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Dexia : une banque bien tranquille… avant d’être Dexia

L’éditorial du Monde, daté du 6/10/2011, raconte comment était né, en 1987, le Crédit Local de France, banque destinée à financer, les collectivités, départements, régions, communes, etc..
Privatisé, en 1993, par le gouvernement Balladur, l’établissement continue à exercer sa mission avec succès. Mais, avec l’arrivée de l’euro, son directeur Pierre Richard (qui a certainement reçu de gros bonus), se lance dans des opérations de fusion (avec le Crédit Communal de Belgique) puis dans de multiples acquisitions. L’établissement prend un volume considérable avec des filiales aux Pays Bas, en Belgique, en Espagne et aux États-Unis.
Viennent l’affaire des subprimes, en 2008, et des difficultés d’une filiale américaine. Il y a aussi le placement à marche forcée d’emprunts toxiques auprès des collectivités. Dexia est recapitalisée, en 2009, revend cette filiale, mais finit malgré tout, raplapla ces jours-ci.
Si le Crédit Local de France s’était contenté d’exercer ce pour quoi il avait été créé, rien de tout cela ne serait arrivé.

La leçon de ce naufrage est facile à tirer. C’est à la fois la version bancaire de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, et l’inanité de l’illusion de la taille critique. A partir d’un certain volume, plus personne ne contrôle plus rien, a fortiori si l’on s’est lancé dans des métiers différents. C’est ce qui arrive, petit à petit, à tous ces grands groupes (cf. Vivendi, par exemple) qui finissent par vendre à l’encan, pour tenter de se refaire, des entreprises entières, condamnant, au passage, de nombreux salariés à la perte de leur emploi.

Notes d’économie politique 61 – 7 octobre 2011

Le véritable coût de l’écran plat à 1000 euros

Acheter un bien de consommation entièrement fabriqué en Chine n’est, peut-être, qu’une bonne affaire apparente. Certains économistes ayant moins d’œillères que d’autres ont plusieurs fois signalé ce fait. Acheter un bien moins cher parce que fabriqué dans un pays étranger c’est aussi devoir financer, en plus, le coût du chômage en France. Naturellement, ce ne sont pas les mêmes qui payent, ce qui embrouille tout.
Si les écrans plats chinois vendus 1000 euros étaient fabriqués en France, le prix en serait évidemment supérieur, notamment en raison des coûts de la main d’œuvre. Mais comme il s’ensuivrait une diminution du chômage, il se pourrait bien que le solde soit bien différent de ce que l’on croit. Il y a, bien sûr, les allocations chômage. Mais il y a aussi toutes les allocations qui vont avec, allocations familiales, A.P.L., etc.. Il faut aussi ajouter les coûts dérivés : tabagisme, alcoolisme, surendettement, échec scolaire qui sont le fait de familles de chômeurs parties à la dérive.
On ajoutera toutes les aides et niches fiscales destinées à faire créer artificiellement des emplois perfusés par les deniers publics. Ce qui n’est même pas toujours rentable autant qu’on le souhaiterait. L’échec partiel de la réduction de la TVA sur la restauration le montre bien. De fait, il y a une économie de la captation de la subvention avec des effets d’aubaine qui donnent un rendement toujours inférieur aux espérances.
La charge fiscale de ces allocations, aides et subventions, pèse significativement sur les catégories sociales qui n’échappent en aucune façon à l’impôt : pour l’essentiel la classe moyenne des salariés… qui, pour le coup, consomme moins, etc., etc..
Le sommet du scandale se situe dans les délocalisations d’entreprises françaises qui peuvent ainsi augmenter les dividendes des actionnaires tout en faisant peser la charge du chômage subséquent par la collectivité.
En d’autres termes, fournir du travail c’est diminuer le coût du travail et le montant des dépenses sociales dérivées. Il y a bien un ou deux économistes plus soucieux de science que de thèses impressionnistes et approximatives qui pourraient faire ce calcul. Je fais l’hypothèse que c’est rentable de créer des emplois.

