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Birmanie : le pouvoir des salauds

Voilà qu’un cyclone ravage une partie d’un pays faisant au moins 100 000 morts.

gouvbirman.1210733603.jpgVoilà que les gouvernants de ce pays font obstruction à l’entrée de l’aide internationale et des secours apportés par les Organisations Non Gouvernementales. Voilà aussi que les mêmes tentent d’empêcher les témoignages de se propager en empêchant ou en limitant les investigations de la presse. Et voilà enfin que lorsque les assassins laissent quelques convois de nourriture entrer, c’est pour en confisquer une grande part et ne faire profiter des distributions que leurs sympathisants.

Voici aussi, et c’est là le plus grave, que tout ceci se passe devant des gouvernements du monde quasi impavides et même pas prompts à condamner un tel régime, sinon sans grande conviction.

Dans une interview à la radio CBS, le président américain George W. Bush a estimé lundi 12 mai que « le monde devrait être en colère et condamner » la junte militaire au pouvoir en Birmanie pour sa réaction au cyclone meurtrier qui a dévasté le pays. Lui-même ne semblait pas vraiment en colère. Les Etats-Unis n’envisagent pas de mission humanitaire en Birmanie sans l’accord du régime birman pour porter secours aux victimes du cyclone Nargis, a déclaré mardi 13, à Washington, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice.

Voilà, une fois encore que la clique des salauds et des lâches qui gouvernent ce monde répand à nouveau une intense odeur de pourriture et de merde.

Faut-il sauver « Le Monde » ?

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Je suis de ceux qui pensent, peut-être à tort, que Le Monde n’est pas un simple journal… comme les autres. Chaque pays démocratique dispose d’un ou deux journaux de référence, Times, Post, etc…. C’est-à-dire un quotidien qui n’est pas strictement asservi à la loi de l’offre et de la demande et qui peut se permettre de publier des articles qui emmerderaient probablement 95% des français, mais qui apportent aux 5% tout aussi respectables que les autres les informations qu’ils attendent, en matière de politique, d’économie, de culture. Pour tout dire Tout est culture. C’est bien cela, ce désir de connaître au mieux tout ce qu’il y a à savoir dans autant de domaines que nos désirs nous portent à explorer.
Abonné au Monde, je me plains parfois de ne disposer du journal que le lendemain, voire, en raison des lenteurs de la poste, après même que le numéro suivant ait paru. Mais Le Monde est un journal qu’on peut lire avec du retard. Pour l’information immédiate, nous avons France Info qui est très bien dans ce créneau. Pour l’information un peu plus approfondie, un peu mieux vérifiée Le Monde est parfait.
Cette position particulière a été gagnée grâce à un labeur obstiné de patrons méritants et de journalistes qui ont partagé ces valeurs professionnelles qui ont fait la respectabilité et la réputation du titre. Le Monde est donc un objet culturel. A ce titre, il ne doit pas être soumis à des impératifs excessifs de productivité. Ce quotidien est à la presse ce que la Comédie Française est au théâtre. C’est le « théâtre subventionné » qui mérite bien son nom et qui porte des traditions qui ne sont pas celles du théâtre de boulevard (qu’on va peut-être devoir subventionner à son tour tant la télévision produit de ravages).
A cela est une contrepartie. Les Sociétaires de la Comédie Française ont des obligations et sont loin d’être les acteurs les mieux rémunérés du monde du spectacle. Il en est de même pour l’administration.
Le Monde doit donc être aidé. Plus que les autres journaux et tant pis si ces derniers râlent. D’ailleurs, nous n’avons pas le choix. Nul ne peut imaginer la disparition d’un journal de référence. Et la contrepartie est celle des sociétaires du Théâtre Français : accepter de n’être pas les journalistes, les documentalistes, les rédacteurs en chef les mieux rémunérés du marché. Il en sera de même pour Eric Fotorino qui devra se contenter du raisonnable  même si ceci tranche avec l’époque de son prédécesseur.

