Archive dans 12 juin 2008

Sarkozy est en train de flinguer la république devant des socialistes impavides

Je ne voudrais pas refaire un cours sur l’équilibre des pouvoirs. Juste un commentaire.

La séparation entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est le fondement de la république et de la démocratie.

Déjà, et depuis bien longtemps, l’équlibre entre le législatif et l’exécutif a pris des coups dans l’aile. L’initiative des lois appartient pour l’essentiel au gouvernement. L’ordre du jour de l’Assemblée Nationale est fixé par ce même gouvernement. Et c’est si vrai que les ministres viennent « défendre » leurs projets de loi devant les assemblées. Comme si les députés et les sénateurs n’étaient pas capables de proposer des lois. Pour le coup, les assemblées avec les majorités que l’on sait, se comportent globalement comme des chambres d’enregistrement. Certes, il y a de temps en temps des petits amendements d’humeur, mais c’est, il faut bien le reconnaître, totalement marginal.

Non content d’avoir asservi le pouvoir législatif depuis les origines de la Cinquième République, nos gouvernants et, au premier chef, le Président de la République, sont en train de s’atteler à l’asservissement du pouvoir judiciaire.

palaisjustice.1213307246.jpgLa première méthode est l’ambiance: « le juge qui a décidé cela devra payer« . on est loin de la règle du non commentaire des décisions de justice. Pire, il s’agit d’une menace. Or menacer des juges est tout à fait répréhensible. Mais de toute façon, après avoir proféré une telle ignoble phrase, le mal est fait. Un membre éminent du gouvernement influence désormais les décisions qu’on ne pourra pas prendre sans penser que, peut-être, faudra-t-il payer.

La deuxième méthode est la loi. Comme les juges doivent appliquer la loi, il suffit de les ficeler sans échappatoire. Ainsi va la loi sur les peines plancher en cas de récidive. Ainsi va, encore davantage, la loi permettant l’internement administratif après accomplissement de la peine pour des criminels jugés « dangereux » (je crois me souvenir que les staliniens pratiquaient beaucoup ce mode d’internement) : ainsi procéder, c’est, au final, décider que la peine, prononcée par des tribunaux légalement constitués, est insuffisante. C’est donc remettre en cause la décision de justice.

La troisième méthode, enfin, consiste à décapiter l’Ecole de la Magistrature. Au motif qu’un ou deux juges d’instruction ont lamentablement ficelé des dossiers, on donne des coups de hache. Quand on veut tuer son chien, on prétend qu’il a la rage ! Et, faisant mine de retirer la présidence du Conseil d’Administration de l’école au Président de la République, on réforme les statuts pour faire entrer une cohorte de non-magistrats qui seront nommés par le pouvoir.

Et, pendant ce temps, le Parti Socialiste, l’oeil rivé sur son congrès, ses archéo-leaders et sa prochaine défaite, se contentent de molles déclarations, quand il y en a, devant un peuple de gauche atterré !

Un partage des richesses naturelles est devenu impératif

Je me souviens. Cela avait d’abord été présenté comme un problème démographique: comment nourrir les habitants de la terre quand nous serons 5 milliards ? C’est fait. Nous sommes 6 milliards et nous risquons d’être bientôt 7 puis 8. Cette question démographique a parfaitement été bien comprise par les dirigeants chinois qui ont pris le risque d’avoir une population vieillissante plutôt que d’être incapable de la nourrir. Il y aura des conséquences, dont, notamment, le maintien à la production de personnes âgées. Mais c’est probablement le moindre mal.

Mais la Chine avait-elle le choix ? Probablement pas. Car, pour le coup, les chinois resteront membre à part entière du groupe des consommateurs légitimes mondiaux.

famine-feeding-child.1213055470.jpgD’autres nations n’ont pas encore fait ce choix. Elle devront impérativement le faire sinon une partie importante de leur population est vouée à l’extrême pauvreté et à la famine. Comme ce fut le cas dans l’histoire, il y aura alors d’épouvantables jacqueries quand ces hordes de malheureux totalement démunis voudront s’emparer des richesses des autres. Les dirigeants du sous-continent indien qui ont certainement conscience de ce problème, doivent prendre d’urgence des mesures efficaces. Quant aux nations non structurées du continent africain, elles sont dans une très mauvaise posture faute d’un système politique ayant d’autres objectifs que l’enrichissement personnel d’un dictateur et d’une oligarchie.