Notes d’économie politique 60 – 21 août 2011

Crise : les « marchés » se mordent la queue !

Ah, les « marchés » ! Quelles curieuses bêtes. Voici un exemple de leurs incohérences :
Les marchés voient avec terreur la dette des états augmenter et le risque de ne pas revoir tout l’argent qu’ils on prêtés. Voire qu’on emprunte encore pour assurer le service de la dette. Donc, les marchés attendent la rigueur.
Mais voici que les marchés prennent conscience que la rigueur entraînera une baisse de l’activité économique, voire la récession, l’affreuse récession. Car qui dit rigueur, dit moins d’argent dans les escarcelles et donc moins de dépenses et donc moins d’affaires et donc moins de bénéfices. Et moins pour spéculer. Ah, spéculer ! C’est si bon. Acheter à 4,95 et vendre dix minutes plus tard à 4,99. Vendre à terme des titres qu’on n’a pas.
Et si on mettait un bon coup de rigueur dans les marchés ?
Mais qui osera toucher aux marchés ?

Notes d’économie politique 59 – 20 août 2011

Capitalisme. Libéralisme. La fin ?

Il semble bien que les gouvernants soient à l’affût des nouvelles boursières et des communiqués agences de notation. Or les bourses baissent et les agences baissent leurs notes. Mais qui pourrait affirmer que les bourses soient un bon baromètre des économies ? Personne. Et les exemples anciens montrent bien que les spéculateurs sont d’une versatilité qui n’a d’égale que leur appât du gain. Qui pourrait affirmer que les agences de notation disposent des instruments de mesure fiables et certifiés des économies des chaque pays ? Personne. Ces agences fluctuent selon des critères abscons et dont les qualités métriques sont évidemment contestables.
L’émotion prime sur la raison. Personne ne sait plus où cela conduira. Les états prennent des mesures à tout va dont la principale caractéristique consiste à emprunter davantage et pour plus longtemps. Demain, on rasera évidemment gratis, car les états ont fait trop de dettes et ne pourront rembourser sauf en générant d’autres dettes. Ceci s’appelle de la « cavalerie ». Madoff gouverne le monde !
Et tout un chacun fait semblant d’y croire. Notamment les organismes financiers contraints de prêter davantage pour espérer un jour retrouver une partie de la mise antérieure. Après avoir joué à la roulette russe en se vendant et se revendant des titres sans valeur sur les marchés privés, les banques continuent avec des valeurs du marché public. Ont-elles le moyen de faire autrement ? Probablement pas. Tout état en cessation de paiement cesserait de rembourser aux banques ce qu’il a emprunté à ces mêmes banques. Lesquelles banques, au passage, continuent à faire des profits, à rémunérer ses actionnaires, à payer grassement leurs dirigeants et leurs tenanciers des tables de jeux mondiaux.
Tout cela est donc fictif, bidon, et la véritables mission des banques qui devrait être d’apporter des crédits pour soutenir des projets industriels et commerciaux destinés, entre autre, à générer des emplois, est complètement négligée. Le monde est devenu un immense poker menteur. Mais ce ne seront pas les joueurs qui perdront. Les pertes se concrétiseront sous forme de « rigueur », i.e. baisse du pouvoir d’achat, chômage, catastrophes sociales. Pendant ce temps, les travailleurs ne peuvent que contempler ce bordel mondial, l’angoisse de la perte de l’emploi au ventre. Ils perdront beaucoup. Les banques et les capitalistes, un peu.
Il se peut que le système se plante complètement. Lors les banques et les capitalistes perdront davantage (sauf les lingots d’or et les diamants planqués dans les slips). Les travailleurs perdront tout. « Circulez », dira-t-on, « il n’y a pas de travail. Allez vous inscrire au chômage ! ». Et les états, histoire de distribuer des allocations minables, emprunteront encore et encore. La course au profit effrénée aura conduit au naufrage, en dévastant, au passage, la planète qui ne se relèvera peut-être pas de ce foutoir.
En ce mois d’août 2011, il est évident que le modèle capitaliste libéral est au bout du rouleau et proche de l’agonie, alors que, pendant des décennies et des décennies, une minorité d’individus se sera goinfrée d’enrichissement sans cause. Il est peut-être temps de lire ou relire Marx… et quelques autres.
On dit que de tels désordres trouvent leur issue dans une bonne guerre. Délicieuse perspective.
Par l’élection (peut-être), par la révolution (plus probablement), les peuples doivent donc prendre la main sur leur destin.
Seul le modèle coopératif se présente alors comme une petite chance de salut.
Notes d’économie politique 58 – 5 août 2011