A charge, maintenant, aux gens qui savent faire des montages financiers d’opérationnaliser tout cela :
1. Le Monde étant un objet culturel, il n’a plus d’actionnaires, il a des mécènes. Leur contribution relève fiscalement des règles du mécénat.
2. Si nécessaire, le Ministère de la Culture apporte une contribution.
3. Les administrateurs sont bénévoles.
4. Tout le personnel du journal, toutes position et toutes responsabilités, ne saura être rémunéré de façon exagérée.
5. On ne pourra cumuler un engagement à temps plein et d’autres activités rémunératrices extérieures (livres, documentaires, etc.) que dans une certaine limite, l’excédent étant reversé au journal.

Messieurs, Mesdames les juristes, à vos codes pour mettre tout ceci en forme juridique (association loi 1901 dont les abonnés seraient les adhérents, ce qui au passage nous exonérerait de la TVA pour les services offerts à ces derniers ?).

Messieurs, Mesdames, les financiers à vos tableurs pour sauver cette œuvre.

« Union Méditerranéenne » : est-ce une bonne idée ?

Je ne sais pas si l’idée de « l’Union Méditerranéenne » est de Sarkozy. Cela n’a d’ailleurs qu’une importance secondaire, puisqu’il la porte. mais est-ce une bonne idée ?

Si l’on regarde l’expérience de l’Union Européenne, on peut effectivement être tenté d’y voir un facteur de paix.

En 1957, soit seulement 12 ans après la fin de la guerre, les trois pays unis du Bénélux, la France et l’Italie signèrent le Traité de Rome qui fonda la Communauté Économique Européenne. Parmi les six, deux d’entre eux avaient porté la guerre en Europe. Et l’un d’entre eux, l’Allemagne, avait laissé des traces incurables. Et pourtant ces six nations décidaient de s’unir, à la fois pour se développer économiquement face aux hégémonies américaines et soviétiques etaussi pour créer une force politique avec laquelle il faudrait compter. Et, en décidant d’interpénétrer peu à peu leurs économies, ces six nations se mettaient, de facto, en position d’alliés. La suite a montré que ce pari était loin d’être stupide.

Rien de ressemblant avec ce que pourraient être les conditions de la naissance d’une « Union Méditerranéenne ».

Les obstacles sont en effet gigantesque. Il y a là des pays qui furent colonisateurs et d’autres qui furent colonisés. Il y a des pays riches et des pays pauvres. Il y a des pays démocratiques et d’autres qui sont bien loin de l’être. On y parle une dizaine de langues et combien de dialectes ! Il y a des pays en majorités chrétiens et des pays en majorité musulmans. Il y a le cas particulier d’Israël. Il y a ceux qui ont la bombe atomique et ceux qui ne l’ont pas. Il y a des pays qui sont ou ont été récemment en guerre plus ou moins ouverte les uns avec les autres.

Quand on réfléchit un peu, le plus petit commun multiple est ridiculement voisin de rien du tout. On peut presque affirmer que seul le fait d’être pays riverains de la même mer est le seul trait commun. Et pourtant cette région fut le berceau d’une civilisation. L’histoire ancienne qu’on nous a apprise nous a conduit de Marseille à Rome, de Rome à Athènes, d’Athènes à Troie, de Troie à Carthage, de Carthage à Alexandrie.

L’un des obstacles majeurs est probablement politique et, au delà, constitutionnel et institutionnel. Il m’est arrivé de poser la question de ce que serait devenue l’Algérie si elle ne s’était pas écartée de la France. Imaginons qu’elle en soit devenue une région dont on aurait fait disparaître toute trace de colonialisme, où l’on aurait, naturellement, mis en place des institutions aussi démocratiques qu’en France et où l’on aurait fait bénéficier tout le peuple de l’immense retombée de l’exploitation des richesses naturelles et d’une agriculture potentiellement très productive. J’ai des amis arabes qui me disent que, de toute façon, c’est un rêve, car il y a le passé colonial. Mais quel passé ne peut être rangé aux archives de l’histoire. En douze années seulement, les français qui avaient été victimes des SS, de la gestapo et des camps nazis, on trouvé la force de signer un traité avec l’Allemagne. En 1957, les « fondateurs » de l’Europe n’étaient pas forcément très populaires. Mais dès lors que les institutions des deux pays étaient devenues comparablement démocratiques, les obstacles pouvaient être surmontés.

Tous les pays riverains du nord de la Méditerranée ont désormais des institutions démocratiques. Tous les pays du sud, sauf Israël (mais qui est une pière rapportée, qu’on le veuille ou non) n’en ont pas. Ou presque pas. La Turquie qui vent rejoindre l’Europe est encore bien imparfaite de ce point de vue.

