Archive dans 15 décembre 2009

Le grand emprunt reçoit le Prix Guémené.

Tout fier, le Président de la République, de présenter son grand emprunt qui n’en est pas un. Rien de plus qu’une augmentation du déficit, puisque le peuple ne sera pas invité à  partager ce brouet.

Tout bidon, le grand emprunt pour financer les universités réunies en pôle d’excellence, car il est bien connu que plus on est de fous plus on rit. De toute façon, cet argent est destiné à être bidon, à être placé et à utiliser les revenus pour payer les intérêts. En clair, je te prête pour que tu place pour avoir des intérêts pour me payer les miens. Derrière le grand emprunt se profile la privatisations des « bonnes » universités, sélectives et chères, qui sélectionneront et demanderont des frais de scolarité conséquents.

Toutes gondolées de rire, les entreprises qui bénéficieront du soutien de l’emprunt.

Tout sourires les marchands d’éolienne et panneaux photo-voltaïques.

Très contents les fournisseurs d’accès à Internet qui gagnent beaucoup d’argent et qu’on n’obligera pas à financer l’Internet rapide.

Et puis c’est tout.

Pas un centime pour le logement social qui correspond à un réel et urgent besoin, sans compter que la construction est une authentique industrie de main d’oeuvre car on ne peut la délocaliser.

Cet emprunt mérite d’être décoré de l’Ordre de Guéméné :

Tout savoir sur L’Ordre de Guémené

Il n’y a pas plus d’andouilles à Guémené qu’ailleurs. Mais il y a plein d’andouilles qui ne sont pas à Guémené.
Visitez Guémené

Découpage électoral : la démocratie résistera-t-elle ?

Un vent frais vient de souffler sur la république agonisante. Les sénateurs ont repoussé le charcutage électoral de Monsieur Marleix. Enfin un vote qui n’est même pas politique. Juste le bon sens.

Mais voilà que les centristes pas courageux parlent « d’erreur humaine ». Voilà quelques bribes de courage politique transformées en erreur humaine. Ils ont osé défier le maître alors ils ont peur qu’on leur coupe… qu’on leur coupe quoi ? les vivres ou les couilles ? Pour ces dernières, s’ils reviennent sur leur vote, il n’y aura plus grand chose à couper.

Mais voilà que le gouvernement veut une deuxième délibération. Sénateurs, vous êtes trop cons ! Vous avez mal voté. Alors vous allez revoter. Et comme il faut, je te dis ! Pas question d’aller s’égarer sur un amendement communiste. vous vous rendez compte !  Soyons clairs : la démocratie, on s’asseoit dessus !

Les deux premières comparaisons qui me viennent à l’esprit sont édifiantes : l’U.R.S.S sous Staline, le Chili sous Pinochet. En ces temps-là, on n’en avait rien à faire des sénats et autres assemblées. Elles votaient toujours oui. Point final !

 

La crise : sagesse de Maurice Allais, folie du libéralisme. Oui au protectionnisme.

Maurice Allais est le seul Prix Nobel d’Economie que la France ait jamais eu (1988). A ce titre, on aurait pu penser que tous les commentateurs et exégètes de la crise auraient pu l’interroger. Et si l’on pensait (à tort) qu’il était trop âgé pour ce faire, on aurait pu, au moins, consulter son oeuvre. Dans un article dans le journal Le Monde, paru le 25 janvier 2009, l’auteur, Pierre Antoine Delhommais, faisait rappel de son livre La Crise mondiale d’aujourd’hui (1999).

Je cite:

« De profondes similitudes apparaissent entre la crise mondiale d’aujourd’hui et la Grande Dépression de 1929-1934 : la création et la destruction de moyens de paiement par le système du crédit, le financement d’investissements à long terme avec des fonds empruntés à court terme, le développement d’un endettement gigantesque, une spéculation massive sur les actions et les monnaies, un système financier et monétaire fondamentalement instable (…).
Ce qui est éminemment dangereux, c’est l’amplification des déséquilibres par le mécanisme du crédit et l’instabilité du système financier et monétaire tout entier, sur le double plan national et international, qu’il suscite. Cette instabilité a été considérablement aggravée par la totale libération des mouvements de capitaux dans la plus grande partie du monde.
(…) Depuis 1974, une spéculation massive s’est développée à l’échelle mondiale. A New York, et depuis 1983, se sont développés à un rythme exponentiel de gigantesques marchés sur les «stock-index futures», les «stock-index options», les «options on stock-index futures», puis les «hedge funds» et tous «les produits dérivés» présentés comme des panacées (…).
Qu’il s’agisse de la spéculation sur les monnaies ou de la spéculation sur les actions, ou de la spéculation sur les produits dérivés, le monde est devenu un vaste casino où les tables de jeu sont réparties sur toutes les longitudes et toutes les latitudes. Le jeu et les enchères, auxquelles participent des millions de joueurs, ne s’arrêtent jamais. Aux cotations américaines se succèdent les cotations à Tokyo et à Hongkong, puis à Londres, Francfort et Paris. Sur toutes les places, cette spéculation, frénétique et fébrile, est permise, alimentée et amplifiée par le crédit. Jamais dans le passé elle n’avait atteint une telle ampleur (…).
L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile. Jamais dans le passé une pareille accumulation de promesses de payer ne s’était constatée. Jamais sans doute il n’est devenu plus difficile d’y faire face. Jamais sans doute une telle instabilité potentielle n’était apparue avec une telle menace d’un effondrement général. »

Mais comment cette déraison est-elle devenue possible ?

