Sarkozy, la spéculation et le libéralisme

Sarkozy, la spéculation et le libéralisme

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy se montre scandalisé par la spéculation.
Il prend l’exemple de l’affaire de la Société Générale et stigmatise l’usage d’instruments financiers qui n’ont d’autre objectif que de générer du profit. Est-il encore assez naïf pour croire que les investissements des banques vont vers des paquets de participation au capital d’entreprises qui contribuent au développement industriel et social ? Est-il tant ignorant du fonctionnement de la Bourse, depuis que tout ceci est informatisé et mondialement relié, où des « traders » n’ont d’autre travail que d’acheter ici ce qu’ils vont revendre plus cher au plus vite ailleurs ou même de vendre des titres qu’ils ne possèdent pas encore en spéculant sur une baisse. Le jeu de la bourse est devenu une immense et honteuse loterie.
Il stigmatise aussi la spéculation sur les matières premières et plus encore sur les denrées alimentaires ce qui a pour effet d’augmenter la famine dans le monde.
Mais que va-t-il faire ? Que peut-il faire ? Va-t-il fondre sur les fonds de pensions américains qui spéculent à la hue et à la dia sur tout ce qui bouge ? Va-t-il faire injonction au moins aux sociétés financières françaises de consacrer une large part de leur richesse au développement économique et social même si cela fait diminuer les profits ? Va-t-il faire voter une loi imposant une proportion suffisante d’offres de micro-crédit ?
Le Président de la République Française en est réduit aux lamentations. Dès lors qu’il a fait siens les principes du libéralisme économique, il ne peut rien. Il ne peut rien dans le monde. Il ne peut même rien en France, sauf à se libérer de ce même libéralisme pour se retourner vers une économie administrée. C’est à dire mettre en oeuvre le programme de la gauche de 1981.
Quand j’étais jeune et qu’on m’expliquait que les multinationales des U.S.A. pouvaient dominer de larges parties du monde, je me disais que c’était pure exagération. Quand on m’expliquait le le coup d’état de Pinochet au Chili était financé par la C.I.A. et certains groupes, je me disais qu’il y avait une part de romanesque dans cette idée.
Et pourtant ne sont-ce point Areva et Aibus et quelques autres, avec leurs intérêts, qui sont à l’origine des missions d’envoyés de la France en Chine qui se présentent le pantalon baissé ? Et pourtant n’est-ce pas Monsanto qui, par lobbies interposés, tient la main des députés et des sénateurs en train de voter au nom du peuple ?
Tout ce qu’on m’a raconté dans ma jeunesse est bien en dessous de ce qui est arrivé et continue d’arriver depuis.

Notes d’économie politique 17 – 25 avril 2008

Bakounine