Crise: il faut absolument relancer

Crise: il faut absolument relancer

C’est une chose que beaucoup de gouvernants ne semblent pas comprendre. La crise dite « de la dette » ne peut pas être résolue seulement par des plans d’économie dits « plans de rigueur ». Nombre d’économistes et non des moindres ont, légitimement, fait observer que ces plans ne pouvaient conduire à la solution, et risquaient, au contraire, de faire empirer la situation.
Pour rembourser ses dettes, l’état ne dispose que de quelques possibilités. La première est de rembourser avec de la fausse monnaie, c’est-à-dire dévaluer. Mais la structure de l’euro l’interdit puisque les euros d’un pays doivent valoir autant que ceux d’un autre. Une autre méthode est évidemment de faire des économies. Encore faut-il que les revenus de l’état ne baissent pas. Autrement, les économies ne seront pas faciles.
Or, l’austérité conduit inévitablement à la baisse des recettes. Plus d’impôt, c’est moins de revenu disponible. C’est moins de TVA. Moins d’impôts c’est moins de dépenses publiques, c’est moins de chiffre d’affaire pour certaines entreprises qui devront licencier. Plus de chômeurs, c’est moins d’impôts sur le revenu et plus d’aide sociale. C’est le cercle infernal.
Ce cercle ne peut être rompu qu’en trichant un peu avec la règle. C’est-à-dire que toute la stratégie ne peut se satisfaire de la seule austérité.
Une première règle doit être de pénaliser les importations, de façon raisonnable pour ne pas froisser nos partenaires hors de la zone euro. Le monde libéral hésite dogmatiquement à le faire. Mais que valent ces principes en période de crise. Les grandes puissances industrielles, comme la Chine, ne se privent pas de le faire.
Une deuxième règle est, évidemment aussi, de bien analyser la dépense pour éliminer ce qui n’est pas utile. On voit que, sur ce point, l’élite politique est très hésitante non seulement à titre personnel (a-t-on touché aux rémunérations de président, des ministres et des parlementaires ?), mais aussi dans la perspective clientéliste (apporter tel ou tel crédit à ses électeurs). Ces économies doivent être parfaitement étudiées quand elles touchent aux emplois : ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, c’est créer un jeune chômeur de plus !
On perçoit aisément les limites de toutes ces mesures « négatives ». La sortie de crise doit alors se faire « par le haut ».
Après la deuxième guerre mondiale, l’Europe était ruinée, les USA très endettés. On aurait pu aussi penser à la « rigueur ». Mais était évident qu’ajouter la rigueur à la ruine ne conduirait nulle part. La sortie s’est effectuée par une fabuleuse relance de l’économie qui a généré des profits et des emplois, des impôts et des taxes, enfin tout ce qu’il fallait pour générer une « relance ». D’une certaine façon, au moins au début, la monnaie ne valait pas grand-chose, sauf la confiance qu’on faisait aux états qui reprenant vie, se trouvaient en mesure d’honorer leurs engagements. D’aucun diront que cela générait de l’inflation. Et alors ? Est-ce pire que l’énorme dette ?
Aujourd’hui, cette sortie par le haut se fera par une politique d’investissement, de grands travaux, comme l’on disait il y a cinquante ans, favorisant les entreprises de main d’œuvre non délocalisable. Autrefois, on faisait des routes. Ce n’est plus à l’ordre du jour. Mais on pourrait bien poser des voies de chemin de fer. Imaginons le profit écologique d’une voie consacrée au ferroutage entre Paris et Lyon, voire entre Paris et Marseille. Imaginons l’investissement utile en construisant des logements sociaux ou à des prix populaires. Parlons de centrales nucléaires. Et si cette idée fâche, du développement de fermes solaires, etc.
Faudra-t-il emprunter pour le faire ? Évidemment. Sauf que les prêteurs ont toutes les chances d’être davantage séduits par des projets prometteurs, ce qui n’empêchera pas de consacrer une part de la richesse produite au remboursement de la dette. Ce remboursement sera long. Mais en sera-t-il vraiment autrement par l’austérité ?
L’attitude des agences de notation qui s’apprêtent à baisser les notes de certains pays, apparemment outrancière, se comprend davantage quand on réalise que les mesures que prennent les gouvernements ne permettent pas de discerner où se trouve le bout du tunnel. Le plan Merkel-Sarkozy ne contient que des mesures à moyen ou long terme avec des principes que personne ne respectera vraiment et des punitions pour les mauvais sujets.
Mais quid de demain ? Pas dans un an ! Dans un mois ?

Notes d’économie politique 65 – 6 décembre 2011
Chroniques des abonnés du Monde, 6 décembre 2011

Bakounine

2 commentaires

lux Publié le21h09 - 7 décembre 2011

Mais sommes nous vraiment certains que les « marchés » et les « dirigeants » n’ont pas un objectif très libéral et cynique : réduire en miettes les états-providence construits à partir de 1945 ?
Dans ce cas-là, on ne s’étonne pas de ne pas les voir parler de sortie par le haut !
Il n’y aura qu’une sortie par le bas….et on saignera le peuple.

Gavroche Publié le16h36 - 9 décembre 2011

Juste une remarque les taux d’inflation après guerre en France ont été les suivants :
48.5% 1945
52.6% 1946
49.2% 1947
58.7% 1948
13.2% 1949

Est ce vraiment le peuple qui est sorti gagnant de cette période ou ceux qui avaient les moyens d’utiliser l’effet de levier du crédit pour s’enrichir ?