Archive dans 15 décembre 2009

Le grand emprunt reçoit le Prix Guémené.

Tout fier, le Président de la République, de présenter son grand emprunt qui n’en est pas un. Rien de plus qu’une augmentation du déficit, puisque le peuple ne sera pas invité à  partager ce brouet.

Tout bidon, le grand emprunt pour financer les universités réunies en pôle d’excellence, car il est bien connu que plus on est de fous plus on rit. De toute façon, cet argent est destiné à être bidon, à être placé et à utiliser les revenus pour payer les intérêts. En clair, je te prête pour que tu place pour avoir des intérêts pour me payer les miens. Derrière le grand emprunt se profile la privatisations des « bonnes » universités, sélectives et chères, qui sélectionneront et demanderont des frais de scolarité conséquents.

Toutes gondolées de rire, les entreprises qui bénéficieront du soutien de l’emprunt.

Tout sourires les marchands d’éolienne et panneaux photo-voltaïques.

Très contents les fournisseurs d’accès à Internet qui gagnent beaucoup d’argent et qu’on n’obligera pas à financer l’Internet rapide.

Et puis c’est tout.

Pas un centime pour le logement social qui correspond à un réel et urgent besoin, sans compter que la construction est une authentique industrie de main d’oeuvre car on ne peut la délocaliser.

Cet emprunt mérite d’être décoré de l’Ordre de Guéméné :

Tout savoir sur L’Ordre de Guémené

Il n’y a pas plus d’andouilles à Guémené qu’ailleurs. Mais il y a plein d’andouilles qui ne sont pas à Guémené.
Visitez Guémené

Découpage électoral : la démocratie résistera-t-elle ?

Un vent frais vient de souffler sur la république agonisante. Les sénateurs ont repoussé le charcutage électoral de Monsieur Marleix. Enfin un vote qui n’est même pas politique. Juste le bon sens.

Mais voilà que les centristes pas courageux parlent « d’erreur humaine ». Voilà quelques bribes de courage politique transformées en erreur humaine. Ils ont osé défier le maître alors ils ont peur qu’on leur coupe… qu’on leur coupe quoi ? les vivres ou les couilles ? Pour ces dernières, s’ils reviennent sur leur vote, il n’y aura plus grand chose à couper.

Mais voilà que le gouvernement veut une deuxième délibération. Sénateurs, vous êtes trop cons ! Vous avez mal voté. Alors vous allez revoter. Et comme il faut, je te dis ! Pas question d’aller s’égarer sur un amendement communiste. vous vous rendez compte !  Soyons clairs : la démocratie, on s’asseoit dessus !

Les deux premières comparaisons qui me viennent à l’esprit sont édifiantes : l’U.R.S.S sous Staline, le Chili sous Pinochet. En ces temps-là, on n’en avait rien à faire des sénats et autres assemblées. Elles votaient toujours oui. Point final !

 

La crise : sagesse de Maurice Allais, folie du libéralisme. Oui au protectionnisme.

Maurice Allais est le seul Prix Nobel d’Economie que la France ait jamais eu (1988). A ce titre, on aurait pu penser que tous les commentateurs et exégètes de la crise auraient pu l’interroger. Et si l’on pensait (à tort) qu’il était trop âgé pour ce faire, on aurait pu, au moins, consulter son oeuvre. Dans un article dans le journal Le Monde, paru le 25 janvier 2009, l’auteur, Pierre Antoine Delhommais, faisait rappel de son livre La Crise mondiale d’aujourd’hui (1999).

Je cite:

« De profondes similitudes apparaissent entre la crise mondiale d’aujourd’hui et la Grande Dépression de 1929-1934 : la création et la destruction de moyens de paiement par le système du crédit, le financement d’investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme, le développement d’un endettement gigantesque, une spéculation massive sur les actions et les monnaies, un système financier et monétaire fondamentalement instable (…).
Ce qui est éminemment dangereux, c’est l’amplification des déséquilibres par le mécanisme du crédit et l’instabilité du système financier et monétaire tout entier, sur le double plan national et international, qu’il suscite. Cette instabilité a été considérablement aggravée par la totale libération des mouvements de capitaux dans la plus grande partie du monde.
(…) Depuis 1974, une spéculation massive s’est développée à l’échelle mondiale. A New York, et depuis 1983, se sont développés à un rythme exponentiel de gigantesques marchés sur les «stock-index futures», les «stock-index options», les «options on stock-index futures», puis les «hedge funds» et tous «les produits dérivés» présentés comme des panacées (…).
Qu’il s’agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s’arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo et à Hongkong, puis à Londres, Francfort et Paris. Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit. Jamais dans le passé elle n’avait atteint une telle ampleur (…).
L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais sans doute il n’est devenu plus difficile d’y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n’était apparue avec une telle menace d’un effondrement général. »

Mais comment cette déraison est-elle devenue possible ?

