Archive dans 25 mai 2008

Crimes contre l’humanité en Birmanie

ruinesbirmanie.1211670391.JPGCe qui se passe en Birmanie est odieux. Voilà des bâtiments militaires qui croisent à la limite des eaux territoriales avec des milliers de tonnes de vivres. Et voilà qu’on leur interdit de faire escale pour les déposer. J’en reste moi-même interdit. Interdit aussi devant la passivité du monde. Il est vrai qu’on condamne par-ci, qu’on condamne par-là. Et l’O.N.U. vote des résolutions qui sont et restent lettres mortes.

Qu’est-ce qui peut bien motiver cela ? Qu’a donc cet exécrable régime birman pour qu’on fasse preuve d’une telle indulgence ? Est-ce parce que ce pays est frontalier avec la Chine ? Craint-on qu’une révolution qui flanquerait à la porte la bande d’assassins qui sont au pouvoir ne fasse basculer ce pays dans le camp communiste chinois ? Il est vrai que, jusqu’à présent, les puissances occidentales et notamment les U.S.A. ont fait fort. L’affaire du Viet-Nam n’est pas si loin. Prétend-on maintenir en place ce régime insalubre au motif qu’il ne serait pas sous l’influence de Pekin ?

junte-birmanie.1211670048.jpgL’armée birmane ne doit pas être en mesure de s’opposer aux armées des puissances occidentales qui se seraient coalisées pour secourir de force ceux qui meurent encore de faim. Est-ce donc si difficile de s’emparer de ces fauteurs de crimes contre l’humanité et de les passer devant une cour de justice ?

Il y a là des questions qui mériteraient des réponses…

Le prix du pétrole et des denrées alimentaires ou le dérèglement absolu de l’économie de marché

Chacun, qu’il soit spécialiste ou non, y va de son couplet sur les motifs et la légitimité apparente de l’évolution du cours du baril de pétrole. Mais l’objectivité consiste à reconnaître que ce qui se passe actuellement est totalement exagéré. Car s’il est vrai que la demande mondiale tend à s’accentuer, elle ne l’est pas, proportionnellement, en rapport avec l’augmentation des prix. C’est une loi dont la légitimité n’est apparemment justifiable que dans le cadre de l’économoie sauvage qui est qu’un produit devient de plus en plus cher parce qu’il devient de plus en plus rare ou parce qu’il est de plus en plus demandé.

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L’absurdité de cette loi apparaît encore plus facilement si on l’applique aux denrées alimentaires. On explique l’aumentation du prix du riz par la hausse de la demande. Mais cette variation du prix n’est pas directement liée aux coûts de production. Elle est purement spéculative. Ceux qui détiennent du riz savent qu’ils peuvent vendre plus cher car il y a des acquéreurs à tel prix. Voici donc qu’au fur et à mesure qu’une partie de plus en plus importante de la population mondiale se trouve en état de consommer davantage, les prix montent ce qui a pour effet de restreindre le nombre des bénéficiaires. Plus il y avait de pauvres, moins le riz etait cher ! Ceux qui s’extraient à grand peine de la pauvreté doivent, en plus de l’effort que ceci leur demande, produire un effort supplémentaire pour pouvoir acquérir ce qui leur est nécessaire.

Une part des bénéfices de ceux qui vendent du riz peut être considéré comme enrichissement sans cause puisque leur richesse croît sans qu’il aient eu à produire un effort supplémentaire. Et ceci n’a aucune retombée sur les clients. C’est du vol.

On dit que le premier choc pétrolier fut à la fois le produit d’un rapport entre le niveau de production limité par les pays producteurs et la nécessité pour les compagnies pétrolières de faire face à l’augmentation des coûts de la prospection de plus en plus compliquée. Si tel etait le cas, l’augmentation eût été presque légitime. Demander aux consommateurs de financer la recherche qui permettra de maintenir un certain niveau de production, au moins pendant un certain temps, n’est pas scandaleux, si tel est vraiment le cas.

