Il faut nationaliser la filière nucléaire tout en créant une feuille de route

Il faut nationaliser la filière nucléaire tout en créant une feuille de route

Je ne suis pas du tout un spécialiste du nucléaire, pour ma part je fais une distinction entre la technologie et la manière dont on l’utilise. Au sein de la technologie en elle-même, je fais la distinction entre les différentes générations de centrales.
De mon point de vue l’énergie nucléaire oblige à prendre en compte 5 axes de contraintes principaux. La fourniture du combustible, son exploitation, son retraitement et stockage, son démantèlement et en chapeau le contrôle de la filière.
Je comprends donc parfaitement les points de vue qui parlent de lobbying nucléaire et de marketing pour favoriser cette industrie dans la vente de technologie non éprouvée sans le volet de contrôle. Mais je distingue aussi les ingénieurs nucléaires de valeur qui donnent la préférence à des technologies plus anciennes et mieux maîtrisées en argumentant sur la sureté avant le prix de production.
L’énergie nucléaire produite par l’industrie n’est pas assez chère pour qu’elle soit sure. Pire, l’industrie nucléaire dégage des marges aux profils d’entreprises privées au détriment de la sûreté, du stockage et du démantèlement. De mon point de vue, ce n’est pas tant la technologie qui est en cause que le modèle économique à tendance libéral alors qu’il devrait être fondé sur la notion de bien public.
Cela dit, si l’on sort de ce modèle pervers, immoral et vicieux pour replacer l’énergie nucléaire dans un modèle de sûreté acceptable avec des dispositifs de gestion des sinistres préétablis pour en maîtriser les conséquences, nous disposerons d’une énergie plus chère mais capable de faire la transition vers d’autres énergies.
En conclusion, je pense qu’il ne faut pas laisser l’énergie nucléaire dans les mains de l’industrie actuelle. Pour ce qui concerne la France, il faut nationaliser la filière tout en créant une feuille de route pour l’agence nationale de sûreté nucléaire afin d’apporter un modèle de sûreté. Chiffrer ce modèle, l’impacter sur le prix du KWh et adapter nos arbitrages vis-à-vis de l’ensemble de la filière de production d’électricité. Cela me semble être une démarche vertueuse autant vis-à-vis des populations que du point de vue économique.

Envoyé par Gavroche, 28/12/2011
Notes d’économie politique 68 – 4 janvier 2012

Bakounine