Archive dans 16 octobre 2010

La police éborgne un enfant

On ne peut pas se taire quand un jeune de 16 ans, au demeurant guère dangereux, se prend un tir de flashball en pleine figure. Il y a des soit disant dérapages et bavures qui dépassent l’entendement. Que se passe-t-il dans la tête d’un flic qui tire ainsi dans un groupe de jeunes qui ne le menacent pas ? Qu’a-t-il appris sinon le sentiment d’impunité parce qu’on est en tenue et qu’on porte une arme.

Depuis quelque temps la police se croit tout permis parce qu’elle se sent « couverte » par le Sarkozy et l’Hortefeux. Voilà ce qu’est l’état policier. Celui où la police obéit au pouvoir au doigt et à l’oeil. Sans réfléchir aux conséquences de ses actes !

 

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Il faut sauver les « masterisés »

Les « mastérisés » ? Ce sont ces nouveaux enseignants que l’Éducation Nationale est en train de fabriquer. Comment ? Selon un processus tout le moins incompréhensible.

D’abord, on a supprimé les I.U.F.M. (anciennement Écoles Normales). On pouvait, à juste titre, discuter de la formation qui y était dispensée, en améliorer les objectifs pédagogiques, les contenus, revoir les qualifications des formateurs. Mais on a préféré la chirurgie sauvage : on les a supprimés.

On a remplacé cette formation par des masters d’universités, construits ou plutôt bricolés à la va-vite pour préparer aux concours de recrutement des professeurs (CAPES, agrégation). Certaines universités se sont jetées sur ce fromage dans une grande impréparation.

Mais le plus remarquable fut la suppression du stage que les étudiants effectuaient dans le cadre de l’I.U.F.M. Comme ce stage était rémunéré, on discerne vite les intentions économiques.

Et voici qu’on vient de jeter la première promotion de ces « mastérisés » dans les établissements dont certains sont de vraies fosses aux lions. On trouvera sur divers sites des témoignages des souffrances de ces jeunes désillusionnés en quelques jours.

Citons : « Comme 16 000 autres enseignants, elle est la génération “master”. Elle s’est retrouvée en septembre devant une classe pour faire cours. Et elle n’y est pas arrivé. On ne le lui avait tout simplement pas appris. Depuis elle est sous anxiolytiques. Des histoires comme celle de Laurence, des histoires de jeunes profs en dépression après quelques semaines d’enseignement, il y en avait déjà plein, bien avant la réforme de la masterisation… Laurence a reçu une lettre. Une lettre de l’inspecteur d’Académie. Dans sa lettre l’inspecteur lui écrit : “Laurence, si vous ne vous sentez pas capable de faire ce métier, il faut démissionner.” C’est vrai quoi, les places sont chères, et il y a sûrement plein de postulants qui attendent un poste. Dans sa lettre l’inspecteur lui écrit aussi : “Laurence, les élèves ont le droit d’avoir devant eux des enseignants compétents”. C’est vrai quoi, surtout quand il s’agit d’élèves difficiles » (Affordance ).

Internet est plein de témoignages de ce genre, de jeunes qu’on a jetés sans préparation, de jeunes à qui on a donné des classes dans deux collèges distants de 50 kilomètres, de jeunes à qui l’on fait faire des remplacements, de jeunes submergés par le nombre d’heures de cours qu’on leur demande d’assumer du jour au lendemain, de jeunes à qui l’on a pas appris à « tenir » une classe et qui se font dévorer en quelques heures.

Voyons encore le témoignage de ce professeur de français publié par Le Monde, le 9 octobre 2010 malheureusement retiré du site gratuit (une jeune enseignante : « Il paraît qu’à la Toussaint on peut commencer à travailler » ). La voici dans une classe « difficile ». Et elle ne sait que faire. Alors, elle donne des punitions, elle écrit sur les cahiers de correspondance. Ce qu’elle ne devrait pas faire pour asseoir son autorité. Alors, elle se tue : « C’est la fin de ma 4e semaine, j’ai déjà perdu de mes illusions. Je ne croyais pas que ce serait si dur. Déjà, je traîne cinq petites minutes après la sonnerie en salle des profs… Je pense au petit boulot de fleuriste que je faisais pendant mes études. Je me dis que je ne vais pas faire de vieux os dans l’éducation nationale. »

Des témoignages de ce type, il y en a des dizaines (1), sans compter les centaines qui n’osent rien dire de peur d’être mal notés !