Si la recherche, la production et la commercialisation du pétrole étaient administrée par une autorité compétente, on pourrait volontiers imaginer que le prix du brut serve aussi à financer des recherches vers l’exploitation de gisements plus onéreux ou à la recherche et au développement d’énergies alternatives. Mais il n’en est rien. Les pays producteurs engrangent des recettes plus élevées, suivis en cela par les compagnies pétrolières et les états dont les taxes augmentent. Au final, le consommateur paiera au moins deux fois: une fois au titre de cette évolution spéculative et une deuxième fois pour financer la recherche des énergies nouvelles.

C’est ainsi que l’économie de marché atteint son dérèglement maximum. Elle ne fonctionne pas au bénéfice des peuples de la terre. Une part de la richesse disponible dans les gisements de pétrôle dont au demeurant l’ensemble des êtres qui peuple la planète peuvent s’estimer propriétaires est confisquée par quelques uns que le hasard ou l’opportunisme a placés au bon endroit.

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L’économie planifiée, on le pressent alors, fonctionnerait tout autrement et produirait de tout autres effets. Dans ce cadre, la production d’hydrocarbures serait gérée pour permettre, au meilleur coût, la satisfaction des besoins essentiels des citoyens. Et comme il en serait besoin, depuis bien des années, on aurait développé l’action vers les énergies renouvelables, y compris vers celles qui sont peu productives de gaz carbonique et peu génératrice d’effet de serre. Pour le coup, l’humanité se serait trouvée mieux préparée à passer le cap de l’inévitable conversion vers d’autres sources énergétiques.

Or, aujourd’hui, il n’en est rien. Tout se fera dans l’urgence et probablement pas sans coût humain simplement parce qu’un petit nombre se sera attribué la richesse d’un bien planétaire sans contribuer, en contrepartie, au progrès de l’humanité. Nous sommes en présence du plus grand racket jamais commis dans notre histoire.

Notes d’économie politique 22 – 23 mai 2008

Sarkozy et al. : la vulgarité au pouvoir

andouillette.1211404052.jpgJe lis avec désespoir la page 2 du Canard Enchaîné daté de ce jour. J’y découvre les expressions à la mode dans le gouvernement comme « égorger », terme de prédilection de Karoutchi. On y raconte aussi que Sarkozy engueule (le terme est presque faible) ses ministres, même pas en privé, voire en hurlant dans leur téléphone portable. On y apprend aussi qu’il y a des réunions où il parle de ses couilles.

Et cette vulgarité de la langue va de pair avec la médiocrité du projet. On laisse Pierre dire, ce que Paul contredira, l’important n’étant pas d’agir, mais de faire croire qu’on agit. A aucun moment le sens de l’Etat ou du Bien Public ne vient troubler cet océan d’opportunisme. On sent bien qu’il n’y a plus de morale et que seul domine la recherche des moyens d’exercer le pouvoir à n’importe quel prix.

J’ai déjà cité ce grand homme qui disait que la politique était comme l’andouillette, qu’il fallait qu’elle sente la merde, mais pas trop. Mais voici que ça pue vraiment… Ce n’est pas de l’andouillette.

Qu’est-ce que la science ?

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Mes lecteurs fidèles (si j’en ai) savent que je suis universitaire et que j’enseigne à des étudiant en psychologie, pour l’essentiel des débutants. Et, depuis des dizaines d’années, je sais qu’ils s’imaginent qu’ils entreprennent des études peu ou pas scientifique. Il est vrai que, dans l’esprit public, les « Sciences Humaines » sont connotées « pas vraiment » scientifiques. Pour autant que ce public ait un peu forniqué avec la Psychanalyse, il a vite fait de rapprocher ce domaine de la divination. On m’a souvent demandé d’interprèter des rêves et quel n’est pas l’étonnement du demandeur à qui je répond que ce n’est pas moi qui interprète les rêves, mais le sujet lui-même.

Il y a, de surcroît, dans la Psychologie, une nécessité de rigueur. Car notre objet d’étude est singulièrement singulier puisque c’est l’être humain. Notre position se doit d’être aussi sérieuse que celle des médecins. Les Sciences Humaines, au bout du compte, doivent être plus scientifiques que d’autres sciences naturelles, voire d’autres sciences plus pures. Qu’un astronome se trompe de quelques milliers d’années lumière est beaucoup moins grave que de conduire malencontreusement un sujet vers une dépression plus profonde encore que celle qui l’a mené vers nous.

