Archive dans 13 mai 2007

Le patrimoine de Sarkozy

tentes.1179015737.jpgVient d’être publié au Journal Officiel de la République Française, la déclaration de patrimoine du nouveau Président de la République. On y remarque plusieurs choses. Il n’est propriétaire d’aucun bien immobilier. Il aurait vendu son appartement de Neuilly, dit-on. Comment se fait-il qu’il n’a pas remboursé l’emprunt de 50000 €, souscrit pour décorer son appartement lorsqu’il l’a vendu. La banque, en l’occurence la Société Générale n’aurait-elle pris aucune hypothèque ?
Quand il était Ministre de l’Intérieur, il était logé Place Beauveau. Mais depuis, où dort-il la nuit ? Chez Monsieur Bolloré ? Chez Monsieur Bouygues ? Je n’ose pas croire que Chirac lui avait déjà offert l’hospitalité dans une chambre de bonne de l’Elysée. On dit qu’il loge dans un appartement de Neuilly dont il n’est pas propriétaire. Voilà sans doute pourquoi il a déclaré qu’il voulait faire des français un peuple de propriétaires.
En fait, il possède des contrats d’assurance-vie pour près de 2 millions d’euros. C’est peu, quand on y pense, après tout ce temps passé au service du peuple français. Ce peuple est vraiment fort ingrat.

Et pas la moindre petite résidence secondaire. Rien ! Pour les vacances ? Est-ce qu’on lui prête toujours un yacht ? On l’a vu en Corse, chez Reno et Clavier. Et puis, il semble bien qu’il aille régulièrement passer ses vacances près du bassin d’Arcachon. Chez qui alors ?

Et, à part une petite Austin de 15000 €, pas le moindre véhicule automobile. Je sais bien que l’homme pratique quotidiennement le jogging. Mais quand même ! Pour emmener les enfants à l’école ? Pour aller passer un week-end à Fort Mahon Plage ? Pour aller faire ses courses chez Auchan ? C’est vraiment étrange.
Et pas le moindre tableau, pas le moindre bijou de famille… Décidément voilà un homme bien malheureux.
Le seul vraiment à se réjouir est l’heureux bénéficiaire des contrats d’assurance vie, car il est certain que cet homme-là va se tuer au travail.

Mais la vérité, la vraie, c’est que voilà quelqu’un qui vit depuis certainement longtemps aux crochets de la République. Logement(s) de fonction, voiture(s) de fonction, meuble(s) de fonction, serviette de toilette de fonction. J’allais dire épouse de fonction ? Il ne sait plus rien de la vraie vie des gens. Avoir une carte de fidélité à Intermarché. Payer sa redevance audio-visuelle. Faire le plein d’essence chez Leclerc. Télécharger la carte des radars. Manger de la tête de veau sauce Gribiche dans un bouchon lyonnais. Mettre à jour son anti virus. Laver les carreaux. Commander son fuel pour l’hiver. Choisir une bouteille de vin de pays. Sortir les ordures.
Mon Dieu ! Quelle triste vie !

Sarkozy, Fillon, Judas et Cie, Miam Miam Pouvoir

baiserjudas.1179000736.jpgEn navigant un peu au hasard sur Internet, en « surfant », comme l’on dit, voici que je tombe par hasard sur ce « Baiser de Judas » d’Ernets Hébert. Et voici donc qui me ramène aux affaires du temps. Tous les journaux nous donnent des listes des « traîtres » ou des « ralliés » qui pourraient bien devenir ministres. Combien d’hommes politiques ne seraient pas prêts à trahir pour un « maroquin » ? Il y a eu les grands et beaux traîtres, Eris Besson étant probablement, ces temps-ci le plus remarquable spécimen. Mais il y en a d’autres, des demi traîtres ou des traitres potentiels, toutes sortes ralliés du premier tour ou d’entre les deux tours.

Après cela on s’étonnera de nouveau de la maigre opinion qu’ont les français de la politique !

Une très belle phrase d’un lecteur de Liberation.fr (alzaz) : »Y a la meute de droite, celle du centre et même quelques loups de la gauche. Miam miam Pouvoir. ».