Le libéralisme stupide : la preuve par l’euro

L’euro a été inventé pour se glisser entre l’écorce et l’arbre du libéralisme. Au motif de la mondialisation, on a cherché à inventer quelque chose qui puisse contrebalancer le dollar ou le yen. C’était déjà une entorse au libéralisme qui prônait la libre concurrence entre les entreprises, les états et les monnaies. L’une de ces protections était d’empêcher les dévaluations, soit par les cours du marché, soit par les décisions des états au temps des parités fixes.
Quoique friand de libre concurrence, le libéralisme n’aime pas les fluctuations des monnaies, sauf pour spéculer dessus. Mais on ne peut pas s’enrichir par la simple spéculation des monnaies si elles ne servent pas à vendre ou à acheter. L’euro a donc été inventé pour supprimer les fluctuations des monnaies européennes. La soi-disant Constitution Européenne est d’ailleurs truffée de trucs et de machins destinés à gérer l’économie (et non à définir comme elle le devrait, les fondamentaux de la démocratie européenne).
On a alors fabriqué l’euro en mariant, non seulement la carpe et le lapin,  mais aussi le lièvre et la tortue, soit des économies et des modes de gouvernance économique à des niveaux très différents. La Grèce a toujours vécu sur le déficit et l’inflation, l’Allemagne sur l’équilibre budgétaire et la stabilité (et la solidité) du mark.
Le libéralisme stupide, en inventant l’euro, a modifié pour sa convenance immédiate, certaines règles tout en ne modifiant pas les autres y compris celle qui étaient dépendantes. Naturellement, on a inventé d’autres règles destinées, en même temps, à préserver les précédentes. En clair, les états ne devaient pas générer de déficit au-delà d’un certain seuil que presque personne n’a respecté.
S’ensuivirent les effets de bord.
Alors, on demande aux autres de payer les dettes de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande. Par punition, on a décidé de pressurer les peuples de ces pays. Ces peuples n’y sont pour rien. Les responsables, notamment les gouvernants, vont, naturellement passer au travers. Pourtant, on va diminuer les salaires, augmenter le chômage et la pauvreté.
Personne n’est capable de prévoir les conséquences de ces décisions improvisées et foutraques.
Bien sûr, les peuples n’ont pas été consultés

Notes d’économie politique 57 – 17 juillet 2011

Je suis pour le nucléaire, à certaines conditions

Tout de suite, je sens venir le torrent de reproches, voire d’imprécations. Comment puis-je être pour le nucléaire ?

Je vais exposer un certain nombre d’arguments :

Il est probablement vain de croire que la consommation d’énergie va baisser durant ce siècle. Le nombre d’êtres humains qui vont vouloir profiter des technologies « modernes » est considérable. Sans compter ceux qui vont naître et qui, à leur tour, seront demandeurs. Si l’on ne parvient pas à limiter la population de la terre, et l’on n’est pas parti pour, il sera quasi impossible de maîtriser l’augmentation de la demande d’énergie.

Faute de nucléaire, il faudra donc revenir, pour une part au moins, à des productions traditionnelles, à partir de pétrole, gaz ou charbon. Ces productions génèrent beaucoup de gaz carbonique. Il faudra donc en limiter l’emploi. Sans compter la question de l’épuisement des ressources.

Faute de solutions rapidement alternatives, on devra donc limiter la production de CO2. L’énergie deviendra alors rare et très chère en même temps que la demande augmentera. Cette solution n’étant économiquement et politiquement pas tenable, il n’y a donc pas grand-chose à espérer de ce côté.