D’un autre côté, je suis frappé par l’usage ordinaire ou médiatique de la connaissance. Je hais des phrases comme « tout le monde le dit » ou encore « ils ont montré que… »

D’abord, mettons-nous d’accord: la science est incertaine. J’aime à me promener dans l’article « Certain, certitude  » du Dictionnaire Philosophique dont l’incomparable Voltaire est l’auteur. Sans être le premier à mettre en cause la solidité de notre entendement, il y résume en des termes familiers la relativité de la connaissance. La science est incertaine. Si l’univers est courbe (et il a de fortes chances de l’être), le théorème de Pythagore n’est plus vrai.

Or, que savons-nous de l’infini ? Si l’univers est courbe, quand je regarde à l’infini, je regarde dans mon dos alors que mon dos n’y est pas encore. Quand je regarde une planète ou, a fortiori, une lointaine étoile, je vois un état qui n’existe plus puisque la lumière me parvient avec retard qui peut être de millions d’années !

Quand je mélange de l’acide chlorhydrique et de la soude, je fabrique du sel et de l’eau. Mais que se passe-t-il si la température ambiante est de -40° ?

Et c’est parce que la science est imparfaite qu’elle a besoin d’être sérieuse.

Quand on me dit qu’il a été montré qu’il faut manger 5 fruits et légumes par jour, j’ai coutume de demander qui a publié l’étude qui le démontre et dans quelle revue à comité de lecture.

Car la science se trouve dans les articles qui sont dans les revues scientifiques qui ont un comité de lecture. Le chercheur fait une étude, réalise une expérience, puis écrit un article qu’il propose à une telle revue. Là, d’autres chercheurs de préférence aussi émérites que lui évaluent le travail et décident de l’accepter pour publication avec, éventuellement, des retouches. Cette évaluation collégiale est une garantie de sérieux du travail. Elle est toute relative, bien sûr, et des cas de résultats frelatés ont récemment été rendus publics. Mais c’est ce qu’on a trouvé de mieux pour l’instant et globalement cela ne marche pas trop mal.

De tels comités sont là, notamment pour éviter des erreurs de raisonnement. Le public non averti en fait souvent et j’ai coutume d’illustrer ce péril auprès de mes étudiants novices par un exemple de ce type:

– On sait que les mères qui fument ont des enfant prématurés plus souvent que celles qui ne fument pas. On est donc tenté de conclure que le tabac est une cause de prématurité.
– On sait aussi que les femmes qui ont une surveillance médicale insuffisante pendant la grossesse ont plus souvent un enfant prématuré. On est donc tout aussi bien tenté de rapprocher la non surveillance de la prématurité.
– On sait aussi que les femmes dont le niveau socio-économique est bas ont plus souvent aussi des prématurés. Mais on retrouve aussi, dans cette population, une surveillance médicale moindre et une plus forte consommation de tabac.

Au final où est la cause ? Ce qu’on prend pour une cause peut être un effet. On est en présence de phénomènes corrélés. On va supposer que l’un est la cause des autres, par exemple le niveau social. C’est probable. Mais encore n’est-il pas certain.

On voit toute la difficulté de parvenir à l’explication. Une méthode est d’expliquer le mécanisme. La chimie peut le permettre en montrant comment, par exemple, la nicotine atteint le foetus par voie transplacentaire et connaissant les effets de la nicotine par ailleurs, on peut raisonnablement supposer qu’elle produit des effets néfastes.

Ce simple exemple est là pour montrer, sur un sujet qui semble, au demeurant, simple et évident, combien il est difficile de confirmer de façon solide les hypothèses qu’on peut faire.

Au bout du compte, la science c’est le doute. Bien plus que la certitude. Contrairement à ce que l’on croit souvent, Descartes n’a pas écrit « je pense, donc je suis » qui n’est qu’une formule tronquée. Il écrivit, en latin, « dubito ergo cogito, cogito ergo sum » (je doute donc je pense, je pense donc je suis). Et c’est le doute qu’il a placé en premier.

Birmanie : Feu sur les assasins !