Face à cet effort démographique, il est indispensable de procéder à une meilleure répartition des richesses de la planète. On ne veut pas prôner ici un hypothétique et probablement irréaliste « grand soir ». Mais l’équilibre démographique n’est supportable que si les conditions politiques d’accès aux biens sont créées. Cela vise, notamment, les énormes richesses qui constituent une véritable confiscation du bien public. Ces énormes et scandaleuses richesses sont actuellement la propriété de personnes, de groupes, de sociétés ou d’institutions.

Cette inégalité terrifiante a été, quoique difficilement, supportée par les populations des pays occidentaux, tant qu’elle ne mettait pas en cause un modèle de développement dans lequel chacun recevait, ne serait-ce qu’un peu, une part de la manne. Mais il n’en est plus ainsi. Tous les citoyens de ces pays vont être frappés par ce phénomène récessif. Cela devrait renforcer la reconstitution des forces politiques révolutionnaires qui seront une menace pour la grande foire d’empoigne libérale.

On en connaît quelques symptômes dans les manifestations européennes contre les prix du pétrole et de ses dérivés: pêcheurs, agriculteurs, routiers, mais aussi et c’est nouveau, de simples consommateurs. Les gouvernements vont être contraints de prendre des mesures fiscales dirigistes. La TIPP est un impôt qui vit probablement ses derniers moments. Mais comme il devra être remplacé, on ne pourra le faire qu’en puisant là où l’on pourra puiser. C’est à dire dans les tas d’or. Et quand il n’y a plus de sanctuaires pour les tas d’or, puisque tous les pays, il faut l’espérer, finiront bien par faire de même, l’objectif sera atteint.

A coté de régulations nationales, une péréquation internationale de même type, par le biais d’organismes internationaux tels que le FMI ou la Banque Mondiale, devra avoir lieu.

Ceci n’est, naturellement que le scénario « soft » et raisonnable. Il faut espérer qu’il emportera l’adhésion. Naturellement il y en a d’autres. Bien moins plaisants. Il ne reste qu’à croiser les doigts en espérant que l’habitude de l’incurie et de l’impéritie dons les gouvernements sont coutumiers ne l’emportera pas. Une thèse économique soutient que la crise actuelle trouve son origine dans l’intervention américaine en Irak. Si cette thèse est vérifiée, elle fournit un parfait exemple des ravages que peuvent produire une bande de crétins entourant un débile profond lorsqu’on leur laisse le pouvoir de nuire.

Notes d’économie politique 27 – 10 juin 2008

L’U.I.M.M. s’est goinfrée d’argent public

guillotine.1212964872.jpgLe temps des nausées est revenu. Selon un article publié par Rue 89 et dont je vous conseille la lecture, l’Union des Industries Métallurgiques et Minières se serait emparée d’une grande proportion de fonds public destinés à la formation professionnelle en montant des dossiers de stagiaires fantômes. Avec ce que l’on sait ce temps-ci, il n’y aurait rien d’étonnant. Voilà des institutions qui se posent comme des références et qui ne rien de mieux qu’un syndicat de gangsters de Chicago.

On dira sans doute que la moralité publique est en baisse. J’aurais plutôt tendance à penser qu’il en a toujours été ainsi et que seule la presse lorsqu’elle n’est pas aux ordres et naturellement Internet font que ces affaires « sortent » plus facilement au grand jour. Et de me rouler par terre de rire quand on montre du doigts certains pays d’Afrique ou d’Asie. Les « puissants » de France ne valent guère mieux.

Parfois, bien qu’à mon corprs défendant, je me sens bien proche de Maximillien Robespierre et des Conventionnels épris de « vertu » qui appliquaient une excellente thérapeutique Place de la Révolution.