Et, cerise sur le gâteau, voici qu’à propos des remplacements de professeurs absents, on écrit que « Les étudiants en Master 2 volontaires peuvent également être mobilisés dans le cadre de leur stage en responsabilité » (Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale, 14 octobre 2010, page 33). Ce qui veut dire que des étudiants encore plus jeunes seront expédiés sur le terrain !

Il faut le dire, le crier : ce qui est en train de se passer est épouvantable ! Des dizaines de futurs professeurs et heureux de l’être vont être anéantis ou quitterons l’Éducation Nationale. Et de centaines, des milliers d’élèves feront les frais de cette ineptie.

Il faut sauver les mastérisés ! Il faut sauver nos enfants !

1.Voir, par exemple, les sites
de Stagiaire impossible, de Sauvons l’Université, Fabula,France Inter (Pascale & Karine )

Chronique rédigée en partie à l’aide des informations échangées sur slu-interne@googlegroups.com

Chroniques des abonnés du Monde, 15/10/2010

Pétition du Collectif des Enseignants Stagiaires de Bretagne

Le 10 octobre 2010
Collectif des Enseignants Stagiaires de Bretagne
ces.bretagne@gmail.com

Rectorat de Rennes
96 rue d’Antrain
35500 Rennes

Objet : A l’attention de Monsieur le recteur

Appel au maintien des conditions de travail des enseignants stagiaires du second degré
Monsieur le Recteur de l’Académie de Rennes,

Celui-ci n’a toujours pas de tuteur, malgré l’intervention d’un inspecteur venu assurer qu’il était « le dernier de l’académie dansce cas ». Cette autre s’est vue affectée sur deux établissements distants de plusieurs dizaines de kilomètres, la contraignant à un difficile exercice d’équilibriste… Ils sont professeurs stagiaires, et ont découvert leurs postes à la rentrée. Pour beaucoup, ils vivent des situations difficiles.

On a, c’est vrai, vite fait de voir en l’exception la règle. Ces cas, rétorquera-t-on, ne sont que des exceptions. Face à ces quelques situations malheureuses, statistiquement inévitables, se tiendrait une majorité silencieuse profitant de conditions d’enseignement satisfaisantes. Pourtant nous avons tous pu constater par nos divers contacts et réunions entre stagiaires qu’elles ne le sont nulle part.

Après quatre ans, cinq ans, souvent plus, dans des études exigeantes avec le rêve de ce beau projet d’aider des enfants à devenir des Hommes, un concours particulièrement difficile, toujours cette même envie d’investir notre énergie, la rentrée tant attendue arrive. Nous rêvions d’enseigner ; nous voici réduits à vaguement bricoler…

Car comment faire autre chose de ses cours qu’un vague bricolage, quand pour toute formation, on vous a promis quelques jeudis, quelques séminaires, saupoudrage hâtif qui ne remplacera jamais un vrai apprentissage du métier mais privera seulement les stagiaires de cette seule journée à leur disposition pour préparer leurs cours, corriger leurs devoirs.

Quand vous êtes censé abattre le même travail qu’un professeur chevronné, lorsque la préparation d’un cours vous demande trois fois plus de temps, lorsque la moindre copie vous demande une demi-heure de correction ; quand le tuteur promis n’est qu’un fantôme, qui doit faire plus de cinquante kilomètres pour, le temps d’une heure, vous entr’apercevoir, comment espérer que le bon fonctionnement des classes perdure ?

Les professeurs stagiaires de cette rentrée semblent bien avoir été abandonnés par leur ministère de tutelle comme semble t-il de la hiérarchie rectorale n’ayant envisagé aucune nouvelle démarche réelle face aux attentes de ces jeunes enseignants, sinon l’idée de les faire intervenir en service complet au lieu du tiers temps qui était auparavant la règle. Envoyés les mains vides devant les classes, nous avons pourtant besoin, plus que tout, de temps. Pour comprendre. Pour apprendre. Quel apprenti chirurgien opèrerait tout le jour durant, sitôt sorti de ses livres ?

