Catégorie dans 01-Un monde plein de trous

Non, « Islam » n’est pas un prénom comme les autres

Je me permets de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas à propos du problème posé à la chaîne de télévision Gulli par la sélection pour une émission d’un enfant se prénommant « Islam ».

Islam n’est pas un nom ou un prénom d’une personne. Islam est le nom d’une religion. Ce qui n’est pas la même chose que de prénommer son fils Mohammed ou Jésus ou David. C’est un peu comme si l’on choisissait « Catholique » ou « Protestant ». On ne me fera pas croire que nommer son fils « Islam » n’est pas un acte militant d’affirmation d’appartenance. C’est, naturellement, un droit inaliénable, mais dès lors que ce militantisme est exposé et médiatisé, cette attitude n’est pas laïque.

Au delà des mots, il y a aussi la connotation. Et celle-ci peut varier au cours du temps. Un commentateur disait qu' »Islam » n’est pas différent de « Christian », ce qui est à la fois vrai et faux. D’abord « Christrian » n’est pas littéralement « Chrétien ». Mais, de plus, au fil des temps, la proximité sémantique s’est fortement atténuée dans l’esprit de tout un chacun. Peu de gens savent d’où vient ce prénom. Quand je rencontre une personne qui s’appelle Christian, je ne pense ni au Christ, ni à chrétien. Il n’en est pas de même pour « Islam ». Islam est le nom d’une religion connue de tous et pratiquée. Cette correspondance est exacerbée, de surcroît, par le fait que, dans le monde présent, un certain nombre de fanatiques commettent les plus grands crimes au nom de l’Islam. Ce qui n’est évidemment pas fait pour une simplification sémantique. Quand on prononce Islam, je suis touché par des représentations contradictoires. Tous les musulmans que je connais sont pacifique et tolérants. Mais il y en a d’autres qui ne le sont vraiment pas. Islam est donc un identifiant polysémique, et très contradictoirement !

C’est là, à mon, avis, qu’il y a problème. Car il n’est pas simple, pour les non musulmans, de faire la part entre les qualités certaines de cette religion et les actes effroyables perpétués par certains. De même qu’il a fallu longtemps pour faire la différence entre l’Evangile et les horreurs de la « Sainte » Inquisition.

J’ose présumer que les parents d’Islam sont de bonne foi. Ils le montreront en prenant acte des explications raisonnables qu’on peut leur fournir et les excuses des responsables de la chaîne Gulli qui ne cherchaient probablement pas à les offenser. S’ils devaient, comme on peut le craindre à cause de la plainte et de la médiatisation de cette affaire, profiter de cette situation pour exiger une compensation financière, ils se mettraient dans une position peu conforme avec les principes de la religion qu’ils ont souhaité mettre en avant en prénommant leur fils de cette façon.

Grève au « Monde »: je suis très inquiet

launedumonde.1208213005.jpgJe ne suis pas de ceux qui vont se plaindre. Ne pas recevoir Le Monde demain ne sera pas une catastrophe. Je dis « demain » car mon facteur ne me l’apporte que le lendemain. Vers onze heures. Ce qui fait que je trouve le journal dans ma boîte après que le numéro du lendemain soit paru. Mais ce n’est que moyennement grave. Le Monde est un journal qu’on peut lire avec un peu de retard. Ce n’est pas France-Info !

Et c’est là que cette grève devient un grave symptôme. Naturellement, il est bien possible qu’un bon contrôleur de gestion trouvera que les dépenses du journal pourrait être resserrées. Que tous les journalistes ne sont peut-être pas aussi productifs qu’il le faudrait. Mais c’est le lot de toutes les entreprises. Rien de terrible.

Ce qui est terrible, c’est que la presse de qualité, et je mets dans ce panier tout le groupe, avec Télérama et Courrier International, etc, que cette presse donc ne puisse pas vivre avec une certaine aisance. Peut-être est-il exact que la stratégie de Colombani et du directoire de l’époque n’était pas la bonne. Mais il faut bien noter que toute la presse en prend plein la gueule. Ou plutôt toute la presse qui n’est pas asservie à certains groupes, comme Le Figaro qui est en train de mourir à petit feu. Voyez Libération. Et je ne dirai rien de L’Humanité. Car on a pu critiquer, de façon légitime, l’Huma pour son sectarisme, ce n’est pas l’existence de ce journal qui a mis la démocratie française en péril.