Les caisses sont vides, mais pas pour tout le monde

sarko-teeshirt.1212701437.jpgMon attention avait été attirée par un article paru sur Bakchich concernant les festivités qui vont accompagner la présidence française de l’Union Européenne. Et ces prédictions semblent avérées. Ces six mois seront meublés de manifestations diverses, rencontres, inaugurations et tutti quanti qui auront pour corollaire de nombreux frais d’organisation, de déplacements et de réception. Et l’on sait que, sur ce chapitre, Sarkozy et les Sarkoziens n’ont pas la main légère.

Il semblerait qu’il en soit de même pour tous ces trucs onéreux tels que voyages et réceptions des ministres et de leurs proches collaborateurs.

Sur ce sujet, nous sommes encore loin de la rupture.

Le téléchargement est-il vraiment malhonnête ?

Je crois me souvenir qu’une nouvelle loi ayant pour objectif de dissuader du téléchargement « illégal », est en préparation. A ce propos, il me vient certaines observations.

cd.1212623702.jpgLa position de l’industrie du disque peut sembler, en première analyse, justifiée. On peut considérer que le fait de télécharger de la musique au lieu de l’acheter est une spoliation. Si l’on examine les choses avec cet écran brutal et superficiel, on peut, il est vrai, le reconnaître. Mais il y a diverses considérations.

Il faut bien prendre en compte l’évolution des moeurs. Ce sont ceux-là même qui se plaignent, qui ont « désacralisé » la musique. On remarque d’ailleurs que là où sa valeur culturelle est la plus forte, dans le cas de la musique dite classique, le téléchargement est plus rare. La musique classique repose sur des valeurs éprouvées et légitimées par le temps. J’imagine mal ne pas posséder physiquement un CD quand il s’agit de musique médiévale enregistrée par des artistes courageux et inspirés. On pourra télécharger une pièce ou deux « pour voir » si l’on aime. Au final, le client déterminé fera l’acquisition. Éventuellement, le téléchargement viendra en appoint pour le mélomane qui n’a pas les moyens de s’offrir des objets dont il faut bien dire aussi qu’ils sont fort chers.

A contrario, pour la variété contemporaine, le téléchargement est plus fréquent. Mais on ne peut nier aussi que ce sont les majors qui en ont fait des produits « jetables ». L’immoralité va même plus loin, puisque les jeunes interprètes sont aussi jetables parce qu’on ne se souciera point d’un échec durables qui aurait succédé à une réussite éphémère. Une présentation correspond bien à cet état de choses, le CD 2 titres qui est vendu proportionnellement encore plus cher à une clientèle dont les moyens sont encore plus faibles. Et ceci ne date pas d’hier. Le 45 tours a correspondu à cette démarche.

Les plaignants sont des gens qui ont entassé des montagnes de profits et qui se trouvent mis à mal par une évolution de la technologie que certains d’entre eux soutiennent en même temps d’une autre main, car elle apporte par d’autres chemins, des revenus considérables. Le cas de Sony en est un exemple, qui vend en même temps des CD et des baladeurs MP3. Ce n’est pas nouveau. Sony a « inventé » le « Walkman » et l’on ne me fera pas croire que toutes les cassettes qui tournaient dans les Walkmans étaient authentiques. C’étaient déjà des disque copiés ici ou là.

Le phénomène de la copie est aussi vieux que l’humanité. Ce fut même une istitution dans les monastères médiévaux. On se souvient aussi d’une redevance qu’un député imbécile voulut appliquer aux magnétoscopes. Il y eut, en leur temps, des crises d’urticaire économique et politique qui, au final n’on rien apporté. On a inventé quelques taxes qui ont ou non survécu. Et c’est tout. A propos de taxe, on rappellera ici que les supports sont déjà taxés, y compris les CD que les entreprises utilisent pour leurs données, donc sans rapport avec la musique. Tout achat de DVD enregistrable fait l’objet d’un impôt de un euro. On ne peut qu’être stupéfait par le lobbying et la réactivité stupide de ces grands groupes qui sont prêts à piétiner sans honte leurs valeurs économiques libérales et de libre concurrence dès lors qu’il s’agit de leurs gros sous.

