Archive dans 13 mars 2010

Jean Ferrat est mort

Je ne suis pas friand des chroniques nécrologiques.

Juste, ce soir, j’ai envie de fredonner:

(YouTube, Ambition 2000)

Où en sommes-nous, aujourd’hui, devant ce monde libéral, affameur, capitaliste, escroc et sauvage ?

Trois gardes à vue pour un non-lieu

On ce souvient de cette jeune fille de 14 ans arrêtée à son domicile, au saut du lit en l’absence de ses parents. On se souvient qu’elle fut placée en garde à vue avec deux autres du même âge. On se souvient qu’on leur fit porter menottes pour les conduire à une visite médicale.
Belle démonstration de police.
Le parquet vient de décider d’un non-lieu.
Belle réponse de la justice.
La police aurait pu se contenter d’une simple convocation pour les entendre. Elles n’avaient pas, que l’on sache, l’intention de s’enfuir au Béloutchistan.
Une fois de plus, la police a montré son vrai visage.
Comme dans certains pays ou le mot « liberté » n’existe ou n’exista point. Ces pays où l’on arrête d’abord et où l’on cause après. Il y a même des fois où l’on ne cause pas.

Grèce : les salariés payent

La « faillite » de la Grèce a été causée par le comportement intempérant des gouvernants et des banques. Comme partout ailleurs dans le monde. La responsabilité des travailleurs, dans cette situation, est faible, sinon nulle.
Et voici le plan d’économies décidé par les « responsables » politiques. Qui paye ? Ces « responsables » ? Bien sûr que non. Les banques ? Bien sûr que non. Ce sont les salariés qui font les frais de cette situation.
Le peuple va descendre, à juste titre, dans la rue. Espérons que cette révolte ne sera pas qu’un feu de paille. Il est urgent que des manifestations fortes et durables expriment la spoliation du peuple.

Des chercheurs refusent des primes de milliers d’euros

Ci-dessous le contenu intégral de la lettre  que François Bonhomme, Directeur de recherche au CNRS, a dressé à la direction du C.N.R.S. et dont il est question ce jour dans Rue 89 sous le titre : Ces chercheurs qui refusent des primes de milliers d’euros

« Monsieur le Directeur Général,

J’accuse bonne réception de votre lettre de la semaine passée par laquelle vous m’annonciez que j’allais être bénéficiaire d’une prime d’excellence de 15000 euros au titre de la médaille d’argent du CNRS que j’ai reçue en 1996.

Vous me voyez flatté d’avoir été considéré digne de cette gratification, mais je suis dans l’obligation morale de la refuser pour mettre mes actes en conformité avec mes convictions. Je ne suis pas du tout partisan, en effet, de la politique de différenciation salariale qui est en train de se mettre en place dans la recherche publique française. En effet, la culture dite « de l’excellence » qui conduit à gérer les équipes de recherche d’une manière pyramidale avec une mise systématique en concurrence soutenue des individus pour l’accès aux ressources, y compris pour ce qui concerne des avantages salariaux directs me semble plus porteuse d’abus, de déconvenues et d’effets pervers que d’être une simple mise en musique d’un concept vertueux de rémunération au mérite (un peu à la manière du « parce que je le vaux bien » de l’Oréal…). Je ne suis pas complètement naïf, et je ne me berce pas de l’illusion d’un monde égalitaire où, tout le monde étant beau et gentil, chacun concourrait à la réussite collective en étant content de son sort à la place qu’il occupe. Non, dans la recherche scientifique, comme dans tout autre domaine professionnel, les acteurs sont essentiellement à la recherche de l’optimisation de leur statut personnel, que ce soit en termes de reconnaissance individuelle, de liberté d’action ou de niveau de vie. Mais ils apprécient aussi de ne pas se sentir en concurrence trop directe avec leurs collègues, et la différenciation des salaires qui se fait par le biais de promotions sur dossier ou sur concours, si elle est parfois jugée trop lente, n’est en général pas contestée sur le fond car principalement décidée par les pairs. Ceci permet aux acteurs de la recherche publique française, qui sont en général venus à ce métier par passion, de se sentir à l’aise dans ce système relativement protégé qui ne ressemble pas à celui de la recherche industrielle et qu’ils ont précisément choisi pour cela. Je reste donc convaincu que le système de primes qui est en train de se mettre en place ne va pas dans le bon sens, et qu’il vaudrait mieux que le CNRS utilise cette fraction de sa masse salariale à améliorer les promotions et les recrutements, y compris dans le cadre technique, plutôt que de nous acheminer par petites touches insidieuses vers un système de compétition systématique de tout le monde avec tout le monde dans lequel des « capitaines de recherche » négocieront leur salaire à l’embauche tout en ayant à leur service une armée de contractuels taillables et corvéables à merci. Ce système existe bien entendu déjà ailleurs, ce qui fonde au passage la motivation de nombre d’entre nous d’avoir choisi de rester dans le cadre français… En conséquence, je vous demande de bien vouloir donner les instructions pour que je ne sois pas bénéficiaire de cette prime étalée sur quatre ans. Je vous demande en outre de reverser les sommes correspondantes à la Fondation de France, fondation qui me semble poursuivre des objectifs plus acceptables que ceux qui sous-tendent les actuelles réformes du système français de R&D. Merci également de bien vouloir partager le contenu de cette lettre avec ceux des membres de la direction du CNRS ou du ministère qui partagent avec vous la responsabilité de la mise en place de cette prime.