L’Europe du Nord a fait son ménage. Après avoir viré Hitler et Mussolini, elle s’est débarrassée des institutions de Franco et Salazar, des colonels grecs et des dictateurs yougoslaves.

Il est malheureusement probable qu’un tel ménage soit indispensable dans tous les pays du rivage sud pour que l’Union Méditerranéenne prenne son sens. Il y a encore du chemin à parcourir.

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Notes d’économie politique 20 – 8 mai 2008

Crise économique : l’impuissance des instances de gouvernement et de régulation.

Voilà qui est pour le moins ahurissant.

La recherche médicale, depuis des siècles, fait progresser les connaissances et les méthodes de soin. Mieux, elle fait croître l’espérance de vie de façon très sensible.

La recherche aéronautique, puis spatiale, permet aux hommes d’explorer l’espace, et, mieux encore, a permis à des êtres humains de fouler le sol de la Lune. Et l’on espère, dans peu de décennies, fouler celui de Mars.

La recherche agronomique a permis de développer les cultures et la productivité agricole.En même temps, on a développé l’élevage et la pêche pour produire en quantité à moindre coût pour satisfaire les besoins des peuples de la Terre. Ainsi les grandes famines ont disparu et pourraient ne jamais revenir car aucun obstacle scientifique ne s’y oppose.

La recherche et le développement industriel ont permis de réaliser toutes sortes d’objets pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie ou de travail ou de soin. On a pu inventer la machine à laver, la télévision, l’automobile, mais aussi le scanner. Les peuples du monde disposent désormais d’une grande quantité d’objets techniques pour leur vie quotidienne et leurs loisirs. Il n’y a pourtant pas si longtemps que les hommes et les femmes ne devaient qu’aux cheminées à bois de moins souffrir du froid en hiver.

Et je pourrais continuer, sur des lignes et des lignes, d’énumérer ce qui, depuis ne serait-ce qu’un siécle et demi, a été inventé et développé pour faciliter la vie sur la planète. Les humains se sont appropriés le savoir et sont capables d’agir et de contrôler des situations, des phénomènes, voire des éléments naturels, au prix même de certains excès.

C’est pour cela que je trouve ahurissant ce qu’on dit à propos de la crise économique.

Cette crise est présentée comme un évènement fortuit et peu contrôlable, sinon à la marge. Les gouvernements s’avèrent impuissants. Les banques centrales n’arrivent pas à maîtriser ce qui se passe. Et voici qu’un peuple qui a tout inventé depuis la machine à café jusqu’aux vaccins, qui sait fabriquer et poser une prothèse de hanche, qui fait transiter nos informations à la vitesse de la lumière, qui parvient à maîtriser et faire muter le patrimoine génétique de certaines plantes, se trouve comme le chien crevé au fil de l’eau lorsqu’il s’agit de faire face à la crise des « subprimes » et des stupides conséquences qui en dérivent.

Ce peuple en serait évidemment capable. Mais il ne le veut pas. Ou plutôt les gouvernants n’en veulent pas. Car il faudrait faire entorse au sacro-saints principes du libéralisme.

Quel vaccin auraît pu produire le libéralisme médical ?

N’est-il pas temps, enfin, de faire cesser cette abominable et stupide doctrine. Les hommes et les femmes doivent réguler et prendre en main les mouvements des capitaux et leur emploi comme interdire toute spéculation qui n’apporte rien au bien être de tout un chacun. C’est assez de cette exception délétère et criminelle. Les travailleurs qui, avec leurs mains, ou leurs crayons, ou leurs outils, ou leur intelligence, produisent la richesse ne doivent plus être exposés à de tels évènements.

Seule l’économie coopérative administrée permettra de réaliser cet objectif.

Dans le Familistère de Guise, l’organisation de la vie matérielle et sociale était construite et réelle, tout en laissant à l’esprit la plus grande liberté que la peur du lendemain ne venait pas ternir.

Construisons toutes sortes de familistères !