D’ailleurs, j’ai bien l’impression que, depuis que je suis en état de savoir lire, c’est à dire plus d’un demi-siècle, aucun journal n’a mis la démocratie en péril. Et cette liberté de la presse est bien l’une des fondamentales garanties de cette liberté. Inutile que je fasse un dessin. Et l’on me dit que la presse « gratuite » est florissante, financée par la publicité. Il n’y a pas de liberté gratuite. Encore moins si votre vie dépend de quelques annonceurs.

J’ignore si les grévistes du Monde ont tort ou raison. Mais ce qui est certain, c’est que, d’une certaine façon, ils font grève pour la préservation de notre outil d’information et de leur outil de travail. Ils le font, je le crains, dans une indiférence presque générale et, en tout cas, dans l’indifférence des pouvoirs publics. Et, quand je pense à tous les démocrates qui, depuis la Révolution Française, se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour la liberté, au premier rang de laquelle se trouvait la liberté de la presse, j’en suis à la fois révolté et consterné.

Besson et le numérique

besson.1179506772.jpgJ’entends, ce matin, Eric Besson qui justifie sa « mission » de Secrétaire d’État à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie numérique (Ouf !). Il déclare notamment en poncif bien éculé que « la France ne doit pas rater le tournant du numérique ». Ou bien il ne croit pas ce qu’il dit, mais il faut bien qu’il justifie son emploi, ou bien il y croit et alors c’est un aveu d’ignorance voire d’incompétence.

La France n’a jamais raté le tournant du numérique. Bien avant d’autres, France Télécom, alors entreprise publique, a déployé des centaines, des milliers de kilomètres de fibre optique, bien avant bien d’autres pays européens. C’est devenu en téléphonie un superbe réseau numérique (« Numeris ») déployé sur le réseau physique nommé « Transpac ».

La seule erreur commise a été « d’inventer » le Minitel. Cet outil, déployé bien avant que d’autres pays ne disposent de l’équivalent pour le public, était un outil numérique. Son défaut a été de rendre des services (depuis combien d’années peut-on commander un billet de train par Minitel ?), pendant que d’autres qui n’en disposaient pas, déployaient Internet. Comme le Minitel rendait bien des services, le besoin d’Internet ne s’est pas autant fait sentir qu’ailleurs. C’est à ce moment que nos ministres qui n’y connaissaient rien se gargarisaient des « autoroutes de l’information ».

Puis Internet est venu. Un peu plus tard qu’ailleurs, il est vrai, mais le retard a été vite rattrapé au point que les Français se classent maintenant parmi les premiers.

Quant aux applications, qu’Eric Besson ne se casse pas la tête. Notre savoir faire vaut bien celui des autres.

Il ne reste plus à notre Judas qu’à faire dérouler encore plus de fibre pour que tous les usagers disposent d’un authentique haut débit.

Roule…

La flamme olympique est désormais le symbole de l’oppression

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La flamme olympique est devenue le symbole de l’oppression. Il va falloir aujourd’hui, dans Paris, 3000 policiers pour la protéger sur 27 kilomètres, soit plus d’un policier tous les 10 mètres. Seule l’opression a besoin de tant de policiers pour la mettre hors de portée du peuple. Mais les apparences sont trompeuses. La flamme olympique s’est éteinte. Depuis longtemps.

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Sur la question de l’envoi de soldats français en Afghanistan et le refus d’un vote par l’Assemblée Nationale

afgha.1207179410.jpgLa manière pour le moins triviale avec laquelle il a été répondu aux questions des députés de l’opposition, comme de certains députés de la majorité, d’ailleurs, mérite quelques commentaires.

Ce n’est pas un fait nouveau sous la cinquième république. La représentation nationale a presque tout le temps été éloignée des questions militaires, notamment de celles qui auraient pu dépendre, à tort, d’un « domaine réservé » du Président de la République. Cette habitude date de loin puisqu’elle fut initiée par le général de Gaulle lui-même pour qui toute la politique internationale dépendait de sa sphère privative. Cet état de fait n’est pas démocratique. Même aux U.S.A., pays dans lequel le pouvoir présidentiel est fort sur les questions internationales, le chef de l’exécutif doit rendre compte. Depuis le début de l’intervention en Irak, Geores W. Bush a dû, à plusieurs reprises, s’adresser au Congrès américain pour pouvoir disposer des fonds nécessaires. Il a donc fallu donner quelques explications, au moins assez pour permettre un débat public.

