Catégorie dans 02-Notes d’économie politique

« Union Méditerranéenne » : est-ce une bonne idée ?

Je ne sais pas si l’idée de « l’Union Méditerranéenne » est de Sarkozy. Cela n’a d’ailleurs qu’une importance secondaire, puisqu’il la porte. mais est-ce une bonne idée ?

Si l’on regarde l’expérience de l’Union Européenne, on peut effectivement être tenté d’y voir un facteur de paix.

En 1957, soit seulement 12 ans après la fin de la guerre, les trois pays unis du Bénélux, la France et l’Italie signèrent le Traité de Rome qui fonda la Communauté Économique Européenne. Parmi les six, deux d’entre eux avaient porté la guerre en Europe. Et l’un d’entre eux, l’Allemagne, avait laissé des traces incurables. Et pourtant ces six nations décidaient de s’unir, à la fois pour se développer économiquement face aux hégémonies américaines et soviétiques etaussi pour créer une force politique avec laquelle il faudrait compter. Et, en décidant d’interpénétrer peu à peu leurs économies, ces six nations se mettaient, de facto, en position d’alliés. La suite a montré que ce pari était loin d’être stupide.

Rien de ressemblant avec ce que pourraient être les conditions de la naissance d’une « Union Méditerranéenne ».

Les obstacles sont en effet gigantesque. Il y a là des pays qui furent colonisateurs et d’autres qui furent colonisés. Il y a des pays riches et des pays pauvres. Il y a des pays démocratiques et d’autres qui sont bien loin de l’être. On y parle une dizaine de langues et combien de dialectes ! Il y a des pays en majorités chrétiens et des pays en majorité musulmans. Il y a le cas particulier d’Israël. Il y a ceux qui ont la bombe atomique et ceux qui ne l’ont pas. Il y a des pays qui sont ou ont été récemment en guerre plus ou moins ouverte les uns avec les autres.

Quand on réfléchit un peu, le plus petit commun multiple est ridiculement voisin de rien du tout. On peut presque affirmer que seul le fait d’être pays riverains de la même mer est le seul trait commun. Et pourtant cette région fut le berceau d’une civilisation. L’histoire ancienne qu’on nous a apprise nous a conduit de Marseille à Rome, de Rome à Athènes, d’Athènes à Troie, de Troie à Carthage, de Carthage à Alexandrie.

L’un des obstacles majeurs est probablement politique et, au delà, constitutionnel et institutionnel. Il m’est arrivé de poser la question de ce que serait devenue l’Algérie si elle ne s’était pas écartée de la France. Imaginons qu’elle en soit devenue une région dont on aurait fait disparaître toute trace de colonialisme, où l’on aurait, naturellement, mis en place des institutions aussi démocratiques qu’en France et où l’on aurait fait bénéficier tout le peuple de l’immense retombée de l’exploitation des richesses naturelles et d’une agriculture potentiellement très productive. J’ai des amis arabes qui me disent que, de toute façon, c’est un rêve, car il y a le passé colonial. Mais quel passé ne peut être rangé aux archives de l’histoire. En douze années seulement, les français qui avaient été victimes des SS, de la gestapo et des camps nazis, on trouvé la force de signer un traité avec l’Allemagne. En 1957, les « fondateurs » de l’Europe n’étaient pas forcément très populaires. Mais dès lors que les institutions des deux pays étaient devenues comparablement démocratiques, les obstacles pouvaient être surmontés.

Tous les pays riverains du nord de la Méditerranée ont désormais des institutions démocratiques. Tous les pays du sud, sauf Israël (mais qui est une pière rapportée, qu’on le veuille ou non) n’en ont pas. Ou presque pas. La Turquie qui vent rejoindre l’Europe est encore bien imparfaite de ce point de vue.

L’Europe du Nord a fait son ménage. Après avoir viré Hitler et Mussolini, elle s’est débarrassée des institutions de Franco et Salazar, des colonels grecs et des dictateurs yougoslaves.

Il est malheureusement probable qu’un tel ménage soit indispensable dans tous les pays du rivage sud pour que l’Union Méditerranéenne prenne son sens. Il y a encore du chemin à parcourir.

mediterrannee.1210283642.jpg

Cliquez sur l’image pour tout voir

Notes d’économie politique 20 – 8 mai 2008

Crise économique : l’impuissance des instances de gouvernement et de régulation.

Voilà qui est pour le moins ahurissant.

La recherche médicale, depuis des siècles, fait progresser les connaissances et les méthodes de soin. Mieux, elle fait croître l’espérance de vie de façon très sensible.

La recherche aéronautique, puis spatiale, permet aux hommes d’explorer l’espace, et, mieux encore, a permis à des êtres humains de fouler le sol de la Lune. Et l’on espère, dans peu de décennies, fouler celui de Mars.

La recherche agronomique a permis de développer les cultures et la productivité agricole.En même temps, on a développé l’élevage et la pêche pour produire en quantité à moindre coût pour satisfaire les besoins des peuples de la Terre. Ainsi les grandes famines ont disparu et pourraient ne jamais revenir car aucun obstacle scientifique ne s’y oppose.

