Violence scolaire : Les États Généraux ou le Gri-Gri du ministre

Violence scolaire : Les États Généraux ou le Gri-Gri du ministre

Voilà 40 ans que je pratique la psychologie. Et quand j’essaie de comprendre ce qui se passe dans la société pour qu’il y ait tant d’incidents en milieu scolaire, je ne sais pas. J’ai bien quelques idées, bien sûr. Mais de là à fournir des explications solides, cohérentes et structurées qui pourraient, de plus, donner quelques indications sur les conduites à tenir et les moyens à mettre en oeuvre, il y a loin. Le ministre va organiser des États Généraux. Il va faire défiler de grands spécialistes qui vont, à tour de rôle, brasser trois idées et beaucoup d’air. Mais de là à trouver explications précises et directions de conduite, il y aura loin.

Alors quoi ?

Il faudrait, pour commencer, que ces questions fassent l’objet de recherches nombreuses et solides. Les universitaires sociologues, psychologues et en sciences de l’éducation doivent être bien capables de le faire (peut-être faudrait-il aussi des juristes, des économistes, …). La difficulté est que ces études doivent passer par de nombreuses observations, de nombreux entretiens, c’est à dire tout autre chose que des analyses sommaires déjà pondues au fil du temps et qui font que chacun croit avoir quelque chose d’intéressant à dire. Ces phénomènes sont trop graves pour qu’on se contente d’analyses et d’interprétations superficielles. D’ailleurs, il y en déjà eu beaucoup qui n’ont rien donné. Il est évident que ce type d’étude va amplement déborder du cadre des établissements d’enseignement vers ce qui les entoure. Et ce sera compliqué, et ce sera coûteux, et ce sera pluridisciplinaire. Et, pire encore, si cela se fait, ce sera long, très long, avant qu’on puisse commencer à vraiment comprendre et proposer autrement qu’en surface.

Mais, pire encore, on risque de ne pas trouver de bons chercheurs pour faire de telles recherches. Pourquoi ? Simplement parce qu’elles ne seront pas « glorieuses », ne donneront pas lieu à publication dans les périodiques internationaux à comité de lecture. Et ceux qui les conduiront n’ont aucune chance de toucher la « Prime d’Excellence Scientifique » qu’on nous fait miroiter. Et là, au lieu de confier ces travaux à d’éminents chercheurs et universitaires, on devra se contenter, comme d’habitude, de confier cela à des organismes dont les membres n’ont ni la formation scientifique ni les compétences requises.

Voilà comment les Etats Généraux se reproduisent…

 

Bakounine