Sarkozy : le coup du yacht

 

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Le coup du yacht sur lequel s’est embarqué le futur Président de la République occasionne de nombreux commentaires dans les blogs. Technocrati ne relève pas moins de 400 références, rien que pour la journée du huit mai. Il y a des formules sentie: «  »Cher » Nicolas… avec ta virée à Malte on a eu un avant goût de ce qui nous attend  » , « Le petit Nicolas fait du bateau « , « Clowneries en Sarkoland « , « Le gars de la Royal « . D’autres indiquent « moi aussi je possède un yacht… Ma dernière acquisition pour promenez Sarkozy (aussi: photo ci-dessus). « France’s Sarkozy sails into storm over luxury holidaySarkozy wants french to work harder « . « Le vrai con maltais « . « . « 

On trouve d’autres informations. Par exemple, on pourra aussi découvrir une photo de la luxueuse barque , vu du dehors et du dedans, les prix de location (plus faibles en basse saison). Certains font observer que lorsque François Mitterrand avait besoin d’un peu de paix, il faisait l’ascension de la roche de Solutré – et la droite d’alors se gaussait.

On ne commentera pas davantage. Les faits parlent d’eux-mêmes. Ci-dessous une bonne photo de l’évènement.

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Sarko part en bateau : les affaires reprennent

paloma.1178645859.jpgMonsieur Sarkozy a filé des heures heureuses depuis dimanche dernier. Dîner au Fouquet’s, avec, notamment, ce parangon d’intelligence politique et d’évasion fiscale qu’est Johnny Halliday, d’après ce qu’on raconte. Nuit dans le même établissement qui est, il est vrai, terriblement éloigné de son domicile de Neuilly, l’équivalent de 5 ou 6 stations de métro. Il a été vu sortant peu avant midi, avec madame et leur fils. Puis ils se sont envolés dans le jet privé de Monsieur Bolloré pour l’île de Malte pour un séjour de quelques jours sur le yacht du même millionnaire.

Pensant ce temps, la société Alcoa tente une OPA hostile sur Alcan qui s’était déjà emparé de la filière aluminium de Pechiney avec, en prime, quelques centaines de licenciements

Pendant ce temps, les salariés d’EADS sont toujours enchantés de l’intéressement de 3 euros qu’on leur a royalement offert, pendant que les actionnaires ne crachaient pas sur les dividendes.

Les affaires reprennent !

Comment se présenter aux législatives

elephants.1178583786.jpgTous ceux qui parlent de la constitution d’un parti social-démocrate, d’une ouverture au centre, semblent oublier qu’il faut quand même rester à gauche. Si l’objectif n’est que la recherche du pouvoir, on peut faire alliance avec qui l’on voudra. Mais il y a peu de chances que les tenants de la démocratie participative soient enthousiasmés par cette perspective. Alors, ceux qui sont revenus aux urnes pourraient bien les bouder de nouveau.
Car, il faut quand même savoir où se place le point de rupture. On a vu, lors du débat Bayrou-Royal, que les désaccords portaient surtout sur certains aspects, pas tous, de la politique économique. Une chose est claire : Bayrou ne remet pas en question l’ordre libéral économique mondial. Et l’on sait que les effets de cet ordre (actionnariat intéressé par les profits à court terme, délocalisations) sont les plus nocifs pour le maintien de l’emploi. Peut-on dire que les électeurs qui ont voté pour Bayrou au premier tour et pour Royal au second on la même vision de l’ordre économique mondial que les électeurs de Besancenot ? Assurément non. Et de même pour les « bons » électeurs classiques de la gauche ouvrière et socialiste. On ne peut donc faire alliance, comme cela, à tout va comme semble le dire, par exemple, Kouchner. On ne peut gagner à n’importe quel prix. Si la gauche avait voté au premier tour pour Bayrou, comme beaucoup ont été tentés de le faire, il serait président de la république et Sarkozy ne le serait pas.
Au jour d’aujourd’hui, un seul critère pour les candidats députés : êtes-vous disposé à constituer une opposition raisonnable et raisonnée, mais solide, à un parti tellement servile qu’il risque de conduire le nouveau président sur la voie du pouvoir personnel ? Si la réponse est « oui », alors il y a matière à composer un ensemble, un « front » pour employer un lieu commun du commentaire politique. Et pour ce faire, à la fois dans un souci de clarté démocratique et pour éviter tout souci de concurrence stérile, il faut que toutes les composantes de cette opposition soient représentées. Daniel Cohn-Bendit a proposé qu’après examen des résultats de la présidentielle, on choisisse des circonscriptions pour proposer des candidatures assurant cette représentation et permettant notamment à des « petits » partis d’être représentés. Il ne serait pas scandaleux qu’on trouve une circonscription où Olivier Besancenot ou José Bové pourraient être élus. Il en va de même, évidemment, pour les verts, les communistes et le Parti Démocrate de François Bayrou, si celui voit le jour et décide de se placer dans l’opposition.
Il est à craindre, malheureusement, que cette stratégie pragmatique et productive ne se heurte aux féodalités aux situations acquises, aux fiefs, surtout tant qu’on n’aura pas mis en œuvre la saine proposition de Ségolène Royal d’interdiction de cumul des mandats. Mais, pour ces législatives, il à craindre que la politique redevienne basse et alimentaire, tout ce qu’un grand nombre des électeurs de la candidate de gauche n’a pas souhaité.

