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Syrie…

Il n’y a plus de mots assez forts pour dire ce que l’on ressent à l’énoncé quotidien du nombre de victimes d’une répression aussi sauvage, d’un désir populaire de liberté. On raconte qu’on torture, qu’on mutile et qu’on tue des enfants. Je ne suis pas certain que les nazis aient été aussi barbares ! On dit qu’on tire sur les véhicules qui transportent des blessés. On dit que, dans certains hôpitaux, on mutile au lieu de soigner ! On dit qu’on tire au canon sur les maisons ! On dit qu’on poursuit les médecins pour les arrêter et les torturer ou les tuer !
On attend que la Ligue Arabe fasse quelque chose. On attend que la « Communauté Internationale », comme l’on dit, fasse quelque chose. Les politiques s’émeuvent, condamnent, pendant qu’on tue encore et encore. Qui viendra au secours des insurgés syriens ? Qu’a-t-on fait de ce « droit d’ingérence » qui avait cours, il n’y a pas si longtemps ? Et comment les syriens pourraient comprendre qu’on soit intervenu en Libye et pas chez eux ?
Il est temps de se passer des russes et des chinois. Reste-t-il si peu de choses de l’ONU pour qu’on reste là, sans rien faire ?
En d’autres temps, il y eut des Brigades Internationales pour venir en aide aux Républicains Espagnols. N’y a-t-il donc personne, dans les pays arabes pour commencer, pour former de telles brigades auxquelles l’ONU ne pourra qu’apporter son soutien, veto ou non des russes et des chinois ?

Le monde est vomissure.

Tombeau de Jean d’Ormesson

Triomphe et tombeau
de François Hollande
Par Jean d’Ormesson.


Il n’est pas sûr, il est peut-être même improbable, au vu des sondages d’aujourd’hui, que Nicolas Sarkozy soit réélu dans six mois pour un second et dernier mandat. Les mesures de rigueur annoncées par François Fillon ne sont pas accueillies – c’est le moins que l’on puisse dire – par un enthousiasme excessif.

Mme Le Pen à l’extrême droite, M. Bayrou au Centre, Mme Aubry à gauche, M. Mélenchon à la gauche de la gauche se déchaînent contre elles. Les syndicats les condamnent. Une bonne partie de la droite modérée elle-même ne peut pas se résoudre à se prononcer en faveur d’un président qui, à ses yeux, a avili et compromis ses fonctions par son comportement.

La victoire de François Hollande est à peu près acquise, et elle risque d’être éclatante. Le moment est idéal pour se déclarer sarkozyste.


La question n’est pas de savoir qui l’emportera en mai 2012. On a longtemps été convaincu dur comme fer que ce serait M. Strauss-Kahn. On a pu croire que ce serait Mme Aubry. On a même pu imaginer que, par un coup du sort, ce serait Mme Le Pen. Il n’est pas tout à fait exclu que M. Bayrou, M. Mélenchon, M. Montebourg se soient monté le bourrichon jusqu’à se persuader de leur chance de l’emporter.


Tout sauf Sarkozy. N’importe qui sauf Sarkozy. Ce sera M. Hollande. François Hollande est un parfait honnête homme. Il est intelligent, charmant, cultivé, et même spirituel. Il y a chez cet homme-là un mélange de doux rêveur et de professeur Nimbus égaré dans la politique qui le rend sympathique. Il est mondialement connu en Corrèze. Ce n’est pas lui qui irait courir les établissements de luxe sur les Champs-Élysées, ni les suites des grands hôtels à New York ou à Lille, ni les yachts des milliardaires.


Il ferait, je le dis sans affectation et sans crainte, un excellent président de la IVe République. Ou plutôt de la IIIe. Par temps calme et sans nuages. Il n’est jamais trop bas. Mais pas non plus trop haut. C’est une espèce d’entre-deux : un pis-aller historique. Ce n’est pas Mitterrand : ce serait plutôt Guy Mollet. Ce n’est pas Jaurès ni Léon Blum : c’est Albert Lebrun. Ce n’est pas Clemenceau : c’est Deschanel. Il parle un joli français. Et sa syntaxe est impeccable. On pourrait
peut-être l’élire à l’Académie française. Ce serait très bien. Mais en aucun cas à la tête de la Ve République, par gros temps et avis de tempête.