On objecte aussi que, contrairement au support magnétique, la copie numérique se fait sans perte de qualité. Ce qui est vrai, mais cette perte n’a jamais été un obstacle dur. Les copies de cassettes à la limite du sonore infect ont tourné dans des Walkmans sans que cela semble gêner trop fort les auditeurs. Car, ce désir n’est pas technique. Certains mélomanes sont totalement réticents à ce qui n’est pas Hi-Fi. Les jeunes s’en fichent pour un usage qui ne dépassera pas quelques semaines.

Je voudrais, à ce propos, faire état de mon expérience personnelle.

vinyle.1212623755.jpgLe disque entra chez nous quand j’avais peut-être 10 ans, sous la forme d’une platine surmontant un poste de radio. Histoire d’avoir quelque chose à écouter, mes parents firent l’acquisition d’un ou deux 78 tours avec des titres immortels de paso-doble. Il arrivait donc qu’on dansât fort longtemps sur le même morceau. Puis entra à la maison, un double 33 tours reproduisant un concert d’Yves Montand au théâtre de l’Empire. Les premiers microsillons que je vis de ma vie ! Pendant de longs mois, on en restât pratiquement là, tant les disques étaient chers. Ensuite c’est moi qui, à l’occasion de cours de musique, fit entrer Une nuit sur le Mont Chauve en 45 tours, qu’il fallait retourner au milieu de l’oeuvre. Un peu plus tard, la Symphonie Fantastique. Je me souviens que ma grand-mère que j’avais emmené me l’offrir chez un disquaire réputé à Paris, m’avait demandé au moins dix fois avant de passer en caisse si c’était bien cela que je désirais. Puis on en resta là pour longtemps au point que je suis capable, aujourd’hui encore, de chanter de mémoire toute la Symphonie de Berlioz. En ce temps-là, la musique était sacrée. Et ce ne sont pas les auditeurs qui l’ont désacralisée.

Que les temps ont changé !

La chasse au « pirate » va être ouverte. On va en attraper quelques uns qu’on va condamner à l’échafaud pour l’exemple. Et puis ce sera fini parce qu’il y a 65536 ports d’entrée sur mon ordinateur et qu’on ne pourra empêcher d’habiles informaticiens de tripoter les paquets d’octets qui se baladent sur Internet pour leur donner une honnête apparence. Tant pis pour ceux qui ont joui d’une position économiquement très confortable, mais, il faut bien le dire, assez injustifiée. Tant pis pour les actionnaires de Sony ou EMI. Je ne vais pas pleurer. Tant pis pour les artistes belges qui veulent s’enfuir au Liechtenstein pour ne pas payer leurs impôts en France.

Seuls les artistes peu connus et sincères qui travaillent à fond seront peut-être pénalisés. Mais, de toute façon, il y a longtemps que les « majors » n’en veulent pas.

Je ne peux aussi m’empêcher de penser à quelque chose. Il ya vingt ans, sous la pression technologique, je fis l’acquisition d’un lecteur de CD. Simplement parce qu’il était évident que c’en était fini du disque vinyle. Les platines commençaient à se faire rares, les têtes diamant aussi. Quant à l’industrie du disque, elle s’était tournée de façon résolue vers le numérique.

A partir de ce jour-là, j’ai non seulement acheté de nouveaux titre en CD, mais j’ai peu à peu refait ma discothèque en achetant des titres au format CD que j’avais déjà au format 33 tours. J’ai donc payé deux fois les droits. L’industrie du disque n’a pas versé une larme sur mon sort. Au contraire, elle s’est bien frottée les mains.

Chacun son tour…

Notes d’économie politique 26 – 5  juin 2008

Mai 1968 : 21 – Mai 2008 : Cessons d’être des veaux

[Mai 1968: commencer au début]

Voici terminé le mois de mai. Et avec lui se terminent aussi tous les évènements commémoratifs de mai 68. Curieusement, je n’ai pas souvenance que 1988 ou 1998 furent autant célèbratifs ! J’espère être encore en vie en 2018, pour le cinquantenaire. Alors là, on fera une grande fête, nous les vieux survivants. Et puis en 2048, il y aura peut-être encore un ou deux centenaires qui auront vraiment participé en criant « CRS SS » ou en lançant un pavé, ne serait-ce qu’un petit.