 

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Notes d’économie politique 19 – 8 mai 2008

Le transport aérien des U.S.A. victime du libéralisme

Le transport aérien des U.S.A. est dans le rouge. Très rouge. Toutes les compagnies depuis que la loi de la libre concurrence est devenue le principal moteur économique. Et de la concurrence, il y en eût. Il y en eût et il y en a tant que toutes les compagnies perdent de l’argent avec pour corollaire une qualité de service médiocre, des retards, des annulations, une flotte vétuste et des doutes sur la sécurité. Et les voici donc en manoeuvres pour faire quelques économies d’échelle avec quelques fusions. Mais le regroupement n’a jamais fait de deux malheureux un homme heureux. Sans compter, dans ce cas précis, des facteurs d’hétérogènéité de flotte, de méthode, qui posent de nombreuses questions.

737-900-continental.1210110544.jpgLe modèle libéral de la concurrence sauvage vient de craquer une fois de plus : à force de vouloir être moins cher que son concurrent, voici que l’on vend à perte. Alors viennent, à leur tour, les appels à l’aide vers le budget fédéral et donc l’intervention des deniers du contribuable.

Ces évènements apportent le patent exemple de l’échec du libéralisme. Il est évident que pour sortir de cette situation, il faudra, non seulement faire appel à des fonds publics ou privés pour sauver ce qui pourra encore l’être, mais aussi définir des règles du jeu pour que ces circonstances ne se reproduisent pas. Qui dit règle dit intervention législative. Et qui dit intervention législative dit économie administrée. Là ne restera qu’une alternative. Une morale consistant à sauver l’outil de travail et l’outil de service économique. L’autre amorale qui s’attachera aussi à protéger les intérêts des actionnaires. Car chaque fois que le libéralisme conduit à un crash, ces derniers sont toujours là à impudiquement tendre la main.

Cette situation est venue de l’absence d’entente sur les prix entre les compagnies. Logique dans la perspective libérale, mais suicidaire. Chacun voulant être moins cher baisse ses tarifs. Et quand les résultats financier passent au rouge, on n’a pas d’autre alternative que de baisser encore pour ne pas être éliminé illico. Baisser toujours jusqu’à l’inéluctable fin. Au passage des milliers de gens y perdront leur emploi.

Alors qu’une sage régulation aurait pu éviter cette catastrophe.

Notes d’économie politique 18 – 6 mai 2008

Condamnée à 96 ans de prison !

Voilà qu’une femme, une française, a été condamnée à 96 ans de prison au Mexique. Je ne sais pas si cette personne est innocente ou coupable. Je ne connais pas le dossier. Elle aurait 33 ans, cela veut dire qu’il y a des êtres assez cons pour imaginer qu’elle restera enfermée jusqu’à plus de 129 ans ! Déjà, en soi, voilà un fait qui serait risible s’il n’était pas profondément attristant.

Voilà le premier sujet.

Le deuxième est qu’elle clame son innocence et que ses proches semblent bien penser que c’est le cas. Et si c’est vraiment le cas, pourquoi faut-il qu’on doive s’adresser à Sarkozy pour espérer que justice soit faite. Il est vrai que ce dernier, dans la récente affaire de l’Arche de Zoé, s’est montré vraiment efficace. Le sera-t-il autant avec cette malheureuse femme ? S’il n’y a que Sarkozy pour réparer toutes les injustices de la terre, on est dans la merde. S’il est vrai que seul, parmi les milliards d’individus qui peuplent la terre, Sarkozy est en mesure de faire rendre justice à cet être humain, cela en dit long sur le monde. Et sur les institutions de ce monde !

Camarades, il y a encore un bon bout de chemin à parcourir !

