D’un côté, la campagne s’élève. Ségolène Royal et François Bayrou se livrent à un exercice inédit: comparer publiquement et sereinement leurs projets. D’un autre côté, la campagne s’abaisse. Voilà celui qui prétend n’attaquer personne qui prononce des phrases stéréotypées sur ceux qui ont prôné « l’assistanat, l’égalitarisme, le nivellement, les 35 heures ». Ceux-là sont les héritiers de mai 68, soi-disant tenants du « relativisme intellectuel et moral ». « Il n’y avait plus aucune différence entre bien et le mal, le beau et le laid, le vrai et le faux, l’élève valait le maître », a-t-il ironisé.
Voici le discours suprême. Celui du bien et du mal, des bons et des méchants, des travailleurs et de ceux qui profitent du système, des bons français et des mauvais français, ceux qui ont répandu leurs idées laxistes. C’est vrai qu’en 1968, il n’y avait pas si longtemps qu’on avait fini de crier « Paix en Algérie », et qu’on criait encore « Paix au Vietnam ». On avait inventé ce slogan que Sarkozy ne peut comprendre: « faites l’amour, pas la guerre ».
En 1968, Nicolas Sarkozy avait 13 ans. Il ne fera pas croire qu’il n’a rien compris à ce qui se passait. En créant les conditions qui ont facilité la fin d’un pouvoir froid et réactionnaire, nous avons créé les conditions de grandes réformes généreuses: la libéralisation de la contraception et de l’avortement et la suppression de la peine de mort en fut un point culminant. Simplement, un an plus tard, en 1969, c’est la banque et la finance qui prenait le pouvoir. Et ceci n’a guère cessé depuis. Juste un peu moins criant sous Mitterrand.
Il paraît même que Les héritiers de mai 1968 sont même responsables de la « dérive du capitalisme financier ». « La contestation de tous les repères éthiques a préparé le terrain des parachutes dorés et des patrons-voyous. » Daniel Cohn-Bendit et Noël Forgeard, même combat.
Pendant combien d’années, depuis 1968, la droite a-t-elle été au pouvoir ?
Voici donc venu le vrai Sarkozy et le discours manichéen que Pétain n’aurait pas renié. Dans la bouche d’un homme qui, à plusieurs reprises, a trahi ses amis politiques, quelle fourberie.
Chirac a voté l’abolition de la peine de mort. Sarkozy l’aurait-il voté ?
Je n’ai pas eu la chance de pouvoir assister à l’intégralité du « débat » d’hier entre François Bayrou et Ségolène Royal, mais ce que j’en ai vu m’a fortement impressionné. Peut-être était-ce l’absence d’enjeu (quoique ce n’est pas certain), peut-être était-ce la qualité des intervenants. En tout cas, rien à voir avec les débats mesquins et stériles auquels les hommes politiques nous ont habitué. Enfin des responsables qui exposaient tranquillement les sujets sur lesquels ils étaient en accord et les sujets sur lesquels ils ne l’étaient pas, sans sous-entendre que l’autre est un vaste crétin. Et même s’il est évident que tout ceci n’est pas sans arrières-pensées, quelle respiration !
Il y a quelques temps déjà, je faisais part ici de mes doutes. Une intuition, car je ne disposais pas de tous les exemples. Aujourd’hui, les témoignages convergent: Nicolas Sarkozy est un homme dangereux. Ce n’est même pas son programme qui est dangereux. C’est l’individu dans cette folle et nombriliste quête d’un pouvoir absolu, dans ce mépris des autres, y compris de ceux qui le servent. Il faut tout faire pour empêcher qu’il devienne Président de la République. Il n’est plus temps de se taire. Ou cet homme nous mènera au pire, ou les résistances seront si fortes que nous irons vers un affrontement comme nous n’en avons pas connu depuis longtemps.
Etant un bon utilisateur d’Internet, je suis allé voter en ayant connaissance des derniers sondages « interdits ». Tous les utilisateurs un peu férus savent où les trouver. Quant aux résultats, une chaîne radiophonique étrangère annonce qu’elle publiera des résultats à 18 H00. Et je n’ai pas le droit de dire laquelle, ni donner le lien. Vivent les faux culs.