Crise : l’erreur et l’échec des politiques d’austérité

Crise : l’erreur et l’échec des politiques d’austérité

Nous disposons de trois exemples majeurs : la Grèce, l’Italie, l’Espagne. Dans chacun de ces pays des politiques d’austérité ont été mises en œuvre. Dans chacun de ces pays, l’application est différente. En Grèce, dont le mode de gouvernance ressemble fort à un pandémonium, il semble bien que tout ce qui a pu être fait relève de coups d’épée dans l’eau. La formule espagnole est aussi très incertaine : un gouvernement de droite qui ne s’embarrasse pas de dégâts collatéraux. Sauf que ces dégâts alimentent la spirale infernale. Enfin, on pouvait espérer mieux de l’Italie, entre les mains d’un chef de gouvernement sage et expérimenté.
Dans tous les cas, la sanction des marchés est sévère. Les pays empruntent à des taux élevés ce qui ne promet guère.
La première leçon est que ces politiques de « redressement » ne peuvent pas être menées dans l’environnement de ces marchés, simplement parce que l’intérêt de ces derniers est divergent. Il est donc indispensable de trouver une autre source de financement. Ce ne peut être que la BCE quoiqu’en pensent certains.
La deuxième leçon est que, quoiqu’on fasse, la politique d’austérité est un cercle vicieux. Elle consiste, pour l’essentiel et par des méthodes diverses, à retirer du pouvoir d’achat. Cette baisse du pouvoir d’achat entraîne une baisse de la consommation qui entraîne une baisse de l’activité économiques, des dépôts de bilan, du chômage, donc de la baisse du pouvoir d’achat et ainsi de suite. Sans compter les troubles sociaux pouvant occasionner l’instabilité gouvernementale.
Un certains nombre de dispositions doivent être prises, et que, pour l’heure, on ne voit pas venir :
1- Il est primordial de faire barrière, autant que ce peut, aux importations qui concurrencent la production locale. On peut le faire de deux façons : la mauvaise en subventionnant l’industrie nationale ; la bonne en établissant des limitations ou des taxes douanières de préférence négociées avec les pays exportateurs.
2 – En favorisant une politique de travaux d’intérêt général non délocalisables (transports collectifs, production d’énergie, etc.).
3 – En injectant de la monnaie, par exemple sous la forme de prêts aux entreprises de main d’œuvre quitte à ce que la BCE le fasse à découvert, au moins en attendant le remboursement des prêts.
4 – En muselant le parasitisme bancaire et boursier, en interdisant notamment toutes les activités créant profit au détriment des intérêts nationaux et en orientant l’activité bancaire et boursière vers l’investissement productif.
Naturellement, tout ceci posera problème dans la zone euro, l’euro allemand valant plus que l’euro grec. Si l’on était capable de parvenir, dans un délai très court, pas plus que quelques mois, à la mise en place d’une politique budgétaire commune à la zone monétaire, on pourrait effacer cette disparité. On oublie souvent, d’ailleurs, que cette disparité repose sur des fondements non seulement économiques, mais aussi culturels. On a cru, ou fait semblant de croire, que les pays du Nord de l’Europe fonctionnent comme les pays du Sud.
Donc il est bien évident que cette régulation ne se fera pas.
La solution est donc, soit de fractionner la zone euro, sur les bases économiques et culturelles, soit de faire de l’euro une monnaie supranationale comme le fut l’ECU. De toute façon, il est à craindre que cela ne sera pas. Il faudrait un courage et une audace que les gouvernants n’ont pas. Faute de cette thérapie de choc, on ira, de mois en mois, vers des solutions bancales et bâtardes qui ne feront que retarder, voire interdire, la sortie de crise, ce dont seront naturellement victimes les classes modestes.

Notes d’économe politique 76 – 26 juillet 2012

Bakounine