Archive dans 5 avril 2007

Trombinoscope des hommes dangereux (catégorie intégriste dogmatique): Joseph Ratzinger, dit Benoît XVI

ratzinger.1175795002.jpgOn hésite toujours un peu à classer un homme qui devrait être un « saint » homme dans la catégorie « dangereux ». Mais il va bien falloir le faire: bien dans la suite de son prédécesseur, le voilà qui revient en force à l’envers. S’il ne s’agissait que de la messe en latin… un bon symbole pour ramener les intégristes au bercail. Mais le voilà aussi qui est à l’origine de l’agit-prop en Italie et en Espagne contre les lois « contre nature ». Et sont naturellement contre nature l’avortement, la contraception, le préservatif, l’homosexualité, le divorce, l’euthanasie, le droit d’un malade en phase terminale de demander qu’on mette fin à ses souffrances.

Sont donc « naturels »: la grossesse forcée après un viol, l’augmentation exponentielle de la population mondiale, la transmission du sida, le mariage indissoluble avec un conjoint qui vous bat tous les jours, la procréation d’enfants siamois ou gravement mongoliens, la mort par étouffement qu’occasionne le cancer du poumon.

Et bientôt, l’intégrisme catholique pourra rejoindre d’autres intégrismes qui prospèrent on sait bien où…

(Sources: Paolo Flores d’Arcais, Le Monde, 4/4/2007) 

Le Pen ou Sarkozy, ou quand le plus dangereux n’est pas celui qu’on croit

lepensouriant.1175733789.jpgLe lis l’interview de Jean-Marie Le Pen dans Le Monde. Il s’exprime toujours avec son aisance coutumière, malgré l’âge avançant. La politique provo conserve. C’est presque amusant. Il n’ y a pas de surprises. C’est tranquille. On à l’habitude. Le Pen, voilà bien longtemps qu’on le connaît. Parfois ce qu’il raconte est tellement prévisible qu’on pourrait presque lever sa garde. Sans compter que sur deux ou trois sujets, ses analyses ne sont pas dépourvues de vérité.
Jusqu’à quel point jouit-il de la pièce qu’il se joue et qu’il nous joue depuis tant d’années et que tous ceux qui ont voulu lui succéder n’ont pas réussi à interpréter de façon convaincante ? Comme il n’a guère varié, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il doit y avoir un bon fond de sincérité dans ce qu’il raconte. En tout cas, il ne sort pas de sa manche une ou deux idées de gauche pour ramasser plus large. Le Pen, c’est Le Pen ! Il s’est même un peu policé. Sans doute est-ce de circonstance. Et soyons honnêtes: la probabilité de le voir un jour à l’Elysée est extrêmement voisine de zéro. Alors, le danger est en proportion.
Et puis, il a rendu un grand service à la gauche en 2001. Il a permis à une gauche déroutée de s’offir le sacrifice expiatoire de voter pour Chirac après une manif cathartique mémorable. Et pourtant le risque de voir Le Pen l’emporter était totalement et platement nul. Et tous sont allés comme des moutons voter pour un Chirac qui, après s’être empressé de dire qu’il serait le Président de tous les français, s’est immédiatement occupé de ne pas tenir ses promesses.
Voici donc: Le Pen, on commence à bien le connaître. Pour le coup, l’effet d’épouvantail diminue.

 

nicolas-col-roule.1176318400.jpgMais il y a l’autre. Le petit Sarkozy, auteur, si l’on en croit ses biographes, d’un bon petit lot de trahisons. On ne cesse de le voir aller et venir, dans cette campagne électorale. Il me fait penser à Mac Enroe quand il courait dans tous les sens pour rattraper les balles de ses adversaires.
Pourtant, son palmarès de la trahison devrait déjà commencer à inquiéter. Peut-on faire confiance à un type qui trahit ses amis « politiques » pour parvenir à occuper une fonction ? Il est vrai qu’à droite comme à gauche, l’ami politique est souvent synonyme de concurrent dans la course au pouvoir.
A-t-il un programme ? Rien n’est vraiment certain.
Même s’il y a des propositions un peu nazes dans celui de Ségolène, on sait bien d’où elle vient et qui l’a choisie. Si elle est élue, elle ne va pas nous faire la politique qu’aurait voulue Arlette. C’est bien sûr. Elle dit parfois des trucs que ne renierait pas l’extrème gauche, mais il est à craindre qu’au moment du passage à l’acte, elle se freine un peu. Elle est ingénue. Beaucoup disent que cela est un défaut Pour moi c’est une qualité. Une personne qui dit des ingénuités pareilles ne peut pas être vraiment calculateur. Et puis elle ne s’était pas formattée pour tenter l’aventure de la Présidence. C’est venu comme cela. Un peu par hasard, on pourrait dire presque par acclamations. Elle n’a pas construit le Parti Socialiste comme son outil personnel. Ce sont les militants de ce parti qui l’ont générée, à contre coeur de certains éléphants.