A cela, une seule réponse : le dogme du libéralisme et le refus de l’encadrement de l’économie et du protectionnisme.

Cet encadrement n’aurait ouvert les barrières douanières qu’entre les pays ayant atteint un niveau de développement comparable Et si le Traité de Rome avait un sens lorsqu’il était signé par les six pays fondateurs, il n’en a aucun quand le coût du travail est si différent entre la France et la Roumanie. Ce qui veut dire que le traité de Lisbonne est insensé ! Pire encore, lorsque la différence est celle de la Chine et de l’Europe. La Chine est devenue l’usine du monde parce que ses coûts de production, ses coûts salariaux notamment, sont dérisoires. En voulant trouver le meilleur prix pour le téléviseur à écran plat, l’ouvrier français n’est probablement pas conscient qu’il y trouve en même temps la disparition de l’emploi en France.

C’est une vue à court terme, voire illusoire, que de croire que la concurrence peut être un moteur universel de l’économie. Sans aller loin, il suffit de s’intéresser à quelques exemples nationaux :
– La libéralisation du marché des télécommunication a-t-elle été profitable ? Sur le plan des tarifs ? Très peu puisque les opérateurs s’entendent entre eux. Sur le plan du service ? Absolument pas. Su le plan des emplois ? Encore moins. On est passé d’un service public imparfait à des entreprises au service très imparfait, alors qu’il aurait suffi à l’état patron d’imposer à France Télécom les changements nécessaires
– La libéralisation du marché de l’électricité a-t-elle été profitable ? Sur le plan des tarifs, on craint le pire. Sur le plan de la sécurité, notamment des centrales nucléaires ? On crait le pire. Sur l’investissement à long terme et la sécurité des approvisionnements ? C’est le brouillard.
– Qu’apportera la privatisation du transport ferroviaire ? Si l’on en croit l’exemple britannique, des morts !

Dans le monde privatisé, l’égalité du citoyen devant les services publics n’existe plus : pas de téléphone dans les lieux retirés (ou très cher) , pas d’électricité, etc.. Superbe dispositif d’aménagement du territoire ! En matière d’Internet ce sont souvent les départements qui investissent. En matière de transport ferroviaire, ce sont les régions. Au final c’est le contribuable qui paye pour que soit maintenue un relative égalité de service, pendant que les société privées concessionnaires s’empifrent. Sur le long terme, on a déjà l’expérience de la distribution de l’eau ou des pompes funèbres.

Par ailleurs, l’encadrement n’aurait pas permis la gigantesque partie de poker menteur mondiale que sont l’augmentation frénétique du crédit et la folie des marchés spéculatifs. Comme le disait très justement Maurice Allais, les dettes s’empilent sur les dettes.

Et pire encore : on se rend compte qu’une fois la tempête passée, et pas encore la crise, les mêmes recommencent les mêmes jeux de cons qui ne font qu’entretenir la misère des trois quarts de la population mondiale. Il serait temps que les hommes politiques en prennent conscience. a moins qu’ils ne soient déjà complice pour avoir sablé le champagne avec les patrons des multinationales au Fouquets, un soir d’élection. Et si les politiques n’en prennent pas conscience ou sont complices, il faut qu’on les change. Vite.

Un article paru sur le site de Solidarité et Progres proposait de délocaliser Pascal Lamy. Voilà une bonne idée. Mais il n’est pas seul. On pourrait faire un ou deux charters.

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Notes d’économie politique 44 – 14 novembre 2009

 

 

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Sarkozy et les universités: bobards, mention très bien

Je voudrais signaler un excellent papier de  Cédric Mathot, paru sur le site de libération.fr

Cet article analyse le discours de Nicolas Sarkozy, le 28 novembre 2009 à Aubervilliers. la plus burlesque citation relevée est la suivante:
« «Pour l’autonomie des universités, qui nous a valu neuf mois d’occupation l’année dernière, nous n’avons pas reculé d’un demi-centimètre. Et pour la première fois depuis vingt-cinq ans, dans le classement des universités de Shanghai, les universités françaises remontent. C’était possible, nous l’avons fait.»

