Archive dans 10 septembre 2009

Licencier et faire des bénéfices

Un certain nombre d’entreprises ont profité de la « crise » pour licencier tout en continuant de faire des bénéfices. Je lisais aujourd’hui que le secteur français de la vente par correspondance (3 Suisses, La Redoute, etc) voyait le chiffre d’affaires augmenter de 15%. Et pourtant des plans de licenciements consistants sont à l’oeuvre.

Dans la logique capitaliste, il n’y a rien là de scandaleux puisque l’objectif est de faire des bénéfices, les plus importants possibles, pour rémunérer largement les patrons et les actionnaires. Et c’est ainsi qu’apparait toute la perversité du système. L’actionnaire est mû par le profit. L’actionnaire n’est même plus un conglomérat de « petits » rentiers qui se sont assurés leur vieillesse. L’actionnaire est un groupe financier, un fonds de placement. Cet actionnaire là n’a que faire des salariés, et même de l’entreprise puisque au premier signal défavorable, il vendra tout pour reporter ses fonds ailleurs. Il lui arrivera même, par quelques tours de passe-passe boursiers de revendre, sans scrupules, l’entreprise qu’il a acheté hier avec une forte plus-value.

Dans un monde d’économie sociale, le rôle de l’entreprise est tout opposé. L’entreprise a pour mission de produire des biens pour la collectivité et point des dividendes. L’entreprise a pour seconde mission d’offrir corrélativement, du travail à des salariés. On pourrait même imaginer, dans cette perspective, que les bénéfices servent soit à améliorer les salaires, soit à faire des investissements pour produire plus de biens et proposer en même temps plus d’emploi.

Ceci n’est possible que dans le cadre nationalisé ou dans le cadre autogestionnaire.

L’expérience communiste a, malheureusement, jeté l’opprobe sur le système des entreprises d’état.Le kolkhoze était bien autre chose pour la paysannerie russe que l’état de servage qui était le sien avant 1917. Mais l’organisation totalement hiérarchisée et centralisée reproduisait, d’une certaine façon, la structure socio-économique précédente. Le pouvoir avait juste changé de mains. Et cela Marx ne l’avait pas prévu ou s’était refusé à l’imaginer.

La seule réponse à ce risque de dérive autoritaire réside donc dans des formes d’autogestion. Celle-ci étant gravée dans le marbre des structures politiques, sociales et économiques. L’autogestion constitutionnellement garantie permet d’empêcher la tentation du pouvoir puisque tout délégataire est, en permanence, responsable devant ses mandants. Et, dans un cadre industriel, les salariés décident alors de l’affectation des bénéfices soit à l’amélioration de leur revenu, soit à des investissements utiles. On rétorque souvent que les hommes étant ce qu’ils sont, une telle sagesse n’est pas possible. Pourtant, nous avons chaque jour des exemples de solidarité dans la classe ouvrière que nous n’avons pas l’occasion de voir dans la classe dirigeante. Sans compter que la structure autogestionnaire par elle-même pose les limites et surtout responsabilise obligatoirement.

Là, il n’est plus question de faire des bénéfices et de licencier.

Notes d’économie politique  42 – 10 septembre 2009

Taxe carbone : cessez de respirer !

Savez-vous, Mesdames et Messieurs, qu’un être humain émet plus d’un kilo de dioxyde de carbone chaque jour, ce qui fait plus de 300 kilos par an. Chaque français vivant en France est donc redevable de 6 euros chaque année pour avoir le droit de respirer.

Bien sûr, il y a des réductions pour les enfants ou les personnes âgées et pour ceux qui en sont à leur dernier souffle. Les fumeurs ont droit aussi à une petite ristourne en raison de leur capacité thoracique, mais celle-ci est accompagnée d’une pénalité pour la combustion de leurs cigarettes. On suggère de se tourner vers des substances plus adaptées telles que l’héroïne (pas la cocaïne par elle excite). Il y a des aussi pénalités pour les travailleurs manuels, les sportifs, les militaires faisant de l’exercice.

On n’oubliera pas de sanctionner tous les propriétaires d’animaux proportionnellement à la taille de la bête. Il deviendra utile de se détourner des mammifères, oiseaux, reptiles et poissons. Les insectes pourront convenir.  La fourmi domestique a un grand avenir.

Les meutriers auront droit naturellement à une prime puisqu’ils contribueront à débarasser la terre d’un ou plusieurs producteurs de CO2. On recommande donc les condamnations à mort, les actions terroristes surtout en utilisant des gaz toxiques pour éviter toute combustion. Naturellement les incinérations seront interdites et l’on s’interroge sur les nuisances occasionnées par l’augmentation de la respiration des fossoyeurs creusant le trou.

Il faudra aussi abattre veau, vache, cochon, couvée. Il sera interdit de se nourrir de tout végétal participant à la photosynthèse (donc exclusivement glands, feuilles mortes, etc.). Cette famine produira de nombreux décès ce qui contribuera à la baisse de la production de CO2. Quand tous les humains seront morts, la terre sera sauvée !

