Archive dans 9 avril 2008

Mai 1968 : 19 – Les examens, la rentrée et mon entrée

[Mai 1968: commencer au début]

Je ne dirai rien du mois de juillet 1968. Sinon pour dire que, après les résultats épouvantables des législatives, ce fut la démobilisation. Progressive, mais démobilisation tout de même. Et comme il ne se passait plus rien, chacun prit ses vacances, comme d’habitude. On m’a dit que j’aurais dû en rougir. Mais Paris n’était pas Prague. Et à partir du moment où les travailleurs étaient retournés au boulot pour gagner plus, je me demande bien ce que nous aurions dû faire.

Les vacances passées, nous revînmes. Il faut savoir que l’Université avait un rythme à elle, notamment en Lettres et Sciences Humaines. D’ordinaire, la rentrée avait lieu début novembre 1.

Naturellement, en septembre et octobre 1968, il ne fût guère possible de se livrer à des travaux de recherche ou d’écriture. Deux tâches nous attendaient: l’organisation des examens, mais aussi un profond remaniement de la structure des études pour tenir compte de certaines aspirations légitimes des étudiants. Les moyens avaient été débloqués pour qu’on passe d’une proportion d’enseignements en grands groupes de 80% à une proportion de 40% au bénéfice de la mise en place de travaux dirigés ou pratiques plus nombreux.

Je ne sais pas comment nous avons fait. Mais en décembre, nous étions en mesure de procéder aux inscriptions, examens effectués et réforme construite, y compris en réglant la question des locaux qui devenait critique en raison du grand nombre de groupe de travaux dirigés. Tout ceci fut fait en partenariat avec des étudiants qui, pour certains, ne représentaient qu’eux-mêmes, alors que d’autres étaient mandatés par leur organisation syndicale. Dans ma discipline, il y eut un énorme travail de refonte pour parvenir à ce qu’on nomme une « maquette » qui n’était certainement pas démagogique. Simplement nous avions pris en compte la forte demande de travaux en petits groupes pour faciliter les échanges entre enseignants et étudiants, permettre davantage le travail personnel encadré et offrir une dose un peu plus forte de psychologie appliquée et donc un peu moins théorique.

exam.1207776219.jpgIl y eût aussi les examens. Il est vrai qu’ils furent un peu… expéditifs. Je crois me souvenir qu’il y eût une interrogation orale par matière. Chacun d’entre nous s’y mit. J’avoue que je n’étais pas toujours bien armé pour juger. Je fis au mieux sans avoir à donner forcément la moyenne à tout le monde. Puis il y eût, pour la deuxième année de psychologie où j’avais enseigné et interrogé, un fabuleux grand jury public qui dura des heures et des heures. Les enseignants firent preuve d’une grande patience. Les étudiants qui s’y trouvaient furent très convenables: pas de pressions trop fortes, pas de menaces, pas de violence. Simplement, en raison de l’artisanat des convocations, nous n’étions pas certains que les étudiants aient été complètement informés. Alors, tout simplement, quand il se trouvait qu’il manquât à un étudiant bien placé, une note ou deux pour des raisons inexplicables, il se trouvait toujours un membre du jury pour retrouver la note dans l’apparente complication de ses papiers. Certains reçus ont dû avoir de bonnes surprises. Aucun n’a réclamé.

Mais, paradoxalement, je n’ai jamais entendu dire que les étudiants reçus en 1968 se soient montrés plus bêtes que les autres dans la vie active. Ce qui, au passage, doit inciter les enseignants et correcteurs que nous sommes à une relative humilité.

Je n’étais pas encore nommé assistant. Je participai à tous ces travaux parce que j’y trouvai un grand intérêt. Au bout de quelques semaines, lorsque vint le moment de recruter de nouveaux enseignants, il s’est trouvé que j’étais là et que j’étais actif. On me suggéra de faire acte de candidature. J’eus naturellement quelques soutiens solides. Je fus choisi, avec d’autres qui avaient de semblables mérites, par le collège des professeurs.

st-jacques.1207777510.JPGecoles.1207777695.JPG

Pour mon compte personnel, l’une des heureuses conséquences des évènements de mai fût donc ma nomination comme Assistant avec un salaire de début de 1300 francs (soit 200 euros) par mois. Voici maintenant 40 ans que je suis à l’Université et je suis persuadé que mes collègues honnêtes pensent que ce ne fût pas un mauvais choix. J’ai d’ailleurs la même opinion pour les 4 ou 5 autres qui entrèrent en même temps dans notre section.