En France, voici que Nicolas Sarkozy semble vouloir décider seul de l’envoi d’un contingent supplémentaire d’un millier de militaires en Afghanistan, mission périlleuse et dangereuse où la vie des intéressée sera exposée comme elle l’est déjà pour ceux qui se trouvent là-bas. Déjà, dans l’affaire de la Bosnie, la question s’était fortement posée. Et si la légitimité de l’intervention n’était guère contestée, la nature de la mission a maintes fois été source de questions dans la mesure où les instructions des forces de l’O.N.U. ne permettaient pas d’empêcher certains massacres ou débuts de génocide.

A la lumière de cette expérience, il est donc tout à fait légitime que la représentation nationale souhaite examiner, de façon approfondie, la légitimité de l’envoi d’un nouveau contingent en Asie. C’est donc lui faire injure que de refuser un tel débat avec vote. Même si l’on peut dire que certaines habitudes du passé n’étaient pas aussi exigeantes, c’est tant mieux que les choses changent.

Naturellement, immédiatement la majorité a pris la mouche et, au lieu de prendre acte de la légitimité de la demande et de mettre en place une méthode de réponse à la question, s’est répandu dans des considérations périphériques. Sarkozy qui se présentait comme un homme de rupture, aurait dû accepter aussitôt sans attendre le dépôt d’une motion de censure quitte à mettre en place, si nécessaire, quelques réunions à huis clos si la sécurité l’imposait. Mais il semble, sur ce sujet aussi, que la « rupture » n’aut été qu’une formule de propagande électorale.

Lire l’analyse parue sur Rue89, le 9 février .

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou« .

Arche de Zoé: le scandale de la grâce

enfantaffame.1206979009.jpgQuand je lis les réactions sur lemonde.fr à propos de la grâce des protagonistes de l’affaire de l’Arche de Zoé, je suis réconforté. Presque tous les commentaires sont défavorables à cette mesure. Car voilà des gens qui ont quand même contrevenu à des lois aussi bien françaises que tchadiennes. En seul droit français, ils ont procédé à des enlèvements ! Sans compter ce qu’ils doivent à toutes les familles auxquelles on avait fait miroiter des adoptions. L’excuse de naïveté a quand même ses limites.

J’ajouterai même que le fait de vouloir s’affranchir de toutes les règles qu’observent, par ailleurs, avec une légitime prudence, les O.N.G. implantées localement, témoigne quand même d’un certains mépris y compris envers les peuples africains. Sans compter ce qu’aura coûté leur délirante expédition, tant en euros, qu’en dollars, qu’en réputation des organisations qui travaillent sur place. Il se sont comportés vis à vis de l’Afrique rien moins que comme de vils et stupides colonisateurs.

On espère que le Président de la république Française n’ajoutera pas sa grâce à celle du Président Tchadien. De toute façon, ces personnages sont, en France, sous le coup d’une inculpation d’enlèvement ou d’exfiltration de mineurs dont on peut légitimement espérer qu’ils en rendront compte.

On craint, par ailleurs, que dans son enthousiasme libérateur, Nicolas Sarkozy n’ait commis quelques bévues diplomatiques dont les conséquences sont perceptibles, mais non point toutes révélées. Ces énergumènes se sont crûs beaucoup plus forts que les lois. Sarkozy, en se disant à l’époque prêt à aller les chercher lui même, s’est aussi imaginé plus fort. Tout cela n’est vraiment pas malin !

Crise: faire payer les salariés… toujours

peyrelevade.1206873271.jpgJ’entends à l’instant les propos de Jean Peyrelevade sur France Info. Hormis le fait que ce digne « spécialiste » a coûté une fortune au contribuable français dans l’affaire du Crédit Lyonnais, voici qu’on l’interroge sur les « solutions pour sortir de la crise ». Et voici que cet homme ne trouve rien de mieux à imaginer que d’éteindre les déficits de l’assurance maladie et de l’assurance vieillesse par une augmentation des cotisations sociales. Pas un instant ne l’effleure l’idée qu’on pourrait taxer bien d’autre profits, notamment les profits boursiers ou les profits nés de la vente des stock-options. La seule chose qu’il imagine, c’est de prélever, une fois de plus sur les salaires.

C’est comme la « journée de solidarité », feu lundi de Pentecôte travaillé. Personne n’a imaginé faire porter la charge sur les bénéfices industriels et commerciaux.