Les ASSEDIC, l’ANPE, le Pôle Emploi et l’esprit de système

Un jour quelqu’un, ou quelques uns, dans la technostructure, ont décidé qu’il fallait que les ASSEDIC et l’ANPE deviennent plus « performants ». Il se fondaient sur un principe intuité mais non vérifié qu’une entreprise privée avait une meilleure productivité qu’une entreprise privée. On décida donc de changer de méthodes de management. On prit en compte la productivité et toutes sortes de ratios (comme si un chômeur était identique à un autre chômeur). On a donc poussé les feux sur le personnel, sans pratiquer la moindre concertation. Il est vrai qu’une telle participation aurait demandé du temps et la technostructure était pressée d’en finir.

On décida aussi le guichet unique. Pourquoi pas ! Très bien ! Mais encore fallait-il que chacun soit bien prépareé à exercer le métier de l’autre, sans compter des questions de différences de salaires…

Et vint la crise. Et ses centaines de milliers de chômeurs. Et le frêle paquebot se mua en Titanic. On en profita pour confier une partie des tâches au secteur « privé » évidemment plus compétent pour prendre au pied levé la suite du secteur public.

Il y a une phrase de Prévert que j’affectionne, tant elle s’adapte à tant de circonstances:

« Quel bordel, Madame Adèle, quel boxon, Monsieur Léon ! »

Si l’on n’avait pas eu un si fort esprit de système, on eut procédé autrement. D’abord remotiver peut-être le personnel habitué à la routine. Créer des structures participatives à l’échelon local pour organiser au mieux le travail et l’accueil et le suivi des usagers. Car on ne me fera pas croire que tous les salariés des ASSEDIC et des ANPE sont des crétins sclérosés et paresseux. Il eut suffi, en vrai, de suivre tranquillement les conclusions des recherches en Psychologie du Travail et en Psychologie des Organisations. Quand tout ceci eut été accompli, on aurait procédé de façon douce et tranquille à la fusion des deux organismes. Et, la crise venue, les performances du système se seraient trouvées améliorées et disponibles pour intégrer du personnel supplémentaire.

Mais au lieu d’une politique qui aurait privilégié l’implication de l’agent et non la structure hiérarchique imposée, on a accompli une révolution rigide, normée et au final ratée.

Quand on aura compris que l’évolution du travail passe par l’écoute et l’implication du travailleur, bien des choses changeront. Ceux qui nous gouvernent feraient bien de se cultiver un peu.

Un homme s’est donné la mort par le feu

Je l’ai un peu connu. Un peu. Un gamin, versatile, instable. Et, peut-on croire, il ne voulait pas mourir. On dit qu’il s’était couvert de vêtements. On dit aussi que c’est lui qui a appellé les secours.

On sait aussi que sa femme avait décidé de se séparer de lui. Comment peut-on être aussi peu préparé aux évènements de la vie pour menacer de s’immoler par le feu ? … et le faire. Voulait-il se rater ? Probable. Mais, au fond cela ne change pas grand chose.

Et aurait-on pu le sauver ou l’empêcher ? Ce n’est même pas certain. Bien sûr le psychologue se dit qu’il a loupé quelque chose dans tous les signes qui auraient pu être annonciateurs.

Cet homme avait trois enfants. Des petits ! Ils n’ont pas vu toute la scène, mais ils en ont connu le début… et la fin.

On ne peut rien dire. On est là, les bras tombés le long du corps

« La vie
C’est la supercherie
d’un Jupiter aigri… »
Henri Tachan

Juillet-Août 2009 : des charrettes de licenciements

Après la longue marche du mouvement universitaire, le camarade Bakounine avait décidé de prendre un peu de repos. Et puis, c’était marre de répéter sans cesse la même chose sur le capitalisme et le libéralisme et l’immense merde pompe à fric qui règne sur le monde.

Donc, Bakou au vert.

Mais Bakou au vert avait encore sa petite radio Sony qui lui permettait d’écouter France-Info en loucedoc. Et il en eût pour son argent, le camarade. Tous les jours, ou presque, c’était l’annonce, oserai-je dire attendue, de dizaines, voire de centaines de licenciements. Toujours au même motif: la crise. Ah, elle a bon dos la crise. La vilaine crise, avec toujours le même refrain. Baisse de l’activité économique, baisse des commandes, baisse des investissement, baisse du slip !

Pendant ce temps là, le CAC 40 se prenait une envolée de 1000 points en 6 mois (depuis mars). De 2500 à 3500 !  Soit une augmentation de 40 % ! Allez, à la louche, cent licenciements par point du CACA.

Et comme on n’est pas frop franco-français, on va faire une projection dans toute l’Europe, dans le monde entier, tant qu’à faire. Ce sont encore des millions de personnes qui ont perdu leur job. Pendant ce temps, celui dont on n’a pas droit de dire le nom sinon on risque d’être poursuivi pour injure aiu seigneur et maître avec garde à vue, mise à poil et doigt dans le cul, s’évertue à tenter de limiter les boni (oui, les « boni ». Le pluriel de « bonus », en latin est « boni »).

J’en ai assez de répéter toujours la même chose.

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P.S. : Un petit truc sympa. Le Conseil d’Etat a retiré le Taser des mains des fkics municipaux.  Faut pas désespérer ! De temps en temps, il y a un petit truc sympa. Mais que va-t-on faire de tous ces Taser ?

Arrêtez de dire des conneries. Tasez-vous !