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur Général, l’expression de mon sincère dévouement à la cause de la réalisation des objectifs et des missions de la recherche publique de notre pays,

Montpellier, le 23 Décembre 2009

François Bonhomme, Directeur de recherche au CNRS »

 

L’ouragan de la connerie souffle sur l’Université

Il va falloir se détendre. Il va falloir mettre à la cape, car voici l’ouragan de la connerie qui souffle sur l’Université. Nous avons manifesté, nous avons écrit de beaux articles et de belles lettres, parce que nous savons bien écrire. Mais tout ceci n’a servi à rien et ne servira à rien. Comment lutter avec des gens qui nous gouvernent et qui sont insensibles à ce qui nous anime et nous motive : la science et la raison. Ces gens-là, ne savent pas ce qu’est la science. Ils gouvernent à coup de vérités toutes faites et jamais vérifiées. Ils pérorent dans leurs thèses préconçues jamais mises à l’épreuve de l’expérience avant de les jeter sur le monde et d’en faire des lois stupides. Ils ne lisent pas. Ils ne savent rien et ne doutent guère. Pour ce qui concerne notre institution universitaire, ils se complaisent dans un modèle anglo-saxon dont ils ne connaissent que l’apparence et qu’ils n’ont pas plus étudié que le Lai de Lanval. Nous n’avons rien de commun avec ces gens-là.

Sans doute, l’histoire trouvera-t-elle que nous sommes en train de parcourir les pires moments de la République. L’humanisme dont les gouvernants étaient empreints, même s’ils étaient de droite (je pense à de Gaulle ou à Pompidou, pour ceux que j’ai connu), l’humanisme ne vaut plus rien. Les chercheurs, les enseignants, comme tous les autres, sont priés de faire la course au pouvoir, à la domination, à l’argent, aux honneurs de pacotille, pour trouver place au moment de la Nuit du Fouquets. Et il y a beaucoup de gens, dans toutes les classes sociales pour trouver que c’est bien. TF1 fait bien son travail.

C’est le temps de la domination par les incultes, les fats, les plumitifs, les ânes, les serviles, les traîtres, les valets, les jaunes, les cons. La Prime d’Excellence Scientifique sera décernée au plus adroit à pisser de la copie, même s’il a le cerveau d’une poule. Et je crains fort qu’ils seront nombreux à faire dossier pour concourir. Le poulailler des candidats à la prime attendant que le coq les sodomise.

L’Excellence c’est Piaget, c’est Freud, c’est le prix Nobel. Ce ne sont pas ces créatures sans génie que je vois et dont j’ai très envie de ne pas taire le nom. Les Excellents seront bientôt la caste scholastique médiévale des ignorants de la Sorbonne aristotélicienne. Tous se taisent aujourd’hui. Pas un mot plus haut que l’autre pour ne pas déplaire. Sait-on jamais. S’il arrivait aux oreilles du Prince.

Il va falloir se détendre. Il va falloir mettre à la cape si l’on choisit de ne pas ramper. Peut-être qu’après l’ouragan, il y aura un coin de ciel bleu.

Violence scolaire : Les États Généraux ou le Gri-Gri du ministre

Voilà 40 ans que je pratique la psychologie. Et quand j’essaie de comprendre ce qui se passe dans la société pour qu’il y ait tant d’incidents en milieu scolaire, je ne sais pas. J’ai bien quelques idées, bien sûr. Mais de là à fournir des explications solides, cohérentes et structurées qui pourraient, de plus, donner quelques indications sur les conduites à tenir et les moyens à mettre en oeuvre, il y a loin. Le ministre va organiser des États Généraux. Il va faire défiler de grands spécialistes qui vont, à tour de rôle, brasser trois idées et beaucoup d’air. Mais de là à trouver explications précises et directions de conduite, il y aura loin.