Carla dévêtue: désespérant !!!

Il y a quelques semaines, le 19 décembre pour être précis, j’ai publié un article sur ce blog même, intitulé « Carla Bruni nue ». Pour l’essentiel, je faisais essentiellement référence à cette nouveauté française, sachant que jusqu’à présent, « Claude nue », « Anne Aymone nue », « Danielle nue », « Bernadette nue » étaient des requêtes qui ne donnaient aucun résultat sur Google. Et cela vient de changer. A tout hasard, j’avais donné ce titre, pour créer un bruit, du « buzz », comme on dit. Soucieux, quand même d’un peu de dignité, j’avais juste donné l’adresse d’un site qui montrait diverses photos de Madame Bruni, lors des activités de sa profession de mannequin, dont certaines peu vêtues.

J’imaginais qu’on en sourirait un moment, comme d’une bonne plaisanterie de bistrot. C’était une curiosité. C’était aussi une manière de dire que, compte tenu des antécédents de la dame, il n’était peut-être pas indispensable qu’on expose trop la liaison avec son compagnon d’alors. Nous savons bien comment les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy ont trouvé des arrangements avec cet ordre qu’on peut bien qualifier d’hypocrite et de bourgeois. Et même, si je pense sincèrement qu’on doit laisser tout un chacun bien libre de ses actes, je pense aussi qu’il n’est pas indispensable d’en faire forcément publicité.

Disons que je n’avais rien à dire de la bonne fortune de Monsieur Sarkozy, sauf l’exhibition d’une passion subite, après des va et vient publics à propos de sa conjointe légitime. Disons que tout cela aurait bien mérité de rester dans la sphère privée.

A la provocation de l’exhibition, je répondais donc par un article provoquant.

Curieusement, la chose passa inaperçue. Ma foi, tant mieux. Sauf que, vers le début du mois de février, je constatai une augmentation forte des consultations de cette page. Je retirai donc le lien et apposait ce commentaire, le 14 février:

« P.S.: Il y a sur ce blog plein d’autres choses intéressantes à lire ! »

Depuis les connexions à cette page étaient redevenues calmes, une centaine par jour, sauf qu’aujourd’hui, j’en suis à 624 connexions dont 556 sur cette page même. Ce qui au passage me désespère, car peu de lecteurs ont pris la peine de s’intéresser à la chronique sur mai 1968, que je suis en train de publier, chapitre par chapitre en d’autres points !

Me voici très attristé ! Oh, je suis bien persuadé qu’on ne changera pas la nature humaine. Mais je me sens troublé d’avoir manipulé de façon tout à fait involontaire, ce que je voyais comme une blague de potache et qui prend maintenant une ampleur… que je n’avais pas prévu. Je ne m’en sens pas coupable. Il y a bien d’autres sites où l’on est bien moins réservé. Il n’ y a lire le Daily Mail de ce soir !

Je me demande simplement si Nicolas Sarkozy qui se trouve être aussi le Président de la République Française a bien mesuré, dans sa relation amoureuse adolescente et publique, l’impact mondial de ces circonstances. Il va traîner tout cela pendant tout son quinquennat. Il ne pourra se rendre nulle part dans le monde sans être chassé par des dizaines de paparazzi qui ne s’intéresseront qu’à cela. Et je me prends à imaginer le pire. Que cette passion bien soudainement enflammées ne s’éteigne aussi vite, car on dit que Madame est un peu coutumière du fait.

Qu’adviendra-t-il ?

La nuit du Fouquet’s (6 mai 2007)

fouquets.1206234512.jpgJe viens de lire la moitié de La Nuit du Fouquet’s d’Ariane Chemin et Judith Perrignon, avant de m’endormir. A vrai dire, je me suis bien endormi, mais je me suis trouvé éveillé deux heures plus tard, la tête pleine de ce récit. J’ignorais que tout cela avait été prémédité et, comme on avait beaucoup fait état des invités « people » comme Johnny Halliday, Jean Reno et Christian Clavier, j’ignorais que se trouvait là aussi toute la clique de cette centaine de personnages qui, à eux seuls, possèdent la richesse de la France: les Bolloré, Arnault, Dassault, Lagardère, Bouygues, et tutti quanti. Ils étaient tous là pour faire allégeance à ce petit personnage qui saura bien le leur rendre.