 

Sarkozy, lui, s’est formatté. Il a construit un parti à sa mesure dont la seule finalité est de le conduite à l’Elysée. Son parti ne le contrôle pas. C’est lui qui contrôle son parti. A vrai dire, son parti est un conglomérat de carpettes qui cherchent à obtenir une parcelle de pouvoir en provenance du cheval sur lequel ils ont parié. On comprend que le béarnais Bayrou, qui vient de prendre conscience, quoique un peu tard, qu’on peut prendre du plaisir à être un peu soi-même, n’ait pas une envie forcenée de s’incliner devant le leader autoproclamé de l’UMP.
Et Sarkozy n’a pas de véritable programme. Son programme c’est d’être élu. Point final. Alors, il glane ici ou là des idées populaires et populistes dont la moindre est la remise en cause de la fonction publique et de ses fainéants fonctionnaires. Il prône cette sottise qui a de plus en plus cours de la concurrence farouche et totale entre les hommes comme si l’intelligence humaine n’était pas capable de produire de modèle plus humaniste («  » C’est la vie, la concurrence. Je vais même vous dire mieux, moi, j’ai la concurrence dans les veines. « ). Évidemment, il ne connaît que ça. Il a passé sa vie dans une guerre sans merci qui a consisté à dégommer tous ses adversaires par n’importe quel moyen.
Mais, au pire, ce discours-là, on le connaît. On y est préparé.
Mais il y a l’autre. Celui qu’il ne dit pas. Ou du moins pas tout haut ou pas publiquement. Mais parfois ça lui échappe.
« Imaginez qu’un cameraman ait filmé ce qui s’est passé dans les locaux de France 3 le 18 mars à 19h30, peu avant le début de France Europe Express, l’émission animée par Christine Ockrent, dont l’invité est le candidat de l’UMP. Imaginez qu’en un geste inouï de courage et de déontologie journalistique et citoyenne, la rédaction de cette chaîne aie décidé de programmer ce reportage brut de décoffrage juste après l’émission. Voilà ce que vous auriez vu en « off » : Nicolas Sarkozy entre dans le hall d’accueil au pas de charge, hyper speedé, l’air renfrogné, entouré d’un tas de gorilles qui le dépassent de deux têtes, de sa cour de conseillers toute en courbettes et de sa maquilleuse attitrée. Il est accueilli par des journalistes qui l’accompagnent jusqu’à la loge de maquillage, dont les fauteuils sont déjà tous occupés par les autres invités de l’émission (Laurence Parisot, présidente du Medef, Martin Hirsch, président d’Emmaüs France et Julie Coudry, présidente de la Confédération étudiante) en pleine séance de poudrage antisueur. On lui demande donc de patienter. Patienter, lui ? Pas question. Il pique aussitôt une de ses colères coutumières et hurle : « Je ne veux pas attendre plus longtemps, je veux me faire maquiller tout de suite ». Essayant de le calmer, les journalistes lui expliquent qu’il doit attendre son tour vu qu’il n’y a pas d’autre loge de maquillage. Nouveaux hurlements d’un Sarkozy déchaîné : « Mais enfin, il n’y a personne pour m’accueillir. La direction n’est pas là? Ce n’est pas normal. Qu’est-ce qu’ils font ? Qui suis-je pour être traité ainsi ? » »
(http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=21133)
Peut-on faire confiance à un type comme ça, à l’ego hypertophié à ce point ?
Et puis il y a les petits mots qui lui échappent. « Racaille » et « Karcher » ont déjà fait leurs ravages. Et il y a tous ces mots qui lui échappent, toutes ces petites choses qu’il ne parvient pas à vraiment contenir et que des témoins rapportent ici ou là sur le net ou qu’on trouve dans les colonnes du Canard Enchaîné.