Avec toute latitude pour organiser et aménager l’année des stagiaires, vous vous êtes, Monsieur le Recteur, préalablement montré sensible à cette nécessité en accordant une décharge de la moitié des services jusqu’à la Toussaint. Mais oserez vous maintenir que cela soit vraiment suffisant? Déjà débordés à ce jour, déjà contraints à tâtonner, comment pourraient-ils s’en sortir une fois à temps complet ?

Vous nous avez vous-même indiqué lors d’une réunion de prérentrée que la Bretagne est fière de son éducation; qu’elle se définit comme terre d’excellence scolaire, et met justement en avant des résultats parmi les meilleurs de France. Où sont aujourd’hui, dans ces classes livrées àdes stagiaires débordés et déboussolés, les gages de cette excellence?

Derrière les logiques comptables des administrations, des milliers d’élèves se voient aujourd’hui offrir un enseignement de second choix. Non que leurs jeunes professeurs n’aient pas à coeur de bien faire : on ne leur a tout simplement pas donné les moyens d’exercer leur métier.

Aussi, il est encore temps aujourd’hui, pour vous, Monsieur le recteur de l’académie de Rennes, de donner cette chance à tous ces enseignants, lauréats des concours d’entrée, à ceux qui les remplacent pour moitié de service ; et à tous ces élèves qui ne pourront éviter de subir les contrecoups d’une telle surcharge de travail, triplée par rapport aux années précédentes. D’autres académies viennent récemment d’accorder à leurs stagiaires la prolongation de leur service partiel à l’année : quelle meilleure preuve que la chose est parfaitement réalisable en Bretagne ? Aussi nous vous demandons Monsieur Le Recteur, compte tenu de l’urgence de cette situation, de bien vouloir répondre au plus vite à cet appel citoyen et responsable visant à éviter que les conditions déjà problématiques de cette rentrée 2010 ne soient encore aggravées à la rentrée des vacances de la Toussaint : Ainsi nous vous demandons solennellement à rester en temps partiel jusqu’à la fin de cette année scolaire.

Le Collectif des Enseignants Stagiaires de Bretagne
ces.bretagne@gmail.com

Source: slu-interne@googlegroups.com

La situation est presque révolutionnaire

Cbastille.1289664854.jpegertains disent que la situation, en France, est presque révolutionnaire. Cela se peut. Cela se peut simplement que le peuple voit bien qu’on est en train de lui demander de sacrifier son niveau de vie sur l’autel de la réparation d’un désordre économique mondial dans lequel il n’est pour rien. Cela se peut, car il constate qu’il est seul à en faire les frais alors que les responsables recommencent à vivre comme des rois. Cela se peut, parce qu’on voit bien de quel côté sont les gouvernants de ce pays.

Profs de collège : « Si vous n’y arrivez pas, vous n’avez qu’à démissionner »

Voici un extrait de ce qu’a écrit un Inspecteur Pédagogique Régional à un jeune professeur balancé sans formation dans un collège et qui a fait état d’un arrêt maladie:

« Je vais maintenant être très franc: si le métier vous semble trop  dur, si vous ne supportez pas ses contraintes, il ne faut pas  persévérer, il faut démissionner. Les élèves ont le droit d’avoir un professeur fiable chaque semaine devant eux, si vous pensez ne pas y arriver, ne le faites pas. On peut faire toutes sortes de métier  dans la vie, l’enseignement n’est qu’une possibilité parmi d’autres. Il vous reste maintenant à bien réfléchir à la décision que vous  allez prendre, vous êtes la seule à pouvoir le faire. Personne ne  portera un jugement sur vous à partir de cette décision personnelle. Mais si vous décidez d’enseigner, il faut le faire correctement, par respect pour vos classes. Le premier devoir d’un enseignant est  d’être tous les matins devant ses élèves, sans s’écouter, en  le aissant sa vie privée hors du champ pédagogique. »

No comment !