Des bêtises.
La première pour « la première fois de puis 25 ans … Shanghaï », car ce classement n’existe que depuis 6 ans.
La deuxième est que le classements des universités françaises reste, grosso-modo, le même.

Lire le détail: http://www.liberation.fr/societe/0101606346-sarkozy-bobards-mention-tres-bien

Voici venue la dictature

Voici venu le temps de la dictature.

Qu’est-ce qu’une dictature ? Un régime politique instauré par un dictateur.
Qu’est-ce qu’un dictateur ? Un chef d’état qui gouverne arbitrairement et sans contrôle démocratique.

En sommes nous arrivé là ? Cela y ressemble fort. Nous avons un Président qui décide beaucoup, euphémisme pour dire qu’il décide de tout. de tout. Y a-t-il un seul ministre pour le contredire ? Jamais. Y a-t-il un seul député de sa majorité pour le contredire ? Jamais. Y a-t-il un seul sénateur de sa majorité pour le contredire ? Jamais. Il y a seulement députés et sénateur de l’opposition qu’on laisse causer à leur guise, dans le vide. La majorité est ailleurs et elle est servile sauf Monsieur Dupont-Aignan qu’on laisse aussi causer dans le vide. Et même s’il arrive que , par extraordinaire, un vote ne convient pas au gouvernement, donc à celui qui le dirige, on vote de nouveau et dans le bon sens, cette fois. A la marge, on jette parfois quelques cacahuètes aux élus de la majorité,  pour qu’ils aient l’impression d’exister.

Le pouvoir exécutif se trouve donc entièrement entre les mains du Président de la République. Le pouvoir législatif, par sa soumission, s’y trouve également.

Reste le pouvoir judiciaire. Il y a toujours eu des juges serviles et des juges qui ne l’étaient pas. Qu’à cela tienne ! On réforme à tout va, dans le sens qu’on imagine : celui qui rendra les juges encore plus dépendants du pouvoir. Fini les juges d’instruction teigneux qui envoyaient des hommes politiques en correctionnelle. Vivent les parquets bien obéissants.

Objection, encore : il y a des institutions de contrôle, comme la Cour des Comptes. Certes, mais a-t-on jamais vu des fautes relevées par la Cour des comptes qui ont donné lieu à des sanctions ? A-t-on jamais vu la Commission Nationale Informatique et Liberté s’opposer fermement à des agissements du pouvoir.

Resterait alors le pouvoir des exécutifs des collectivités territoriales (communes, départements, régions) qui ne sont pas toutes du même bord que le parti au pouvoir. On pourra parler de cette opposition. Pour peu de temps. Le Président a décidé de s’attaquer à la Taxe Professionnelle qui constitue l’une des meilleures sources de revenus de ces collectivités. Au motif que cette taxe est mal fichue, ce qui est vrai, on la supprime alors qu’on aurait pu, sagement, étudier les façons de faire afin qu’elle soit mieux répartie. Entre temps, l’État promet de compenser jusqu’au dernier centime. Le gouvernement prend les gens pour des idiots. L’État a-t-il jamais compensé une perte de revenu de cette sorte ? Bien sûr que non. Dans un an, ces collectivités seront à genoux.

On peut aussi évoquer le pouvoir économique dont on sait bien qu’il existe dans le monde présent et dont on sait aussi qu’il peut contrer le pouvoir politique. Il y a deux sortes de pouvoirs économiques : celui qui produit pour créer de la valeur et enrichir les actionnaires; celui qui produit pour créer et maintenir l’emploi. On voit bien de quel côté penchent les dirigeants actuels qui se sont davantage empressés de renflouer les banques que de chercher des solutions  au chômage. Et puis, il n’y a qu’à regarder vers quels amis penche le Président : tous ceux qui l’ont accompagné lors de la désormais célèbre « Nuit du Fouquet’s », au soir de son élection à la Présidence. Il n’y a qu’à regarder qui sont ces amis qui prêtent des bateaux et bien d’autres choses encore.

