Archive dans 12 mai 2012

Rue89: Emploi : « Hollande ne rompt pas avec les vieilles recettes inefficaces »

Les gouvernements se succèdent mais gardent la même idée pour faire baisser le chômage. L’économiste Philippe Askenazy propose des mesures plus radicales.
Alors que l’emploi reste la priorité des Français, la stratégie de François Hollande exposée pendant la campagne fait débat : le Président-élu entend actionner le même levier que Nicolas Sarkozy, peser sur le « coût du travail ». Autrement dit, jouer sur les cotisations sociales des entreprises.
La solution est appliquée depuis plus de vingt ans en France, sans résultats, fait remarquer Philippe Askenazy. Critique libérale ? Pas vraiment. Le chercheur fait partie des Economistes atterrés, qui « ne se résignent pas à la domination de l’orthodoxie néolibérale », et pensent que « d’autres politiques économiques sont possibles ».
Directeur de recherche au CNRS et docteur à l’EHESS, Philippe Askenazy envisage d’autres solutions pour l’emploi en France.

Rue89 : Quelles sont les spécificités du marché du travail français ?
Philippe Askenazy : L’état du marché du travail français a beaucoup évolué très récemment. Nous avions auparavant un schéma qui était relativement banal : une situation de chômage enkystée, avec des difficultés pour les jeunes et les seniors. Or, depuis trois ans, des évolutions qui avaient été lentes dans les années 2000 se sont accélérées :
le taux d’activité des seniors a fortement augmenté. Même quand on regarde la situation des moins qualifiés, ceux qui ont des diplômes en deçà du bac : en trois ans, le taux d’emploi des 55 à 59 ans peu qualifiés a gagné dix points, en pleine crise. Il est aujourd’hui supérieur à celui de l’Allemagne ;
les contrats courts se sont multipliés de façon exponentielle. L’année dernière, neuf millions de CDD de moins d’une semaine ont été signés. Il s’agit principalement de jeunes, embauchés pour un inventaire, un sondage, les soldes, etc. Il ne s’agit pas d’un volant de précaires, mais d’hyperprécaires.

Qu’est-ce qui a permis aux seniors d’être maintenant moins en difficulté sur le marché du travail ?
L’une des difficultés des seniors résidait dans leur manque de qualification. En cause : notre démocratisation scolaire tardive. Or, aujourd’hui, on arrive à des vagues de seniors qui ont des qualifications comparables à celles des autres pays. Du coup, leur taux d’emploi converge avec les moyennes européennes.
L’autre phénomène qui joue, c’est la réforme des retraites. Elle commence à avoir un effet de bâton : les seniors ne démissionnent plus de leur entreprise. Cela vient aussi de la crise.
De leur côté, les employeurs ne savent pas quelle stratégie adopter. D’ailleurs, si vous regardez les entreprises du CAC 40, elles ont pour la plupart changé de DRH ces dernières années.
Elles attendent de savoir à quoi va ressembler l’économie en sortie de crise. Elles attendent également que soient définis des choix sur la transition écologique.
Selon les politiques qui vont être mises en œuvre en Europe, les entreprises vont avoir besoin de parier sur certaines activités plutôt que sur d’autres d’ici deux ou trois ans.
Donc, sur les métiers du cœur de leur activité, les entreprises ne licencient pas les seniors, se disant justement que, dans deux ou trois ans, ils partiront à la retraite. Dans le même temps, elles n’embauchent pas de jeunes, sauf sur des contrats hyper courts.