En lisant l’histoire de cette nuit, je repensais à l’histoire de cette femme qu’on m’avait contée quelques heures auparavant. Accident de voiture en rentrant du travail. Soins et soins alternant avec des périodes de travail. Elle a neuf cents euros par mois, avec un peu d’allocations, bien sûr, et un peu d’A.P.L., bien sûr aussi. Trente euros par jour, même pas le prix d’une bouteille de Champagne au Fouquet’s. Peut-être le prix d’une flûte que les invités abandonnent à moitié bue sur le coin d’une table.

Combien de journées de travailleur ont été bues et mangées ce soir-là ? Comment qualifier une société dans laquelle existe une telle débauche d’argent ostentatoire? Et comment qualifier ceux qui en sont les gouvernants ?

La crise: capitalisme et libéralisme coupables

caissevide2.1206056180.jpgIl y a un certain nombre d’années, un ouvrage de François de Closets, intitulé « Toujours Plus« , avait provoqué un certaine émotion : il s’en prenait notamment aux syndicats et à leur clientèle habituelle, les fonctionnaires, par exemple, qui ne cessaient de vouloir s’attribuer des avantages, toujours plus nombreux et plus importants. D’autres prétendus parasites faisaient l’objet de ces mêmes analyses critiques, en fait, tout ce qui touchait, de près ou de loin, aux services publics: transports, radio-télévision, etc.

Aujourd’hui, « Toujours Plus » se rapporte au système bancaire et boursier international. Ces organismes avides n’ont de cesse de toujours vouloir engranger de plus en plus d’argent, leurs actionnaires de toujours vouloir des dividendes plus élevés, leurs dirigeants de toujours vouloir des rémunérations de plus en plus élevées. Hier encore, un « trader » pouvait jouer avec des instruments financiers auxquels 99% des citoyens ne comprennent rien et générer des profits sans cause simplement parce qu’on peut acheter quelque chose d’immatériel d’un côté du monde et le revendre plus cher deux heurs plus tard de l’autre côté. Et de s’acharner à acheter et vendre sans cesse des certificats financiers pour générer des bénéfices avec des commissions que se partagent, au passage, une palanquée d’intermédiaires et de courtiers dont le seul service est de recopier des ordres pendant que les traders sont déjà occupés à autre chose. Que de gens occupés, sur toutes les places financière du monde entier à acheter et vendre et revendre et acheter encore juste pour spéculer sans apporter la moindre plus-value aux peuples du monde !

Espérant encore gagner beaucoup et davantage et plus encore, les banques américaines ont prêté à tour de bras de l’argent à des emprunteurs dont la solvabilité était très improbable. Puis elles ont revendu le risque à d’autres banques qui ont acheté sans vraiment réfléchir tant l’appât du gain était puissant, alors qu’elles auraient pu investir dans des activités plus utiles: recherche et developpement, construction d’habitations pour les plus démunis, que sais-je encore, sans forcément prendre plus de risques ! Mais il faut croire que c’est tellement plus amusant de jouer dans cette loterie.

C’est comme l’affaire dite de la Société Générale. Un guignol gonflé de son importance qu’on a laissé enfler au point de se croire invincible parce que ses premières armes avait été bien profitables. Des supérieurs du guignol qui le laissent prendre des risques immodérés et irréguliers en regard de la latitude qu’on lui avait donné. Des supérieurs, donc, qui ne disent rien tant que le guignol fait du gras et du très gras. Puis vient le moment où le guignol, comme la grenouille de la fable, explose pour avoir pété trop haut.

Alors les banquiers se retrouvent dans une grosse merde et, après avoir, malgré tout, bien servi leurs actionnaires en dividendes, se mettent à tendre la main. La morale aurait voulu que les actionnaires se servent la ceinture. Voire qu’ils remettent la main au portefeuille.

logo-maif.1206056392.gifNote >> Quand la société mutuelle d’assurance dont je suis sociétaire se trouve devant une situation financière grave, elle demande à ses membres d’apporter une contribution. <<

Mais là, non. Les actionnaires touchent leurs dividendes et peuvent se désintéresser totalement des comptes de la société. Alors les banques se tournent vers les autres banques pour qu’elles prêtent. Mais les autres banques sont elles aussi dans la merde. Où alors, elles ne sont pas folles au point de prêter à des confrères dont la solvabilité est incertaine.