Voir aussi

« Nous sommes un groupe de professeurs et CPE en collège et en lycée, des filières générales, techniques et professionnelles. Chaque jour plus nombreux à mesure que les rassemblements locaux se multiplient, nous souhaitons porter nos revendications avec l’appui de tous les syndicats mais sous le contrôle d’aucun »:
http://stagiaireimpossible.blogspot.com

Dire que je viens d’en prendre pour 40 ans ! (Le Monde, 8/10/2010)
Ecole :
« Il paraît qu’à la Toussaint on peut commencer à travailler » (Le Monde, 9/10/2010 )

La recherche universitaire dopée aux anabolisants

En ce temps là, les universitaires écrivaient des thèses. De longues thèses qu’ils voulaient exhaustives. L’auteur était supposé tout savoir sur le sujet.
A vrai dire, il y avait deux thèses. La thèse de « Troisième Cycle » qu’on écrivait assez vite. Et la grande thèse dite « Thèse d’Etat », qu’on ne présentait qu’au terme d’un long labeur.
Il arrivait qu’il faille cinq années pour rédiger une thèse de troisième cycle en lettres et sciences humaines. Quand à la grande thèse, le travail pouvait prendre bien plus. Pour certains, ce fut le travail d’une vie.
Quelques exigences de carrière poussaient cependant. Il était rare qu’un assistant devienne maître assistant sans thèse de troisième cycle et la grande thèse était indispensable pour postuler au prestigieux poste de « Professeur ». Toutefois les enseignants-chercheurs qui préparaient ces thèses disposaient de tout leur temps pour s’occuper de leurs enseignements (1).
Naturellement, certains étaient plus rapides ou plus productifs que d’autres. C’est comme partout.
Il me reste de cette époque le souvenir d’une grande sérénité dans mon travail.

Maintenant, la thèse de troisième cycle n’existe plus. Elle est remplacée par un Diplôme d’Etudes Approfondies qui n’en a pas la consistance. Les grandes thèses n’existent plus. Elles sont remplacées par une « Habilitation à Diriger les Recherches » qui n’en a pas la consistance.
La « carrière » est devenue une course. Il est indispensable de publier des articles dans des revues disposant d’un comité de lecture. Il est bien vu, parfois indispensable, de publier en anglais.
La pression est très forte. Au plan individuel. Pas de carrière, pas de passage d’un grade à un autre un certain nombre de publications (2). Publier, est un faire-valoir pour l’auteur, mais aussi pour l’institution pour les « classements », comme de Shanghai sur des critères discutables.
Plus de thèses approfondies, plus de livres, ce serait beaucoup trop long à écrire et à publier. Beaucoup, beaucoup, beaucoup, souvent au détriment de la qualité. Alors viennent les artifices : faire plusieurs publications sur un même sujet, signer à plusieurs, reproduire presque à l’identique un article dans une communication de congrès, etc..
L’enseignement en souffre. Les enseignants-chercheurs sont si accaparés par les publications de recherche dont dépend leur carrière, qu’ils n’ont pas un temps suffisant pour bien préparer leurs cours. Alors on enseigne au plus court. En licence, on se contente de reproduire des manuels. En master, on ne s’intéresse plus qu’à son petit pré carré de recherche. Les enseignants expérimentés préfèrent leur pré carré. Ils quittent le premier cycle, l’abandonnant à des enseignants débutants, voire à des vacataires.
Mais le plus grave est qu’il n’y a plus de thèses. Les thèses examinaient un sujet de façon très détaillée, voire exhaustive. C’était, une manière de faire connaître l’état de l’art sur une question. Ces travaux étaient analytiques et dialectiques, ce qu’on ne peut faire en un article qui comprend, au plus, quelques dizaines de pages. Alors, la science s’est mise à courir en avant sur la base de recherches pointillistes et discontinues sans que l’œuvre de sagesse qu’on trouvait dans les thèses soit accomplie.
Il devient urgent que cela cesse. Il n’y a plus de livres. Il n’y a plus que des publications trop nombreuses pour qu’on puisse les lire. Des centaines d’articles sont publiées chaque jour dans le monde par des centaines d’universités et organismes de recherche. Le classement de Shanghai et les autres (car il a fait des petits avec d’autres critères) sont devenus une dangereuse ânerie.
C’est comme les coureurs dopés aux anabolisants.
Mais il arrive qu’ils meurent au bord de la route.