Peut-on distinguer alors des « insiders », qui durent en entreprise, et des « outsiders », qui n’y entrent jamais définitivement ?
Il existe une dichotomie, certes. Mais nous ne sommes pas dans une situation où il serait trop lourd pour les employeurs de recruter parce que le CDI serait trop rigide. Nous avons été trop loin dans ce type de diagnostic, qui ne regarde que le droit du travail : les types de contrats, le coût du travail, etc. Ce n’est pas une grille de lecture suffisante.
Par exemple, si les employeurs gardent les seniors, ce n’est pas parce que ceux-ci sont protégés par le droit du travail. Ce n’est pas non plus parce qu’un contrat senior a été créé en 2006 pour eux, un CDD de dix-huit mois, renouvelable une fois : le nombre de contrats seniors signés ne dépasse pas une centaine par an. Si les employeurs gardent leurs seniors, c’est parce qu’ils sont en attente [de savoir comment va évoluer la situation, ndlr].
Créer plus de contrats précaires, diminuer le coût du travail, flexibiliser le marché du travail, abolir le smic… On ne devrait plus avoir de chômage depuis vingt ans qu’on applique les mêmes recettes.
Croire que la politique de l’emploi crée de l’emploi, c’est une erreur. Elle joue simplement sur le type d’emplois qui sont offerts aux personnes.
Regardez la Belgique. Le FMI lui a donné les mêmes préconisations qu’à toute l’Europe continentale. Il fallait s’attaquer au salaire minimum. Mais également, pour le pays, désindexer les salaires. Or, la Belgique n’a pas eu de gouvernement pendant trois ans. Donc peu de politiques dites structurelles.
Résultat : le pays a eu, en pleine crise économique, une des meilleures croissance sur ces dernières années au sein de l’Europe. Et elle a atteint son plus faible niveau de chômage des vingt dernières années.

Si vous récusez le principe d’une politique de l’emploi, quels sont les leviers que les responsables politiques doivent actionner ?
Il y a des problématiques de volume d’emplois, qui, elles, renvoient aux politiques industrielles et macroéconomiques, mais également aux politiques de formation, d’éducation, etc :
l’offre d’emploi est créée par les politiques d’éducation, d’immigration, de formation tout au long de la vie, etc. ;
la demande, elle, est créée par la stratégie des entreprises, principalement déterminée par la politique industrielle globale, la politique macroéconomique européenne, qui pèsent bien plus que les contrats de travail.
Les bonnes politiques doivent être tournées vers la création d’activité, les capacités d’innovation, la formation tout au long de la vie. Aujourd’hui, il y a aussi la question de la politique européenne d’austérité. Les priorités sont là.

Où trouver les financements ?
Les politiques centrées autour du coût du travail menées depuis vingt ans coûtent des fortunes. Ce qu’a proposé Hollande ne remet pas en cause cette logique. Or, c’est malheureusement trop inefficace.
L’ensemble de cette politique de l’emploi coûte aux alentours de 35 milliards d’euros tous les ans. J’évalue son efficacité, en termes de création d’emplois, en fonction de toutes les estimations que l’on peut avoir, à la création de 500 000 emplois en France grand maximum. Cela coûte 70 000 euros à l’Etat par tête, pour des emplois souvent peu qualifiés, dont une part à temps partiel.
Tandis que, dans le même temps, on a supprimé des postes de fonctionnaires, au prétexte de faire de réduire la dépense publique. Alors qu’un emploi, s’il était créé directement par l’Etat, lui coûterait 20 000 à 40 000 euros.
Soyons a minima rationnels. Il y a des besoins considérables en matière de sécurité, de santé, d’éducation, de justice. Nous avons besoin d’agents publics dans un pays où la population croîtra de près de deux millions sur le quinquennat.
De manière générale, les politiques de création directes d’emplois doivent être réhabilitées. Et une vraie politique industrielle. Là aussi, on a toute une série de dispositifs fiscaux pour les entreprises. Ils vont principalement aux grandes entreprises, qui ne sont absolument pas génératrices d’activité en France. Elles n’y génèrent que des profits.
Je ne dis pas qu’il faut creuser nos déficits publics. Je dis qu’il y a de l’ordre de 20 milliards de politique de l’emploi à pertes. Et 30 milliards de politique fiscale sur les entreprises qui ne font que gonfler leurs profits. Avec 50 milliards, on peut faire beaucoup de choses.

Quelle politique d’éducation mener, par exemple ?
Il faut casser une politique suicidaire européenne. Regardons les Etats-Unis, où la politique d’austérité est peu présente. Pour limiter le chômage des jeunes, une vraie politique de poursuite des études a été mise en place.
Ce n’est pas le cas en Europe. Ici, on dit aux jeunes qu’ils auront de toute façon des difficultés, donc autant aller directement sur le marché du travail. En France, le taux de poursuite des études après le bac est aujourd’hui de 70%, contre 85% en 1993. En Europe, on ne met plus d’argent dans les universités. Nous bradons notre futur.
Il faut investir dans la poursuite des études. Les engagements relayés par Vincent Peillon suggèrent qu’il y a là conscience de cet enjeu chez le Président élu.