A cela, une seule réponse : le dogme du libéralisme et le refus de l’encadrement de l’économie et du protectionnisme.

Cet encadrement n’aurait ouvert les barrières douanières qu’entre les pays ayant atteint un niveau de développement comparable Et si le Traité de Rome avait un sens lorsqu’il était signé par les six pays fondateurs, il n’en a aucun quand le coût du travail est si différent entre la France et la Roumanie. Ce qui veut dire que le traité de Lisbonne est insensé ! Pire encore, lorsque la différence est celle de la Chine et de l’Europe. La Chine est devenue l’usine du monde parce que ses coûts de production, ses coûts salariaux notamment, sont dérisoires. En voulant trouver le meilleur prix pour le téléviseur à écran plat, l’ouvrier français n’est probablement pas conscient qu’il y trouve en même temps la disparition de l’emploi en France.

C’est une vue à court terme, voire illusoire, que de croire que la concurrence peut être un moteur universel de l’économie. Sans aller loin, il suffit de s’intéresser à quelques exemples nationaux :
– La libéralisation du marché des télécommunication a-t-elle été profitable ? Sur le plan des tarifs ? Très peu puisque les opérateurs s’entendent entre eux. Sur le plan du service ? Absolument pas. Su le plan des emplois ? Encore moins. On est passé d’un service public imparfait à des entreprises au service très imparfait, alors qu’il aurait suffi à l’état patron d’imposer à France Télécom les changements nécessaires
– La libéralisation du marché de l’électricité a-t-elle été profitable ? Sur le plan des tarifs, on craint le pire. Sur le plan de la sécurité, notamment des centrales nucléaires ? On crait le pire. Sur l’investissement à long terme et la sécurité des approvisionnements ? C’est le brouillard.
– Qu’apportera la privatisation du transport ferroviaire ? Si l’on en croit l’exemple britannique, des morts !

Dans le monde privatisé, l’égalité du citoyen devant les services publics n’existe plus : pas de téléphone dans les lieux retirés (ou très cher) , pas d’électricité, etc.. Superbe dispositif d’aménagement du territoire ! En matière d’Internet ce sont souvent les départements qui investissent. En matière de transport ferroviaire, ce sont les régions. Au final c’est le contribuable qui paye pour que soit maintenue un relative égalité de service, pendant que les société privées concessionnaires s’empifrent. Sur le long terme, on a déjà l’expérience de la distribution de l’eau ou des pompes funèbres.

Par ailleurs, l’encadrement n’aurait pas permis la gigantesque partie de poker menteur mondiale que sont l’augmentation frénétique du crédit et la folie des marchés spéculatifs. Comme le disait très justement Maurice Allais, les dettes s’empilent sur les dettes.

Et pire encore : on se rend compte qu’une fois la tempête passée, et pas encore la crise, les mêmes recommencent les mêmes jeux de cons qui ne font qu’entretenir la misère des trois quarts de la population mondiale. Il serait temps que les hommes politiques en prennent conscience. a moins qu’ils ne soient déjà complice pour avoir sablé le champagne avec les patrons des multinationales au Fouquets, un soir d’élection. Et si les politiques n’en prennent pas conscience ou sont complices, il faut qu’on les change. Vite.

Un article paru sur le site de Solidarité et Progres proposait de délocaliser Pascal Lamy. Voilà une bonne idée. Mais il n’est pas seul. On pourrait faire un ou deux charters.

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Notes d’économie politique 44 – 14 novembre 2009

 

 

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Sarkozy et les universités: bobards, mention très bien

Je voudrais signaler un excellent papier de  Cédric Mathot, paru sur le site de libération.fr

Cet article analyse le discours de Nicolas Sarkozy, le 28 novembre 2009 à Aubervilliers. la plus burlesque citation relevée est la suivante:
« «Pour l’autonomie des universités, qui nous a valu neuf mois d’occupation l’année dernière, nous n’avons pas reculé d’un demi-centimètre. Et pour la première fois depuis vingt-cinq ans, dans le classement des universités de Shanghai, les universités françaises remontent. C’était possible, nous l’avons fait.»

Des bêtises.
La première pour « la première fois de puis 25 ans … Shanghaï », car ce classement n’existe que depuis 6 ans.
La deuxième est que le classements des universités françaises reste, grosso-modo, le même.

Lire le détail: http://www.liberation.fr/societe/0101606346-sarkozy-bobards-mention-tres-bien