Sur les causes de l’échec

sego-6-mai.1178583559.jpgOn va certainement gloser longtemps et beaucoup sur les causes de l’échec de Ségolène Royal, ce 6 mai 2007. On dira que la campagne a été mal faite, que les idées ont été mal présentées, que l’ensemble du parti socialiste ne s’est pas montré assez coopératif.
Tout ceci est probablement vrai. Mais l’impact de ces avatars circonstanciels est sans doute relatif. Il est probable que si Ségolène Royal avait été candidate en 2002 à la place de Lionel Jospin, elle aurait gagné.
Certains experts pensent que les variations électorales françaises tiennent à une petite partie de l’électoral « flottant » qu’on estime à, grosso modo 5%. Il est vrai que si l’on retire 5% des voix à Sarkozy et qu’on les ajoute à Ségolène, voici que le résultat est inversé. Ajoutez 5% à Jospin en 2002 et la face du monde aurait été changée. Il était présent au deuxième tour. Qui peut dire ce qui se serait passé ensuite.
Et l’on dit, également que les critères sur lesquels se décident ces 5% échappent à une véritable logique politique. Ces électeurs ne sont pas de gauche, ne sont pas du centre, ne sont pas de droite. Ils se décident impulsivement sur des critères difficiles à cerner. En 2002, Ségolène Royal serait probablement apparue comme plus chaleureuse, plus battante, plus enthousiaste, plus belle que Jospin. Cela aurait peut-être suffi.
En 2006, on peut dire que Sarkozy tombait bien, dans l’ambiance. Une grande partie de la population, les plus vieux, les plus vulnérables, demandaient aide et protection : demande de sécurité intérieure contre une augmentation réelle ou imaginée de la délinquance de proximité et des atteintes aux biens et aux personnes ; demande de protection contre la dureté de la concurrence internationale conduisant, notamment, aux délocalisations. Sarkozy s’est présenté avec un programme paternaliste promettant le retour des valeurs d’ordre, du travail, de la propriété, de la famille, de la patrie, etc., valeurs qui ne coûtent pas grand-chose tant qu’on a pas commencé à essayer à les mettre en application.
La différence essentielle entre le programme du candidat de droite et le programme de la candidate de gauche résidait en réalité dans la méthode de mise en œuvre. Sarkozy disait « je vais faire », en faisant semblant d’ignorer superbement l’écart entre la parole et les actes. Ségolène disait « je vais consulter sur la manière de faire », ce qui est plus honnête, mais moins sécurisant puisqu’on ne peut prévoir à l’avance le produit de ces consultations. D’un côté, le candidat est imprudent puisqu’il s’engage sur la voie des promesses électorales : cf. la baisse d’un tiers de l’impôt sur le revenu promise par Chirac en 2002, promesse qui ne sera pas tenue, parce qu’elle est intenable. Et pourtant, quand on disait en 2002 que c’était impossible, il y a avait bien des gens pour y croire mordicus, malgré les centaines de promesses qu’avaient faites Chirac tout au long de sa carrière.