1.A cette époque-là, il y avait trois corps d’enseignants :
– Les assistants qui préparaient leur thèse de troisième cycle. Cette position était limitée dans le temps (en principe, 5 ans).
– Les maîtres assistants qui préparaient une thèse d’état qui pouvait leur permettre d’atteindre le grade supérieur. Mais ces emplois n’étaient pas limités dans le temps. On pouvait rester maitre assistant jusqu’à la retraite. De toute façon, les postes de professeurs étaient en nombre limité.
– Les Professeurs qui avaient rédigé leur thèse d’état et avaient été choisis par leurs pairs.
2. Maintenant, il n’y a plus que deux corps :
– Les maîtres de conférences qui possèdent un D.E.A., un nombre substantiel de publications et une expérience d’enseignement comme vacataire. On peut rester maitre de conférence jusqu’à la retraite. De toute façon, les postes de professeurs sont toujours en nombre limité.
– Les professeurs, titulaires, au moins, d’une Habilitation à Diriger les Recherches et de publications nombreuses.
A l’intérieur de ces grades, il y a des échelons que l’on parcourt en fonction des recherches et/ou d’investissements importants dans l’enseignement

Chroniques des abonnés du Monde (7 octobre 2010)

 

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Aidons Jérôme Kerviel

La condamnation de Jérôme Kerviel est tellement démesurée que je demande à tous de venir à son aide.

Déposez votre contribution au remboursement des dommages et intérêts, de 1 centime dans les agences de la Société Générale.

Affaire Kerviel : la justice se déhonore

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Jérôme Kerviel n’est pas un personnage très sympathique. Il n’est pas certain qu’un trader arrivé à ce niveau de délire financier le soit. On aurait sans doute supporté qu’il soit condamné à une peine modérée, même à un peu de prison avec sursis.

Mais voilà. Il a été condamné à verser 4,9 milliards d’euros à la Société Générale. Rue 89 a fait le compte : c’est 177536 années de son salaire ! Et à 3 ans de prison !

Le moins qu’on puisse dire est que ce jugement ne fait pas preuve de modération. Et que veut dire une peine dont on sait pertinemment qu’elle ne pourra être accomplie ? Et comment pourrait-il même commencer à payer s’il est enfermé en prison ? Le principe de la relation entre la peine et la situation du condamné est tout simplement foulé aux pieds.

Et le jugement ne retient aucune responsabilité de l’employeur qui se frottait les mains, pourtant, quand les manipulations de Monsieur Kerviel étaient lucratives.

Ce jugement est stupide et déshonorant.

Et quand on compare la manière dont Jacques Chirac est traité et celle dont le trader est victime, il n’est pas possible de croire que ce n’est pas une justice de classe.

A moins que les juges n’aient voulu faire une bonne farce…

La course au photovoltaïque ou la preuve que l’économie doit être dirigée

Face à l’épuisement attendu des réserves mondiales de pétrole, l’état français a pris des mesures incitatives destinées à favoriser la production d’électricité photovoltaïque par les particuliers : incitations fiscales et fixation du prix de rachat du kilowatt heure par E.D.F.. Les résultats dépassent toutes les prévisions

Ces mesures interventionnistes n’ont pas été pilotées par des nécessités économiques, mais par une politique énergétique de remplacement des ressources fossiles par des ressources solaires. Mais le côté économique a été totalement négligé. Et si l’on s’attendait bien à voir progresser les emplois chez les installateurs, la question de la production des panneaux n’a pas été examinée.

panneaux-solaires.1289665217.jpgConcernant le premier point, on a vu apparaître des installateurs peu qualifiés se précipitant sur l’effet d’aubaine pour faire signer des contrats par les particuliers. Des organismes de crédit se sont impliqués dans la partie et l’on faisait croire que les déductions fiscales et le prix de rachat du kilowatt compenseraient largement les mensualités, ce qui dépend du prix de rachat qui n’est nullement garanti. De plus, la qualité des panneaux et la compétence des installateurs n’étant nullement certifiés, on se trouve déjà devant de nombreux recours, sans compter le nombre de citoyens bernés qui n’oseront déposer plainte à cause d’installations de mauvaise qualité. Aux jours d’aujourd’hui encore, on démarche des clients par téléphone sur la base de données fiscales et d’un prix de rachat dont on sait pertinemment qu’ils vont être modifiés sous peu.