La recherche et le développement industriel ont permis de réaliser toutes sortes d’objets pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie ou de travail ou de soin. On a pu inventer la machine à laver, la télévision, l’automobile, mais aussi le scanner. Les peuples du monde disposent désormais d’une grande quantité d’objets techniques pour leur vie quotidienne et leurs loisirs. Il n’y a pourtant pas si longtemps que les hommes et les femmes ne devaient qu’aux cheminées à bois de moins souffrir du froid en hiver.

Et je pourrais continuer, sur des lignes et des lignes, d’énumérer ce qui, depuis ne serait-ce qu’un siécle et demi, a été inventé et développé pour faciliter la vie sur la planète. Les humains se sont appropriés le savoir et sont capables d’agir et de contrôler des situations, des phénomènes, voire des éléments naturels, au prix même de certains excès.

C’est pour cela que je trouve ahurissant ce qu’on dit à propos de la crise économique.

Cette crise est présentée comme un évènement fortuit et peu contrôlable, sinon à la marge. Les gouvernements s’avèrent impuissants. Les banques centrales n’arrivent pas à maîtriser ce qui se passe. Et voici qu’un peuple qui a tout inventé depuis la machine à café jusqu’aux vaccins, qui sait fabriquer et poser une prothèse de hanche, qui fait transiter nos informations à la vitesse de la lumière, qui parvient à maîtriser et faire muter le patrimoine génétique de certaines plantes, se trouve comme le chien crevé au fil de l’eau lorsqu’il s’agit de faire face à la crise des « subprimes » et des stupides conséquences qui en dérivent.

Ce peuple en serait évidemment capable. Mais il ne le veut pas. Ou plutôt les gouvernants n’en veulent pas. Car il faudrait faire entorse au sacro-saints principes du libéralisme.

Quel vaccin auraît pu produire le libéralisme médical ?

N’est-il pas temps, enfin, de faire cesser cette abominable et stupide doctrine. Les hommes et les femmes doivent réguler et prendre en main les mouvements des capitaux et leur emploi comme interdire toute spéculation qui n’apporte rien au bien être de tout un chacun. C’est assez de cette exception délétère et criminelle. Les travailleurs qui, avec leurs mains, ou leurs crayons, ou leurs outils, ou leur intelligence, produisent la richesse ne doivent plus être exposés à de tels évènements.

Seule l’économie coopérative administrée permettra de réaliser cet objectif.

Dans le Familistère de Guise, l’organisation de la vie matérielle et sociale était construite et réelle, tout en laissant à l’esprit la plus grande liberté que la peur du lendemain ne venait pas ternir.

Construisons toutes sortes de familistères !

 

familistere.1210200671.jpg

Notes d’économie politique 19 – 8 mai 2008

Le transport aérien des U.S.A. victime du libéralisme

Le transport aérien des U.S.A. est dans le rouge. Très rouge. Toutes les compagnies depuis que la loi de la libre concurrence est devenue le principal moteur économique. Et de la concurrence, il y en eût. Il y en eût et il y en a tant que toutes les compagnies perdent de l’argent avec pour corollaire une qualité de service médiocre, des retards, des annulations, une flotte vétuste et des doutes sur la sécurité. Et les voici donc en manoeuvres pour faire quelques économies d’échelle avec quelques fusions. Mais le regroupement n’a jamais fait de deux malheureux un homme heureux. Sans compter, dans ce cas précis, des facteurs d’hétérogènéité de flotte, de méthode, qui posent de nombreuses questions.

737-900-continental.1210110544.jpgLe modèle libéral de la concurrence sauvage vient de craquer une fois de plus : à force de vouloir être moins cher que son concurrent, voici que l’on vend à perte. Alors viennent, à leur tour, les appels à l’aide vers le budget fédéral et donc l’intervention des deniers du contribuable.

Ces évènements apportent le patent exemple de l’échec du libéralisme. Il est évident que pour sortir de cette situation, il faudra, non seulement faire appel à des fonds publics ou privés pour sauver ce qui pourra encore l’être, mais aussi définir des règles du jeu pour que ces circonstances ne se reproduisent pas. Qui dit règle dit intervention législative. Et qui dit intervention législative dit économie administrée. Là ne restera qu’une alternative. Une morale consistant à sauver l’outil de travail et l’outil de service économique. L’autre amorale qui s’attachera aussi à protéger les intérêts des actionnaires. Car chaque fois que le libéralisme conduit à un crash, ces derniers sont toujours là à impudiquement tendre la main.

Cette situation est venue de l’absence d’entente sur les prix entre les compagnies. Logique dans la perspective libérale, mais suicidaire. Chacun voulant être moins cher baisse ses tarifs. Et quand les résultats financier passent au rouge, on n’a pas d’autre alternative que de baisser encore pour ne pas être éliminé illico. Baisser toujours jusqu’à l’inéluctable fin. Au passage des milliers de gens y perdront leur emploi.

Alors qu’une sage régulation aurait pu éviter cette catastrophe.

