Grève au « Monde »: je suis très inquiet

Grève au « Monde »: je suis très inquiet

launedumonde.1208213005.jpgJe ne suis pas de ceux qui vont se plaindre. Ne pas recevoir Le Monde demain ne sera pas une catastrophe. Je dis « demain » car mon facteur ne me l’apporte que le lendemain. Vers onze heures. Ce qui fait que je trouve le journal dans ma boîte après que le numéro du lendemain soit paru. Mais ce n’est que moyennement grave. Le Monde est un journal qu’on peut lire avec un peu de retard. Ce n’est pas France-Info !

Et c’est là que cette grève devient un grave symptôme. Naturellement, il est bien possible qu’un bon contrôleur de gestion trouvera que les dépenses du journal pourrait être resserrées. Que tous les journalistes ne sont peut-être pas aussi productifs qu’il le faudrait. Mais c’est le lot de toutes les entreprises. Rien de terrible.

Ce qui est terrible, c’est que la presse de qualité, et je mets dans ce panier tout le groupe, avec Télérama et Courrier International, etc, que cette presse donc ne puisse pas vivre avec une certaine aisance. Peut-être est-il exact que la stratégie de Colombani et du directoire de l’époque n’était pas la bonne. Mais il faut bien noter que toute la presse en prend plein la gueule. Ou plutôt toute la presse qui n’est pas asservie à certains groupes, comme Le Figaro qui est en train de mourir à petit feu. Voyez Libération. Et je ne dirai rien de L’Humanité. Car on a pu critiquer, de façon légitime, l’Huma pour son sectarisme, ce n’est pas l’existence de ce journal qui a mis la démocratie française en péril.

D’ailleurs, j’ai bien l’impression que, depuis que je suis en état de savoir lire, c’est à dire plus d’un demi-siècle, aucun journal n’a mis la démocratie en péril. Et cette liberté de la presse est bien l’une des fondamentales garanties de cette liberté. Inutile que je fasse un dessin. Et l’on me dit que la presse « gratuite » est florissante, financée par la publicité. Il n’y a pas de liberté gratuite. Encore moins si votre vie dépend de quelques annonceurs.

J’ignore si les grévistes du Monde ont tort ou raison. Mais ce qui est certain, c’est que, d’une certaine façon, ils font grève pour la préservation de notre outil d’information et de leur outil de travail. Ils le font, je le crains, dans une indiférence presque générale et, en tout cas, dans l’indifférence des pouvoirs publics. Et, quand je pense à tous les démocrates qui, depuis la Révolution Française, se sont battus, parfois au prix de leur vie, pour la liberté, au premier rang de laquelle se trouvait la liberté de la presse, j’en suis à la fois révolté et consterné.

Bakounine

1 commentaire pour l’instant

Michael Palatan Publié le7h57 - 15 avril 2008

Reconvertissez vous au net aurais-je envie de dire aux journalistes du Monde et d’ailleurs… Inventez autre chose… Tout le monde est dans la merde aujourd’hui et ça va durer… Alors…