Venons-en aux services publics. Les services publics ont souvent été, par le passé, des foyers de résistance. Les salariés sont plus protégés que d’autres, ils peuvent donc s’engager plus facilement dans des luttes syndicales. Les actions des membres de ces services publics peuvent occasionner d’importants désordres par des grèves de l’énergie, des transports, des télécommunications, pour s’opposer au pouvoir politique. L’histoire de France est scandée par des grandes grèves qui ont fait reculer le pouvoir. La plus récente est celle de 1995 contre le « plan Juppé ». Dans la conjoncture présente, faute de pouvoir les maîtriser les agents publics, il faut donc s’en débarrasser. Par chance, l’idéologie dominante en Europe est hostile aux services publics. Et s’il est vrai que ces derniers ne sont pas toujours des exemples de productivité, on peut imaginer qu’il y aurait d’autre solution que de les vendre. Les vendre, c’est mettre le personnel dans une situation d’instabilité professionnelle qui aura pour effet de faire considérablement baisser le potentiel de réaction, voire de révoltes. C’est ainsi que le Président, continuant l’œuvre de démolition de son prédécesseur, a vendu Gaz de France, après avoir promis qu’il ne le ferait jamais. Ensuite on confie ces entreprises à des dirigeants bien serviles parce qu’on les couvre d’or, pendant que les salaires stagnent et que le chômage augmentent.

Il existe un autre rocher bien résistant : l’Éducation nationale. Il y a là une majorité de fonctionnaires qui se sont montrés souvent difficiles à manipuler. Ces agents de l’état ont, pour la plupart une haute opinion de leur travail pour la défense de la liberté et de l’égalité. Le potentiel de nuisance de cette corporation est très élevé. La manœuvre devient alors toute simple. On ne renouvelle pas les postes. On ne remplace pas ceux qui partent à la retraite. Pendant que les enseignants se battent pour le maintien de leurs effectifs, ils ne voient pas, ou trop tard, s’avancer les réformes. Et comme on laisse l’enseignement public aux prises seul avec tous les problèmes de société, on déroule le tapis rouge sous les pas de l’enseignement privé qui ne s’est jamais montré très critique avec le pouvoir de droite. pPrallèlement, sous couvert d’autonomie, on entame le processus de privatisation des Universités et on saccage le processus de formation des maîtres.

Dans le même mouvement, on restructure l’hôpital public, lieu d’accueil de toutes les souffrances et de toutes les détresses de la société, pour rentabiliser les soins et en transférer une bonne part qui rapporte plus vers les cliniques privées. On institue ainsi une médecine à deux vitesses qui éliminera les plus pauvres en faisant baisser leur espérance de vie. Ce n’est pas de l’eugénisme, mais d’une certaine façon ça y ressemble…

oussekine.1259522087.JPGEnfin, il y a la police. Jusqu’en 1981, la police, en France, a eu tous les droits. Protégée par le pouvoir politique, elle pouvait se permettre d’arrêter et de mettre en examen à sa guise, notamment au cours de contrôle « au faciès ». Lorsque la gauche est venue au pouvoir, il est devenu clair que la police ne pouvait plus tout se permettre. Lorsque le  6 décembre 1986, un étudiant étranger du nom de Malik Oussekine meurt sous les coups des « voltigeurs », la France entière est dans la rue. Ceci ne serait évidemment plus possible sous un régime autoritaire. Cela n’est probablement plus possible aujourd’hui lors que l’on ne compte plus les arrestations arbitraires et les gardes à vue injustifiées.

Ainsi sont réunis tous les éléments de l’organisation d’une dictature : un exécutif fort, dominé par un seul homme, sans aucun contre-pouvoir législatif ou judiciaire ; une alliance de ce pouvoir avec un pouvoir économique dominant qui ne vise que l’enrichissement d’une minorité ; un affaiblissement du pouvoir syndical ; le transfert des services publics susceptibles de résistance vers le privé ; une police aux ordres et livrée à elle-même au quotidien.

Sarkozy réforme à la hussarde. Au secours ! La France se meurt !

C’est par esprit de système que Nicolas Sarkozy pond des réformes en tout sens. Réformer pour réformer. Et les ministres sont obligés d’y aller. On ne réforme pas après avoir étudié les sujets, les défauts et les aménagements possibles. On décide de réformer avant d’avoir fait l’étude. Et, pour faire bonne mesure, on réforme tout. Ce qui est extrêmement grave, c’est l’absence de véritable étude préliminaire. On casse et l’on s’efforce de reconstruire sur des modèles sommaires, a priori.