Notes d’économie politique 18 – 6 mai 2008

Sarkozy, la spéculation et le libéralisme

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy se montre scandalisé par la spéculation.
Il prend l’exemple de l’affaire de la Société Générale et stigmatise l’usage d’instruments financiers qui n’ont d’autre objectif que de générer du profit. Est-il encore assez naïf pour croire que les investissements des banques vont vers des paquets de participation au capital d’entreprises qui contribuent au développement industriel et social ? Est-il tant ignorant du fonctionnement de la Bourse, depuis que tout ceci est informatisé et mondialement relié, où des « traders » n’ont d’autre travail que d’acheter ici ce qu’ils vont revendre plus cher au plus vite ailleurs ou même de vendre des titres qu’ils ne possèdent pas encore en spéculant sur une baisse. Le jeu de la bourse est devenu une immense et honteuse loterie.
Il stigmatise aussi la spéculation sur les matières premières et plus encore sur les denrées alimentaires ce qui a pour effet d’augmenter la famine dans le monde.
Mais que va-t-il faire ? Que peut-il faire ? Va-t-il fondre sur les fonds de pensions américains qui spéculent à la hue et à la dia sur tout ce qui bouge ? Va-t-il faire injonction au moins aux sociétés financières françaises de consacrer une large part de leur richesse au développement économique et social même si cela fait diminuer les profits ? Va-t-il faire voter une loi imposant une proportion suffisante d’offres de micro-crédit ?
Le Président de la République Française en est réduit aux lamentations. Dès lors qu’il a fait siens les principes du libéralisme économique, il ne peut rien. Il ne peut rien dans le monde. Il ne peut même rien en France, sauf à se libérer de ce même libéralisme pour se retourner vers une économie administrée. C’est à dire mettre en oeuvre le programme de la gauche de 1981.
Quand j’étais jeune et qu’on m’expliquait que les multinationales des U.S.A. pouvaient dominer de larges parties du monde, je me disais que c’était pure exagération. Quand on m’expliquait le le coup d’état de Pinochet au Chili était financé par la C.I.A. et certains groupes, je me disais qu’il y avait une part de romanesque dans cette idée.
Et pourtant ne sont-ce point Areva et Aibus et quelques autres, avec leurs intérêts, qui sont à l’origine des missions d’envoyés de la France en Chine qui se présentent le pantalon baissé ? Et pourtant n’est-ce pas Monsanto qui, par lobbies interposés, tient la main des députés et des sénateurs en train de voter au nom du peuple ?
Tout ce qu’on m’a raconté dans ma jeunesse est bien en dessous de ce qui est arrivé et continue d’arriver depuis.

Notes d’économie politique 17 – 25 avril 2008

Les affameurs

Voici que certains pays sont au bord ou dans la crise alimentaire.

Pourquoi cela ?

Il y a les causes structurelles. L’afrique, par exemple, qui pourrait assez facilement parvenir à l’autosuffisance alimentaire se trouve importer des produits qu’elle pourrait cultiver ou dont elle pourrait se passer. Qui a dit que les habitants de la planète devaient tous consommer les mêmes produits ?

speculateurs.1208547635.jpgQu’est-ce qui a provoqué cela ? Ce n’est pas difficile à comprendre. Le commerce international, dérégulé, voire corrompu ou corrupteur. Pourquoi ? Parce qu’il y trouve largement son compte en revendant au monde les produits africains et en vendant aux africains les produits transformés chez leurs anciens colonisateurs. Le Nigéria exporte du pétrole brut qu’il pourrait tout aussi bien raffiner sur place. Les pêcheurs du lac Victoria exportent la Perche du Nil en filets et se contentent des arêtes.

Et pour tout arranger, voici les spéculateurs. Les spéculateurs qui se sont fait étriller par la « crise » des sub-primes ont encore de l’argent. Eh oui ! Allez savoir pourquoi et comment. Ils ont encore de l’argent ! Et que font les spéculateurs faute de pouvoir s’adonner aux joies morbides des sub-primes ? Ils achètent tout ce qui passe en attendant que cela augmente. Alors, ils achètent n’importe quoi: du riz, du sel, du sucre, du pétrole, etc. Et comme leur demande dépasse l’offre, les prix sont à la hausse. C’est bien le but. Et quand le kilo de riz augmente de 20% en Europe, il n’y a pas trop de cris. Mais quand il augmente dans des pays dont la population est au seul de pauvreté, il y a des émeutes et des victimes. Les occidentaux font l’effort pour acheter le riz au prix proposé, mais râlent beaucoup. Ils râlent et ils achètent. Mais pas les Africains, parce que c’est au dessus de leurs moyens.

Alors, que vont-ils manger ? On ne sait Et voici que le riz aymente de 10, 20, 30% au bénéfice des spéculateurs qui n’ont rien d’autre à faire toute la journée sinon essayer de vendre plus cher qu’ils n’ont acheté et d’acheter moins cher qu’ils ne vendront.

Pendant ce temps des centaines de milliers d’humains crèvent encore plus de faim. Et, s’il se trouve qu’une aide arrive, elle aura été financée par les contributions et les impôts des travailleurs des classes moyennes ou modestes de pays mieux nantis.

Si cela n’est pas de l’enrichissement sans cause, je veux bien qu’on me pende.

Notes d’économie politique 16 – 18 avril 2008

Les avions américains cloués au sol

accident-avion.1208300186.jpgJ’ai découvert par hasard, dans la presse, qu’il y a quelques jours, une bonne partie des avions américains (j’entends des U.S.A.) avaient été et sont encore cloués au sol. La raison ? Fort simple. On a découvert que nombre d’entre eux présentaient certains défauts graves et des risques pour la sécurité des voyageurs.