6/5/2008

Sarkozy, la spéculation et le libéralisme

Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy se montre scandalisé par la spéculation.
Il prend l’exemple de l’affaire de la Société Générale et stigmatise l’usage d’instruments financiers qui n’ont d’autre objectif que de générer du profit. Est-il encore assez naïf pour croire que les investissements des banques vont vers des paquets de participation au capital d’entreprises qui contribuent au développement industriel et social ? Est-il tant ignorant du fonctionnement de la Bourse, depuis que tout ceci est informatisé et mondialement relié, où des « traders » n’ont d’autre travail que d’acheter ici ce qu’ils vont revendre plus cher au plus vite ailleurs ou même de vendre des titres qu’ils ne possèdent pas encore en spéculant sur une baisse. Le jeu de la bourse est devenu une immense et honteuse loterie.
Il stigmatise aussi la spéculation sur les matières premières et plus encore sur les denrées alimentaires ce qui a pour effet d’augmenter la famine dans le monde.
Mais que va-t-il faire ? Que peut-il faire ? Va-t-il fondre sur les fonds de pensions américains qui spéculent à la hue et à la dia sur tout ce qui bouge ? Va-t-il faire injonction au moins aux sociétés financières françaises de consacrer une large part de leur richesse au développement économique et social même si cela fait diminuer les profits ? Va-t-il faire voter une loi imposant une proportion suffisante d’offres de micro-crédit ?
Le Président de la République Française en est réduit aux lamentations. Dès lors qu’il a fait siens les principes du libéralisme économique, il ne peut rien. Il ne peut rien dans le monde. Il ne peut même rien en France, sauf à se libérer de ce même libéralisme pour se retourner vers une économie administrée. C’est à dire mettre en oeuvre le programme de la gauche de 1981.
Quand j’étais jeune et qu’on m’expliquait que les multinationales des U.S.A. pouvaient dominer de larges parties du monde, je me disais que c’était pure exagération. Quand on m’expliquait le le coup d’état de Pinochet au Chili était financé par la C.I.A. et certains groupes, je me disais qu’il y avait une part de romanesque dans cette idée.
Et pourtant ne sont-ce point Areva et Aibus et quelques autres, avec leurs intérêts, qui sont à l’origine des missions d’envoyés de la France en Chine qui se présentent le pantalon baissé ? Et pourtant n’est-ce pas Monsanto qui, par lobbies interposés, tient la main des députés et des sénateurs en train de voter au nom du peuple ?
Tout ce qu’on m’a raconté dans ma jeunesse est bien en dessous de ce qui est arrivé et continue d’arriver depuis.

Notes d’économie politique 17 – 25 avril 2008

Comment organiser le « mammouth » (1)

Le « mammouth », bien sûr, c’est l’Education Nationale. Ce monde souffre de maux endémiques depuis tant et tant d’années qu’il devient pratiquement impossible d’y changer des choses. Et pourtant. Les enseignants ne sont pas heureux, au moins un nombre significatif d’entre eux. Les autres membres du personnel ne le sont pas davantage. Et voici que se profile le serpent de mer de l’avancement « au mérite » dont j’ai expliqué précédemment l’impossibilité.

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Une des maladies du mammouth est son gigantisme. Une entreprise de 1,2 ou 1,3 millions d’employés (!) avec pour moitié, à peu près, les « productifs », ceux qui transmettent les connaissances, et pour l’autre moitié tous ceux qui les administrent. On imagine ! Quelle entreprise pourrait vivre avec 50% de son effectif employé à des tâches de gestion. Évidemment aucune !

Le gigantisme est le produit d’une histoire jacobine qui a eu autrefois son sens plein. Lorsque l’instruction est devenue obligatoire, c’était évidemment une mission de l’état de former et recruter les maîtres, de les déployer là où il le fallait, de garantir la position sociale de ces derniers. Il était hors de question de confier cela aux maires, sachant que nombre d’entre eux, à cette époque n’avaient pas forcément un niveau d’instruction, même moyen. De plus, l’état se présentait comme le garant de l’égalité des chances.

C’est dans ce contexte que fut créée l’école publique avec toute la grandeur de sa mission. Tous les historiens de l’éducation diront qu’elle n’a pas failli à sa mission et qu’elle fut à la fois le fondement de l’avancée sociale et de la démocratie. En étant laïque, publique et obligatoire, elle se plaçait au dessus des courants idéologiques et formait des hommes libres.

Quand l’instruction primaire fut mise en place, l’instruction secondaire était largement l’apanage des religieux. Elle était payante et socialement sélective. La mise en place de l’enseignement secondaire public vint donc tout naturellement. Face au collège des jésuites, on offrit l’alternative du lycée républicain. Certains noms étaient symboliques: Condorcet, Lakanal et naturellement Jules Ferry. Mais, ce faisant, on créait ainsi un appel social qui, au fil des ans, a rempli sa mission. La scolarisation jusqu’à 16 ans a encore contribué à élargir les population demandeuse. Il y a 50 ans, le Certificat d’Etudes Primaire était un sésame pour la vie professionnelle dans nombre de métiers. Aujourd’hui, c’est le baccalauréat voire davantage.