Face à cette situation, l’énergie nucléaire est donc « propre », au moins en tant qu’elle ne produit pas de CO2. Elle cesse d’être propre en cas d’accident et au moment du démantèlement. Ces questions peuvent être résolues en faisant le contraire de ce qui se passe actuellement : la production d’énergie nucléaire ne peut être confiée à des opérateurs pour lesquels la recherche de bénéfices est la seule motivation. Le risque nucléaire sera amoindri, sinon anéanti, entre les mains d’organismes contrôlés et certifiés pas des autorités indépendantes, donc probablement nationalisés.

L’expérience doit maintenant permettre de produire de l’énergie nucléaire sans accident. On devrait être admiratif devant la sécurité des systèmes. Seul Tchernobyl a une cause endogène. Fukushima sans tsunami ne serait pas survenu. De toute façon, rien n’est sans risque : on ne doit pas oublier les catastrophes produites par des ruptures de barrages hydrauliques, par exemple.

Le démantèlement peut être anticipé, amélioré, grâce aux connaissances acquises. On peut imaginer des centrales souterraines dont l’enfouissement après décontamination de tout ce qui peut l’être, sera facile.

Rien n’interdit non plus d’imaginer que la recherche puisse faire découvrir comment neutraliser l’émission de radiations.

Produite dans des conditions de sécurité et de démantèlement ainsi définie, l’énergie nucléaire sera de toute façon chère. Mais elle ne produira pas de CO2. C’est cet dernier avantage qui surclasse les centrales au gaz, pétrole et charbon.

De toute façon, il y aura toujours des pays qui choisiront le nucléaire pour des raisons économiques. De façon pragmatique, il sera plus important d’assister ces pays sur les questions de sécurité que de mettre en cause, de façon onéreuse, sa propre production. Autant tourner les crédits correspondants vers la sécurité à l’échelle mondiale.

 

Tout ceci dans une période de transition vers des énergies alternatives dont la durée risque d’être très longue, car il est totalement impossible de prévoir quand ces énergies seront disponibles et assez puissantes pour couvrir tous les besoins. Et c’est seulement à ce moment là, qu’on pourra, peut-être, sortir du nucléaire.

Les énergies alternatives seront elles-mêmes génératrices d’inconvénients qu’on ne peut prévoir. Quid d’une écorce terrestre qui serait privée d’une partie notable de son ensoleillement intercepté par des panneaux de cellules photovoltaïques ? Ou qui serait refroidie par une géothermie intense ? Quid de l’effet sur le climat par des modifications de vents capturés par des milliers d’éoliennes ? …

Il y a enfin la complexité et le coût économique et écologique du stockage dans des batteries contenant des composants  eux-mêmes polluants.

 

Décider aujourd’hui de sortir du nucléaire ou d’y renoncer sans visibilité sur les solutions techniques, dans un environnement demandeur, est donc une fausse bonne solution. Si ce n’est pas une totale ânerie.

Il existe, cependant, une authentique bonne solution. Elle consiste à bloquer, voire faire diminuer la population terrestre. De toute façon, il y aura un moment où cela deviendra inévitable.  Au rythme actuel, il y aura 40 milliards de terriens en 2100 ! 300 milliards un siècle plus tard ! Ce problème est largement plus complexe et plus déterminant que la question de sortir ou non du nucléaire.

On ferait bien de s’en préoccuper.

Consulter:
http://dufoyer.fr/wp-content/uploads/2008/05/27/la-population-de-la-terre-il-y-a-un-probleme/
http://www.populationmondiale.com/

Notes d’économie politique 56 – 15 juin 2011

 

L’illusion comique de la concurrence comme facteur de baisse des prix

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« L’Europe », entendons par là les doctrinaires et les « gouvernants » de cet amas de pays régis par le concordat de notaires dénommé Traité de Lisbonne, sont d’ardents thuriféraires de la libre entreprise et de la libre concurrence. Ce dogme s’applique aussi à ce qu’on a coutume de nommer « services publics », qui peuvent être non rentables, comme la distribution du courrier ou du téléphone dans des régions éloignées ou reculées.