Comment cela, direz-vous, il n’y a donc pas de contrôles ? Et si, il y avait des contrôles mais il faut croire que ceux-ci avaient été mal faits ou que, plus simplement encore, les compte-rendus avaient été falsifiés. Et puis, évidemment, quand la chose est devenue publique, les compagnies concernées ont dû interrompre les vols avec le type d’appareil mis en cause.

Mais pourquoi en est-on arrivé là ?

Ce n’est un secret pour personne. Dans le domaine du transport aérien, une guerre sauvage s’exerce pour capter le plus de clients possible. Et, pour la majorité des clients, la chose la plus attractive est le prix du voyage. Et tous les managers des grandes compagies et tous les responsables savent bien, qu’à court terme, cette situation est dangereuse. Or, comme il faut bien vendre ses billets au prix le plus bas possible, on rogne. On rogne sur tout. On ne se contente plus de baisser les salaires (dans certains cas, ce n’était pas scandaleux). Un pas capital a été franchi: on rogne sur la sécurité.

En plus, les compagnies sont à l’affut d’acahts ou d’O.P.A. pour grossir. Le rève de tout chef d’entreprise est d’éliminet toute la concurrence pour faire des prix à sa convenance. Mais voilà. On n’en est pas là. Alors, comme on ne peut pas se libérer de la concurrence, on rogne

C’est la loi libérale de la libre concurrence. Pas ou peu d’arbitrage. Un contrôle d’état superficiel ou sommaire. A qui deviendra le plus gros… A quel prix.

Lorsque Air France était une compagnie nationale donc l’actionnaire majoritaire était l’état, on imaginait pas de tels faits. Les voyages aériens étaient chers et la politique de sécurité et de contrôle sérieuse et sévère. Maintenant tout est possible. L’entreprise privée Air France ne doit des comptes qu’à ses actionnaires. Et elle n’est pas comptable de ses victimes. Les assurances sont faites pour cela. Encore heureux qu’en France, il y ait la D.G.A.C. qui soit encore sur un profil de service public.

Lorsqu’on a affirmé, il ya quelques années, que la privatisation des compagnies de transport aérien conduirait à la diminution des dépenses de sécurité et à l’augmentation du risque, les libéraux vertueux, la main posée sur le coeur, on juré-craché qu’il n’en serait rien.

Les faits en provenance des Etats-Unis prouvent le contraire.

Notes d’économie politique 15 – 15 avril 2008

Les S.C.O.P.: une alternative sociale et productive au capitalisme et à l’étatisation

scop.1202856371.gifDans un article paru dans Le Monde daté du 7 février 2008, Bertrand Bissuel et Laetitia Clavreul s’interrogent sur les raisons qui poussent Unilever à appliquer une cure d’austérité à l’usine Cogesal-Miko de Saint-Dizier (Haute-Marne) qui va se concrétiser par la suppression de 250 emplois sur 500. Cette usine a dégagé 222 millions d’euros de bénéfice en 2006 et les indications sur l’exercice 2007 sont encore très favorables. Plus généralement, les résultats d’Unilever annoncés en 2007 étaient très bons. En août 2007 on annonçait que les bénéfices, comparés à la période précédente, étaient alors en hausse de 16 %, à 1,207 milliard d’euros.

Quelles raisons alors d’appliquer ce plan à l’usine ? Est-ce encore pour augmenter les dividendes des actionnaires ? Mais n’est-il pas probable que, délestée de la moitié de son personnel, la productivité de l’usine diminue ? Ou alors tout cela fait partie d’un machiavélique plan destiné à fermer l’usine après l’avoir mise dans des conditions impossibles.

Imaginons alors, qu’au lieu d’appartenir à Unilever, cette usine soit une entreprise du type d’une S.C.O.P. (Société Coopérative Ouvrière de Production). Les S.C.O.P. sont détenues et contrôlées par les salariés qui en détiennent des parts. Du coup, il n’y a pas de dividende pour des actionnaires extérieurs. On peut décider en Assemblée Générale d’en distribuer ou non selon la situation financière. De même pour la participation qu’elles versent à tous les salariés. Dans une S.C.O.P., évidemment, la préservation de l’emploi et de l’outil de travail est un objectif aussi important que l’équilibre financier, voire les bénéfices. Si l’usine Cogesal-Miko avait été une S.C.O.P., il n’y aurait pas besoin d’augmenter les dividendes des actionnaires lointains. Mieux encore, et si c’était urgent, les 220 millions d’euros de bénéfice annuels auraient pu être investis pour accroître la productivité et donc, la compétitivité.

Dans un article du Progrès de Lyon du 11 septembre 2007, il était indiqué qu’entre 2002 et 2007 les 245 SCOP de la Région Rhône-Alpes avaient créé 1000 emplois pour passer de 3 à 4000, soit une augmentation de 33% en 5 ans.
Il y a quelques années, le patron d’une société de papeterie et bureautique d’Amiens décida de prendre sa retraite. Il aurait pu vendre son entreprise au plus offrant et partir avec son magot. Il a cependant décidé de la vendre à ses salariés. Un certain nombre d’entre eux ont accepté et acheté des parts quitte à s’endetter. Aujourd’hui cet endettement tire à sa fin alors que les salariés se sont offerts leur outil de travail et la préservation de celui. N’ayant pas d’actionnaires, l’entreprise peut se contenter de bénéfices modérés et peut donc se présenter avec des prix un peu moins élevés que la concurrence.