Je voudrais un instant m’attarder sur tout ce que j’ai lu, dans la presse, ou entendu, à la radio. Tous ces témoignages d’hommes (et pas de femmes – bizarre), celèbres ou non, jeunes ou moins jeunes.

Et ce qui reste, ce ne sont pas les cris de « CRS SS », ni les pavés. Ce qui reste, c’est d’abord l’analyse unanime d’une société sclérosée qui ne se sentait pas évoluer, comme, par exemple, aux Pays-Bas. La référence aux autres manifestations est pourtant quasi absente, comme elle le fut pour moi : la force de ce que nous avions vécu a masqué nos souvenirs. Sauf Prague, peut-être, parce que là, c’était vraiment du « dur ».

Et ce qui reste ensuite, et c’est le souvenir dominant, et c’est ce qui est merveilleux, c’est le souvenir d’une société fraternelle. Tout le monde se souvient qu’on parlait avec tout le monde, qu’on échangeait idées et points de vue avec tolérance et créativité. Tous ceux qui habitaient de façon un peu éloignée des centres des villes se souviennent que l’auto-stop marchait très bien. On ne peut donc pas nier que cette apparence libertaire correspondait à un certain besoin chez un grande partie des citoyens, et pas seulement les jeunes.

Je ne peux, alors que m’interroger. Pourquoi cet « esprit de mai » a-t-il été éteint ? Sans vouloir en faire un mode dominant de fonctionnement social, il aurait pu rester quelque chose de cette humanité. Pourquoi cela a-t-il totalement disparu ? Il me revient la constatation que j’avais faite en août-septembre 1970, alors que j’avais été appelé au service militaire. Les deux mois de « classes » ont été deux mois d’une semblable solidarité. Parce que nous avions, car nous étions tous sursitaires et soixante-huitards, à nous adapter à ce que nous avions identifié comme un adversaire commun qui nous faisait faire des choses stupides et vexatoires. Et ceci disparût dès lors que nous nous trouvâmes dispersés dans des « emplois » adaptés à notre niveau de formation. Et, ce relatif confort, nous rendit complices.

Pour grandir socialement, l’homme a besoin d’adversité. Notre société, sécuritaire, d’état providence, ne fait que cultiver la facilité de l’égoïsme. Nous avons besoin de luttes. Pas forcément de guerre, heureusement. De luttes politiques ou de luttes syndicales.

Français, cessez d’être des veaux. Prenez solidairement votre destin en main.

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[Suite ]