Non décidémment, je crois bien que Sarkozy est plus dangereux que Le Pen.

 

L’étrange condamnation du « taliban australien »

guantanamo.1175500044.jpgLa Check-list Le Monde abonnés de ce jour rapporte ceci:

« Détenu à Guantanamo depuis 2001, David Hicks, le « taliban australien », a été condamné à sept ans de prison et sera libre dans neuf mois. Pour son avocat, cité par le Sydney Morning Herald, le jugement est digne des « procès publics de Staline » : « il a d’abord été détenu sans preuve, puis torturé, on lui a enfin extorqué sa confession », où il déclare… ne pas avoir été torturé. Hicks, qui risquait vingt ans de prison et voulait avant tout retourner en Australie, a aussi accepté de revenir témoigner contre d’autres terroristes dans les sept prochaines années et de ne pas parler aux médias durant douze mois, souligne The Age. De nombreux commentateurs relèvent que cela tombe bien pour le gouvernement australien : les législatives auront lieu dans neuf mois. Rejeté par l’armée australienne en 1999 en raison de son peu d’éducation et de ses faibles qualifications, Hicks s’envola en janvier 2001 en Afghanistan, où il fut entraîné par Al-Qaida. Il ne passa que deux heures au front : effrayé, il vendit son arme pour fuir les combats en taxi. Capturé par l’Alliance du Nord, il fut revendu 10 000 dollars à des soldats américains. »

Nicolas Hulot commence à me les casser

hulot-sarko.1175456404.jpgUn peu marre de la bonne conscience du nanti. On ne peut pas être contre tout. Il va bien falloir faire des choix. Qu’il se prononce contre l’augmentation des gaz à effet de serre. Très bien. Mais dans l’état actuel de la science, il faudra bien alors accepter l’idée de la production d’énergie nucléaire. On ne peut tout avoir. Ou alors accepter que les coûts de l’énergie augmentent tellement que seuls les privilégiés pourront en profiter.
« Placer l’écologie au coeur du débat politique » est une grave erreur. C’est placer le libéralisme économique qui n’en a rien à faire de l’écologie au coeur du débat politique. Mais quand on est poliquement émasculé au point d’être capable de soutenir un candidat libéral qui n’en a rien à secouer de l’écologie sauf pour faire des voix et pourvu qu’il dise comme vous, on a encore beaucoup à apprendre.

Grève du port autonome de Marseille : tyrannie de la CGT ou peur de la privatisation?

pam.1175452971.jpgJ’allais écrire, qu’une fois de plus, la tyrannie des dockers du port de Marseille provoquait une grève longue et peu justifiable. Une grève qui aura coûté, selon les estimations patronales, 25 millions d’euros (combien de mois au SMIC ?). Mais il a fallu se documenter un peu et comprendre que les ouvriers concernés ne sont pas des dockers: ce sont ceux du Port Autonome et qui ont peut-être de légitimes raisons d’être inquiets.
Pourquoi tout bloquer pour un enjeu de quelques emplois (cinq, dit-on au maximum). GDF veut faire décharger son gaz par du personnel de GDF, pour des raisons avancées de sécurité. Les ouvriers du port, veulent que ce soient des ouvriers du port. Sur fond de privatisation de GDF, le syndicat CGT mène un conflit qui dépasse le simple cadre du branchement et débranchement des navires sur le futur terminal méthanier de Fos Cavaou. Il porte plus largement sur la privatisation du port.
Dès lors, on comprend mieux les enjeux. Maintenant, tout le monde a peur. Notre économie est en train de basculer dans le libéralisme incontrôlé. Et, la résistance à la privatisation, même si elle se présente pour une part comme la défense de certains avantages acquis dont la légitimité est discutable, est aussi bien produite par le spectacle toujours renouvelé des plans sociaux et des dé-localisations. Et pourrait-on faire confiance à une société GDF privatisée pour ne pas tomber dans cette voie facile. Maintenant que toute la marine est tombée dans le libéralisme sauvage, les ouvriers du port ont, chaque jour, le spectacle ordinaire de ces hommes recrutés pour servir sur les navires, dans les pays à faibles coûts de main d’oeuvre, corvéables et licenciables à merci.
De partout, nous parviennent des signes fort, de cette pression endiablée du libéralisme sauvage.
Viendra un moment où l’appel à la révolte deviendra inévitable.