Le modèle des S.C.O.P. se présente donc comme une alternative sérieuse à l’économie administrée et à l’économie libérale du capitalisme effréné. On peut donc être très étonné que les candidats aux élections ne s’intéressent pas davantage à cette forme d’organisation de la production. On est aussi étonné que les pouvoirs publics vite convaincus de venir au secours des multinationales en soi-disant péril, n’investissent pas davantage pour cette firme d’établissement.

Ceci ne s’explique que par l’imprégnation capitaliste de nos gouvernants incapables de s’arrêter sur des projets alternatifs qui combinent à la fois le progrès économique et le progrès social.

Notes d’économie politique 14 – 13 février 2008

Alternative à l’économie administrée: l’économie mutualiste et coopérative

Dans l’édition du 7 février 2008, Etienne Pflimlin, le Président du Crédit Mutuel raconte l’histoire de la Nothern Rock.

Jusqu’en 1997, Northen Rock est une mutuelle bancaire de détail du nord de l’Angleterre dont l’essentiel de l’activité est le crédit immobilier refinancé par les dépôts des sociétaires. En avril 1996, les dirigeants projettent de convertir la mutuelle en société par actions au motif d’une plus grande liberté (prêts diversifiés, refinancement sur le marché, etc… L’adhésion des sociétaires est obtenue par l’offre d’actions gratuites et la distribution des réserves accumulées depuis plus de cent ans ! Cette proposition obtient naturellement, sans débat, l’accord des sociétaires. Dès l’introduction en bourse les dirigeants tombent le masque. Augmentation de leur rémunération (32% en un an) et 17000 stock-options ! Pour la suite, qu’on imagine, je cite l’auteur de l’article: « Devenue une banque cotée, Northern Rock poursuit sa trajectoire ascendante sur le marché du crédit à l’habitat, au prix d’un virage stratégique : chute de moitié du nombre d’agences, licenciements, recours considérable aux intermédiaires de crédit (90 % des nouveaux prêts en 2007), explosion du refinancement sur les marchés (75 % du total en juin 2007) au détriment des dépôts clientèle (25 % du total en juin 2007). Grâce à ces leviers de profitabilité, Northern Rock devint la bête noire du marché : sa part de marché des prêts immobiliers passa de 2,3 % en 1997 (9e place) à 8,3 % en juin 2007 (5e place). La croissance fulgurante des crédits, largement refinancée sur les marchés et faiblement couverte par les fonds propres, sera stoppée par la brutale crise de liquidités de juillet 2007. La fin de l’histoire est connue : déconfiture, ruée des déposants dans les agences, et intervention de l’Etat. ».

Simplement par le désir de gagner davantage, les dirigeants de cette banque l’on conduite à la déconfiture. D’une banque proche de ses clients, déposants et emprunteurs, ils en ont fait une machine dépendante de la bourse en lui transférant les risques financiers. Quand la bourse a plié les genoux, la banque a suivi.

Le modèle mutualiste et coopératif offre donc une alternative solide et crédible à l’économie de marché comme à l’économie administrée. Dans ce modèle, le client, l’emprunteur, le consommateur de services, est aussi, d’une certaine façon propriétaire d’une part sociale, même si elle très petite. Les gestionnaires sont régulièrement amenés à rendre compte dans les assemblées générales devant les sociétaires, ce qui implique que tout ne leur est pas permis.

A cela, il faut ajouter que l’entreprise coopérative ou mutualiste n’a pas de dividende à distribuer. Elle n’a pas d’actionnaires. Elle appartient aux sociétaires. Une société mutuelle d’assurances en avait fait, il n’y a pas si longtemps, un argument publicitaire pour expliquer ses tarifs attractifs par cet état de fait.

La mutualité, en France, est l’héritière des sociétés de secours mutuel des ouvriers des corporations. Ce mouvement s’inscrit à contre courant du libéralisme et du capitalisme, puisque, par définition, il est social et a pour fonction d’apporter des services, voire protection, aux sociétaires. Sa réussite dans un certain nombre de domaine (assurance, protection sociale, banque, coopératives d’achat) en font un modèle stable et cependant compétitif.

 

logo_credit_mutuel.1202677337.jpg

 

 

N.B.: cette « publicité » pour le Crédit Mutuel est une initiative désintéressée de l’auteur.

 

Notes d’économie politique 13 – 10 février 2008

Revenir à l’économie administrée

Le libéralisme a montré ses limites et ses dangers.

Pendant de nombreuses années, en France, des pans entiers de la production industrielle ont appartenu à l’état. Le secteur de l’énergie est emblématique de cette situation: Charbonnages de France, Gaz de France, Electricité de France. Cette position découlait, notamment après la seconde guerre mondiale d’une volonté stratégique. Qui contrôle ces domaines se trouve dans une bonne situation stratégique en cas de conflit.