Et quelle politique industrielle ?
Le renouvellement de notre tissu productif est insuffisant. Et nos entreprises n’arrivent pas à trouver de financements. Nos banques sont parmi les plus puissantes en Europe, mais elles sont extrêmement frileuses. Elles ne soutiennent pas les PME.
Que fait l’Etat ? Oséo, entreprise publique qui se définit comme la banque des PME, ne fait que des cofinancements : elle ne finance une entreprise que si celle-ci a reçu un financement privé, bancaire. Comme ce financement privé est déficient, le financement public l’est aussi. Mieux vaudrait partir du constat que l’apport privé est déficient et avoir une politique industrielle de financement des PME à la hauteur. Là-aussi, ce diagnostic semble posé par Alain Rousset [responsable du pôle industriel au sein de l’équipe Hollande, ndlr].

Plus largement, quelles sont les activités qu’il faudrait encourager ?
Nous allons aborder une transition écologique, et il va falloir faire des choix. Ce qui est sûr, c’est que les besoins de santé vont augmenter en Europe. Non pas tant en lien avec le vieillissement de la population, mais avec les prochaines vagues de progrès technologiques. Et la France est bien placée dans le domaine.
Il existe déjà une forme de mobilité pour ça. Le retraité britannique qui vient s’installer en France le fait aussi pour bénéficier de notre système de santé. C’est refacturé en Grande-Bretagne – système de compensation européen –, donc c’est de l’argent qui entre en France. Et il n’y a pas de raison de valoriser plus la production automobile que la pose de prothèses de hanches. Qu’une personne puisse marcher convenablement à pied ou rouler en automobile, je ne vois pas pourquoi d’un côté, ce serait un coût, et de l’autre, de la production.
Le segment éducatif supérieur pourrait être l’autre pilier de notre développement. La mondialisation est aussi une évidence sur ce plan-là. Nous pourrions avoir une vraie politique d’accueil de la jeunesse mondiale en France.

Elsa Fayner. Rue89. 11 mai 2012
Reproduit sans autorisation conformément aux usages implicites du web
Notes d’économe politique 75 – 12 mai 2012

Pas de ministre écologiste. Ils n’ont pas de programme !

Cécile Duflot a beau faire la danse des canards devant François Hollande, ce n’est pas ce qui lui donnera un programme politique. Car, voyez-vous, les écologistes n’ont pas de programme. A part le démantèlement des centrales nucléaires et leur replacement par des dynamos de vélo, leurs perspectives sont inexistantes. Ils ont inventé le terme d’ « écologie politique » pour cacher la vacuité de leur projet. Et pourquoi ne pas parler de « politique écologique » ?
Et surtout, ont-ils un projet de société ? A-t-on entendu Eva Joly proposer un schéma complet de réponses à la « crise » ? Quelle position vis-à-vis de la politique européenne ? Comment auraient-ils pu d’ailleurs, tout composés qu’ils sont, à la fois de proches du centre, de renégats comme Daniel Cohn-Bendit et d’authentiques altermondialistes.
Ici git, d’ailleurs l’impossibilité de l’unité de ces groupuscules « verts », dans cette absence de projet global et construit comme celui, par exemple, du Front de Gauche. Sur l’échiquier politique, on a l’habitude de placer les écologistes entre le Parti Socialiste et le Front de Gauche et les communistes. Mais il n’existe pas de place structurée entre la Social-démocratie et le Marxisme. Les électeurs l’on bien vu qui ont donné un nombre de voix ridicule à la pauvre Eva Joly qui ne méritait pas un tel outrage.
Tout ceci est conforme à l’apparente contradiction entre leurs résultats aux élections locales et à l’élection présidentielle. Aux élections locales, il ne s’agit pas d’un choix de société. Il s’agit de labourer localement. Le point de vue écologiste est alors intéressant quand il s’agit, pour une bonne part, d’aménagement du territoire.
Les élections présidentielles ont mis en évidence qu’il n’existait, en France, comme partout ailleurs, que quatre choix de société. Une droite dure, égoïste et parfois fasciste, une droite libérale, la social-démocratie et la gauche authentique (qu’on nommait « socialiste », il y a un siècle et demi). Le reste a été balayé.
Voilà pourquoi nous n’avons pas besoin de ministres écologistes au sein du gouvernement puisque ce « parti » n’est rien, ne représente rien, et est, en tout cas, infiniment inférieur aux vraies forces de gauche : une simple répartition proportionnelle voudrait que ces derniers représentent 20% du gouvernement.