C’est vrai : Sarkozy en a trop fait. Hollande, c’est l’inverse. Car n’avoir rien fait est un immense avantage, mais il ne faut pas en abuser. Il n’est pas exclu, il est même possible ou plus que possible, que M. Hollande soit élu en mai prochain président de la République. C’est qu’à eux deux, M. Hollande et le PS, qui sont assez loin d’être d’accord entre eux – je ne parle même pas de M. Mélenchon ni de Mme Joly dont ils ont absolument besoin pour gagner et dont les idées sont radicalement opposées à celles de M. Hollande – ont des arguments de poids : la retraite à 60 ans (quand la durée de vie ne cesse de s’allonger), 60.000 nouveaux fonctionnaires (quand il s’agit surtout de réduire les dépenses publiques), 30% de baisse sur les traitements du président et des ministres (même M. Jean-Marie Le Pen, de glorieuse mémoire, n’a jamais osé aller aussi loin dans le populisme et la démagogie). Avec des atouts comme ceux-là, on a de bonnes chances de gagner.


Aussi n’est-ce pas dans la perspective de l’élection de 2012 que je me situe.

C’est avec le souci du jugement de l’histoire. M. Sarkozy, autant le reconnaître, a fait pas mal d’erreurs. À voir comment se présente la campagne d’un Parti socialiste qui semble n’avoir pas appris grand-chose des leçons de son temps, ce sera bien pire avec lui qu’avec M. Sarkozy. Les déclarations d’intention ne valent rien. Il faut des exemples vivants. M. Zapatero, en Espagne, est un homme plus qu’estimable. Il est socialiste. Le chômage en Espagne est plus du double du nôtre. M. Papandréou en Grèce est socialiste. Est-ce le sort de la Grèce que nous souhaitons pour la France? M. Sarkozy a été plus attaqué, plus vilipendé, plus traîné dans la boue qu’aucun dirigeant depuis de longues années. Il a pourtant maintenu le pays hors de l’eau au cours d’une des pires crises que nous ayons jamais connues. Il n’est même pas impossible que Mme Merkel et lui aient sauvé l’Europe et l’euro.

Pour affronter le jugement de l’histoire, je choisis le camp, à peu près cohérent, Sarkozy-Fillon-Juppé contre le camp, incohérent jusqu’à l’absurde, Hollande (Hollande président ? On croit rêver, disait Fabius) -Aubry-Joly-Mélenchon. Bonaparte Premier consul prétendait que le seul crime en politique consistait à avoir des ambitions plus hautes que ses capacités. Je suis sûr que François Hollande lui-même a des cauchemars la nuit à l’idée d’être appelé demain à diriger le pays avec le concours des amis de toutes sortes et étrangement bariolés que lui a réservés le destin.

Je veux bien croire -je n’en suis pas si sûr- que pour 2012 les dés sont déjà jetés, que les handicaps du président sortant sont bien lourds pour être surmontés, que le retard est trop rude pour être rattrapé. J’imagine très bien l’explosion d’enthousiasme sur la place de la Bastille ce soir de mai 2012 où l’élection de M. François Hollande à la magistrature suprême sera enfin annoncée. Je me demande seulement dans quel état sera la France en 2014 ou en 2015.