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La semaine dernière, les marins du Mistral ont travaillé avec une immense ardeur toute une journée, pour charger au plus vite le bâtiment de 1000 tonne de fret permettant de nourrir 100000 victimes du cyclone pendant deux semaines et de fournir un abri à 60000 survivants. Puis le navire a filé à toute vapeur pour apporter cette aide aux sinistrés. Il s’est présenté aux limites des eaux territoriales et depuis 48 heures il attend. Il attend que ces assassins qui règnent sur la Birmanie autorise l’accès. Ces crétins l’interdisent au motif qu’il s’agit d’un navire de guerre.

Et l’on attend et l’on négocie. Pendant ce temps des gens souffrent et meurent.

Il est temps, camarade Kouchner, de remettre à l’ordre du jour le droit d’ingérence. Allez. Faites accoster le Mistral en force ! Que les marins en armes débarquent et distribuent l’aide à ceux qui en ont vraiment besoin avant que les ordures ne s’en emparent. Tant mieux si c’est un bâtiment de guerre ! Et que tous les autres navires de guerre unis de toutes les parties du monde se joignent à eux.

Image: http://www.nytimes.com

Et si le mammouth n’était pas là où on le croit

mammouth.1208556302.jpgJe lis avec grand intérêt la contribution de Sophie de Menthon, intitulée « le cauchemar des cabinets fantômes  » qui décrit la complexité de la démarche du chef d’entreprise qui souhaite rencontrer tel ou tel responsable ministériel. Elle décrit, de façon tout à fait suggestive, le Chemin de Croix du demandeur: déjà obtenir un rendez-vous après avoir passé des dizaines de coups de téléphone, raconté des dizaines de fois son histoire et franchi les barrages de toutes les couches défensives. Elle dépeint le jeu de patate chaude qui consiste à renvoyer le solliciteur de ministère en ministère après l’avoir fait lanterner plusieurs semaines puis baladé d’ici à là, de là à ailleurs et d’ailleurs à autre part. Elle raconte l’humiliation du rendez-vous avec un jeune et brillant énarque imbu de lui-même dont l’attention labile est encore diminuée par des coups de téléphone importuns.

Mais ce qu’elle ne dit pas, c’est que cette glu bitumineuse s’est reproduite à tous les échelons de l’administration territoriale et que les Préfectures de Région comme les Préfectures de Département ont décliné cet immense pandémonium ad libitum. Ceci incluant toutes ces Directions du Travail et de l’Emploi, toutes ces Directions Départementales de l’Equipement, toutes ces Inspections Académiques et tous ces Rectorats, dans compter les DDAS, les DDIS, etc, etc, etc.

Et elle ne dit rien des piles de dossiers ! Les informaticiens disposent dans les méthodes de programmation des ordinateurs de deux sortes de pile de données: les piles FIFO (« first in, first out ») et les piles FILO (« first in, last out »). Ils ont, pour des raisons techniques sur lesquelles je ne m’étendrai pas ici une prédilection pour les piles FILO. Mais il semble bien que l’administration ait la même, ce qui conduit à examiner en premier le dernier dossier reçu. Malheur à celui qui se trouve au fond de la pile car il a toutes les chances de n’être jamais dépilé.

L’Administration de l’Education Nationale, réputée mammouth à dégraisser depuis les paroles du ministre renégat que l’on sait, n’est jamais qu’une application dans le plus important service de l’Etat, celui de l’éducation, du principe général. Par exemple, la loi d’autonomie des universités a provoqué le transfert d’un certain nombre de responsabilités et charges associées des Rectorats ou du Ministère vers les Universités elles-mêmes qui ont, derechef, transféré une part de la charge aux Facultés. Et voici qu’en raison même de ces charges et de façon complètement légitime, le mammouth s’est engraissé vers le bas. Mais il ne s’est pas pour autant dégraissé par le haut !

C’est pourquoi je m’adresse ici à tous les ministres grands pourfendeurs du mammouths de commencer par dégraisser celui qui les entoure au plus près d’eux-même et d’en donner exemple. Ce faisant, je sais que cette exhortation n’aura pas plus d’effet qu’un murmure au fond du Grand Canyon du Colorado.

