Faire diminuer le chômage

Faire diminuer le chômage

En économie libérale, les chefs d’entreprise ne sont disposés à créer des emplois que pour autant qu’ils y trouvent un bénéfice. Dans la situation actuelle, c’est d’autant plus vrai que l’actionnariat est verrouillé par des groupes pour lesquels le profit est le seul moteur (fonds de pension et autres…). L’actionnariat n’est pas industriel. Il est financier et boursier. Dans cette situation, les chefs d’entreprise s’efforcent de faire du dividende, ce qui lui permettra de durer et d’être couvert d’or. Dans ces conditions, ces derniers ne sont pas motivés pour prendre des risques en mettant en route telle ou telle activité au profit incertain qui pourrait cependant générer de l’emploi. Il est plus facile à General Electric de tenter de phagocyter Alstom plutôt que de développer de nouvelles activités. L’objectif est même d’augmenter le profit en diminuant les coûts de main, d’œuvre.
Échappent naturellement à cette loi d’airain les entreprises familiales ou locales dont les finances ne permettraient pas, de toute façon de prendre un risque important.
Pourtant, il est des secteurs d’activité dont l’intérêt général est évident, mais qui ne peuvent être développés car le risque financer existe. Par les temps qui courent et en France, on citera le logement, les transports en commun ou le transport économe comme le ferroutage et, naturellement, les énergies nouvelles.
Dans tous ces domaines dont l’utilité publique est indiscutable, le retour sur investissement est lointain ou improbable. Le tunnel sous la Manche en est un exemple et les actionnaires d’origine d’Eurotunnel sont peu disposés à tenter une autre expérience.

En économie dirigée, l’état pourrait prendre la main comme il a su le faire pour de très nombreux projets : l’énergie nucléaire, le réseau autoroutier, le réseau de fibre optique, Airbus, l’usine marémotrice de la Rance. Et même si ce dernier projet ne permet pas de produire un kilowatt compétitif, il a apporté à la recherche d’importantes connaissances. A l’époque où la monnaie était le franc et pendant laquelle la France en avait la maîtrise, de telles entreprises, naturellement créatrices d’emploi, pouvaient être financées par l’emprunt, voire par l’inflation.

Aujourd’hui, de tels projets sont toujours concevables. Il faudrait construire plusieurs centaines de milliers de logement par an. Il faudrait construire des centaines de kilomètres de voie ferrée en zone urbaine et des milliers sur l’ensemble du territoire. Et que dire de l’immense chantier que représentent la recherche et la mise en œuvre de dispositifs créateurs d’énergies renouvelables !
On pourrait créer des centaines de milliers d’emplois qu’on financerait par l’emprunt appuyé sur les économies futures apportées par tous ces chantiers, mais aussi, ne soyons pas menteurs, par l’inflation. En d’autres termes, une perte modérée de pouvoir d’achat des actifs disposant de revenus financerait la création de quantités d’emplois. Il n’y a rien là de scandaleux !
Mais voilà. Il y a l’euro et dame Merkel crispée dessus à cause des fonds de pension des allemands. Et à l’heure où la Banque Centrale Européenne prend la place de la Banque de France, tout est paralysé à cause de l’inégalité entre les divers pays européens de la zone euro. A l’époque où la France gérait son franc, on ne s’inquiétait pas de savoir si le développement économique de la Bretagne était moins avancé que celui de la Champagne. Voire, on le favorisait (par exemple le Plan Routier Breton). Il y avait une espèce de solidarité entre les régions de France. Mais il n’y a pas de solidarité européenne. La monnaie unique est une gigantesque foutaise tant qu’elle ne sert pas à harmoniser le développement de tous les pays membres. Jean Claude Juncker a beau s’avancer avec une pincée de milliards d’euros qui seront distribués sur les critères inconnus et, de toute façon trop tard, la question du maintien dans l’euro se pose.
A partir du moment où les pays ont été acceptés et qu’ils sont entrés, la solidarité s’impose. La BCE doit donc financer, sans attendre une minute, d’énormes investissements créateurs d’emplois. Nous savons lesquels.

1087 – 01/12/2014
Notes d’économie politique n°95

Bakounine