Pour atteindre cet objectif défini par esprit de système, on a privatisé un certain nombre d’entreprises qui apportaient ces services, comme les télécommunications et la fourniture de l’énergie électrique, par exemple, désormais placées sous le régime du profit et de la concurrence. Cette politique perdure. Les transports ferroviaires de passagers devant être prochainement concernés.

Ces société nationalisées ont été vendues à des actionnaires qui se moquent royalement du service offert et souhaitent des dividendes. Ces sociétés, jetées dans le monde de la concurrence sauvage se trouvent alors dans la position pleine de contradictions du domaine privé. Pour prospérer, elles doivent vendre moins cher que les concurrents tout en maintenant un niveau de bénéfices suffisants pour ravir l’actionnaire.

Les premières victimes de cette politique sont les usagers des services publics placés dans des positions atypiques et dont la desserte sera coûteuse. Sur ce point, l’exemple de la téléphonie et d’Internet est tout à fait démonstratif. Aux citadins, le « haut débit », sans qu’il y ait forcément une différence de prix conséquente avec des services bien inférieurs. Du coup, on se retourne vers les collectivités territoriales pour dérouler du câble ou de la fibre optique faisant indirectement augmenter la facture de chacun via l’impôt. Fini le temps de l’égalité des citoyens et faute de services suffisants les zone rurales se dépeuplent quand il faudrait une sérieuse politique d’aménagement du territoire. Le coût des effets pernicieux de cette situation sont renvoyés vers l’impôt qui se trouve alors subventionner les profits des actionnaires.

Mais le plus rémunérateur consiste à maintenir un haut niveau de prix malgré la concurrence… à condition que toutes les parties s’entendent. Ce n’est pas là l’entente entre le petit commerce et le supermarché. Le petit commerce doit être ravagé puis qu’il éloigne le chaland des zones commerciales. Et puis, la lutte est trop inégale. Il s’agit de l’entente entre les « gros ».

Ainsi GDF-Suez et E.On se sont-ils fait prendre. De même France Télécom, Sfr et Bouygues Télécom. Il en est de même pour Procter et Gamble, Henkel et Unilever. Mais Henkel ne fut pas puni pour avoir dénoncé ses camarades.

Les exemples de telles ententes sont nombreux. Même aux U.S.A qui disposent d’un arsenal législatif bien supérieur à celui de l’Europe. C’est d’autant plus facile qu’il y a concentration. Quand on domine à deux ou trois le marché du monde, il n’est pas malaisé de s’entendre. Le but ultime du jeu est que la plus fort ait dévoré tous les autres et qu’il se retrouve seul à pratiquer les prix qu’il veut. En France, après la disparition de TF1 et d’Orange, le marché de la télévision par satellite est totalement entre les mains du groupe Canal Plus – Canal Sat.

Dans un monde vertueux la concurrence serait un facteur de baisse des prix.

Mais le monde n’est pas vertueux.

Notes d’économie politique 55 – 2 mai 2011

Le nucléaire est une affaire trop sérieuse pour être laissé entre les doigts crochus des chercheurs de profit

On doit le choix de la politique nucléaire française à Charles de Gaulle, au nom, essentiellement, de l’indépendance énergétique. La France ne produit pas de pétrole, ou si peu, ne produit plus de gaz, les gisements du Sud-ouest sont épuisés. L’idée de l’indépendance était donc fondée sur le fait que la France produisait de l’uranium en quantité suffisante.

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Ce choix allait de pair avec l’existence du Commissariat à l’Énergie Atomique et Électricité de France. EDF était chargée de la production. EDF était une entreprise nationale dont le seul actionnaire était l’état. L’entreprise avait pour objectif de produire l’électricité au meilleur coût pour l’industrie et la population, de faire des bénéfices pour réinvestir, mais pas de verser des dividendes à ses actionnaires.