L’entrée de mon laboratoire dans la Sorbonne se trouvait au 46, rue St Jacques, juste là où j’avais assisté à l’édification d’une barricade, le 24 mai.

——————————–

1- En passant, je vais tout de suite faire litière des commentaires que je sens venir. Le travail des universitaires ne consiste pas seulement à donner des cours. Ils sont aussi chercheurs, disons à mi-temps, avec plus ou moins de bonheur, il est vrai. Mais c’est le lot de la recherche de n’être pas forcément productive… Au cours de l’année universitaire, ils effectuent des expériences ou des investigations diverses selon leur spécialité. Mais ils doivent aussi rédiger des articles scientifiques ou des livres. Ils doivent aussi remanier, ne serait-ce qu’un peu, leurs cours pour rester d’actualité. Avec nombre de collègues, j’ai toujours apprécié les mois de septembre et d’octobre pour effectuer ces tâches avec une bonne tranquillité d’esprit.
[Suite]

Mai 1968 : 18 – L’esprit de mai 1968 a soufflé sur le parcours de la flamme à Paris

[Mai 1968: commencer au début]

Je voulais consacrer une note à l’esprit de Mai 1968 qui ne se résume certainement pas à quelques slogans comme « il est interdit d’interdire ». Ce qui fait le côté singulier de cet esprit, c’est qu’il concerne tout ce qui naît et prend corps dans l’esprit du peuple, souvent à cause d’une indignation. Alors surviennent des actes, des mouvements, des manifestations qui naissent assez spontanément, même si, peu à peu, ils trouvent une certaine forme d’organisation. Les structures politiques ou syndicales peuvent s’y associer. Mais elles n’en sont pas le moteur. Le moteur, c’est le peuple

Un exemple en est donné aujourd’hui, 7 avril 2008, par les évènements qui ont accompagné le déplacement de la « Flamme Olympique » dans Paris. A la source de l’indignation, la situation qui est faite aux Tibétains et aux contestataires chinois de la politique de leur pays. Ensuite, une bribe d’organisation par une structure qui représente peu de monde et qui vit habituellement en marge des structures syndicalo-politiques.

On a un avant goût de la mobilisation de ce groupuscule lors de la cérémonie d’Olympie ou le principal responsable de cette organisation se fait éjecter parce qu’il déploie une banderole.

Et voici que le peuple de Paris se mobilise ce jour de la traversée de la flamme (voir ).

Toutes formes de manifestations ont lieu, ce qui démontre bien qu’il n’y a pas derrière toute cela une bonne grosse organisation bien structurée comme la C.G.T.. Certains se rassemblent sur le Parvis des Droits de l’Homme. D’autres compliquent le parcours en tentant de s’emparer de la flamme, d’autres se couchent sur la chaussée. Comme aurait dit de Gaulle; « c’est la chienlit » !

Il s’ensuit un parfait pandémonium. A plusieurs reprises, le porteur doit s’arrêter. On enferme alors porteurs et flamme dans un autobus. Une fois, au moins, c’est démontré, la flamme s’éteint. Probablement plusieurs fois. Au final, la cérémonie tourne au plus grand ridicule. Le peuple de Paris, c’est à dire aussi bien des députés que des conseillers municipaux, aussi bien des jeunes que des vieux, aussi bien des gens de droite que des gens de gauche, aussi bien des étudiants que des travailleurs, aussi bien des salariés que des chômeurs, s’est levé pour empêcher cette flamme devenue symbole de l’oppression chinoise de faire son chemin comme si rien n’était.

C’est cela, l’esprit de mai 68: c’est celui du soulèvement populaire et fraternel contre une indignité. L’esprit de mai naît de l’homme et de la femme qui contemple certains évènements ou certains symboles et sait qu’il ne pourra rester impassible.