D’autres domaines, pour des raisons comparables, ont été maintenues dans le giron de l’état: sont bien connus les cas des Chemins de Fer, la distribution du courrier, les télécommunications. D’autres le sont moins, comme la construction aéronautique (S.N.C.A.S.O. et S.N.C.A.S.E. fusionnant pour devenir, avec d’autres fusions la S.N.I.A.S. puis l’Aerospatiale). Aujourd’hui, alors que tout celà est devenu E.A.D.S. à force de fusions, ventes et prises de participations diverses nationales et internationales, l’état français détient encore directement et indirectement des parts dela construction aéronautique française. Sa participation vient d’ailleurs d’être augmentée, par le truchement de la Caisse des Dépôts au moment de la revente des parts et stock-options de plusieurs dirigeants et cadres (environ 1200) à un moment où le délit d’initié est probablement constitué.

La période de crise des années 70-80 conduit la sidérurgie française à des concentrations successives, qui s’organisent autour de 2 pôles : Usinor et Sacilor. En 1981, l’Etat français prend la majorité du capital des deux sociétés. L’Etat décide de réaliser leur fusion en 1986 pour en améliorer la performance : Usinor Sacilor est né. En juillet 1995 Usinor Sacilor est à nouveau privatisé. Le groupe prend le nom d’Usinor en juin 1997.

logo-sncf.1202602792.jpgD’autres secteurs qe la production industrielle se sont trouvés dans le giron de l’état. En 1945 le gouvernement du Général de Gaulle a nationalisé la Banque de France et les quatre premières banques commerciales disposant d’un réseau national : Crédit lyonnais, Société générale, Comptoir national d’escompte de Paris et BNCI. L’État a pris en main l’essentiel du crédit. Pendant une vingtaine d’années, les banques nationalisées se sont consacrées à la collecte de l’épargne à court terme, elles ont soutenu les émissions du Trésor tout en participant au financement de la reconstruction et de la modernisation de l’économie. Les banques nationalisées constituaient un secteur stratégique pour l’économie nationale, où on évitait de se faire concurrence.

D’un autre côté, c’est le Trésor qui a financé principalement la réalisation des premiers Plans et c’est la Caisse des dépôts qui a aidé les collectivités locales et financé la construction des logements populaires. Par contre, les banques « d’affaires » qui n’ont pas fait l’objet d’une nationalisation ont continué leur activité dans le développement des investissements industriels et financiers. Ce n’est qu’en 1987 que le processus de privatisation des banques de dépôt a commencé. Vingt ans après, il est à peu près terminé.

Pendant longtemps, en France, des entreprises qu’on croyaient privées appartenaient en tout ou partie à l’état. Il fallait être bien informé pour savoir que la radio Europe N°1 n’était pas une radio « libre ». Un certain Charles Michelson qui avait obtenu avant guerre une concession de radio à Tanger s’était fait donner le monopole de la radiodiffusion en Sarre en 1952 (à cette époque, la Sarre avait un statut particulier: province allemande, elle était cependant administrée par la France). Ainsi naquit Europe 1, station de radio de langue française échappant au monopole de l’état français, situation comparable à celle de Radio Luxembourg qui émettait depuis le territoire luxembourgeois. Puis la radio de M. Michelson fit faillite en 1955. A la demande du gouvernement français, Sylvain Floirat (un industriel exploitant des lignes aériennes sous convention de transport public) la reprit. Il en devint propriétaire en 1956. Puis, en 1959, l’état prit le contrôle d’une partie du capital par l’intermédiaire de la Sofirad (Société Financière de Radio-diffusion dont l’état était propriétaire et qui gèrait les participations de ce dernier dans les stations de radio et de télévision). C’est en raison de la puissance de l’état, qu’après 1968, et compte tenu du comportement de l’antenne pendant les évènements, la direction d’Europe 1 fut poussée vers la sortie. C’est alors qu’apparût Jean Luc Lagardère dans le capital. Mais sous la présidence de François Mitterand, l’état avait encore son mot à dire dans les choix éditoriaux. Ce n’est qu’en 1986, lorsque l’état vendit à Hachette (Lagardère) sa participation, que la chaîne devint entièrement privatisée.
Le cas d’Europe 1 n’est pas isolé. Pendant de nombreuses années l’état français a détenu, par exemple, jusqu’à 86% de Radio Monte Carlo par l’intermédiaire de la Sofirad.

C’est ainsi que, pendant de nombreuses années, l’état a investi, soit directement, soit indirectement, de façon importante dans l’économie. Ceci a probablement atteint un sommet en France après l’arrivée au pouvoir de la gauche en 1981. Puis la tendance s’est inversée, y compris sous des gouvernements de gauche. Cette inversion motivée, pour une bonne part par des directives de la Communauté Européenne, l’a été aussi pour des raisons idéologiques. La gauche social-démocrate a fait sienne la notion d’économie de marché et de libre entreprise et, corrélativement, accepté la baisse du pouvoir régalien de l’état, a l’opposé de la gauche communiste ou révolutionnaire.

