Non, « Islam » n’est pas un prénom comme les autres

Non, « Islam » n’est pas un prénom comme les autres

Je me permets de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas à propos du problème posé à la chaîne de télévision Gulli par la sélection pour une émission d’un enfant se prénommant « Islam ».

Islam n’est pas un nom ou un prénom d’une personne. Islam est le nom d’une religion. Ce qui n’est pas la même chose que de prénommer son fils Mohammed ou Jésus ou David. C’est un peu comme si l’on choisissait « Catholique » ou « Protestant ». On ne me fera pas croire que nommer son fils « Islam » n’est pas un acte militant d’affirmation d’appartenance. C’est, naturellement, un droit inaliénable, mais dès lors que ce militantisme est exposé et médiatisé, cette attitude n’est pas laïque.

Au delà des mots, il y a aussi la connotation. Et celle-ci peut varier au cours du temps. Un commentateur disait qu' »Islam » n’est pas différent de « Christian », ce qui est à la fois vrai et faux. D’abord « Christrian » n’est pas littéralement « Chrétien ». Mais, de plus, au fil des temps, la proximité sémantique s’est fortement atténuée dans l’esprit de tout un chacun. Peu de gens savent d’où vient ce prénom. Quand je rencontre une personne qui s’appelle Christian, je ne pense ni au Christ, ni à chrétien. Il n’en est pas de même pour « Islam ». Islam est le nom d’une religion connue de tous et pratiquée. Cette correspondance est exacerbée, de surcroît, par le fait que, dans le monde présent, un certain nombre de fanatiques commettent les plus grands crimes au nom de l’Islam. Ce qui n’est évidemment pas fait pour une simplification sémantique. Quand on prononce Islam, je suis touché par des représentations contradictoires. Tous les musulmans que je connais sont pacifique et tolérants. Mais il y en a d’autres qui ne le sont vraiment pas. Islam est donc un identifiant polysémique, et très contradictoirement !

C’est là, à mon, avis, qu’il y a problème. Car il n’est pas simple, pour les non musulmans, de faire la part entre les qualités certaines de cette religion et les actes effroyables perpétués par certains. De même qu’il a fallu longtemps pour faire la différence entre l’Evangile et les horreurs de la « Sainte » Inquisition.

J’ose présumer que les parents d’Islam sont de bonne foi. Ils le montreront en prenant acte des explications raisonnables qu’on peut leur fournir et les excuses des responsables de la chaîne Gulli qui ne cherchaient probablement pas à les offenser. S’ils devaient, comme on peut le craindre à cause de la plainte et de la médiatisation de cette affaire, profiter de cette situation pour exiger une compensation financière, ils se mettraient dans une position peu conforme avec les principes de la religion qu’ils ont souhaité mettre en avant en prénommant leur fils de cette façon.

Bakounine