L’économie libérale : dogme et illusion des vertus de la concurrence

Aujourd’hui la concurrence est présentée comme un moyen d’assurer le dynamisme économique et les meilleurs prix. Ce dogme est partagé par de nombreux pays, dont la France, et les instances de la Communauté Européenne qui se montrent très sourcilleuse sur cette question. Mais est-on assuré, pour le moins, que la méthode permette d’atteindre les objectifs poursuivis ?
On commencera, tout d’abord, que l’économie de marché et la concurrencent furent bien avant les nationalisations. Le développement industriel au XIXème siècle fut assuré par des entreprises privées dont le capital était familial ou composé par des participations d’actionnaires. Ainsi furent des secteurs qu’on nationalisera par la suite, tels les charbonnages ou les chemins de fer, par exemple.
Après le Front Populaire et la Seconde Guerre Mondiale, en France, un certain nombre de secteurs se retrouvèrent nationalisés pour plusieurs raisons.
La première était l’aspect stratégique, au sens militaire du terme : ainsi, en était-il de la production d’énergie, des transports, du service postal, des télécommunications. On en comprend aisément le sens : il aurait été tout à fait pernicieux qu’en cas de conflit, des secteurs aussi déterminants pour la conduite des opérations puissent être entre des mains mercantiles et même<étrangères.
Un autre aspect concerne la recherche et le développement. Il est, en effet, très facile d’obtenir d’entreprises nationales qu’elles mettent en œuvre des programmes de recherche même si l’intérêt économique n’apparaît pas immédiatement. Le TGV aurait-il été inventé si la SNCF n’avait pas été entreprise publique ? Et quid de la filière nucléaire française, réputée par sa qualité et sa sécurité, si EDF avait été privée ? France Telecom aurait-elle déroulé tant de kilomètres de fibre optique et développé le réseau RNIS ? On n’aurait certainement pas construit Concorde si l’état n’avait pas été autant impliqué dans l’industrie aéronautique. Car même si le programme Concorde a été abandonné en raison du coût des carburants, on ne peur faire l’impasse sur les technologies dérivées.
Par nature, dans un état raisonnable et non corrompu, l’industrie nationalisée vise autant l’intérêt général que les profits évidemment nécessaires.
Un troisième aspect concerne l’aspect social. Tout le monde a lu Germinal et se représente donc très bien l’impact terrible sur les ouvriers de la fermeture des puits d’extraction charbonnière non rentables. Dans un environnement libéral, la situation des ouvriers débauchés est laissée à la charité publique où à la conscience, rare, des maîtres des entreprises. Face à Germinal, on peut se souvenir de ce que fut la liquidation progressive de Charbonnages de France. Certes, ceci ne fût sans conflit. Même sans dur conflit. Mais, au demeurant, la puissance publique eut à cœur d’atténuer autant que faire se pouvait l’impact social de la fermeture des puits.
Naturellement, sur la base de l’industrie métallurgique française, on peut gloser sur les nombreuses aides de l’état qui n’ont pas empêché la fin prévisible. Mais on pourrait aussi se poser la question du maintien de certaines industries, même si elles ne sont pas tout à fait rentables, en mettant dans la balance des coûts sociaux tels que le chômage ou les pré-retraites et toutes les conséquences telles que la précarité sociale, l’alcoolisme, la délinquance, la drogue, etc..
Privatisation et concurrence sont devenus des dogmes.
On va même jusqu’à des positions délirantes. Quel intérêt peut-on trouver à faciliter la création de fournisseurs virtuels de communications téléphoniques ? Voilà des sociétés qui ne possèdent rien, par un mètre de paire de cuivre ou de fibre optique ! On pourrait au moins leur imposer de s’impliquer dans les investissements ! Car si les vendeurs de minutes se bousculent, rares sont ceux qui s’impliquent auprès de France Télécom ou de Cégétel ou de la SNCF pour tirer de la fibre. Et quand ils le font (voir l’exemple de Free) c’est dans des secteurs à rentabilité rapide. Tout ceci au détriment de l’aménagement du territoire.
Car avant d’être privatisées, EDF, la SNCF, La Poste, France Télécom, ont contribué à cet aménagement en apportant leur service dans les endroits les plus reculés. Qu’en sera-t-il bientôt des agriculteurs du Massif Central ?
La notion de Service Public est indissoluble de celle d’Aménagement du Territoire. En privatisant, on laisse les situations peu ou non rentables à la charge de la collectivité. C’est ainsi que certains Conseils Généraux en sont à poser de la fibre optique pour distribuer Internet dans un maximum de communes. Est-ce vraiment la mission des Conseils Généraux ?
Enfin, il y a l’illusion de la concurrence censée faire baisser les prix. Et là, il y a plein de contradictions. Ainsi, France Télécom doit faires des bénéfices pour distribuer du dividende. Si la concurrence conduit à baisser au plus bas les prix de vente, alors le dividende baisse ou devient nul. Pour le coup, c’est le cours de l’action qui baisse aussi et la valeur de l’entreprise passe en dessous de sa valeur réelle permettant l’achat massif par des spéculateurs. La concurrence ne peut donc jouer pleinement. Et comment y parvenir : l’entente.
Il est remarquable que, dans le secteur des télécommunications, les trois opérateurs ont été condamnés pour entente illicite. Ils ont payé l’amende ou procédé d’appels en appels. Au final, le consommateur est loin d’être gagnant. Il n’est pas rare que des infractions de ce genre soient relevées, dans la grande distribution, par exemple, où « l’alignement » des prix fait sourire. On relèvera aussi l’exemple de l’optique (secteur mutualiste à part) où les différences de prix s’appuient, pour l’essentiel, sur des différences de qualité ou des artifices tels qu’il est impossible de s’y retrouver (comme dans les forfaits de téléphone et bientôt d’électricité).
Privatisation et concurrence sont des dogmes. Des centaines de contre-exemples peuvent être avancés tant dans la question des ententes que dans celle des coûts non intégrés et laissés à la charge de la collectivité. Il serait bon que les citoyens en prennent conscience et exercent des pressions corrélées sur les élus.