Ce gonflement des effectifs scolarisés a entraîné le gonflement des effectifs des maîtres qui a entraîné le gonflement des effectifs de gestion, mal contrôlés dans une forme ministérielle jacobine dans laquelle l’état voulait conserver son pouvoir sur tout.

Alors on a inventé des choses risibles comme les directeurs d’école qui n’avaient aucune autorité hiérarchique sur les instituteurs et le principal ou le proviseur qui ne devaient la leur qu’à leur charisme personnel. Et qui, par conséquent, n’en ont aucune quand le charisme leur fait défaut. Imaginons une entreprise dont le patron n’est pas le patron et dans laquelles les employés dépendent d’une grosse structure externe. Imaginons une usine d’un grand groupe où les ouvriers dépendent d’un service de ressources humaines externes et non point du chef de production local qui n’a pas le pouvoir de recruter si de licencier. Imaginons, en plus, que certains membres du personnel dépendent d’une direction et les autres d’une autre.

Une école primaire, c’est comme cela. Les maîtres dépendent de l’inspecteur, le personnel de service de la commune et le directeur n’a pas de véritable pouvoir sur tout ce monde. La situation des collèges, des lycées et des facultés est comparable. Certes un proviseur de lycée participe à l’évaluation des professeurs, mais, au final, c’est de l’inspecteur d’académie que ces derniers dépendent.

Voilà comment, le nombre aidant, on fabrique un mammouth.

Les affameurs

Voici que certains pays sont au bord ou dans la crise alimentaire.

Pourquoi cela ?

Il y a les causes structurelles. L’afrique, par exemple, qui pourrait assez facilement parvenir à l’autosuffisance alimentaire se trouve importer des produits qu’elle pourrait cultiver ou dont elle pourrait se passer. Qui a dit que les habitants de la planète devaient tous consommer les mêmes produits ?

speculateurs.1208547635.jpgQu’est-ce qui a provoqué cela ? Ce n’est pas difficile à comprendre. Le commerce international, dérégulé, voire corrompu ou corrupteur. Pourquoi ? Parce qu’il y trouve largement son compte en revendant au monde les produits africains et en vendant aux africains les produits transformés chez leurs anciens colonisateurs. Le Nigéria exporte du pétrole brut qu’il pourrait tout aussi bien raffiner sur place. Les pêcheurs du lac Victoria exportent la Perche du Nil en filets et se contentent des arêtes.

Et pour tout arranger, voici les spéculateurs. Les spéculateurs qui se sont fait étriller par la « crise » des sub-primes ont encore de l’argent. Eh oui ! Allez savoir pourquoi et comment. Ils ont encore de l’argent ! Et que font les spéculateurs faute de pouvoir s’adonner aux joies morbides des sub-primes ? Ils achètent tout ce qui passe en attendant que cela augmente. Alors, ils achètent n’importe quoi: du riz, du sel, du sucre, du pétrole, etc. Et comme leur demande dépasse l’offre, les prix sont à la hausse. C’est bien le but. Et quand le kilo de riz augmente de 20% en Europe, il n’y a pas trop de cris. Mais quand il augmente dans des pays dont la population est au seul de pauvreté, il y a des émeutes et des victimes. Les occidentaux font l’effort pour acheter le riz au prix proposé, mais râlent beaucoup. Ils râlent et ils achètent. Mais pas les Africains, parce que c’est au dessus de leurs moyens.

Alors, que vont-ils manger ? On ne sait Et voici que le riz aymente de 10, 20, 30% au bénéfice des spéculateurs qui n’ont rien d’autre à faire toute la journée sinon essayer de vendre plus cher qu’ils n’ont acheté et d’acheter moins cher qu’ils ne vendront.

Pendant ce temps des centaines de milliers d’humains crèvent encore plus de faim. Et, s’il se trouve qu’une aide arrive, elle aura été financée par les contributions et les impôts des travailleurs des classes moyennes ou modestes de pays mieux nantis.

Si cela n’est pas de l’enrichissement sans cause, je veux bien qu’on me pende.

Notes d’économie politique 16 – 18 avril 2008