La recherche du meilleur coût était donc tempérée par des objectifs industriels, mais aussi et surtout, de sécurité. De tous temps, les centrales françaises ont été des modèles de ce point de vue, ce qui n’a pas empêché des accidents (Saint Laurent des Eaux en 1980, Blayais en 1999) même si ceux-ci n’ont eu que des conséquences « modérées ». Cette société avafukushima-reac-1-2.1300836338.jpgit falsifié des rapports constatant des fissures ou des corrosions. L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, avait indiqué en 2009 que les réacteurs de Fukushima ne pourraient résister à des séismes d’un degré supérieur à 7. Enfin, le 28 février 2011, soit 13 jours avant l’accident, la société TEPCO, indique  à l’Agence Japonaise de Sûreté Nucléaire n’avoir pas contrôlé 33 éléments des six réacteurs de Fukushima-Daiichi (Sce Wikipedia ).

Le 15 juin 1896, un séisme a lieu au large des côtes du Sanriku. Sa magnitude a été estimée à 8,5. Il déclencha un tsunami avec un déferlement  d’une hauteur maximale de 38 mètres, et tua 22 066 personnes. Un autre eut lieu le 2_mars légèrement plus au nord, faisant environ 3 000 victimes causées par le tsunami suite au séisme avec un déferlement estimé à 28,5 m à Ofunato (Sce Wikipedia ).

fukushima-pompiers.1300836219.jpgOn disposait donc de toutes les données historiques pour la construction et la protection de ces centrales : magnitude possible de 8,5, tsunami de 38 mètres. Toute la question est alors : une société nationale aurait-elle pris de tels risques. La réponse n’est assurément pas « non », mais il est évident que l’espérance de profit a contribué à construire une centrale dans un lieu potentiellement dangereux, d’autant plus qu’on sait que les accidents sont principalement liés au tsunami. Il aurait donc suffi de construire cette centrale à une altitude 50 mètres pour que la catastrophe n’arrive pas !

fukushima-reac1.1300836234.jpgL’enseignement de ces évènements est donc bien qu’on minimisera les risques lorsque l’espérance de profit n’est pas le moteur premier de la construction et de l’exploitation. Seules des entreprises nationales peuvent apporter garantie, quoique relative, de sécurité. L’exemple des accidents mortels des transports ferroviaires britanniques après privatisation.

Le processus de privatisation des industries essentielles tel qu’il est soutenu par la Commission Européenne et le parti au pouvoir en France est pernicieux et pernicieux. Ainsi, La Poste, France Télécom, Gaz de France, Électricité de France ont été jetés à l’encan du profit. Il ne reste plus que la S.N.C.F., la R.A.T.P. et quelques bricoles…

Notes d’économie politique 53 – 23 mars 2011

Raison d’être et légitimité des banques

Le Conseil National de la Résistance l’avait bien. L’activité des banques doit rester sous tutelle. C’est la raison pour laquelle le secteur bancaire fut largement nationalisé après la guerre.

Les banques ne sont normalement pas destinées à produire de l’argent. Le rôle des banques est de financer des projets industriels et commerciaux. Les banquent drainent et rémunère l’épargne dispersée pour la rediriger vers des créations ou le fonctionnement des entreprises. L’exemple « sain » de ce processus est le livret des Caisses d’Epargne collectant et rémunérant l’épargne populaire vers la construction de logements sociaux. C’est presque moral, car au passage, le Crédit Foncier qui est l’agent de cette distribution se rémunère un peu trop. Maintenant que toutes les banques peuvent proposer le livret A, il est probable que le logement social en souffrira.

Le sujet du logement social en France, est une excellente illustration de ce que les services bancaires doivent faire. Et il est bien évident que seul l’Etat peut être le garant de ces activités.

Les évènements récents ont démontré, si c’était nécessaire, que le secteur bancaire libéré ne recherche que le profit. Depuis l’affaire Law, il est aussi démontré que tout ceci finit toujours par une banqueroute et que les organismes bancaires ne doivent alors leur sauvetage qu’à l’argent public. Ais l’évolution de ces derniers mois montrent que les évènements n’on pas servi de leçon et que tout est reparti de plus belle et que les rémunérations, bonus et tutti quanti se réveillent de nouveau sans vergogne aucune.