Dans le cas présent, et si l’on en croît la plupart des commentaires que j’ai pu lire sur les blogs, le mélange indécent de l’argent et de la répression politique avec les « idéaux » olympiques bien mis à mal, fut le déclencheur. Il fallait que cette flamme ne passât point sous les applaudissements. Il fallait que cette flamme s’éteigne, ne serait-ce qu’un instant. Cela fut. Ainsi le lien ténu entre Olympie et Pékin est désormais symboliquement rompu. Ce n’est même plus comme en 1936. Demain à Londres, aujourd’hui à Paris, demain à San Francisco, après demain ailleurs, les peuples du monde ont dit, disent et diront ce qu’ils pensent de tout cela.

 

pekin-notre-dame-web.1207600447.jpg

La photo de Notre-Dame de Paris, portant entre ses deux tours l’image des cinq anneaux devenus menottes fera le tour du monde.

Le plus divertissant, si l’on peut dire, c’est que des militants des Droits de l’Homme ont été empêchés, voire interpellés, voire brutalisés, par des forces de police, dans la capitale du pays présenté comme le plus grand défenseur de ces droits. La police est toujours aussi peu dépourvue de nuances (cela doit être un reste de 1968) puisqu’elle s’est posée ainsi en défenseur de l’ordre chinois.

On sait ce qu’il est advenu. Vingt-sept kilomères sous une protection policière digne de celle d’une visite officielle d’un chef d’état, et pas n’importe lequel. Trois mille ! Des forces de l’ordre sur tout le parcours avec une flamme gardée par une véritable « tortudo « .

Au final, la pauvre flamme a fini sa route sous les quolibets dans un autobus après s’être éteinte une (c’est certain) ou plusieurs fois (c’est probable). Quel ridicule fiasco ! De toute façon, j’ai crû comprendre qu’elle devait finir à Charléty . Celui qui avait décidé cela était soit un idiot, soit un ignorant, soit un provocateur.

[Suite ]

La flamme olympique est désormais le symbole de l’oppression

joberlin-1.1207555164.jpg

La flamme olympique est devenue le symbole de l’oppression. Il va falloir aujourd’hui, dans Paris, 3000 policiers pour la protéger sur 27 kilomètres, soit plus d’un policier tous les 10 mètres. Seule l’opression a besoin de tant de policiers pour la mettre hors de portée du peuple. Mais les apparences sont trompeuses. La flamme olympique s’est éteinte. Depuis longtemps.

pekinrsf.1206648862.gif

Mai 1968 : 17 – Juin

[Mai 1968: commencer au début]

Comme chacun sait, juin n’est pas mai. Juin 1968 ne ressembla en rien au mois de mai. La manifestation du 30 mai avait rompu le charme.

Le lundi 3 juin, on sentait bien que l’athmosphère avait changé. Il y avait déjà des signes avant-coureurs de reprise. Il y avait bien toujours des négociations, des consultation de la base par les syndicats, mais il devenait évident, ce que je pressentais depuis déjà quelques jours, qu’une fois les améliorations des salaires obtenues, les ouvriers reprendraient le travail.

Fine la synergie ouvriers-étudiants. De toute façon, nous l’avions plutôt rêvée que vraiment vécue. La politique traditionnelle allait reprendre ses droits. A leur tour, les syndicats allaient rependre leurs habitudes. Naturellement, la « base » allait rechigner un peu. Il y avait des travailleurs qui avaient bien compris ce que le mouvement étudiant avait tenté de faire. Il en restera quelque chose dans les courants ou les mouvements autogestionnaires ou d’extrême gauche. Mais au final, l’ordre politico-syndical allait rependre ses droits.

La mort de Gilles Tautin va revéiller un peu la tendance protestatoire. Pour un moment seulement. Au fond, nous aurions bien voulu en imputer la cause aux forces de police. C’est vrai qu’il s’était noyé en fuyant et en se jetant dans la Seine pour échapper à ses poursuivants. Ce n’était quand même pas la même chose que s’il était mort entre leurs mains. Il ne serait pas le martyr. Maurice Grimaud, le Préfêt de Police qui s’est, pendant toutes ces semaines, dépensé sans compter pour qu’il n’y ait pas de mort, a rendu un grand service au régime gaulliste. Je ne crois pas qu’il en ait été remercié à la hauteur de son travail.