Ségolène est très différente. Promettant la consultation, la concertation autant que faire se pourra, elle ne promet rien qu’elle ne puisse tenir, sauf un critère de moralité : celui de la « France juste », ce qui veut dire que les résultats de la concertation devront conduire à une répartition honnête des profits et des efforts, contrairement à une réalité dominante du quinquennat précédent qui est la confiscation des produits de la croissance par une minorité de gens et de structurse pendant que la majorité du peuple salarié souffre des conséquences sauvages de la mondialisation.
Lorsqu’elle est participative, Ségolène est bien plus à gauche que ne l’était, par exemple Mitterrand. Sa référence permanente à ces allers et retours avec le peuple s’inscrit, involontairement, peut-être, pour une part, dans la ligne de 1968 et c’est probablement une des raisons pour lesquels son adversaire a tant fustigé cet héritage. Le seul problème pour l’électeur moyen c’est qu’il ne voit pas d’avance ce qui en découlera dans la vie quotidienne et dans le porte monnaie.
Ce programme est intelligent. Pas le moindre du monde démagogique. C’est probablement une raison pour laquelle il a si fortement enflammé tous ceux qui demandaient qu’on considère davantage le citoyen, même avec une part de risque et peu excité les habitués, pourtant tant de fois floués, de la politique clientéliste, ceux qui attendent des élus qu’ils leur « donnent » un travail, un logement, une aide sociale, etc., etc.. A ce titre, Ségolène représente bien plus que l’autre les valeurs de travail et d’investissement de soi, mais c’est totalement invisible en première analyse, même sommaire, comme il est évident qu’une grande part des électeurs n’est culturellement pas capable de le faire.
Si l’on fait le total de ceux qui votent Sarkozy pour préserver leurs richesses et leurs avantages et des membres des classes populaires qui attendent du pouvoir qu’il leur « donne » ceci ou cela, on ne doit pas être très loin du compte. Et quand on sait qu’il eût suffi d’à peine plus de 3% pour que tout bascule…
Pouvait-on faire autrement ? Certainement : le parti socialiste aurait pu, sans doute avec une autre personnalité, présenter un programme plus « classique » avec un train de mesures sociales et économiques comme Strauss-Kahn aurait pu le faire. Mais les électeurs qu’il trouvait par ici auraient-ils compensés ceux qu’il perdait par là ? Personne ne peut l’estimer. Certains électeurs potentiellement de gauche étaient décidés à voter au premier tour pour François Bayrou si DSK ou Fabius sortait gagnant de la primaire socialiste. En d’autres termes, nul ne sait ce qu’aura rapporté la variable « enthousiasme » de Ségolène Royal dans l’environnement sinistre d’un PS vieillissant et englué dans les querelles de personne. D’ailleurs les résultats de la présidentielle sont à peine connus depuis 24 heures que le bureau politique s’apprête à redonner une place aux éléphants (notamment DSK et Fabius) qui vont recommencer leurs leçons ennuyeuses et qui ne sont pas dépourvues de compétition interpersonnelle dont l’électeur n’a rien à faire.