Pour une part, la notion de nationalisation repose sur la nécessité de contrôle stratégique de certaines activités économiques ou industrielles, en cas de conflit militaire. S’y retrouvent naturellement la production d’énergie, les télécommunications, les transports, etc., liste dans laquelle on retrouve les thèmes de grandes nationalisations de l’après-guerre. Peuvent s’y ajouter la métallurgie et certaines productions qui en dépendent comme les usines d’armement, la construction navale, aéronautique, routière dans les arsenaux ou de grandes usines d’état (Renault, par exemple).

logo-edf.1202602627.gifAu delà de la notion de contrôle stratégique en cas de conflit, le maintien dans le giron de l’état de certaines activités économiques répond aussi à la nécessité de « Service Public ». La notion de service public s’entend alors au sens de service destiné au public et donc à tout citoyen, quelle que soit sa position ou sa situation. S’y attache, en plus, une notion républicaine d’égalité de droit. Ainsi, dans cette optique, tout citoyen doit pouvoir, par exemple, disposer de l’énergie électrique à son domicile. Et sans qu’il lui en coûte plus qu’aux autres citoyens même s’il habite dans un lieu très retiré. Ceci implique qu’on installe pour son seul usage, à grands frais évidemment, des kilomètres de ligne. Dans les premiers temps, il en fut bien ainsi. Puis peu à peu, E.D.F. a demandé des contributions pour l’approvisionnement de demeures lointaines, ce qui contrevint à cette logique républicaine d’égalité de droits entre tous les citoyens.

La nationalisation peut être considérée aussi comme un élément de sécurité. Est-il raisonnable de permettre à des sociétés qui recherchent le profit de s’adonner à des activités dangereuses. On peut craindre que le désir de faire des bénéfices l’emporte sur la sécurité. C’est vrai pour divers domaines très sensibles comme la production d’électricité nucléaire, mais aussi pour le transport aérien ou ferroviaire, comme l’entretien des routes et autoroutes. C’est ainsi que, contrairement à ce que l’on croit, un biographe de Margaret Thatcher affirme qu’elle n’était pas partisane de la privatisation de British Rail. C’est d’ailleurs son successeur qui la fit.

La nationalisation peut être vue aussi, comme une façon de maîtriser les coûts. Ce débat a toujours animé les Conseils Municipaux à propos, par exemple, de l’attribution du marché de l’eau potable. On constate, en général, que le coût du mètre cube d’eau potable peut-être très différent selon que la distribution est ou non assurée par une régie municipale. On remarque aussi que les bénéfices des sociétés concessionnaires de service public versent des dividendes à leurs actionnaires qui sont plus élevés que ce qui est raisonnable dans un environnement industriel qui n’est évidemment pas spéculatif. Le recours à des sociétés privées pour des marchés aussi importants que la distribution de l’eau potable ou l’enlèvement des ordure ménagères font disparaître aussi, pour une bonne part les risques de corruption. En tout état de cause, un établissement industriel ou commercial qui n’a pas à verser de dividendes devrait avoir, à contraintes et objectifs comparables, des coûts de gestion moins importants.

On a parfois montré du doigt les moins bonnes performances de la gestion directe, au motif d’un manque de technicité ou d’un manque de productivité des agents. mais c’est confondre les choses. Rien n’empêche une collectivité de recruter des cadres compétents et de les motiver d’une façon convenable. Et il arrive bien souvent que l’ingérence des politiques à qui il arrive souvent de ne pas se comporter en bon gestionnaires utilisant la chose publique comme leur chose personnel à des fins électoralistes ou clientèlistes.

ptt.1202602553.jpgUne analyse simpliste conduit souvent à faire croire que la productivité d’une gestion nationalisée est inférieure à celle d’une gestion. Divers exemples montrent le contraire. On ignore souvent que c’est grâce à la recherche, en partenariat avec l’Ecole Nationale des Télécommunications que France Télécom a mis la France en état de passer vite et bien à l’ére numérique. C’est autant grâce à la SNCF qu’à Alsthom que fut créé le TGV, produit industriel modèle et exportable. On ignore souvent que la RATP dispose d’une société qui est intervenue dans la mise en oeuvre de divers métros de par le monde. Et peut-on considérer comme une réussite que tout ce qui reste dans la métallurgie française soit passé entre les mains de la Mittal Steel Company ? Et le coût social du démantèlement de celle-ci en France est-il moins ou plus élevé que les aides qu’on aurait pu apporter à ces industries pour qu’elles subsistent ? Lorsque les autoroutes, en France, ont été construites grâce au péage payés par les usagers, les gouvernants avaient promis qu’une fois amorties, celles-ci reviendraient dans le domaine public. Mensonges: elles ont été vendues. Seul le pont de l’Ile d’Oléron, construit par le département de la Charente Maritime, est devenu gratuit en 1991 une fois amorti.

Il n’y a aucune certitude que le privé fasse mieux que le public et réciproquement. Alors, pourquoi l’Etat n’investirait-il pas dans des activités économiques profitables pour que les retombées profitent aux citoyens ? Imaginons que les immenses bénéfices des banques devenues toutes privées abondent le Trésor Public, au lieu de tomber dans les poches de gros investisseurs ?