Un air de liberté
Par Jean Ferrat

 

 Ecouter

Les guerres du mensonge les guerres coloniales
C’est vous et vos pareils qui en êtes tuteurs
Quand vous les approuviez à longueur de journal
Votre plume signait trente années de malheur

La terre n’aime pas le sang ni les ordures
Agrippa d’Aubigné le disait en son temps
Votre cause déjà sentait la pourriture<
Et c’est ce fumet-là que vous trouvez plaisant

Ah monsieur d’Ormesson
Vous osez déclarer
Qu’un air de liberté
Flottait sur Saigon
Avant que cette ville s’appelle Ville Ho-Chi-Min

Ecouter

Allongés sur les rails nous arrêtions les trains
Pour vous et vos pareils nous étions la vermine
Sur qui vos policiers pouvaient taper sans frein
Mais les rues résonnaient de paix en Indochine

Nous disions que la guerre était perdue d’avance
Et cent mille Français allaient mourir en vain
Contre un peuple luttant pour son indépendance
Oui vous avez un peu de ce sang sur les mains

Ah monsieur d’Ormesson
Vous osez déclarer
Qu’un air de liberté
Flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s’appelle Ville Ho-Chi-Minh

Ecouter

Après trente ans de feu de souffrance et de larmes
Des millions d’hectares de terre défoliés
Un génocide vain perpétré au Viêt-Nam
Quand le canon se tait vous vous continuez

Mais regardez-vous donc un matin dans la glace
Patron du Figaro songez à Beaumarchais
Il saute de sa tombe en faisant la grimace
Les maîtres ont encore une âme de valet

Ecouter

 

 

Le concept de hierarchie

Le concept de hiérarchie nous est offert par expressorion.com:

Maintenant, on comprend mieux pourquoi :
1) quand les haut dirigeants regardent en bas, ils ne voient que de la merde;
2) quand les simples employés regardent en haut, ils ne voient que des trous du cul.

Contador au fumier. Enfin !

Rien n’est plus odieux que le vol de la victoire de ceux qui ont concouru dans la souffrance et qui se voient distancés par un tricheur.
Ce n’est pas trop tôt. Cet espagnol vomitoire qui n’a pas plus de sens de l’honneur qu’un étron de chien, a fini par être condamné.
J’espère aussi qu’on va lui faire recracher son pognon, qu’on va lui piquer ses médailles et qu’on va le rouler dans le goudron puis dans les plumes comme il convient aux tricheurs. J’espère que sa petite amie le fasse cocu, que son banquier lui confisque ses avoirs, que la vérole lui mange la face et que le fisc de son pays le saisisse et le fasse condamner à laver les chiottes du monde entier. Et qu’il s’estime heureux. Autrefois on lui aurait coupé les pudenda.
Il me reste quelques crachats.
Qu’Alberto Contador soit couvert par le mépris de l’humanité toute entière.

Facebook, LVMH ou la honte de l’économie de marché

Le même jour, dans le même bulletin d’information, on annonce que Facebook sera placé en bourse pour quelques milliards de dollars, que les bénéfices de LVMH n’ont jamais été aussi élevés, que des charrettes de centaines de licenciés seront jetées sur le pavé.

Il y a plein de gens qui vont consacrer des milliards de dollars pour s’acheter des actions de Facebook espérant gagner gros en plaçant de l’argent sur ce machin ridicule. Il y a plein de gens riches pour acheter très cher des objets de luxe vendus par LVMH.

Et, pendant ce temps-là des milliers, des millions de gens, ne trouvent pas de travail.
Ah, elle est belle, l’économie de marché !

Richard Descoings ou The Golden Sarkozy’s World

Le Directeur de Sciences Pauvre avoue et confirme que son salaire est de 25000 euros par mois, plus les primes. Pour un établissement d’enseignement largement financé par l’argent public, ce n’est pas si mal. Les pauvres Présidents d’Université doivent en avoir le quart ou un peu plus.
Nous voici donc encore dans le monde sans honte et sans scrupules, depuis la fameuse nuit du Fouquet’s, The Golden Sarkozy’s World.
Il est temps que ça cesse. Je verrais bien ce Descoings couvert de goudron et roulé dans les plumes. Sans mentir…

Crise : construisons des logements et des voies ferrées: avec des euros ou des francs ?