Hormis l’intention écologique vertueuse, le laisser faire qui s’est ensuivi pout les contrats d’installation ne pouvait que conduire à des déboires significatifs pour certains clients. Cette activité professionnelle et les montages financiers auraient dû être soigneusement encadrés et certifiés.

Mais le plus grave est d’avoir laissé importer sans contrôle des composants et de panneaux d’origine chinoise. Du coup les principales retombées vont vers la Chine. Et comme les contraintes de la politique européenne interdisent de taxer l’importation de ces produits, les coûts de production français sont trop élevés. Les bénéfices pour le développement et industriel et l’emploi sont très inférieurs à ce qu’on aurait pu espérer.

Il est probable que les plus grands bénéficiaires de cette politique soient les chinois. Ceci mérite réflexion.

Notes d’économie politique 51 – 3 octobre 2010

Et la France ? Une dictature

Pourquoi sommes-nous en dictature ?

Le pouvoir judiciaire est entre les mains de l’exécutif. Une nouvelle preuve en est donnée par l’entêtement du juge Courroye refusant de passer la main à un juge d’instruction. Or, tout le monde sait bien que le juge Courroye est, non seulement un procureur dépendant in fine du Ministère de la Justice, mais qu’en plus il est proche du Président de la république.

Cette dépendance a été parfaitement illustrée par l’affaire Julien Coupat, dont on se garde bien de parler de nouveau tant elle fut lamentable au point que les avocats en sont à demander l’annulation de toute la procédure qui n’était fondée sur aucune charge, seulement par les « intuitions » des autorités de la justice.

On trouvera encore d’autres interventions de l’exécutif,  voire de la présidence elle-même dans l’affaire Clearstream dite aussi affaire Villepin, dans la mesure où il apparaît clairement que d’aucuns préfèrent nuire à l’ancien Premier Ministre, plutôt que de faire jaillir toute la vérité. En cette occasion, on se souvient que Nicolas Sarkozy avait employé le terme de « coupable » avant même qu’aucun jugement n’ait été rendu.

La disparition du juge d’instruction, juge libre et indépendant est annoncée.

Le pouvoir législatif est aux ordres. Les députés de la majorité votent tout ce qu’on leur demande de voter. Ils choisissent de « soutenir » la politique du gouvernement qui est celle du Président. Les critiques sont peu nombreuses. Quelques uns trouvent les couleuvres peu digestes, mais encore ne s’insurgent-ils pas fortement. Les discussions à l’Assemblée Nationale laissent peu de place à l’opposition. Il arrive que le Sénat résiste et forme un petit vote contraire aux intentions du pouvoir. Qu’importe ! Très vite, on fait revoter et tout passe.

Récemment, le Président de cette assemblée à outrepassé le règlement pour diminuer arbitrairement le temps de parole de l’opposition sur des explications de vote. Il a beau dire que ces explications n’étaient là que pour faire perdre du temps. C’est possible. Mais le règlement l’imposait. Et si l’opposition avait disposé d’un plus large temps de parole au moment des débats, peut-être que cet exercice n’aurait pas eu lieu.

En d’autres temps, Jean Louis Debré, assis sur le même fauteuil que Bernard Accoyer, s’était comporté de façon très différente. Mais à cette époque la, Nicolas Sarkozy n’était pas Président de la République. L’actuel président de l’Assemblée Nationale s’est simplement comporté comme on attendait qu’il le fasse :  « la voix de son maître ». D’aucuns demandent sa démission. A juste titre, car il ne représente plus ni ne protège les droits de tous les députés.

Le pouvoir exécutif est en piteux état. S’il lui restait une quelconque autonomie, on pourrait croire encore à quelques bribes de démocratie. Mais il n’en est rien. Le gouvernement est aux ordres, le Premier Ministre fait tapisserie et la flagornerie du chef suprême sert de projet politique.