Le phénomène dépasse le cercle des banques. Pour arrondir leurs fins de mois ou pour combler leurs actionnaires, les entreprises ont été tentées de faire fructifier leur trésorerie sur le marché des outils financiers. Certaines, d’ailleurs, en raison de la cherté de leurs coûts de production, ne doivent leur santé, toute relative, qu’à ces manipulations. Elles ont été d’autant plus tentées que leurs banquiers se sont faits forts de leur présenter de mirobolants placements tels que les « swaps » qui, au final, se révèlent une formidable loterie (un « poker » dit une personne informée de ma connaissance) qui ne repose sur aucun des critères usuels du marché puisqu’il ne s’agit que « d’échanges de flux d’intérêts » !

Voici donc comment on pose les bases d’incidents monétaires majeurs. Et puis, simultanément, le prix du pétrole et de l’or montent quasi-mécaniquement, avec un coup de pouce spéculatif pour faire bonne mesure. Les sociétés pétrolières sont ravies. Elle vont faire du gras et les actionnaires seront bien joufflu. Mais elles vont aussi trouver, comme lors de la dernère « crise pétrolière » des fonds pour prospecter là où c’est difficile et onéreux.

Et puis, à 150 $ le barril, on pourra exploiter le pétrole dans les sables bitumineux ou dans les chiottes au lieu de dépenser tout cet argent pour investir vers des énergies moins productrices de CO2.

caissevide.1206056235.jpgEn même temps, les Etats Unis, gouvernés par un égoïste crétin, laissent filer la valeur du dollar pour favoriser leurs exportations, ce qui finit par produire une dévaluation de facto, et sévère. Alors cela devient une « crise« . C’est une crise qui montre bien le ridicule des manières capitalistes, car subitement, comme il n’y a plus d’argent pour acheter, ce qui valait hier 100 $ n’en vaut plus qu’un. La valeur des choses est élastique. L’argent se fait rare. Où est-il donc passé ? Ou est-ce à dire que tout cet argent qui circulait avant n’était que fausse monnaie ? Car si l’argent disponible est rare, c’est que les bas de laine sont remplis. Et pourtant les bas de laine sont vides. Voilà que je peux acheter une banque en faillite pour une poignée de dollars. Et on me dit que c’est bien moins que ce qu’elle vaut en réalité. C’est dire tout le côté bidon de tous ces mic-macs monétaires. Contrairement à ce que l’on croît, il semblerait que la maxime « rien ne se perd, rien ne se crée » n’est pas de Lavoisier mais d’Anaxagore de Clazomènes, mais de toute façon, elle ne se rapporte pas à la masse monétaire.

Alors les banques se tournent vers la puissance publiques selon le bon principe de la privatisation des profits et de la nationalisation des pertes.

Si les banques centrales s’y collent, alors ce sera l’argent des petits, des travailleurs, des salariés, des employés, de tous ces pauvres qui en demandent « Toujours Plus » et payent l’iompôt sur le revenu, la taxe foncière, la taxe d’habitation, la T.V.A, et la taxe sur les produits pétroliers, sans compter les taxes sur les cartes grises, les passeports et tutti quanti. Aujourd’hui la FED semble ne se laisser aller que sur les taux d’intérêts. Mais la France avait déjà montré l’exemple du communisto-libéralisme en pillant 130 milliards dans le Trésor Public pour renflouer le Crédit Lyonnais. Ce qui fait 26 unités-Bouton , selon la nouvelle échelle « métrique » proposée cette semaine par le Canard Enchaîné en références aux pertes récentes de la Société Générale.

Il ne fait aucun doute, qu’à un certain moment, l’argent public va « dépanner » ces messieurs et dames. On aurait pu penser que lorsque le Trésor a épongé les dettes du Crédit Lyonnais, on aurait, en compensation, vidé les poches des gras responsables et qu’on aurait nationalisé ladite banque pour qu’au moins, le Trésor touche les dividendes de sa mise.

En réalité, le libéralisme est une méthode de gestion qui permet la nationalisation instantanée et immédiatement réversible quand les pertes son abyssales.

Je n’ai pas besoin de dresser le tableau des conséquences de la cette crise. Des millions de personnes qui n’en sont absolument pas responsables en seront directement ou indirectement les victimes ( dépôts de bilan, délocalisations, licenciements, chômage,…) alors que ce sont ceux-là même qui, avec leur pauvre épargne et toutes les taxes payées, auront financé le sauvetage de tous ces riches soit-disant responsables.

Le capitalisme et le libéralisme sont coupables.

Condamnons-les !