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite…

C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rèves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève…

Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute…

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Pendant l’élection, les otages sont toujours otages

ericdotage.1178498499.jpgPendant que Sarkozy fait liesse, Eric Damfreville est toujours otage des talibans en Afghanistan. Comme toute notre attention est occupée par l’élection présidentielle, on fait durer le plaisir pour mieux retrouver d’ici quelques jours cet odieux devant de la scène que les media vont naturellement offrir à ces malades d’un Coran imaginaire. Hurlons à la mort ! Hurlons car l’horreur nous étreint à la pensée de ces méthodes d’un autre âge ! Hurlons, car ces primitifs bornés ne font que provoquer la haine et le désespoir ! Hurlons de chagrin pour l’otage et sa famille !

Cette campagne, c’était comme mai 1968 * Nous ne sommes pas seuls !

Je relis tous les messages électroniques, tous les documents qui ont circulé et que nous nous sommes fait passer entre nous.
Quelle fraternité: un meeting au stade Charlety qui ressemblait à celui du 27 mai 1968: chaleureux, coloré, bariolé.
Quelle créativité ! Aussi bien littéraire que graphique. En cela, Internet a donné a tous un remarquable (mais pas assez redoutable) moyen d’expression. Combien de blogs ont-ils été créés ? Combien de lignes de blogs ont-elles été écrites ? Combien d’images ont été dessinées ? Combien d’affiches ont été dévoyées ?
Quand le nouveau président de la répblique déclare que c’en est fini de l’héritage de mai 1968, il n’a rien compris. Comment n’a-t-il pas vu que nous avons investi ce nouveau moyen d’expression, que nous l’avons mis au service de notre liberté d’expression ?
Et comment cela est-il venu ? Je n’imagine pas un seul instant que la productivité populaire eut été aussi féconde si Dominique Strauss-Kahn ou Laurent Fabius avaient été candidats. Ce sont donc des circonstances nouvelles qui sont à l’origine de cela. Et ces circonstances se nomment ségolène Royal. Voilà quelqu’un qui a su comprendre que la politique nouvelle ne pouvait se faire sans une participation franche et massive du peuple. En créant son site Internet « Désirs d’avenir » elle a donné le ton. En conduisant des réunions « participatives », elle a développé le concept.
A propos des meetings de Bercy de Sarkozy et de Charlety de Ségolène Royal, nombreux sont les commentateurs qui ont fait la même analyse: « le public de Bercy montrait une société homogène; celui de Charléty une société plus diverse, plus colorée. Dans le premier cas, beaucoup d’inclus; dans le second, beaucoup d’aspirants à l’intégration, de candidats à intégrer cette classe moyenne dont le sort reste une des clés de l’avenir » (J.M. Colombani, Le Monde, 4:5:2007). Tout s’explique alors. Il ya ceux (dont un grand nombre parmi les plus âgés) qui attendent du pouvoir qu’il leur trace la route, qu’il les protège, qu’il veille à ce que rien ne soit changé, qu’il les gouverne pour tout dire. Et puis il y a ceux, malheureusement un peu moins nombreux que les premiers, qui aspirent à ce que la représentation politique et l’exécutive qui en est l’émergence conduise une politique dont le peuple, en perpétuelle évolution, est la source et la racine.
D’une certaine façon, la démarche de Ségolène Royal est révolutionnaire. C’est du révolutionnaire « soft », mais c’est du révolutionnaire quand même. D’abord en se présentant plus comme un porte-parole, exécutif, mais porte parole tout de même. Beaucoup n’ont pas compris pourquoi elle ne répondait pas plus précisément à la question perfide de Sarkozy sur les 35 heures. Le second disait qu’il allait au plus vite ouvrir la possibilité de contingents d’heures supplémentaires (exonérés en partie de charges et d’impôts de surcroît). La première se contentait d’annoncer qu’elle allait remettre à plat. Revenir dessus, alors ? Non, remettre à plat, c’est à dire faire passer l’ensemble du dispositif à l’examen critique des partenaires sociaux pour en retenir, en supprimer ou en modifier ce qui semblerait utile aux uns et aux autres.
Ainsi, Ségolène Royal ne se présente pas avec des réponses toutes faites, mais avec une méthode qui est, pour l’essentiel, la concertation. En cela, elle est beaucoup plus fine que son adversaire, car elle ne s’expose pas à retirer un texte dans l’humiliation, comme le projet CPE. Elle sait aussi que, sauf à recourir à la dictature (ce qui est peut-être l’objectif de Sarkozy), on ne peut imposer brutalement et de façon durable des réformes qui n’ont pas l’adhésion d’une large majorité: «  »Le projet de Nicolas Sarkozy, c’est de prendre le pouvoir. Le mien, c’est de vous le rendre », «  »Je viendrai régulièrement devant vous vous rendre des comptes du pouvoir que vous m’avez déposé et non pas donné ». Il y a là des accents des fondamentaux de la première république et non de la cinquième.
Voici donc les deux mondes qui ont soutenu Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Le premier qui a cru pouvoir espérer, pendant quelques mois, soulever le couvercle de la marmite se voit brutalement repoussé par le résultat de ce vote conservateur. Mais, grâce à la candidate qui a su fédérer toutes ces énergies, ils savent désormais qu’ils ne sont pas seuls. Il n’est pas certain alors que le couvercle ne se soulève pas par le seul effet de l’importance du bouillonnement du chaudron.

Peut-être cette nouvelle marche pour la liberté et le dialogue a-t-elle commencé.

DSK ou l’impudeur faite homme

 

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Judas !

Il était à peine 20H10 quand Dominique Strauss-Kahn s’est déclaré « disponible ». Ce qu’il a oublié, cet idiot, c’est que devant Sarkozy, il aurait fait à peine 30%. Rien compris. Rien compris à rien. Les éléphants sont gros, mais leur cerveau est petit.