Il est plusieurs exemples de ce fonctionnement pernicieux.

On est en train de réformer la formation des professeurs. Ce qui se trame n’a rien à voir avec une amélioration. Pire, pour que cette formation coûte moins cher, on escamote la véritable formation professionnelle et les stages qui vont avec. Toute la communauté éducative est contre, aussi bien les syndicats de gauche que de droite. Et pourtant l’on persiste et signe, simplement parce que l’ordre vien d’en haut.

Au motif des désordres de l’affaire d’Outreau, on réforme le système judiciaire français, en copiant ce qui se passe dans d’autres pays sauf en ce qui concerne l’indépendance des magistrats. Cette réforme, si elle se fait, bousculera les régles fondamentales de la démocration concernant l’autonomie des trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. Et l’on n’en est pas à mettre en forme des idées venues de l’analyse des inconvénients du système précédent : on cherche comment opérationaliser une réforme sur la base de principes venus d’en haut. Juges et avocats de tous bords se mobilisent pour critiquer sévèrement les principes de base du projet. Rien n’y fait.

On réforme l’hôpital public, sur la base d’un constat superficiel en comparant les performances économiques des cliniques privées et des établissements publics. On oublie de considérer que les urgences des hôpitaux sont ouvertes 24 heures sur 24 et que défile là toute la misère du monde dont le secteur privé refuse de se charger. On aurait pu travailler scientifiquement en examinant quels gains on pouvait obtenir ici ou là. Mais non : on réforme par principe et tant pis si la qualité du système de soin français, le meilleur au monde selon certains experts, se détériore profondément.

On réforme à marche forcée l’organisation territoriale. On part d’une idée qui pourrait être bonne. Avec le changements des moyens de communication, on pourrait légitimement l’organisation. Mais on ne consulte pas. On ne réfléchit guère. On ne cherche pas le « juste milieu ». On veut juste faire baisser le nombre d’élus pour des raisons économiques et surtout politiques : communes, départements, régions sont supprimés ou dépecés ou privés de moyens pour en faire les serviteurs du monstre froid et impécunieux que sera l’état.

Réforme de ce qui reste des services publics au nom de la productivité.  On réforme au motif que la performance économique des entreprises privées est meilleure. On oublie qu’un service public a des contraintes pour maintenir l’égalité de service pour tous les citoyens où que soit leur domicile et quelle que soit leur situation personnelle, leur âge. Après avoir livré France Telecom, EDF, Gaz de Fance, va-t-on aussi livrer la SNCF aux appétits de ceux qui feront passer le profit avant la sécurité comme en Grande Bretagne. On brade les pépites au privé et l’on supprime les services égalitaires et déficitaire. Va-t-on ensuite privatiser l’école, l’université ?

On réforme le financement des collectivités locales. On a l’oeil fixé sur la taxe professionnelle qui est un impôt mal foutu. Et au lieu d’examiner comment on pourrait mieux s’y prendre, le roi décide qu’on le supprimera. Personne ne sait comment ces ressources seront remplacées. On jure que l’état en situation de déficit budgétaire aggravé compensera. Foutaises !

On réforme le système pénal, en votant une nouvelle loi chaque fois qu’un fait divers vient à la une des media. Sans étude préalable des dispositifs existants dont certains ne sont même pas applicables, on ajoute des couches soit vélléitaires, soit anticonstitutionnelles, soit contradictoires avec le droit européen.

Que restera-t-il dans cette déferlante productiviste, du sort des gens, des plus faibles. Que restera-t- il de la notion même de service public offrant à chacun les mêmes droits? Que restera-t-il de la laïcité, de l’indépendance des forces du capital, de la liberté et de la démocratie?