Alors quoi ?

Il faudrait, pour commencer, que ces questions fassent l’objet de recherches nombreuses et solides. Les universitaires sociologues, psychologues et en sciences de l’éducation doivent être bien capables de le faire (peut-être faudrait-il aussi des juristes, des économistes, …). La difficulté est que ces études doivent passer par de nombreuses observations, de nombreux entretiens, c’est à dire tout autre chose que des analyses sommaires déjà pondues au fil du temps et qui font que chacun croit avoir quelque chose d’intéressant à dire. Ces phénomènes sont trop graves pour qu’on se contente d’analyses et d’interprétations superficielles. D’ailleurs, il y en déjà eu beaucoup qui n’ont rien donné. Il est évident que ce type d’étude va amplement déborder du cadre des établissements d’enseignement vers ce qui les entoure. Et ce sera compliqué, et ce sera coûteux, et ce sera pluridisciplinaire. Et, pire encore, si cela se fait, ce sera long, très long, avant qu’on puisse commencer à vraiment comprendre et proposer autrement qu’en surface.

Mais, pire encore, on risque de ne pas trouver de bons chercheurs pour faire de telles recherches. Pourquoi ? Simplement parce qu’elles ne seront pas « glorieuses », ne donneront pas lieu à publication dans les périodiques internationaux à comité de lecture. Et ceux qui les conduiront n’ont aucune chance de toucher la « Prime d’Excellence Scientifique » qu’on nous fait miroiter. Et là, au lieu de confier ces travaux à d’éminents chercheurs et universitaires, on devra se contenter, comme d’habitude, de confier cela à des organismes dont les membres n’ont ni la formation scientifique ni les compétences requises.

Voilà comment les Etats Généraux se reproduisent…

 

Marie-Luce Penchard décorée de l’Ordre de Guémené


Bienvenue dans l’Ordre de Guémené !

marie-luce-penchard_350.1266425099.jpgMarie-Luce Penchard est décorée de l’Ordre de Guémené, Chevalier, pour avoir déclaré:

« Nous en sommes à une enveloppe de plus de 500 millions d’euros aujourd’hui pour l’Outre-mer, et ça me ferait mal de voir cette manne financière quitter la Guadeloupe au bénéfice de la Guyane, au bénéfice de la Réunion, au bénéfice de la Martinique ».

Toutes nos félicitations.

Tout savoir sur L’Ordre de Guémené

Il n’y a pas plus d’andouilles à Guémené qu’ailleurs. Mais il y a plein d’andouilles qui ne sont pas à Guémené.
Visitez Guémené

Un prix Nobel américain à l’Université Denis Diderot. Quid de la recherche française ?

La recherche française ne vaut rien, disait l’autre. Les chercheurs ne veulent pas être évalués, ajoutait-il. Il faut mettre une bonne dose de compétition, il faut que les meilleurs soient récompensés.

Vincent Berger, Président de l’Université Paris-Diderot, dans un point de vue du 15 février 2010 sur le site du Monde.fr , commente la venue dans cette université d’un prix Nobel américain, George Smoot. Pauvre chercheur américain ! Voici qu’il aura à Paris le plus bas salaire qu’il ait jamais eu ! Il doit être malade!

Alors, comment expliquer ? Alors, Vincent Berger pointe clairement les désastreux effets de bord de la compétition qui n’est pas forcément motivée par les meilleures recherches, mais par les plus gros salaires. Au passage, il remarque que, dans un tel environnement, aucun partage de connaissance n’est possible, évidemment, sans compter les fraudes avec de fausses expériences et de faux résultats. Le Président de Paris-Diderot se plait aussi à remarquer que l’une des caractéristiques de la recherche française est, fréquemment, d’être menée par des équipes dont les membres collaborent ensemble pour atteindre le but. Et voici comment le laboratoire « Astroparticule et Cosmologie » (APC) de Paris-Diderot a pu attirer un Prix Nobel.

La compétition universelle portée par le modèle américano-libéral-capitaliste vient de montrer comment elle était capable de dévaster en quelques mois toutes les économies au prix de centaines de milliers de désespoirs humains. Elle tuera aussi la recherche, soyons en certains.

C’est assez de compétition qui divise les hommes au lieu de les unir !