Le gendarme à l’école
Serait-il possible qu’on puisse traiter un gendarme de « connard » sans qu’il ne s’en offusque ? Serait-il possible qu’un gendarme ne maîtrise pas la notion de respect ? En tous cas, c’est ce que l’on peut conclure de cette histoire aberrante. Un gendarme est en effet allé demander des explications à un professeur qui avait giflé son fils après que celui-ci l’ait traité de « connard ». S’il demande des comptes, c’est qu’il jugeait cette punition imméritée vis-à-vis du comportement de son enfant non ?
Donc, un professeur est jugé, suspendu parce qu’il a giflé un élève sous le coup de la colère. Autant dire qu’aux yeux de tous les enfants du collège, l’enseignant est coupable et le gamin dans son droit. Il ne s’agit pas ici de faire l’apologie des châtiments corporels mais de justifier que, si un gamin de 11 ans vous traite de connard, vous avez le droit de ne pas rester sans réagir, surtout si vous êtes enseignant, cela ne mérite pas d’en faire toute une histoire. Pire, il semble bien que le père ait porté plainte et que ses collègues gendarmes aient donné dans l’abus de pouvoir en allant chercher le professeur à son domicile et en le plaçant en garde à vue.
Il est évident que les dérives que l’on constate dans certains lycées et collèges, l’agressivité dont font preuve des mineurs, le comportement irrespectueux de certains collégiens et lycéens provient d’une démission de leurs parents, d’un syndrome de l’enfant roi ou plutôt de l’enfant déboussolé qui ne supporte plus d’interdit, en résumé d’un manque d’éducation.
Et voilà que l’Education Nationale en rajoute une couche en s’offusquant d’une bonne baffe, au nom du politiquement correct. « Le rectorat estime qu’on ne peut pas accepter qu’un professeur gifle un enfant quelles que soient les circonstances ». Que va-t-il dire le rectorat lorsqu’un nouvel enseignant sera agressé, frappé ? Qu’il a provoqué l’élève ? Est-ce que le rectorat estime aussi qu’un enfant doit être exclu parce qu’il a traité son professeur de connard ou que finalement, c’est de bonne guerre ? Car il juge peut être que « connard » relève du vocabulaire familier ? Il faut espérer que le rectorat saura quand même infliger une punition exemplaire à l’enfant, mais j’ai un doute, en entendant de pareilles âneries.
Si mon fils avait eu un tel comportement, j’aurais été horrifié, il est probable qu’il n’aurait pas reçu une seconde claque, n’étant pas adepte de ce type de châtiment, mais qu’il aurait été copieusement sermonné, sommé de s’excuser devant l’enseignant et privé d’un certain nombre de petits plaisirs pour un moment. Il ne me serait jamais venu à l’idée de donner tort à l’enseignant, mais plutôt m’en vouloir d’avoir manqué à l’éducation de mon fils, lui faisant croire qu’il est normal d’insulter un adulte et pire un enseignant.
A la réflexion, qui mérite le plus le titre de « connard » dans l’histoire ? On se demande si le gendarme ne devrait pas être suspendu de ses fonctions, car un représentant de la loi qui ne maîtrise pas la notion de respect puisqu’il ne l’inculque pas à ses enfants, c’est grave et pour tout dire, cela fait peur.
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