Notes d’économie politique 74 – 9 mai 2012

Résoudre la question de la dette

En réponse à Jean Luc Mélenchon, Jérôme Cahusac sur France 2, ce 6 mai 2012, faisait observer qu’aux USA, en Grande Bretagne, la question de leur dette était résolue par les banques centrales qui la « monétisaient ». En clair, il s’agissait simplement de fabriquer de la monnaie pour la payer. En plus clair encore, en dévaluant sans le dire, mais tous les spécialistes le sachant. C’est ainsi que le dollar ou la livre ont perdu de leur valeur devant l’euro.
Mais il faisait observer aussi, de façon très judicieuse, que dans la zone euro, il était difficile de demander à la BCE de faire de même, car cela reviendrait à favoriser les pays les plus endettés (Grèce, Espagne, etc) et donc à faire payer ces excessives dettes aux pays les moins endetté (Allemagne, France, etc.).
Alors, comment résoudre ce problème ?
Comme toujours, les meilleures solutions sont les plus simples.
Il suffit que les pays les moins endettés empruntent à tour de bras pour que tous les pays de la zone euro se trouvent endettés de façon comparable. Ces liquidités, a priori inutiles pour certains, fourniront un levier d’investissement et de croissance dont mêmes les pays les plus endettés bénéficieront par ricochet. Ceci fait, il suffira de demander à la BCE de fabriquer de la monnaie pour rembourser la dette, toutes les dettes de tous les pays, comme le font américains et anglais.
Du coup, évidemment, la parité de l’euro baissera.
Mais on disposera de beaucoup d’euros pour produire moins cher, ce qui facilitera les exportations. Par contre, les importations seront plus coûteuses. Il suffira donc de resserrer ces importations aux produits indispensables, énergétiques notamment. Et comme les importations de biens de consommation (chinois, par exemple) coûteront plus cher, la production locale redeviendra compétitive. On fabriquera donc des ordinateurs, des téléviseurs, des machines-outils en Europe pour des montants comparables (sans compter le bonus qualité), ce qui privilégiera la production locale.
Evidemment, comme les salaires ne seront pas augmentés, le pouvoir d’achat baissera, mais pas pour les produits de première nécessité qui sont fabriqués localement. Mais, globalement, il baissera. On pourra, alors, atténuer cette baisse en taxant (et en redistribuant) plus fortement les profits improductifs ou excessifs, en taxant les transactions financières spéculatives, en conduisant une politique de nationalisation, productrice de revenus, financée en partie par les emprunts dont il était question ci-dessus.
Le chômage diminuera, mais, dans un premier temps, les salaires augmenteront peu.
Il faudra donc observer les effets de la baisse du pouvoir d’achat sur les plus pauvres. On compensera ces effets par une politique sociale intelligente. Par une politique de santé identique pour tous. On financera de façon conséquente le secteur de l’habitat HLM (avec pour conséquence, la baisse des loyers « libres », notamment des petits logements, et la relance du bâtiment, activité non délocalisable) ; mesure phare, quand on connait la part du coût du logement dans un budget familial ! On financera recherche et développement de solutions pour faire baisser la dépendance et le coût de l’énergie. On investira dans les transports collectifs, les crèches, etc, etc.
On conduira une réorganisation du travail en aidant à la création d’entreprises coopératives, autogestionnaires ou mutualistes pour diminuer ou supprimer les charges indues (salaires excessifs, dividendes) avec un avantage complémentaire sur les coûts de production, donc les prix de vente, le pouvoir d’achat et les rémunérations.
On entrera alors dans une véritable économie altermondialiste et administrée qui devra faire litière des prolégomènes dictatoriaux, soviétiques ou autres, et ne viser que l’intérêt général. C’est en ce sens que certains révolutionnaires de 1789 déclaraient que la république devait être vertueuse, d’où l’importance d’une justice indépendante pour poursuivre et condamner la corruption, la concussion et la prévarication.
Une véritable politique socialiste, quoi !