Au nom de l’Europe, l’économie est devenue totalement capitaliste et libérale. Le Parti Socialiste Français, s’y est converti, sans grande peine d’ailleurs. Et pendant ce temps, les riches, les consortiums, n’ont jamais fait autant de profits et ne se sont jamais tant enrichi sans cause. La pourcentage de ce profit est passé de 60% à 33% en 50 ans ! Le libéral-capitalisme avait montré ses sinistres effets dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Instruits de cette expérience, les politiques du XXème siècle l’avaient maintenu en liberté surveillée. Notamment à l’issue de la seconde guerre mondiale. En France, ce fut sous De Gaulle, qu’on ne peut targuer d’être marxiste que ceci se fit. Et ce n’est pas cette question qui provoqua son départ. Il existe d’ailleurs toujours une droite souverainiste qui partage, au moins sur ce sujet, quelques idées de la gauche. C’est la raison pour laquelle, le référendum sur la Constitution Européenne fut rejeté aussi bien par des électeurs de droite que de gauche. Car, il faut vraiment faire la politique de l’autruche pour croire que l’Europe, tenue par des puissantes forces libérales, ne continuera pas dans cette mauvaise voie.

C’est d’ailleurs désolant, de constater comment l’idéal des créateurs de l’idée européenne qui était, au premier chef d’éviter le renouvellement des conflits, et au deuxième de créer un grand pays socialement et économiquement solidaire, se vautre maintenant dans la vase de la concurrence sauvage et inhumaine. Et ce mouvement est tellement fortement lancé qu’on s’achemine inévitablement vers une Europe des banquiers et du grand capital. Il en découlera nécessairement, à un moment, de grandes difficultés sociales car le grand capitalisme est incapable de maîtriser son avidité. L’exemple récent d’un jeune trader jouant en bourse un montant équivalent au P.I.B. d’un pays comme le Maroc en est un témoignage. L’appel « prolétaire de tous les pays unissez-vous » a toujours un sens. Il est affreusement dommage que l’application du marxisme, hélas devenu marxisme-léninisme, ait sombré dans d’épouvantables sociétés dictatoriales qui n’avaient rien à envier au fanatisme nazie. Mais cette évolution est une question d’hommes et non de philosophie. Il se trouve qu’après chaque révolution le pouvoir du peuple lui échappe. Triste routine contre laquelle les esprits libertaires ont du mal à lutter.

Le retour à l’économie administrée est une voie moyenne vers la réalisation d’une grande ambition sociale. Elles ne passe pas forcément par la nationalisation pure et dure. Il existe toutes sortes de formes d’économie mixte qui laissent aux états le pouvoir d’agir dans de nombreux domaines et particulièrement dans ceux dont dépend la vie quotidienne des citoyens. Les états, ce sont les gouvernements, et les gouvernements sont composés d’hommes. L’électeur devra donc prendre garde à choisir des représentants ayant une grande morale politique. Contrairement à ce que l’on croit, ils existent. Ils existent d’ailleurs aussi bien à droite qu’à gauche.

Notes d’économie politique 12 – 10 février 2008

Trou de la « Générale », subprimes, swaps et autres joujoux financiers: le libéralisme débridé

socgen.1201514873.jpgIl y a encore des politiques pour vanter les atouts du libéralisme. Après les suppressions massives d’emplois et leurs transferts dans des pays où les gens sont payés au lance-pierre, voici maintenant la face numéro deux: les soit-disant « instruments » financiers qui ne sont, en réalité, que de superbes joujoux qui sont devenus tellement compliqués et alambiqués qu’ils devaient, un jour, péter à la gueule des joueurs. Voilà c’est fait. Et, au nom de la sacro-sainte règle capitaliste de la privatisation des profits et de la mutualisation des pertes, le peuple va être prié, indirectement s’entend, de se serrer la ceinture.

Il fut un temps, béni, où lever des capitaux en Bourse avait pour objectif de financer des entreprises industrielles. Ce temps est passé. On lève des capitaux pour faire joujou. Voyez comme c’est intéressant: nous allons faire un contrat selon lequel vous gagnerez 3% sur vos emprunts, jusqu’à ce que l’âge du capitaine soit égal au double de la valeur, exprimée en pouces pour la première tranche et en index pour la deuxième tranche, soit donc égal, dis-je au carré de la moyenne des longueurs des pénis des dirigeant mâles de ce monde, sachant que dans le cas où le dit dirigeant serait une dirigeante on prendrait le dixième du périmètre du tour de poitrine exprimé en kilomètres. Vous remarquerez la note complémentaire qui prévoit, en plus, que dans le cas où la production des pommes golden en France serait supérieure à la production des moules d’Espagne au Portugal, votre intérêt serait augmenté de la valeur de l’indice de croissance du marché des armes lourdes en Amérique du Sud. Mais si, par hasard, le Q.I. du Président des Etats Unis se révélait inférieur à 100, alors vous perdrez tout.

Et c’est ce qui vient de se produire.

Malgré des injections répétées de jus de citrouille pour lui faire élargir le cerveau, rien n’y a fait. Le Q.I. en question, après avoir été mesuré à 10,00001 par la CIA, se révèle dans les contre-mesures effectuées par un laboratoire indépendant ne pouvoir dépasser, quelque soit le test, la fatidique note de 70.

Ainsi va le poker mondial. Enfin, les banquiers, les courtiers, les intermédiares fianciers sont démasqués: ils sont nuls, nuls et archi-nuls. Et, conformément au règles du libéralisme débridé, leurs émoluments sont proportionnels à leur nullité. Smicard, levez haut la tête ! Il est temps de jouer à la roulette russe avec les têtes des banquiers.

Notes d’économie politique 11 – 28 janvier 2008