Notes d’économie politique 25 – 1er juin 2008

Le choc pétrolier ou l’incurie des gouvernants du monde

Bien des questions se posent à propos de la phénoménale augmentation du coût du pétrole.
mblanche.1212272776.jpgLa première concerne l’impuissance des gouvernements. Et c’est tout de même fort ! Comment la comprendre. Passe encore s’il s’agissait de pays producteurs. Mais ce n’est même pas le cas. Les USA subissent. Toute la Communauté Européenne subit. L’Inde subit. Même la Chine subit ! Les pays producteurs affirment que, pour une bonne part, cette inflation est d’origine spéculative. Si cela est exact, cela veut dire que l’ordre économique mondial est, actuellement, entre les mains de quelques dizaines de spéculateurs et que les gouvernements des états libéraux sont dans l’incapacité totale d’agir.
La deuxième question concerne la réalité de la production.
On nous dit, comme si l’on s’en apercevait subitement, que la demande des états émergents croît de façon importante.
Ceci était-il prévisible ? Evidemment oui. Quelles dispositions ont-elles été prises pour tenir compte de ce facteur ? Apparemment aucune.
On nous dit, et là depuis quand même un certain temps, que les réserves pétrolières diminuent de façon sensible.
downingst.1212272927.jpgQuelles dispositions ont été prises par nos gouvernants ? Très peu. La plupart des programmes de recherche ont été initiés par des chercheurs indépendants ou des groupes industriels de façon dispersée. En fait, on attend que la production d’énergie de substitution devienne rentable pour déployer les programmes de recherche. Mais ceci aurait dû être fait avant afin d’éviter la douloureuse période transitoire. De plus, cette question n’a été pratiquement traitée qu’en termes économiques. Le fait que l’économie humaine ait consommé en 150 ans le pétrole que l’évolution géologique a mis des millénaires à constituer n’est évoqué que de façon anecdotique.
On peut regretter et déplorer l’attitude des personnes individuelles et des entreprises industrielles ou commerciales sur cette question. Mais qui, au demeurant, a la charge d’organiser et de déployer une politique adaptée sinon les gouvernements qui sont, normalement, là pour ça?

elysee.1212272805.jpgDepuis longtemps, les gouvernements ont fait des produits pétroliers, notamment du carburant automobile une source de revenus grâce à des taxes élevées (notamment dans la plupart des pays d’Europe et particulièrement en France). Ceci se concevait, dès lors qu’il s’agissait d’un produit bon marché et sans que ceci père de façon exagérée sur l’économie et le budget des ménages. Aujourd’hui, pour nombre de citoyens qui doivent utiliser leur automobile pour aller à leur travail ou s’approvisionner, le carburant est devenu un produit de première nécessité. Il en va de même pour un certain nombre de professions.
L’intelligence consisterait à prendre acte du changement de statut de ce produit et d’adapter en conséquence le système de taxation quitte à redéployer ces taxes vers des produits moins indispensables. Ou sur des produits d’importation qui concurrencent l’économie locale. On constate qu’il n’en est rien. Cette hypothèse est rejetée d’un revers de main par ceux qui nous gouvernent tant les soi-disant bénéfices fiscaux qui en découlent sont séduisants.
C’est ignorer l’impact secondaire, notamment sur le revenu des ménages et la consommation. Dans des pays, comme la France, où le développement est fortement appuyé sur la consommation intérieure, cette attitude est dangereuse.
Dans cette affaire, on constate donc que, pour l’essentiel, les régimes libéraux tenants de l’économie de marché n’ont rien prévu et se laissent aller à la politique du chien crevé au fil de l’eau. Cette absence de volonté, cette impuissance, remet le monde entier entre les mains des dangereuses puissances de l’argent.

Notes d’économie politique 24 – 1er juin 2008