Le nucléaire est une affaire trop sérieuse pour être laissé entre les doigts crochus des chercheurs de profit

Le nucléaire est une affaire trop sérieuse pour être laissé entre les doigts crochus des chercheurs de profit

On doit le choix de la politique nucléaire française à Charles de Gaulle, au nom, essentiellement, de l’indépendance énergétique. La France ne produit pas de pétrole, ou si peu, ne produit plus de gaz, les gisements du Sud-ouest sont épuisés. L’idée de l’indépendance était donc fondée sur le fait que la France produisait de l’uranium en quantité suffisante.

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Ce choix allait de pair avec l’existence du Commissariat à l’Énergie Atomique et Électricité de France. EDF était chargée de la production. EDF était une entreprise nationale dont le seul actionnaire était l’état. L’entreprise avait pour objectif de produire l’électricité au meilleur coût pour l’industrie et la population, de faire des bénéfices pour réinvestir, mais pas de verser des dividendes à ses actionnaires.

La recherche du meilleur coût était donc tempérée par des objectifs industriels, mais aussi et surtout, de sécurité. De tous temps, les centrales françaises ont été des modèles de ce point de vue, ce qui n’a pas empêché des accidents (Saint Laurent des Eaux en 1980, Blayais en 1999) même si ceux-ci n’ont eu que des conséquences « modérées ». Cette société avafukushima-reac-1-2.1300836338.jpgit falsifié des rapports constatant des fissures ou des corrosions. L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, avait indiqué en 2009 que les réacteurs de Fukushima ne pourraient résister à des séismes d’un degré supérieur à 7. Enfin, le 28 février 2011, soit 13 jours avant l’accident, la société TEPCO, indique  à l’Agence Japonaise de Sûreté Nucléaire n’avoir pas contrôlé 33 éléments des six réacteurs de Fukushima-Daiichi (Sce Wikipedia ).

Le 15 juin 1896, un séisme a lieu au large des côtes du Sanriku. Sa magnitude a été estimée à 8,5. Il déclencha un tsunami avec un déferlement  d’une hauteur maximale de 38 mètres, et tua 22 066 personnes. Un autre eut lieu le 2_mars légèrement plus au nord, faisant environ 3 000 victimes causées par le tsunami suite au séisme avec un déferlement estimé à 28,5 m à Ofunato (Sce Wikipedia ).

fukushima-pompiers.1300836219.jpgOn disposait donc de toutes les données historiques pour la construction et la protection de ces centrales : magnitude possible de 8,5, tsunami de 38 mètres. Toute la question est alors : une société nationale aurait-elle pris de tels risques. La réponse n’est assurément pas « non », mais il est évident que l’espérance de profit a contribué à construire une centrale dans un lieu potentiellement dangereux, d’autant plus qu’on sait que les accidents sont principalement liés au tsunami. Il aurait donc suffi de construire cette centrale à une altitude 50 mètres pour que la catastrophe n’arrive pas !

fukushima-reac1.1300836234.jpgL’enseignement de ces évènements est donc bien qu’on minimisera les risques lorsque l’espérance de profit n’est pas le moteur premier de la construction et de l’exploitation. Seules des entreprises nationales peuvent apporter garantie, quoique relative, de sécurité. L’exemple des accidents mortels des transports ferroviaires britanniques après privatisation.

Le processus de privatisation des industries essentielles tel qu’il est soutenu par la Commission Européenne et le parti au pouvoir en France est pernicieux et pernicieux. Ainsi, La Poste, France Télécom, Gaz de France, Électricité de France ont été jetés à l’encan du profit. Il ne reste plus que la S.N.C.F., la R.A.T.P. et quelques bricoles…

Notes d’économie politique 53 – 23 mars 2011

Bakounine