Libéralisme et économie de marché: même combat

Libéralisme et économie de marché: même combat

Certains croient pouvoir poser un distinguo entre économie de marché et libéralisme. Par exemple, certaines « motions » du Parti Socialiste voudraient pouvoir s’inscrire dans l’environnement mondial de l’économie de marché. C’est reconnaître la légitimité de la concurrence comme facteur de développement.

La « synthèse » se présenterait donc comme suit: le marché est dynamisant. Il incite à l’effort puisqu’on doit le prendre en compte tant dans les objectifs que dans les moyens. Par contre, certaines activités ne peuvent être développées au nom de l’interdiction ou la régulation du « fais ce que voudras » lorsqu’elle portent en germe une contradiction avec l’intéret général. C’est le libéralisme contrôlé, donc ce n’est plus le libéralisme.

Ce distinguo assez subtil est-il véritablement opérationnel ou n’est-ce pas un raionnement fumeux ? Dans Le Monde daté du 21 novembre 208, on trouve en page 3 un article de Sylvain Cypel intitulé Le crépuscule de l’automobile américaine. L’argumentaire général peut être résumé de la façon suivante : aux USA, à l’opposé de ce qui est en Europe, par exemple, les dérivés du pétrole sont restés bon marché. L’absence de taxe n’a pas pu empêcher la montée du prix du litre d’essence à la pompe quant le prix du baril montait. Mais, au final, le prix payé par l’automobiliste restait bien inférieur à ce que payait un français ou un espagnol.

 

 

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Du coup, les constructeurs américains, jusqu’à ces derniers temps, n’ont absolument pas investi dans l’économie de carburant. Ils ont continué à produire de grandes berlines, de gros 4×4 et de gras et gourmands pick-up. Pendant ce temps, les européens et les asiatiques concevaient les modèles que nous connaissons et pénétraient de façon importante le marché des U.S.A.. Et lorsqu’au jours présents le client américain se met à rechercher, pour des raisons économiques, civiques et écologiques des véhicules moins gourmands, ni Ford, ni General Motors, ni Chrysler n’ont eu de modèles à proposer.

Et l’on est frappé de lire, dans l’article, cette citation de David Cole, fils d’un ancien P.D.G. de General Motors, défendant les constructeurs nationaux: « Dans une économie de marché, on ne peut blâmer des entrepreneurs d’être allés là où était le profit. Si faute il y a eu c’est celle des gouvernants ». ce qui revient somme toute à dire: excusez-nous d’être aussi profondément immatures. C’est parce que vous nous avez mal éduqués. Voilà qui, au moins, a l’avantage d’une grande sincérité : le contenu de la citation montre autant d’immaturité que le comportement qu’elle commente. On en revient toujours aux mêmes questions. La seule recherche du profit et, il faut aussi le dire, du profit maximal, est le seul moteur de cette économie. Point de politique industrielle. Tout et tout de suite. Et quand les choses vont mal, on se retourne vers la puissance publique pour demander de l’aide en mettant en balance des milliers de pertes d’emplois. Sans vergogne.

On en revient toujours là.

Notes d’économie politique  39 – 25 novembre 2008

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Bakounine