Les « instruments financiers »: la loterie, la roulette (russe)

bourse.1210807154.jpgJe sorts d’un échange avec une personne qui s’y connaît un peu et qui m’expliquait ce qu’étaient les « instruments financiers » et autres gri-gris de la Bourse. Dans mon esprit rustique, j’imaginais encore que la Bourse était un lieu destiné à lever des capitaux pour des projets industriels ou commerciaux. A dire vrai, soyons honnêtes: depuis l’affaire de Jérôme Kerviel, et même auparavant, j’imaginais bien qu’il y avait autre chose. Enfin, je savais bien qu’on pouvait acheter des actions pour les revendre plus cher, même qu’on pouvait vendre aujourd’hui des actions qu’on ne possédait pas en espérant les acheter moins cher que le prix de vente avant le jour de la livraison, ce qui représente déjà une belle forme de perversité.

Mais je restais dans l’idée des actions et des obligations. Je savais bien qu’on pouvait spéculer en pariant sur le développement économique de la société dont ont était actionnaire. Bon. Mais il y avait un risque que je qualifierait presque de légitime.

Mais voici qu’on m’explique un… Un quoi donc ? Ce n’est même pas un titre. Qu’est-ce ? Cela se nomme un « swap ». Ce mot, en anglais veut dire « troquer ». A vrai dire « un swap de taux d’intérêt est un échange de conditions de taux d’intérêt portant sur des montants de capitaux identiques« . J’ai regardé dans divers endroit. La définition est toujours la même. Bon. Mais, concrètement, on échange quoi ? Et là, tout mon bon sens ordinaire d’un type qui a quand même un bon Q.I. a disjoncté. Surtout qu’on m’explique, de surcroît, que ces variations de taux d’intérêts ne reposeraient pas sur des données réelles, mais sur des « avis » ou des « recommandations » de certains « spécialistes » ou « experts ». Là toute ma bonne volonté et toute mon envie de comprendre m’ont subitement quittés quand je me suis demandé à quoi cela pouvait bien servir ? Et mon interlocuteur de conclure son exposé auquel j’étais loin de tout comprendre (voir le mal que j’ai à en faire compte-rendu) en me disant qu’au bout du compte c’est une vraie loterie.

Quand je m’efforce de lire les Prolégomènes à toute métaphysique future qui aura le droit se présenter comme science, je pressens que cette étude m’apportera des éléments de compréhension de l’humanité. Quand j’approfondis la structure moléculaire de l’ADN et de l’ARN et la manière dont l’un et l’autre son liés dans la fabrication des protéines, je pressens aussi que je vais avancer dans la connaissance. Mais un échange de conditions de taux d’intérêt portant sur des montants de capitaux identiques ? J’ai bien peur que cela ne serve à rien d’autre qu’à dépouiller quelqu’un.

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Cette dérive, capitaliste et libérale probablement, inutile et pernicieuse certainement, ne doit son existence qu’à la tolérance des pouvoirs publics et du législateur qui y trouve son compte ou, plus probablement, n’y comprend rien comme moi. Pendant ce temps, certaines personnes ou certaines banques gagnent beaucoup d’argent pendant que d’autres en perdent autant sans qu’à aucun moment, cela ait contribué d’une quelconque façon, à l’amélioration des conditions de vie de la grande masse des citoyens du Monde.

Il est donc indispensable et salubre de mettre fin par la loi à ces pratiques inutiles et stériles.

Notes d’économie politique 21 – 15 mai 2008

Birmanie : le pouvoir des salauds

Voilà qu’un cyclone ravage une partie d’un pays faisant au moins 100 000 morts.

gouvbirman.1210733603.jpgVoilà que les gouvernants de ce pays font obstruction à l’entrée de l’aide internationale et des secours apportés par les Organisations Non Gouvernementales. Voilà aussi que les mêmes tentent d’empêcher les témoignages de se propager en empêchant ou en limitant les investigations de la presse. Et voilà enfin que lorsque les assassins laissent quelques convois de nourriture entrer, c’est pour en confisquer une grande part et ne faire profiter des distributions que leurs sympathisants.

Voici aussi, et c’est là le plus grave, que tout ceci se passe devant des gouvernements du monde quasi impavides et même pas prompts à condamner un tel régime, sinon sans grande conviction.