Notes d’économie politique 5 – 1er avril 2007

« République » « Démocratique » du Viet-Nam !!!!!!!!!! Ouh là la !

taistoi.1175448528.jpgVu dans L’express.fr: la photo d’un dissident vietnamien réduit au silence. Nguyen Van Ly, prêtre, accusé à Hué de propagande anti-gouvernementale a crié deux fois « A bas le parti communiste » avant qu’un membre de la sécurité ne lui ferme la bouche militairement. Il a été condamné à 8 ans de prison.
Qui a dit que ce pays était devenu démocratique ?

Internet et liberté : Violences à la gare du Nord : vos témoignages

 

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Sous le titre « Violences à la gare du Nord : vos témoignages », lemonde.fr publie une série de témoignages reçus en ligne. Et les témoins s’efforcent de raconter ce qu’ils ont vu et entendu. Ces témoignages sont assez bien écrits (sans doute ont-ils été selectionnés pour cela, sans toutefois avoir été apparemment remaniés, puisqu’il y a encore des fautes d’orthographe). Et voilà qui apporte des éclairages différents, loin du sensationnalisme que recherche trop souvent la presse. « Dans toute cette foule, moi aussi je perds mon calme quand j’entends un journaliste s’exciter à l’idée que les images du 20h vont provoquer un afflux de « jeunes » vers la gare. Je l’engueule, il se sauve de peur que je le fasse remarquer par un groupe de « jeunes » qui se trouvait près de nous. Un photographe qui a vu la scène tient à me rassurer en me jurant que « la profession » n’est pas comme ça. » (Yassine A.)
http://abonnes.lemonde.fr/web/articleinteractif/0,41-0,49-889065@45-3257,0.html

C’est bien.

C’est bien parce que des journalistes ont fait leur travail: celui de récolter et transmettre des témoignages tels qu’ils sont. C’est bien, parce que des citoyens ont pu écrire ce qu’ils ont vu, et être lus. C’est bien aussi, parce que cette présentation n’exclut pas le travail d’analyse publié en d’autres lieux.

A mon âge, on se prend à se demander si cette formidalble liberté d’expression qui irrigue le Web n’est pas un rêve. Il n’y a pas si longtemps, la censure régnait. Même en France, au temps de l’ORTF ! On se prend aussi à craindre que ce formidable outil de communication entre les hommes ne soit colonisé ou inféodé aux puissances de l’argent ou de l’obscurantisme.

Aujourd’hui, je peux écrire sans contrainte sur ce blog. On me lira ou on ne me lira pas. Je dirais presque que je m’en fiche, car le plus important est sans doute mon droit d’expression. Et peut-être, un quidam interrogeant un moteur de recherche me trouvera et me lira ou me déposera un avis ou une superbe citation comme l’a fait l’autre jour taomugaia.

Notre génération va léguer le Web à nos héritiers. C’est aussi important que l’oeuvre de Gutemberg !

« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté »

Paul Eluard, 1942

P.S.: Il ne m'a fallu que 30 secondes pour trouver sur le Web, les termes exacts de la citation d'Eluard!
Tableau: Delacroix, La liberté guidant le peuple

Marin otage en Iran : qui peut croire un homme qui parle sous la menace ?

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Un marin britannique parle à la télévision iranienne pour « avouer » être entré illégalement dans les eaux territoriales iraniennes. Et qui peut le croire ? Certainement pas ceux qui lui ont dicté cette révelation. Certainement pas tous les citoyens du monde qui, quelle que soit leur culture ou quel que soit le régime politique sous lequel ils vivent, savent bien ce que valent de telles déclarations. Et même pas les iraniens qui savent bien, depuis maintenant des années, dissimuler prudemment leur culture ou leur indépendance d’esprit derrière le tchador.

Et voici donc que personne ne le croit, le pauvre garçon, sauf les idiots et les fanatiques. Tout le monde sait bien qu’il n’a d’autre choix que de déclarer ce qu’il déclare.

Au final, de telles mises en scène ne servent pas ceux qui les organisent. N’ont-ils que des conseillers assez veules et incapables de leur dire combien, à moyen terme, ces manières sont contr-productives.