Le monde des banques n’a pas de morale. Raison de plus pour le mettre en tutelle afin qu’il serve l’économie au lieu de la détruire et que tous les citoyens bénéficient par une baisse des impôts des bénéfices engrangés.

Il faut savoir aussi qu’en dehors des traders et autre manipulateurs de cours, nombre de transactions sont automatiques. Depuis que l’activité boursière est totalement informatisée, les ordres sont passés par des ordinateurs, vente ou achats à toute vitesse, même s’il n’y a que des bribes à gagner. Mais des millions de bribes font pas mal d’argent. Il faut savoir aussi, qu’en regard des bénéfices, ces investissements informatiques ont un coût dérisoire. En clair, les banquiers ont installé des machines qui leur font gagner de l’argent sans rien faire sur des achats ou des ventes de valeurs avec de petits écarts de cours, mais portant sur un volume considérable de titres.

Mais au final, pour que les banquiers (et quelques « gros », façon Lagardère ou Bettencourt qui ont le droit de jouer dans la cour des grands) gagnent, il faut bien que quelqu’un perde. C’est rarement une autre banque. Il faut alors dévier une part notable de la richesse produite par les entreprises et les travailleurs. Le modèle économique qui a cours à l’heure actuel ne produira rien de bon jusqu’à la nationalisation des banques. Cette nationalisation présente un caractère d’urgence.

Notes d’économie politique 52 – 11 février 2011

La course au photovoltaïque ou la preuve que l’économie doit être dirigée

Face à l’épuisement attendu des réserves mondiales de pétrole, l’état français a pris des mesures incitatives destinées à favoriser la production d’électricité photovoltaïque par les particuliers : incitations fiscales et fixation du prix de rachat du kilowatt heure par E.D.F.. Les résultats dépassent toutes les prévisions

Ces mesures interventionnistes n’ont pas été pilotées par des nécessités économiques, mais par une politique énergétique de remplacement des ressources fossiles par des ressources solaires. Mais le côté économique a été totalement négligé. Et si l’on s’attendait bien à voir progresser les emplois chez les installateurs, la question de la production des panneaux n’a pas été examinée.

panneaux-solaires.1289665217.jpgConcernant le premier point, on a vu apparaître des installateurs peu qualifiés se précipitant sur l’effet d’aubaine pour faire signer des contrats par les particuliers. Des organismes de crédit se sont impliqués dans la partie et l’on faisait croire que les déductions fiscales et le prix de rachat du kilowatt compenseraient largement les mensualités, ce qui dépend du prix de rachat qui n’est nullement garanti. De plus, la qualité des panneaux et la compétence des installateurs n’étant nullement certifiés, on se trouve déjà devant de nombreux recours, sans compter le nombre de citoyens bernés qui n’oseront déposer plainte à cause d’installations de mauvaise qualité. Aux jours d’aujourd’hui encore, on démarche des clients par téléphone sur la base de données fiscales et d’un prix de rachat dont on sait pertinemment qu’ils vont être modifiés sous peu.

Hormis l’intention écologique vertueuse, le laisser faire qui s’est ensuivi pout les contrats d’installation ne pouvait que conduire à des déboires significatifs pour certains clients. Cette activité professionnelle et les montages financiers auraient dû être soigneusement encadrés et certifiés.

Mais le plus grave est d’avoir laissé importer sans contrôle des composants et de panneaux d’origine chinoise. Du coup les principales retombées vont vers la Chine. Et comme les contraintes de la politique européenne interdisent de taxer l’importation de ces produits, les coûts de production français sont trop élevés. Les bénéfices pour le développement et industriel et l’emploi sont très inférieurs à ce qu’on aurait pu espérer.

Il est probable que les plus grands bénéficiaires de cette politique soient les chinois. Ceci mérite réflexion.

Notes d’économie politique 51 – 3 octobre 2010