 

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Le projet de loi sur la récidive durci et adopté

callas-roue.1259172917.jpg« L’Assemblée nationale l’a adopté hier. Ce texte est ressorti des cartons après le viol et le meurtre récents d’une joggeuse par un délinquant sexuel récidiviste dans la forêt de Fontainebleau. Malgré les réserves de la garde des sceaux, la surveillance de sûreté, prévue jusqu’alors pour les condamnés à plus de 15 ans de prison à leur sortie, a été étendue aux personnes condamnées à une peine de plus de 10 ans. La surveillance judiciaire pourra s’appliquer en fin de peine aux personnes condamnées à 7 ans. Les députés ont ajouté une nouvelle sanction, un retour en prison, pour les condamnés qui refusent ou interrompent un traitement antihormonal (ou castration chimique). En revanche, les amendements, proposés par 200 députés UMP et centristes, visant à supprimer les réductions automatiques de peine n’ont pas été adoptés » (Le Monde, Check-list, 25/11/2009)

Maintenant c’est sûr. Nous venons de faire très  exactement 68 ans en marche arrière.

A quand le retour de la guillotine, de la roue et du gibet de Montfaucon ?

Université, lycée, collège, école : nous n’appliquerons pas leur réforme

Eleve St Esprit Saint Esprit Beauvais fusil

Le 13 novembre 2009, le gouvernement a présenté ses décisions concernant la réforme de la formation des enseignants pour les écoles, les collèges et les lycées.

Nous, personnels de l’enseignement supérieur et de la recherche, nous lui répondons aujourd’hui que nous refusons d’appliquer ces décisions néfastes, prises en dépit du bon sens et au mépris de tous.

Au mépris des étudiants,

– Le gouvernement maintient sa logique d’augmentation de la durée des études non rémunérées en faisant passer de quatre à cinq ans la durée minimale séparant le bac de la réussite au concours d’enseignement, sans aucun plan d’aides massives aux étudiants et sans la moindre revalorisation salariale ensuite, dans le déroulement des carrières.
– Le gouvernement choisit d’ignorer la spécificité évidente de chacun des métiers de l’enseignement en considérant, dans le nouveau calendrier des concours, qu’il est acceptable de demander aux mêmes candidats de passer successivement à quelques semaines d’intervalle les concours de professeur des écoles, de professeur des lycées et collèges, de professeur de lycée professionnel.

Au mépris de la qualité de la formation des futurs enseignants,

– Le gouvernement aménage la première année d’études supplémentaires (master 1, ex-maîtrise) en une simple année de bachotage généraliste et prétend que les étudiants de deuxième année (ex-DEA) pourront en quatre mois seulement, entre les écrits et les oraux, à la fois préparer un oral de concours, suivre des stages, rédiger un mémoire de master, se former à la recherche, s’initier à la dimension internationale de leur fonction future et connaître l’organisation de l’éducation nationale.
– Le gouvernement détruit toute formation professionnelle dans sa réforme en réduisant à une peau de chagrin la formation alternée qui constituait la première année post-concours. Il la remplace par de « pseudo-stages » organisés par les seuls rectorats et entérine la destruction de vingt ans d’expertise didactique et pédagogique au sein des IUFM (anciennes Ecoles Normales).
– Le gouvernement feint de croire que les masters ainsi conçus, dont le niveau aura dramatiquement baissé, pourront délivrer un diplôme professionnalisant. Or, celui-ci ne sera qu’un alibi pour envoyer ceux qui n’auront pas le concours enseigner comme précaires de l’éducation nationale.

Au mépris des élèves,

– Ce projet s’inscrit dans une politique globale : depuis des années, le gouvernement s’obstine à vouloir réduire le nombre de postes d’enseignants dans le premier et le second degrés, en diminuant constamment le nombre de postes mis aux concours et en développant tout un arsenal de mesures qui fragilise la formation des futurs enseignants.
– Le gouvernement restreint le nombre de titulaires remplaçants au point de rendre impossible le simple remplacement des collègues malades dans les classes des écoles, lycées et collèges. Au lieu de remplaçants formés, les rectorats envisagent aujourd’hui d’envoyer en stage des étudiants sans le moindre encadrement didactique et n’ayant pas encore les concours.
– Au détriment de la sécurité la plus élémentaire, ces étudiants en formation, placés pour la première fois devant des élèves, seront responsables, civilement et pénalement, de leur classe.

Au mépris du service public d’enseignement et de recherche,

– Le gouvernement rompt avec l’idée que la formation au service public doit se faire au sein du service public, en mettant en place un calendrier des concours de recrutement (d’octobre à décembre) qui va précipiter le recours aux institutions privées pour un bachotage préparatoire aux épreuves durant les mois d’août et de septembre.
– Le gouvernement déséquilibre les formations universitaires existantes dans leur articulation avec la recherche, et prépare en particulier la disparition de toute formation à la recherche dans les lettres et sciences humaines et sociales en détournant les viviers d’étudiants des offres de formation existantes vers les seuls parcours d’enseignement.

