C’est la fin du capitalisme

C’est la fin du capitalisme

Un excellent article paru dans Le Monde du 11/10/2008 présente un entretien avec Immanuel Wallerstein , présenté comme suit:

Signataire du manifeste du Forum social de Porto Alegre (« Douze propositions pour un autre monde possible »), en 2005, vous êtes considéré comme l’un des inspirateurs du mouvement altermondialiste. Vous avez fondé et dirigé le Centre Fernand-Braudel pour l’étude de l’économie des systèmes historiques et des civilisations de l’université de l’Etat de New York, à Binghamton.

L’interviewé explique comment le capitalisme qui a pris le relais de la société féodale aux XVème-XVIème siècles en est arrivé à cette voracité financière et cet aveuglement. Et ce qui est probablement sa fin.

On pourrait ajouter qu’il est probable que les citoyens n’ont pas été autant informés au cours des crises similaires précédentes. Les moyens de communication de 1929 n’avaient évidemment rien à voir. Et les relais médiatiques, qui ne manquent pas désormais, permettent à chacun de comprendre et, s’il ne comprend pas tout, de chiffrer. Il s’étonne que même si « les caisses sont vides », il soit possible de mobiliser des millions, voire des milliards. On lui explique alors que ce ne sont que des emprunts ou des garanties et qu’on retrouvera un jour tout… ou partie. Et là, il sait bien que son Trésor, le Trésor Public, devrait y laisser des plumes. Sauf peut-être à bien manager la créance. Au fond, devenir actionnaire et siéger dans les conseils d’administration.

On peut penser aussi que les représentants du peuple seront vigilants, car les cloches de leurs électeurs vont tinter à leurs oreilles. En France, les électeurs de gauche, n’en doutons pas, et même les électeurs de droite qui n’ignorent pas ce qu’aurait fait leur référent, le Général de Gaulle. Qu’on le veuille ou non, cette pression populaire existera. Au moins pendant quelques années. Personnellement, je regretterai qu’on ne soit pas encore entré dans l’économie administrée, mais au moins ce sera l’économie surveillée.

On voudrait pouvoir espérer, comme le suggère Wallerstein, qu’on pourrait entrer dans une nouvelle forme de développement. Les citoyens sont clairement favorables à ce que la question de la répartition des richesses soit posée. Ils sont également sensibles à la question de la modification des modèles de développement en relation avec la nécessaire économie de moyens de la planète.

C’est là où une administration doit intervenir. Voilà un Fond Monétaire International étonnamment muet pendant cette période qui pourrait bien faire l’effort de s’investir dans le développement durable. Par exemple, tous les pays qui se trouvent entre les deux tropiques ont tout ce qu’il faut pour développer l’énergie solaire et recevoir les bénéfices qui en découleront. Mais ceci n’est possible qu’en jugulant la corruption dans nombre de ces pays qui canalise la richesse vers un petit nombre. Ce qui veut dire qu’il faut aussi administrer cela et mettre son nez dans ce qu’on a coutume de considérer comme du seul ressort des dirigeants de l’état considéré.

Les « puissances » ont donc là une grande responsabilité: aider au développement raisonné tout en contrôlant l’usage qui est fait des transferts de technologie et d’ingenierie. Un ingérence est donc nécessaire dont, jusqu’à présent, elles ont été bien peu capables ou bien peu volontaires. Il est grand temps que cela cesse.

Notes d’économie politique 34 – 14 octobre 2008

Bakounine