Notes d’économie politique 73 – 6 mai 2012

Sarko et la pensée gauchiste ! Réponse à Tornerhonni

Faire de Sarko l’alpha et l’oméga de la pensée gauchiste, il faut le faire ! Sarko est sarkoziste. Point final. Il n’a pas de culture politique. Peut-être n’a-t-il pas de culture du tout. De temps à autre, il donne dans le compassionnel. Alors, il peut faire croire qu’il n’est pas ce qu’il est.
Mais, camarade Torneronni, ne croyez pas que l’éviction de Sarko soit une fin en soi. Ça fera bien plaisir, mais ce n’est que la première étape. Faute de mieux, on va mettre Hollande sur le siège, mais sans illusion. On le prend parce qu’on n’a pas mieux. Pour l’instant. Mais la petite musique d’un monde altermondialiste dans lequel l’Europe se verra contrainte de servir les peuples au lieu de servir les marchands résonne encore dans les oreilles. L’avenir est dans une société coopérative, mutualiste, humaniste et solidaire. Rien que ça ! Voilà des décennies que nous y travaillons. En France, ce fut 1789, puis 1830, puis 1848, puis 1870, puis 1936, puis 1968. Il y aura toujours des êtres humains pour continuer le combat. Nous avons toujours fini par avoir raison, du nazisme comme de la dictature soi-disant communiste. Aujourd’hui, les peuples arabes prennent la suite.
« Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche » (Louis Aragon)

Pas besoin de sondage.6 mai 2012, 20 heures : la France enfin libérée !

Depuis 2007, la France s’est trouvée sous la botte d’un « hyper-président » qui, quand on voit comment les députés de sa majorité rampaient sous sa botte, n’était guère qu’un petit dictateur. Il a étendu son emprise sur tous les aspects de la vie sociale, depuis la suppression de la publicité sur les chaînes de TV du service public jusqu’à la nomination des juges. Il avait tout promis, il n’a rien donné. Sous des dehors populistes, il n’avait qu’un seul but: le pouvoir. Plus grave: pour conserver le pouvoir, il a montré son vrai visage, entre les deux tours: celui d’un homme prêt à tout… et au pire.

Il est temps qu’il parte, car tout ceci devient nauséabond.

Après 5 ans d’occupation, le 6 mai au soir, le peuple descendra les Champs Élysées, en vomissant le Fouquet’s, pour célébrer Paris et la France enfin libérés.

Hollande – Sarkozy : Sarko parano, Hollande habité

J’ai été très frappé par l’attitude générale de Sarkozy qui m’a fait penser au Commandant Queeg dans Ouragan sur le Caine : incessantes interruptions, incapacité à admettre qu’il pourrait n’avoir pas raison, poursuite et répétition d’un raisonnement inadapté, mais qui l’avantage, fuite devant les sujets précis vers des considérations politiciennes générales (références fréquentes à Mitterrand, notamment), insistance répétitive sur un point mineur qui pourrait l’avantager (lettre à propos des centres de rétention), médiocrité (référence à DSK), avec une attitude de la personne recroquevillée sur elle-même comme pour se protéger ou se préparer à sauter à la gorge de l’adversaire.
Cet homme a dû terriblement souffrir de trouver devant lui, et pour la première fois depuis cinq ans, un résistance farouche et ordonnée.
Dans Ouragan sur le Caine, le Commandant Queeg est un grand paranoïaque.
Au contraire François Hollande a semblé habité par la majesté et la grandeur de la charge. Révélation.

