L’Université et moi : 6-Mes débuts vacataires

L’Université et moi : 6-Mes débuts vacataires

Me voici donc entré avec ravissement dans le monde merveilleux de l’Université. Un prodige que je n’aurais jamais osé imaginer. La porte était entrouverte. Il me fallait entrer et me maintenir. Tout n’était pas joué d’avance.

Je fis donc au mieux ce que j’avais à faire. Je complétai mon travail par quelques vacations de recherche qui consistaient à dépouiller des questionnaires. Et, chaque mercredi et chaque vendredi après-midi, j’étais Moniteur de Travaux Pratiques sous la houlette d’Alain Danset qui était alors Assistant au Laboratoire de Psychologie Génétique dirigé par le Pr Pierre Oléron, en compagnie de ma camarade d’études Annick Guérin. Le laboratoire était niché dans les hauts de la Sorbonne. On entrait par la porte du 41, rue St Jacques. Il y avait là l’escalier A et un ascenseur. Si on « avait la clé », on montait par l’ascenseur. Sinon, on se tapait les quatre étages, quatre étages de Sorbonne, pour dire vrai, ce qui est bien autre chose qu’un immeuble d’habitation, même ancien.

Le travail de moniteur était très agréable. On installait les postes de travail dans un grand couloir. Chaque poste comprenait une table pliante (qu’on dépliait) et quatre chaises pliantes (qu’on dépliait). On déposait le matériel. C’était Alain Danset qui allait chercher les étudiants à la porte de l’école élémentaire. C’est lui aussi qui allait chercher les enfants dans les classes. Les moniteurs surveillaient le travail des étudiants, répondaient aux questions et intervenaient si nécessaire, travail intéressant qui demandait parfois un peu de tact avec les personnes d’âge qui croyaient tout savoir. Je n’en avais sans doute pas assez. Mon collègue Jacques Lautrey qui a fait une très belle carrière à l’Université, m’a dit se souvenir de moi, à cette époque. Il paraît que je « n’étais pas commode ».

Par chance, une opportunité se présenta à la rentrée de Novembre 1967. Une réforme avait aspiré les assistants et les maîtres assistants vers des travaux dirigés. Il fallait des enseignants pour assurer les travaux pratiques. Je devins donc « Chargé de Cours Complémentaire ». Du coup, je me trouvais en première ligne. Heureusement, Alain n’était pas loin. L’entraînement d’avoir fait quelques cours l’année précédente me fut bien utile. Je crois que tout se passa aussi bien que possible.

Je me pris à espérer, tout en m’accusant intimement de n’être pas assez instruit en Psychologie,  Je me pris à espérer un poste d’Assistant. Je vis, naturellement, arriver d’autres chargés de cours. Arriva notamment Josette Shun qui devait devenir Josette Marquer. Comme elle avait été introduite par la femme de Pierre Oléron, elle obtint un poste plus vite que moi. Ce que je sais de l’implication de Josette depuis, me laisse penser que c’était mérité. J’aurais juste préféré qu’elle fut nommée un peu après moi. C’est tout.

Cette année universitaire fut très agréable. J’avais cet emploi de Chargé de Cours. J’avais aussi dégotté un mi-temps au Service de Recherche de l’INRDP (Institut National sz Recherche er de Documentation Pédagogique), rue d’Ulm à Paris. En même temps, j’étais censé commencer une thèse. Mes semaines étaient bien occupées.

Le vendredi 3 mai 1968 vint bouleverser la donne. Au petit matin, mon fils Bertrand naissait. A 13H30, j’étais rue St Benoît pour ces Travaux Pratiques. Quand j’en ressortis après 16H30, le Quartier Latin était en effervescence.

© Jean Pierre Dufoyer, novembre 2008

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