qui ne sont pas à Guémené.
Visitez Guémené

Universités : Labex, Idex, Equipex, Merdex

Les laboratoires de recherche et les universités ont été appelés à participer à un grand concours. Les premiers prix seront des morceaux du « Grand Emprunt » décidé, il y a de longs mois. On constate, au passage, que le Grand Emprunt n’a rien emprunté et qu’il n’a donc pu être injecté dans l’économie pour « sortir de la crise ». D’aucuns considèrent déjà que bénéficier du grand emprunt ne serait qu’esquiver la baisse générale des crédits pour rembourser le dit grand emprunt. Nos gouvernants ont toujours le sens de la pirouette

Pour trier entre les candidats, Valérie Pécresse et sa bande on inventé l’EXcellance. Il y aura donc des Laboratoires d’EXcellence, des Equipements d’EXcellence et des Initiatives d’Excellence.

Tout le monde universitaire fut appelé à concourir. Ce que beaucoup firent. Il fallut rédiger des projets, ce qui prit du temps et du temps, surtout en négociant entre équipes pour faire collectif voire avec des universités européennes ce qui n’était pas commode mais faisait vachement bien.

Nombre de projets se sont mis à la mode en plaçant des couplets sur le développement durable, les partenariats internationaux ou les nouvelles technologies. Mais, il y a des manques curieux. Pour les Labex, on aurait pu penser que des équipes de Sociologie, de Psychologie du Travail ou d’économie s’intéressent au monde du travail. Le mot « chômage » ne figure dans aucun des 100 projets (sur 241 présentés).

Tout bling-bling quoi.

En savoir plus : un blog d’enfer sur l’Université .

Stagnation en Libye ou le manque de courage d’un peuple

La stagnation des positions des rebelles malgré l’aide de l’aviation internationale pose la question de l’effectif et de la motivation. On oublie trop vite que les conquêtes des premiers jours n’ont eu lieu qu’à cause d’une incroyable inertie de l’armée fidèle à Kadhafi. Il lui a fallu du temps pour s’organiser et peut-être pour recruter des mercenaires. Il est probable qu’on a promis à tous ces soldats de confortables rémunérations en cas de victoire.

Les combattants d’en-face me font penser à la Résistance Française, à ses débuts, des francs tireurs mal organisés et mal entraînés. Il faut donc que cette Résistance Libyenne s’organise, ce qui demandera du temps. Ces combattants sont désormais assez seuls. On peut dire que presque tous ceux qui voulaient se soulever l’ont fait. Or, la victoire ne sera possible que s’il y a soulèvement des villes. Ce qui ne se produit pas. Comme en France. La population des villes est inerte, trouillarde, voire lâche.

parachutistes.1300918577.jpgCeci conduit à une autre question : un peuple lâche mérite-t-il d’être sauvé ?

Nous avons des devoirs envers ceux qui se sont levés. Ils ne peuvent que réussir ou mourir. L’honneur du monde serait d’aider ces citoyens courageux. Il faudra probablement débarquer des troupes au sol. Ou les abandonner. Que la honte soit sur celui ou celle qui les abandonnera. Les dés sont jetés. Il n’y a pas d’autre issue qu’un départ de Kadhafi vers l’enfer dont on ne revient pas.

Pour une fois que notre armée trouve une vraie raison d’être en assistant des peuples qui secouent le joug de la dictature sanguinaire, il ne faut pas s’en priver

Le nucléaire est une affaire trop sérieuse pour être laissé entre les doigts crochus des chercheurs de profit

On doit le choix de la politique nucléaire française à Charles de Gaulle, au nom, essentiellement, de l’indépendance énergétique. La France ne produit pas de pétrole, ou si peu, ne produit plus de gaz, les gisements du Sud-ouest sont épuisés. L’idée de l’indépendance était donc fondée sur le fait que la France produisait de l’uranium en quantité suffisante.

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Ce choix allait de pair avec l’existence du Commissariat à l’Énergie Atomique et Électricité de France. EDF était chargée de la production. EDF était une entreprise nationale dont le seul actionnaire était l’état. L’entreprise avait pour objectif de produire l’électricité au meilleur coût pour l’industrie et la population, de faire des bénéfices pour réinvestir, mais pas de verser des dividendes à ses actionnaires.

La recherche du meilleur coût était donc tempérée par des objectifs industriels, mais aussi et surtout, de sécurité. De tous temps, les centrales françaises ont été des modèles de ce point de vue, ce qui n’a pas empêché des accidents (Saint Laurent des Eaux en 1980, Blayais en 1999) même si ceux-ci n’ont eu que des conséquences « modérées ». Cette société avafukushima-reac-1-2.1300836338.jpgit falsifié des rapports constatant des fissures ou des corrosions. L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, avait indiqué en 2009 que les réacteurs de Fukushima ne pourraient résister à des séismes d’un degré supérieur à 7. Enfin, le 28 février 2011, soit 13 jours avant l’accident, la société TEPCO, indique  à l’Agence Japonaise de Sûreté Nucléaire n’avoir pas contrôlé 33 éléments des six réacteurs de Fukushima-Daiichi (Sce Wikipedia ).

Le 15 juin 1896, un séisme a lieu au large des côtes du Sanriku. Sa magnitude a été estimée à 8,5. Il déclencha un tsunami avec un déferlement  d’une hauteur maximale de 38 mètres, et tua 22 066 personnes. Un autre eut lieu le 2_mars légèrement plus au nord, faisant environ 3 000 victimes causées par le tsunami suite au séisme avec un déferlement estimé à 28,5 m à Ofunato (Sce Wikipedia ).

fukushima-pompiers.1300836219.jpgOn disposait donc de toutes les données historiques pour la construction et la protection de ces centrales : magnitude possible de 8,5, tsunami de 38 mètres. Toute la question est alors : une société nationale aurait-elle pris de tels risques. La réponse n’est assurément pas « non », mais il est évident que l’espérance de profit a contribué à construire une centrale dans un lieu potentiellement dangereux, d’autant plus qu’on sait que les accidents sont principalement liés au tsunami. Il aurait donc suffi de construire cette centrale à une altitude 50 mètres pour que la catastrophe n’arrive pas !

fukushima-reac1.1300836234.jpgL’enseignement de ces évènements est donc bien qu’on minimisera les risques lorsque l’espérance de profit n’est pas le moteur premier de la construction et de l’exploitation. Seules des entreprises nationales peuvent apporter garantie, quoique relative, de sécurité. L’exemple des accidents mortels des transports ferroviaires britanniques après privatisation.

Le processus de privatisation des industries essentielles tel qu’il est soutenu par la Commission Européenne et le parti au pouvoir en France est pernicieux et pernicieux. Ainsi, La Poste, France Télécom, Gaz de France, Électricité de France ont été jetés à l’encan du profit. Il ne reste plus que la S.N.C.F., la R.A.T.P. et quelques bricoles…

Notes d’économie politique 53 – 23 mars 2011

Libye, jusqu’où ?

C’est la question stupide du jour. Jusqu’où irons-nous en Libye ?

On ira jusqu’à écrabouiller le tyran fou et le transformer en chaleur et lumière. C’est tout.

Si, un petit plus. Le même traitement est prévu pour tous ceux qui feront bande avec lui. Alors, mercenaires, fuyez !

L’est pas bien frais, le tyran sanguinaire. Y sent la mort.

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