Lettre de Philippe Torreton à Jean Ferrat

Jean,
J’aimerais te laisser tranquille, au repos dans cette terre choisie. J’aurais aimé que ta voix chaude ne serve maintenant qu’à faire éclore les jeunes pousses plus tôt au printemps, la preuve, j’étais à Antraigues il n’y a pas si longtemps et je n’ai pas souhaité faire le pèlerinage. Le repos c’est sacré !
Pardon te t’emmerder, mais l’heure est grave, Jean. Je ne sais pas si là où tu es tu ne reçois que le Figaro comme dans les hôtels qui ne connaissent pas le débat d’idées, je ne sais pas si tu vois tout, de là haut, ou si tu n’as que les titres d’une presse vendue aux argentiers proche du pouvoir pour te tenir au parfum, mais l’heure est grave !
Jean, écoute-moi, écoute-nous, écoute cette France que tu as si bien chantée, écoute-la craquer, écoute la gémir, cette France qui travaille dur et rentre crevée le soir, celle qui paye et répare sans cesse les erreurs des puissants par son sang et ses petites économies, celle qui meurt au travail, qui s’abîme les poumons, celle qui se blesse, qui subit les méthodes de management, celle qui s’immole devant ses collègues de bureau, celle qui se shoote aux psychotropes, celle à qui on demande sans cesse de faire des efforts alors que ses nerfs sont déjà élimés comme une maigre ficelle, celle qui se fait virer à coups de charters, celle que l’on traque comme d’autres en d’autres temps que tu as chantés, celle qu’on fait circuler à coups de circulaires, celle de ces étudiants affamés ou prostitués, celle de ceux-là qui savent déjà que le meilleur n’est pas pour eux, celle à qui on demande plusieurs fois par jour ses papiers, celle de ces vieux pauvres alors que leurs corps témoignent encore du labeur, celles de ces réfugiés dans leurs propre pays qui vivent dehors et à qui l’on demande par grand froid de ne pas sortir de chez eux, de cette France qui a mal aux dents, qui se réinvente le scorbut et la rougeole, cette France de bigleux trop pauvres pour changer de lunettes, cette France qui pleure quand le ticket de métro augmente, celle qui par manque de superflu arrête l’essentiel…
Jean, rechante quelque chose je t’en prie, toi, qui en voulais à D’Ormesson de déclarer, déjà dans le Figaro, qu’un air de liberté flottait sur Saïgon, entends-tu dans cette campagne mugir ce sinistre Guéant qui ose déclarer que toutes les civilisations ne se valent pas? Qui pourrait le chanter maintenant ? Pas le rock français qui s’est vendu à la Première dame de France. Écris-nous quelque chose à la gloire de Serge Letchimy qui a osé dire devant le peuple français à quelle famille de pensée appartenait Guéant et tous ceux qui le soutiennent !*Jean, l’huma ne se vend plus aux bouches des métros, c’est Bolloré qui a remporté le marché avec ses gratuits. Maintenant, pour avoir l’info juste, on fait comme les poilus de 14/18 qui ne croyaient plus la propagande, il faut remonter aux sources soi-même, il nous faut fouiller dans les blogs… Tu l’aurais chanté même chez Drucker cette presse insipide, ces journalistes fantoches qui se font mandater par l’Elysée pour avoir l’honneur de poser des questions préparées au Président, tu leurs aurais trouvé des rimes sévères et grivoises avec vendu…
Jean, l’argent est sale, toujours, tu le sais, il est taché entre autre du sang de ces ingénieurs français. La justice avance péniblement grâce au courage de quelques-uns, et l’on ose donner des leçons de civilisation au monde…
Jean, l’Allemagne n’est plus qu’à un euro de l’heure du STO, et le chômeur est visé, insulté, soupçonné. La Hongrie retourne en arrière ses voiles noires gonflées par l’haleine fétide des renvois populistes de cette droite “décomplexée”.
Jean, les montagnes saignent, son or blanc dégouline en torrents de boue, l’homme meurt de sa fiente carbonée et irradiée, le poulet n’est plus aux hormones mais aux antibiotiques et nourri au maïs transgénique. Et les écologistes n’en finissent tellement pas de ne pas savoir faire de la politique. Le paysan est mort et ce n’est pas les numéros de cirque du Salon de l’Agriculture qui vont nous prouver le contraire.
Les cowboys aussi faisaient tourner les derniers indiens dans les cirques. Le paysan est un employé de maison chargé de refaire les jardins de l’industrie agroalimentaire. On lui dit de couper il coupe, on lui dit de tuer son cheptel il le tue, on lui dit de s’endetter il s’endette, on lui dit de pulvériser il pulvérise, on lui dit de voter à droite il vote à droite… Finies les jacqueries !
Jean, la Commune n’en finit pas de se faire massacrer chaque jour qui passe. Quand chanterons-nous “le Temps des Cerises” ? Elle voulait le peuple instruit, ici et maintenant on le veut soumis, corvéable, vilipendé quand il perd son emploi, bafoué quand il veut prendre sa retraite, carencé quand il tombe malade… Ici on massacre l’École laïque, on lui préfère le curé, on cherche l’excellence comme on chercherait des pépites de hasards, on traque la délinquance dès la petite enfance mais on se moque du savoir et de la culture partagés…
Jean, je te quitte, pardon de t’avoir dérangé, mais mon pays se perd et comme toi j’aime cette France, je l’aime ruisselante de rage et de fatigue, j’aime sa voix rauque de trop de luttes, je l’aime intransigeante, exigeante, je l’aime quand elle prend la rue ou les armes, quand elle se rend compte de son exploitation, quand elle sent la vérité comme on sent la sueur, quand elle passe les Pyrénées pour soutenir son frère ibérique, quand elle donne d’elle même pour le plus pauvre qu’elle, quand elle s’appelle en 54 par temps d’hiver, ou en 40 à l’approche de l’été. Je l’aime quand elle devient universelle, quand elle bouge avant tout le monde sans savoir si les autres suivront, quand elle ne se compare qu’à elle-même et puise sa morale et ses valeurs dans le sacrifice de ses morts…