Dans une interview à la radio CBS, le président américain George W. Bush a estimé lundi 12 mai que « le monde devrait être en colère et condamner » la junte militaire au pouvoir en Birmanie pour sa réaction au cyclone meurtrier qui a dévasté le pays. Lui-même ne semblait pas vraiment en colère. Les Etats-Unis n’envisagent pas de mission humanitaire en Birmanie sans l’accord du régime birman pour porter secours aux victimes du cyclone Nargis, a déclaré mardi 13, à Washington, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice.

Voilà, une fois encore que la clique des salauds et des lâches qui gouvernent ce monde répand à nouveau une intense odeur de pourriture et de merde.

Faut-il sauver « Le Monde » ?

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Je suis de ceux qui pensent, peut-être à tort, que Le Monde n’est pas un simple journal… comme les autres. Chaque pays démocratique dispose d’un ou deux journaux de référence, Times, Post, etc…. C’est-à-dire un quotidien qui n’est pas strictement asservi à la loi de l’offre et de la demande et qui peut se permettre de publier des articles qui emmerderaient probablement 95% des français, mais qui apportent aux 5% tout aussi respectables que les autres les informations qu’ils attendent, en matière de politique, d’économie, de culture. Pour tout dire Tout est culture. C’est bien cela, ce désir de connaître au mieux tout ce qu’il y a à savoir dans autant de domaines que nos désirs nous portent à explorer.
Abonné au Monde, je me plains parfois de ne disposer du journal que le lendemain, voire, en raison des lenteurs de la poste, après même que le numéro suivant ait paru. Mais Le Monde est un journal qu’on peut lire avec du retard. Pour l’information immédiate, nous avons France Info qui est très bien dans ce créneau. Pour l’information un peu plus approfondie, un peu mieux vérifiée Le Monde est parfait.
Cette position particulière a été gagnée grâce à un labeur obstiné de patrons méritants et de journalistes qui ont partagé ces valeurs professionnelles qui ont fait la respectabilité et la réputation du titre. Le Monde est donc un objet culturel. A ce titre, il ne doit pas être soumis à des impératifs excessifs de productivité. Ce quotidien est à la presse ce que la Comédie Française est au théâtre. C’est le « théâtre subventionné » qui mérite bien son nom et qui porte des traditions qui ne sont pas celles du théâtre de boulevard (qu’on va peut-être devoir subventionner à son tour tant la télévision produit de ravages).
A cela est une contrepartie. Les Sociétaires de la Comédie Française ont des obligations et sont loin d’être les acteurs les mieux rémunérés du monde du spectacle. Il en est de même pour l’administration.
Le Monde doit donc être aidé. Plus que les autres journaux et tant pis si ces derniers râlent. D’ailleurs, nous n’avons pas le choix. Nul ne peut imaginer la disparition d’un journal de référence. Et la contrepartie est celle des sociétaires du Théâtre Français : accepter de n’être pas les journalistes, les documentalistes, les rédacteurs en chef les mieux rémunérés du marché. Il en sera de même pour Eric Fotorino qui devra se contenter du raisonnable  même si ceci tranche avec l’époque de son prédécesseur.

A charge, maintenant, aux gens qui savent faire des montages financiers d’opérationnaliser tout cela :
1. Le Monde étant un objet culturel, il n’a plus d’actionnaires, il a des mécènes. Leur contribution relève fiscalement des règles du mécénat.
2. Si nécessaire, le Ministère de la Culture apporte une contribution.
3. Les administrateurs sont bénévoles.
4. Tout le personnel du journal, toutes position et toutes responsabilités, ne saura être rémunéré de façon exagérée.
5. On ne pourra cumuler un engagement à temps plein et d’autres activités rémunératrices extérieures (livres, documentaires, etc.) que dans une certaine limite, l’excédent étant reversé au journal.

Messieurs, Mesdames les juristes, à vos codes pour mettre tout ceci en forme juridique (association loi 1901 dont les abonnés seraient les adhérents, ce qui au passage nous exonérerait de la TVA pour les services offerts à ces derniers ?).

Messieurs, Mesdames, les financiers à vos tableurs pour sauver cette œuvre.