L’Université échappera à la reprise. Les examens ne sont pas organisés. Nous pouvons donc continuer à faire travailler nos méninges. Certes, au bout d’un moment, la Sorbonne sera évacuée, comme l’Odéon, mais il restera toujours de salles au Centre Censier où se tiendront toujours des commissions. Cela se passe bien. Certains enseignants y participent. J’en suis un peu, même si je dois me partager avec l’Institut Pédagogique National où le travail reprend très, très mollement. Toutes des A.G. ou toutes ces réunions sont très productives. Elles ont lieu dans un plutôt bon climat. Il en restera quelque chose.

A cette époque, j’avais été étonné que l’administration ne se lance pas dans une organisation des examens, en juillet par exemple. Mais à la réflexion, c’était une opération risquée. Elle pouvait démobiliser les étudiants en les amenant à réviser. Mais dans la mesure où nombre de cours n’avaient pas eu lieu, on risquait aussi un mouvement de protestation. En laissant les choses aller jusqu’en juillet, le ministère faisait le pari que les vacances d’été viendraient démobiliser tout le monde. Et il eût raison.

Autant mes souvenirs de mai sont forts et enthousiastes, autant ceux de juin sont tristes et un peu désespérés. C’est comme le début de la fonte des neiges avant que le Printemps ne vienne ensoleiller la montagne: il fait nuageux, la neige devient soupe grise en s’amalgamant à la terre pour, au final, produire de la boue. Ce mois de juin ne fut pas joli. L’enthousiasme fondait.

Et puis, il a ces souvenirs d’épuration. Je pense là, notamment, à l’O.R.T.F.. Des journalistes de talent, connus et réputés (comme Roger Couderc ou Claude Darget, par exemple), sont virés comme des malpropres devant des syndicats quasi impassibles et un peuple de France devenu collabo. Je n’ai jamais pardonné aux syndicats de nous avoir ainsi lâchés pour quelques centaines de francs d’augmentation de salaires qui seraient rapidement repris par l’inflation. Je n’ai jamais pardonné aux partis de gauche de nous avoir abandonnés pour se lancer dans une campagne pour des élections qu’ils allaient obligatoirement perdre. Je ne sais pas si le slogan « élections, piège à cons » date de cette époque, mais il s’applique bien.

Le mois de juin passa. On se parla beaucoup moins dans la rue. Puis pas du tout. Et puis vinrent les congés payés. La France redevenait normale. Pendant ce temps, à Prague, les chars soviétiques allaient entrer dans la ville.

prague.1207519097.jpg

[Suite ]

Mai 1968 : 16 – Le 30 mai ou l’horreur absolue

[Mai 1968: commencer au début]

Dans les derniers jours de mai, il se passe des choses du côté du pouvoir. D’abord, de Gaulle disparaît. On est enchanté. Il s’est enfui ! Hélas non. Il est juste allé s’assurer que l’armée marcherait sur le peuple s’il en était besoin. Mais cela, nous ne l’avons su que plus tard. Heureusement pour tout le monde.

Et voilà qu’il cause, à la radio, je crois. Etait-ce le 29 ou le 30 ? Je ne sais plus. Toujours est-il qu’il a des mots très durs pour les évènements. Mais surtout, il fait un appel au peuple pour aider au retour à la normalité, à l’ordre quoi. Le peuple a dû aimer.

Le soir du 30 mai a lieu cette manifestation sur les Champs Elysées dont on a dit qu’elle avait compté un million de personnes. Etait-ce plus ou moins que celle du 13 mai. Peu importe. Voici que mes illusions s’effondrent.

Mes illusions s’effondrent, parce que je croyais, naïvement, que le mouvement était populaire. En réalité, ma perception était faussée simplement parce que je fréquentais le Quartier Latin et le monde universitaire. Je savais aussi que les services étaient en grève, que les usines symboles comme Renault Billancourt étaient arrêtées. En fait, la radio (je n’avais pas accès à la télévision) racontait que ce quej’avais plaisir à entendre. J’ignorais que tout un peuple était hostile et faisait le gros dos. J’ai appris par la suite que mes parents étaient de ceux-là. Mon père dormait selon un tour de rôle à la Gare d’Austerlitz pour monter une espèce de garde comme si on allait s’emparer d’une gare ! Et il est vrai aussi que je n’avais aucun contact avec tous ces employés et tous ces commerçants silencieux qui attendaient sans doute, certains avec la peur au ventre du « bolchevisme » que de Gaulle remette tout cela en ordre.

