La finance folle ne doit pas nous gouverner

La finance folle ne doit pas nous gouverner

C’est sous ce titre que Jacques Delors, Lionel Jospin et plusieurs autres anciens premier ministres ou ministres de l’économie ou des finances de divers pays européens, publient, dans Le Monde du 22 mai, un appel à la constitution d’un « comité de crise européen pour apporter des réponses solides à la crise actuelle des marchés ».

Suivent diverses analyses de la situation actuelle et de ce qui en a été la cause, notamment l’attitude des marchés sur la question des prêts hypothécaires qui se sont révélés douteux. Ils montrent que « l’industrie financière est incapable d’auto-régulation », ce qui, il faut bien le dire, n’est pas un fait nouveau. La seule recherche qui motive cette « industrie » étant celle du profit, si possible à court terme, sans aucune considération envers l’intérêt général, on ne voit pas comment elle s’auto-régulerait.

L’histoire est pleine d’évènements spéculatifs depuis le système de Law à la crise de 29, en passant par les emprunts russes , le tunnel sous la Manche et autres montages hasardeux où tout le monde a embobiné tout le monde, faute d’analyse sérieuse et de systèmes de freinage. Les spéculateurs sont comme les joueurs du casino. Ils sont totalement irrationnels.

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Les auteurs rappellent, de surcroît, que les « subprimes » ont été très bien notés par les meilleures agences de notation mondiales. Voilà qui démontre bien l’incompétence de ces organismes, composés eux-mêmes de spéculateurs ou d’anciens spéculateurs ruinés et aigris. Et l’on sait bien que la science économique et financière est bien loin d’être une science exacte qui ne s’est pas encore totalement libérée de l’impressionisme de certains gourous.

Continuant dans leur logique, les auteurs souhaitent donc que les « instruments financiers » fassent l’objet, au moins en Europe, d’une réglementation. Et continuant encore dans leur analyse et l’étendant à l’économie de marché et au capitalisme, ils vont jusqu’à écrire que « les marchés libres ne peuvent faire fi de la morale sociale ». Ils ajoutent: « le capitalisme décent (…) requiert une intervention publique efficace ».

Voici bien contradictions et naïveté. Sont-ils autant ignorant de l’histoire économique et politique du monde au point d’ignorer que chaque fois que ce principe n’a pas été suivi, il s’en est ensuivi des crises et des désastres? Demander l’intervention publique, c’est l’économie administrée. Bienvenue au club. Dommage, messieurs que vous ne l’ayez fait et verrouillé quand vous étiez au pouvoir.

Et qu’attendent nos gouvernants actuels ?


Notes d’économie politique 23 – 25 mai 2008

Bakounine