Le Chef Suprême s’appelle Nicolas Sarkozy. Il décide de tout. Il arbitre tout. On ne dit pas « le gouvernement a décidé ». Non, on dit « le chef de l’état a décidé ». Ou encore, « on attend la décision du Président » ! En Conseil des Ministres, il distribue récompenses aux plus serviles et punitions à ceux qui se seront à peine écartés du chemin. Il infantilise les membres du Gouvernement, en fait ses choses et ses jouets. Il n’hésite pas à les traiter les ministres avec des noms d’oiseaux ou pire encore.

Jamais, dans toute l’histoire de la Cinquième République, un chef de l’état ne s’était ainsi comporté.

Le pouvoir judiciaire est sous la botte, le pouvoir législatif se vautre dans l’obéissance et la flagornerie, le pouvoir exécutif est aux ordres. La séparation des pouvoirs n’existe pas. Ce n’est donc pas une démocratie C’est une dictature.

Les « visites » présidentielles quotidiennes en province n’ont rien à envier, dans leur organisation, à celles de Kim Jong-il. Toutes les forces de sécurité sont priées d’y participer. Pendant ce temps, les délinquants sont en paix. Et malheur au Préfet qui ratera son affaire. L’exil sera sa récompense.

La Direction du renseignement prend des allures de « Stasi ». A l’occasion de l’affaire Woerth, on a ainsi découvert que les communications téléphoniques d’un journaliste du monde étaient épluchées. Des centaines de renseignements ont été fournis par les opérateurs de téléphonie sans l’aval de la commission de contrôle dont c’est la charge et sans la couverture d’une autorité judiciaire. Ces faits sont témoignages de pratiques abusives de l’exécutif. Il y a lieu de penser que, s’il en est ainsi pour la surveillance téléphonique, il ne peut en être autrement pour d’autres aspects de la vie publique ou privée. L’ombre de l’état policier s’étend sur la nation.

Le pouvoir économique est largement aux mains de quelques uns qui se trouvent, pour la plupart, avoir participer à la cérémonie obscène connue sous le nom de « Nuit du Fouquet’s » : Bernard Arnault (7ème fortune du monde), Martin Bouygues, Serge Dassault, Vincent Bolloré, Antoine Bernheim, Albert Frère, Jean-Claude Decaux, Paul Desmarais, Stéphane Courbit (Endemol), Jean-Claude Darmon (droits télévisuels du football) et l’inénarrable Alain Minc, conseilleur, faiseur et défaiseur de mariages économiques avec un succès très inégal, ce qui ne l’empêche pas de murmurer à l’oreille du Président de la République. Et ce dernier, subitement, prend des décisions inattendues et qui ne feront l’objet d’aucun débat, comme la suppression de la publicité dans les soirées de la télévision publique. Les dirigeants des autres chaînes se sont frottées les mains. Tout au long du quinquennat, on va retrouver les mêmes dans nombre de coups ou de combines financières.

L’Assemblée Nationale et le Sénat sont à genoux, la justice est aux ordres, l’exécutif est prosterné, la police est pilotée. Les puissances de l’argent sont comblées.

pathetique.1289665319.jpgIl ne reste que quelques rares points de résistance. Il s’en est fallu de peu que Le Monde soit investi, après que son directeur ait été convoqué à l’Elysée et menacé. Le Parisien est convoité par Dassault qui possède déjà le Figaro. Parmi tant d’autres choses ! La presse est en grand danger comme dans tous les pays où le pouvoir la verrait bien muselée. L’asphyxie économique menace. Il n’y a que quelques titres qui conservent encore leur autonomie avec quelques sites sur Internet. L’audiovisuel public est aux mains du Président qui en nomme les directeurs. L’audiovisuel privé est entre les mains de grands groupes capitalistes qui n’ont pas l’intention de déplaire. Leurs affaires en souffriraient à coup sûr.

Ainsi, tous les leviers de gouvernement sont entre les mains d’un seul assisté de quelques complices. « Chef d’État qui, s’étant emparé du pouvoir, gouverne arbitrairement et sans contrôle démocratique « ». C’est la définition de « dictateur » dans le dictionnaire Larousse.