manif-30-mai.1207431420.jpgLe 30 mai, il y réussit. A mon grand désespoir. Car ce jour-là je compris que c’était perdu. A vrai dire, je n’avais d’ailleurs pas la moindre idée de ce qui était perdu. J’attendais simplement que de Gaulle s’en aille et tous ses compagnons historiques ou de circonstance avec lui et que d’autres viennent au pouvoir. Je ne pensais pas du tout à un coup d’état ou quelque chose de ce genre. De Gaulle partirait. Il y aurait des élections et la gauche gagnerait. De Gaulle a été plus malin. Il dissoudra l’Assemblée Nationale et se fera élire fin juin une chambre à sa dévotion. Je me souviens de mon grand-père, vieux socialiste, éprouvé par l’énormité de cette majorité disant « Mon Dieu, qu’est-ce que vous avez fait ». D’une certaine façon, il avait raison, car cette chambre introuvable fut largement élue grâce à la peur de toutes ces catégories sociales que les évènements avaient terrifiés.

Le 31 mai, on fit les comptes de la manifestation de la veille. Le mois de mai était fini.

[Suite]

Sur la question de l’envoi de soldats français en Afghanistan et le refus d’un vote par l’Assemblée Nationale

afgha.1207179410.jpgLa manière pour le moins triviale avec laquelle il a été répondu aux questions des députés de l’opposition, comme de certains députés de la majorité, d’ailleurs, mérite quelques commentaires.

Ce n’est pas un fait nouveau sous la cinquième république. La représentation nationale a presque tout le temps été éloignée des questions militaires, notamment de celles qui auraient pu dépendre, à tort, d’un « domaine réservé » du Président de la République. Cette habitude date de loin puisqu’elle fut initiée par le général de Gaulle lui-même pour qui toute la politique internationale dépendait de sa sphère privative. Cet état de fait n’est pas démocratique. Même aux U.S.A., pays dans lequel le pouvoir présidentiel est fort sur les questions internationales, le chef de l’exécutif doit rendre compte. Depuis le début de l’intervention en Irak, Geores W. Bush a dû, à plusieurs reprises, s’adresser au Congrès américain pour pouvoir disposer des fonds nécessaires. Il a donc fallu donner quelques explications, au moins assez pour permettre un débat public.

En France, voici que Nicolas Sarkozy semble vouloir décider seul de l’envoi d’un contingent supplémentaire d’un millier de militaires en Afghanistan, mission périlleuse et dangereuse où la vie des intéressée sera exposée comme elle l’est déjà pour ceux qui se trouvent là-bas. Déjà, dans l’affaire de la Bosnie, la question s’était fortement posée. Et si la légitimité de l’intervention n’était guère contestée, la nature de la mission a maintes fois été source de questions dans la mesure où les instructions des forces de l’O.N.U. ne permettaient pas d’empêcher certains massacres ou débuts de génocide.

A la lumière de cette expérience, il est donc tout à fait légitime que la représentation nationale souhaite examiner, de façon approfondie, la légitimité de l’envoi d’un nouveau contingent en Asie. C’est donc lui faire injure que de refuser un tel débat avec vote. Même si l’on peut dire que certaines habitudes du passé n’étaient pas aussi exigeantes, c’est tant mieux que les choses changent.

Naturellement, immédiatement la majorité a pris la mouche et, au lieu de prendre acte de la légitimité de la demande et de mettre en place une méthode de réponse à la question, s’est répandu dans des considérations périphériques. Sarkozy qui se présentait comme un homme de rupture, aurait dû accepter aussitôt sans attendre le dépôt d’une motion de censure quitte à mettre en place, si nécessaire, quelques réunions à huis clos si la sécurité l’imposait. Mais il semble, sur ce sujet aussi, que la « rupture » n’aut été qu’une formule de propagande électorale.

Lire l’analyse parue sur Rue89, le 9 février .

« Tout pouvoir sans contrôle rend fou« .