Jean, je voudrais tellement t’annoncer de bonnes nouvelles au mois de mai…
Je t’embrasse.

Philippe Torreton

http://nosenchanteurs.com/2012/04/22/lettre-de-philippe-torreton-a-jean-ferrat/

On m’a coupé l’eau: ils auraient pu taper pour nous prévenir

href= »http://dufoyer.fr/wp-content/uploads/2007/09/04/2007-09-03-coupe-deau-pour-une-facture-de-85-euros-en-retard-avec-veolia-cest-possible/ » » target= »_blank »>Coupé d’eau pour une facture de 85 euros de retard » je ne pensais pas recevoir tant de doléances de victimes. Voici Virgie:

Vega,je me retrouve bien dans ton texte,la saur m’a coupé hier pour une facture impayé de dec d’un montant de 60e,rien est indiqué sur mon compte internet et comme toi j’ai meme 24e en ma faveur et mes mensualités de 60e sont toutes honorés,j’ai 3 enfants(en vacances,donc la toute la journee)et il me dempande de payer + de 300e pour remettre le service,c’st une honte,je suis dans un village et l’assistante sociale n’est pas dispo tout le temps,je suis perdu et je n’ai en +
meme pas eu d’avis dans ma boite au lettre comme quoi il venait juste de me couper,nous etions a la maison,ils auraient pus taper pour nous prevevenu.
C’est vraiment pas normal.
19 avril 2012

1062 – 31/01/2013

Revenus : 1342 €. Loyer : 752 € !

Je lis, sur Rue89, la vie de Salima. Salima a 40 ans. Elle est divorcée et élève seule ses 4 enfants. Elle ne travaille pas. Comment le pourrait-elle, sans crèche ni solution de garde pour la plus jeune ? Elle vit donc d’allocations, sans pouvoir mieux faire parce qu’élever quatre enfants, et elle s’efforce de le faire bien, c’est un plein temps ! Sur tout ce qu’elle touche, elle dépense plus de la moitié pour payer son loyer. Plus de la moitié. Au final, il reste 590 € pour payer tout le reste. Enlevé 100 € d’EDF-GDF, il ne reste déjà plus que 490 euros ! Enlevé 16,50 € d’assurance logement, il ne reste plus que 473,50 €. Pour habiller, nourrir, faire vivre quoi, 5 personnes.
Et le père ? Le père est au chômage…
Quand Jean-Luc Mélenchon dit qu’au-delà de 30000 euros, il prend tout, je le trouve bien gentil.