L’accident nucléaire de Fukushima-Daïchi aurait facilement pu être évité

L’accident nucléaire de Fukushima-Daïchi aurait facilement pu être évité

La centrale a résisté au séisme (en apparence, cependant, car son examen détaillé n’a apparemment pas pu être fait). L’accident nucléaire qui a suivi serait dû aux pannes du système de refroidissement des réacteurs, pompes et adduction d’électricité, par immersion. Cet accident est d’autant plus surprenant qu’il n’aurait pas été difficile de rendre ces systèmes insubmersibles en les plaçant dans des compartiments étanches.

Lors de la conception, la possibilité d’une submersion par un tsunami de grande hauteur n’a pas été prise en compte ou a été ignorée, même après le 26 décembre 2004, en Indonésie, où l’on a pu mesurer une vague de 35 mètres de hauteur. Le tremblement de terre du 15 juin 1896 avait provoqué, au Japon, un tsunami de 38 mètres de haut. En fait, 16 séismes ont été recensés depuis 1611, avec des effets d’une  violence comparable (voir l‘étude du CNRS , citée par Wikipedia ).

Comment les concepteurs du site nucléaire de Fukushima-Daïchi  ont-ils pu négliger cela ? A cette question, trois réponses : ou bien l’étude n’a pas été faite ou elle a été mal faite, ou bien les résultats ont été négligés. Les premières hypothèses sont peu vraisemblables. Il serait ahurissant qu’on ait pu construire, même dans les années 1960, un site nucléaire en bord d’océan sans tenir compte de l’éventualité d’un tsunami de grande hauteur. Quant à la dernière hypothèse, elle est tout aussi improbable. Comment concevoir un site nucléaire d’un coût aussi élevé en admettant qu’il puisse être détruit par un phénomène naturel dont il est certain qu’il se produira un jour ? Sauf à faire un coup de poker en pariant qu’il ne se passera rien dans le demi-siècle à venir. Invraisemblable. Alors ?

L’humanité toute entière va devoir subir les conséquences de cette incurie.

Bakounine

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Gavroche Publié le17h24 - 30 mars 2011

De mon point de vue, la catastrophe de Fukushima montre à quel point nos sociétés se trompent sur l’appréhension du risque. Sans doute cette catastrophe aurait elle pu être évitée. Cela dit quelques enseignements peut on tirer de cet événement inacceptable ?

La notion de risque prend souvent la forme d’une probabilité associée à un coût pour s’en prémunir et à un coût de sinistralité en cas de « réalisation » du risque. On se trompe sur ces trois variables. La probabilité est entachée d’erreurs systémiques ou de mesures sans même que l’on soit certain de la variabilité des erreurs. On traite cette probabilité dans un cadre théorique qui est parfois le reflet de la simplification de l’environnement. L’évaluation des coûts est toute aussi hasardeuse, bien que l’on puisse considérer que le coût de prévention soit bien mieux prédictible que le cout de la sinistralité que l’on connaît qu’après le sinistre. Pour Fukusima, il faudra attendre plusieurs siècles.

Nous savons que le risque inacceptable dans une centrale nucléaire est le risque de défaut du refroidissement. Donc excusez moi l’expression, mais on s’en tape que ce défaut provienne d’un tsunami, d’une météorite, d’une erreur d’un ingénieur, d’un terroriste, ou d’une bouse extraterrestre.

Tout cela pour dire que nous devons être en mesure de traiter la sinistralité mieux que pour nous en prémunir. Si nous n’en sommes pas capables nous ne devons pas réaliser l’activité concernée. Pour le Nucléaire civil cela signifie de-facto qu’un organisme privé ne dispose pas des moyens techniques et financiers pour réaliser cette activité. Les centrales nucléaires et leur maintenance doivent être sous le contrôle des États mais pas seulement.

Il est absolument nécessaire de disposer de 2 autorités internationales :
Une autorité de contrôle
Une autorité de traitement de la sinistralité. Cette dernière recevant les contributions techniques et financières des différents Etats.

Dans le cas de Fukushima, cela aurait permit de mobiliser un maximum de ressources sans attendre le 30 mars 2011. Les pompiers qui devaient intervenir sur le site n’auraient jamais du être les pompiers de Tokyo.

Tout cela ne suffit pas, il faut bien évidement décliner un ensemble de processus permettant de pallier au risque de défaut des centrales nucléaires, c’est à dire être capable de substituer un système de refroidissement avec un outillage prédéterminé dont seul les états peuvent assumer le coût. Bien entendu, cela signifie de mettre en place une fiscalité spécifique pour ce type d’activité.

D’un point de vue politique les réactions que j’ai pu entendre sont loin de ce que j’exprime, sauf chez une personne, tardivement, sans doute la preuve que mon approche est partagée par d’autres. Il s’agit de Monsieur Fillon au journal de 20 :00 qui après avoir dit les inepties habituelles dit : « il faut imaginer un système de refroidissement transportable pouvant se substituer à l’existant ».

Nous sommes en danger c’est évident !