Je dois reconnaître qu’en intitulant une contribution sur ce blog « Carla Bruni nue », j’espérais faire augmenter le nombre de mes lecteurs. Et ce fut le cas, même si l’article, comme tout bon article attrape-lecteur, ne permettait que, de façon indirecte, de contempler l’anatomie de la personne.. Aujourd’hui, le Nouvel Observateur qui publie en couverture une photo de Simone de Beauvoir nue n’a probablement pas d’autres intentions même s’il tente de se parer de toutes les vertus. Et l’on peut comprendre l’énervement de ces dames qui, de façon tout à fait légitime, stigmatisent l’usage fait de la nudité féminine. Encore faut-il faire la différence entre photos vendue et photo volée. Celle de Simone de Beauvoir serait apparemment volée, alors que celles de Carla Bruni sont destinées à être vendues. Ce qui n’excuse pas tout. Car s’il y a vente, c’est qu’il y a des acheteurs.
Une question me vient alors à l’esprit: les femmes ont-elles autant d’appétance pour les photos d’hommes nus que les hommes pour les photos de femmes nues. A vrai dire, je crains que la maladie soit un peu plus masculine que féminine. Mais les femmes ne sont pas complètement vaccinées.
Il y a d’ailleurs des différences d’évaluation. Je me souviens d’une conversation avec une copine de lycée (1) qui me soutenait qu’un homme nu était un beau spectacle (sous réserve, naturellement de certaines conditions anatomiques) alors qu’une femme nue ne l’était pas. Et, naturellement, je soutenais le contraire (sous réserve, également de conditions anatomiques). Et nous ne pûmes nous mettre d’accord sur ce point. On doit d’ailleurs, excusez la précision, considérer qu’il y a deux sortes de photos de l’homme nu, selon qu’il est ou non en émoi, alors que ces variations ne sont pas discernables chez la femme. Pour le coup, la représentation de l’homme nu n’est pas la même selon qu’il est ou qu’il n’est pas, sachant par ailleurs qu’il existe beaucoup de variétés selon la forme et la dimension de l’émoi.
Donc chez la femme, les variations formelles sont inter-individuelles alors que, chez l’homme, elles sont inter et intra-individuelles.
A ce stade de la réflexion, il convient de faire un détour vers l’art sculptural ou peintural. Il est vrai que les mâles sont souvent nantis d’une feuille de vigne ou pourvus de pénis d’angelots qui ne peuvent intéresser que les femmes pédophiles, pour autant qu’il en existe. L’homme en émoi n’est jamais représenté dans la sculpture judéo-chrétienne, alors qu’il l’est dans les sculptures d’autres cultures ou primitives. Chez la femme, il existe de fortes variations selon la mode du temps, mais elles sont toujours assez callipyges. Je ne détaillerai pas tant je suis peu compétent dans ces domaines artistiques.
Au point où me voici rendu de mon écriture, je suis passablement emmerdé. Car ma plume (mon clavier) m’a totalement échappée. Je voulais m’associer à l’indignation contre le sexisme de la couverture du Nouvel Obs. Et voici que je ne sais plus trop quoi penser. Sans compter que ma culture de psychologue ne m’incite pas à condamner la perversité. Continuons donc à contempler des nudités par le trou de la serrure. Il vous reste, mesdames, à devenir aussi curieuses que nous.
(1) Elle s’appelle Michèle C. Elle habitait Combs la Ville en 1962. Puis elle a occupé un appartement rue Dalou, qu’elle m’a prêté quelques jours. J’aimerais bien la retrouver.