Un récent rapport de l’OIT mérite qu’on s’y arrête. Ce rapport incrimine la politique salariale de l’Allemagne qui serait la cause structurelle des difficultés récentes de la zone euro (cf. l’analyse parue sur le site de L’Expansion, le 24 janvier 2012)
Les gouvernements européens voient dans la déflation salariale une solution à la crise. C’est ce que proposera probablement Sarkozy en mettant à bas le dispositif des 35 heures ou en instaurant la TVA « sociale » pour faire baisser le coût du travail. Cette politique conduira automatiquement à un appauvrissement des salariés. Au mieux elle fera baisser le coût du travail. Au pire les dirigeants des entreprises et les actionnaires empocheront la différence.
Dans tous les cas de figure on aura donc une baisse du revenu disponible des salariés sans pour autant que le chômage diminue. On aura donc moins de recettes fiscales et moins de consommation avec le risque que les consommateurs se tournent vers les produits à bas prix et de qualité médiocre importés.
Le phénomène étant du type du serpent qui se mord la queue, la baisse entraînera le chômage et la baisse, et ainsi de suite.
A l’issue de la seconde guerre mondiale, tous les états étaient exsangues. Les USA étaient terriblement endettés. Les pays d’Europe étaient ruinés. Pour financer la nécessaire et urgente reconstruction des infrastructures (électricité, télécommunications, réseau routier et ferroviaire, logements), les états auraient pu recourir à l’emprunt. Mais il n’y avait pas de prêteurs à la hauteur. On a donc fabriqué de la monnaie. Avec cette monnaie fabriquée, on a financé ces travaux, largement demandeurs de main d’œuvre peu qualifiée. Il y avait donc du travail, donc peu de chômeurs à indemniser et de bonnes recettes fiscales. On a même dû recourir à la main d’œuvre étrangère.
Evidemment, la fabrication de monnaie générait de l’inflation. En France, on a navigué longtemps autour de 10%. On empruntait pour acquérir un logement à 14%.
Mais là, les serpents se mordaient la queue dans l’autre sens.
On pourra objecter que certaines monnaies se sont montrées plus stables que d’autres (le franc suisse, la livre sterling, le dollar). A cette époque, il était onéreux de passer ses vacances en Grande Bretagne, mais bon marché de se rendre en Espagne. Toutefois, dans ce relatif désordre, la France a construit ou reconstruit son réseau ferroviaire et routier, a construit des centaines de milliers de logements : industries de main d’œuvre, investissements publics productifs (encore, aujourd’hui, on considère qu’un logement construit, c’est 1,5 emplois !).
Aujourd’hui, les états ne battent plus monnaie, ce qu’avaient fait les rois et l’empire, pas fous, et la république, pas folle. C’est la BCE qui fabrique cette monnaie, mais qui, au lieu de la donner aux états la donne aux banques qui, au mieux, la prêtent aux états, au pire spéculent avec et se servent des bonus. Les états restent donc très endettés et ne peuvent pas engager des programmes de relance. Le fonctionnement de la BCE est inadapté, car elle ne peut donner à certains et pas à d’autres. Une banque nationale pourrait le faire pour certaines régions et pas d’autres, car il y a un minimum de solidarité. Mais la solidarité des pays de la zone euro est très faible. Donc, en l’état actuel du fonctionnement de la BCE, la seule solution serait de sortir de l’euro. Les pays qui ne sont pas dans la zone comme la Grande Bretagne ne s’en portent pas plus mal. Quant aux USA, ils font ce qu’ils veulent au mieux de leurs intérêts et cela leur réussit plutôt bien, même si la première crise des « subprimes » venait de ce pays.
Voilà où nous a conduit une construction européenne menés à bride abattue pour créer un vaste marché libéral et juteux pour certains, sans avoir pris soin de mettre en place, d’abord, un régime politique et social commun. La situation est sans issue, tant il faudra de temps pour le faire.
En attendant, il est urgent d’inverser le serpent par une politique de grands travaux d’intérêt collectifs. La différence de situation entre les pays européens conduit, pour le faire, à une solution que certains économistes considèrent comme inexorable : la rupture de la zone euro.

Notes d’économie politique 71 – 26 janvier 2012