Au mépris de toute écoute et de toute efficacité dans l’action gouvernementale,

– Les ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur persistent dans la mise en place de la réforme de la formation des enseignants sans tenir le moindre compte des critiques unanimes et des propositions avancées par tous les acteurs de ce débat depuis des mois, notamment sur le calendrier des épreuves de concours et sur les nécessaires équilibres entre formation disciplinaire et formation pédagogique.
Nous n’appliquerons pas cette réforme, nous ne mettrons pas en place les stages, nous ne rédigerons ni projet de maquettes ni parcours de formation,

Nous ne contribuerons pas à la destruction du service public de l’enseignement et de la recherche de la maternelle à l’université.

Que le gouvernement prenne ses responsabilités. Nous prenons les nôtres !

Sauvons l’Université !, le 24 novembre 2009

 

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Jean Pierre Treiber et le recel de malfaiteur

treiber.1259016032.jpgOn dit que les personnes qui ont aidé Jean Pierre Treiber dans son évasion seront poursuivies pour recel de malaiteur. C’est bien curieux car l’évadé n’a pas été condamné. Donc on ne peut pas le qualifier de malfaiteur. Donc il n’y a pas de recel de malfaiteur. Recel d’inculpé ? Est-ce possible. Et s’il n’était pas condamné, pourrait-on être poursuivi pour recel de malfaiteur qui, au bout du compte, n’en est pas un ?

L’élève, le fusil et le Saint Esprit

Chroniques des abonnés du Monde 22 novembre 2009

saintesprit.1258913012.gifVoilà qui ferait bien une fable… Mais ce n’en est pas une.
Il a 13 ans et demi. C’est encore un enfant. Il a, dit-on, une passion un peu trop grande pour les jeux vidéo. Sans doute est-il un peu en dehors de monde réel.
L’enfant a pris un fusil de chasse et des cartouches pour aller tuer ses professeurs. On dit pourtant que c’était un élève calme. Qui avait de bons résultats. Un bon élève, quoi !
Oui, mais les résultats étaient en train de fléchir. Pourquoi ? Sait-on bien les raisons qui font que les résultats d’un élève fléchissent ?
Mais c’était ennuyeux qu’ils fléchissent parce que les professeurs le lui faisaient savoir.
Le Saint Esprit n’aime pas que les élèves fléchissent. Le Saint Esprit aime bien avoir 99 % de réussite au brevet et au baccalauréat.
D’ailleurs quand les élèves fléchissent trop, le Saint Esprit leur montre la voie de la sortie. Comme cela, il n’y a pas d’influence sur le pourcentage de réussite.
On dit que l’élève a bien mal vécu. Peut-être a-t-il vécu cela comme injuste ? Peut-être a-t-il pris peur de voir s’ouvrir la grande porte vers le dehors ? Et que lui a-t-on dit ? Il y a des mots qui blessent. Il y a des mots qui affolent. Il y a des mots qui font peur. On ne sait pas pourquoi.
Alors il a pris le fusil de chasse et 25 cartouches.
Pour aller tuer ses professeurs.
Mais ses parents s’en sont aperçus et ont averti la police.
L’élève a vu la police et il s’est enfui.
Alors, il n’a tué personne. Il n’a menacé personne.
On dit qu’il pourrait être condamné à 20 ans de prison !
Voilà un enfant qui est maintenant entre les mains de la justice.
Et voilà une famille qui doit être bien malheureuse.
Et si l’on profitait de cette chance qu’il n’y ait pas eu de victimes pour réfléchir.
Le Saint Esprit comprendra-t-il que sa pression est trop forte et qu’il y a des élèves qui ne peuvent la supporter. Et quel intérêt d’avoir 99% de reçus au bac. Quelle ridicule comparaison avec les lycées de la ville qui ont 96% ou 97% et qui ouvrent si peu leurs portes dans le sens de la sortie. Pour quelques pour-cent ?
N’est-il pas temps que cesse cette perpétuelle compétition qui divise les hommes au lieu de les unir ?