« Union Méditerranéenne » : est-ce une bonne idée ?

Je ne sais pas si l’idée de « l’Union Méditerranéenne » est de Sarkozy. Cela n’a d’ailleurs qu’une importance secondaire, puisqu’il la porte. mais est-ce une bonne idée ?

Si l’on regarde l’expérience de l’Union Européenne, on peut effectivement être tenté d’y voir un facteur de paix.

En 1957, soit seulement 12 ans après la fin de la guerre, les trois pays unis du Bénélux, la France et l’Italie signèrent le Traité de Rome qui fonda la Communauté Économique Européenne. Parmi les six, deux d’entre eux avaient porté la guerre en Europe. Et l’un d’entre eux, l’Allemagne, avait laissé des traces incurables. Et pourtant ces six nations décidaient de s’unir, à la fois pour se développer économiquement face aux hégémonies américaines et soviétiques etaussi pour créer une force politique avec laquelle il faudrait compter. Et, en décidant d’interpénétrer peu à peu leurs économies, ces six nations se mettaient, de facto, en position d’alliés. La suite a montré que ce pari était loin d’être stupide.

Rien de ressemblant avec ce que pourraient être les conditions de la naissance d’une « Union Méditerranéenne ».

Les obstacles sont en effet gigantesque. Il y a là des pays qui furent colonisateurs et d’autres qui furent colonisés. Il y a des pays riches et des pays pauvres. Il y a des pays démocratiques et d’autres qui sont bien loin de l’être. On y parle une dizaine de langues et combien de dialectes ! Il y a des pays en majorités chrétiens et des pays en majorité musulmans. Il y a le cas particulier d’Israël. Il y a ceux qui ont la bombe atomique et ceux qui ne l’ont pas. Il y a des pays qui sont ou ont été récemment en guerre plus ou moins ouverte les uns avec les autres.

Quand on réfléchit un peu, le plus petit commun multiple est ridiculement voisin de rien du tout. On peut presque affirmer que seul le fait d’être pays riverains de la même mer est le seul trait commun. Et pourtant cette région fut le berceau d’une civilisation. L’histoire ancienne qu’on nous a apprise nous a conduit de Marseille à Rome, de Rome à Athènes, d’Athènes à Troie, de Troie à Carthage, de Carthage à Alexandrie.

L’un des obstacles majeurs est probablement politique et, au delà, constitutionnel et institutionnel. Il m’est arrivé de poser la question de ce que serait devenue l’Algérie si elle ne s’était pas écartée de la France. Imaginons qu’elle en soit devenue une région dont on aurait fait disparaître toute trace de colonialisme, où l’on aurait, naturellement, mis en place des institutions aussi démocratiques qu’en France et où l’on aurait fait bénéficier tout le peuple de l’immense retombée de l’exploitation des richesses naturelles et d’une agriculture potentiellement très productive. J’ai des amis arabes qui me disent que, de toute façon, c’est un rêve, car il y a le passé colonial. Mais quel passé ne peut être rangé aux archives de l’histoire. En douze années seulement, les français qui avaient été victimes des SS, de la gestapo et des camps nazis, on trouvé la force de signer un traité avec l’Allemagne. En 1957, les « fondateurs » de l’Europe n’étaient pas forcément très populaires. Mais dès lors que les institutions des deux pays étaient devenues comparablement démocratiques, les obstacles pouvaient être surmontés.

Tous les pays riverains du nord de la Méditerranée ont désormais des institutions démocratiques. Tous les pays du sud, sauf Israël (mais qui est une pière rapportée, qu’on le veuille ou non) n’en ont pas. Ou presque pas. La Turquie qui vent rejoindre l’Europe est encore bien imparfaite de ce point de vue.

L’Europe du Nord a fait son ménage. Après avoir viré Hitler et Mussolini, elle s’est débarrassée des institutions de Franco et Salazar, des colonels grecs et des dictateurs yougoslaves.

Il est malheureusement probable qu’un tel ménage soit indispensable dans tous les pays du rivage sud pour que l’Union Méditerranéenne prenne son sens. Il y a encore du chemin à parcourir.

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Notes d’économie politique 20 – 8 mai 2008