Le rapport Spinetta ou le libéralisme ferroviaire

Le rapport Spinetta ou le libéralisme ferroviaire

Si je m’en souviens bien, ce Spinetta là avait été impliqué dans la bordelisation d’Air France.
Qu’on mette en cause le régime, pourquoi pas. Il y a des cheminots qui ont passé plus d’années en retraite qu’en activité. Qu’il s’attaque aux voyages gratuits, on peut le comprendre, tout en n’oubliant pas que nombre de salariés, de nombre d’entreprises, même privées, bénéficient de certains avantages en nature. Qu’il morde dans l’âge de la retraite, mettons, quoiqu’on puisse réfléchir pour confier un TGV roulant à 320 Km/h à un conducteur âgé seul à bord (ce qui n’est pas le cas des avions). Il peut s’attaquer à plein de trucs. Je veux bien.
Mais pas au service public ! Comment peut-on, en même temps, imaginer le maintien ou la création d’entreprises dans des villes qui ne sont pas raisonnablement desservies par le rail. Imaginez Brest sans le TGV Paris-Rennes. Quid de Beauvais-Paris avant que l’électrification ait réveillé une liaison délaissée. On a déjà massacré Aurillac. On voudrait vider la Dordogne, le Gers, l’Orne, le Cher, etc. Voyez les cris des habitants de Clermont-Ferrand !
Déjà on a commencé. On a diminué le nombre de trains. On a bordélisé les correspondances. Les gens ont pris leur voiture. Donc peu de voyageurs dans des trains aux horaires incommodes. Donc on a supprimé des trains. Ou alors, on est allé faire la manche auprès des Conseils Régionaux, donc à l’impôt.
Ce Spinetta se fiche que le train soit le moyen de transport soit le moins polluant, a fortiori s’il est électrifié. Bénef, bénef, bénef.
Mais, ajoutons un mot sur la « formidable dette » de la SNCF.
Hormis les sections d’autoroute à péage, les automobiles, les autocars, les camions roulent sur des routes qui sont construites et entretenues par l’Etat et, depuis peu, par les collectivités locales.
Par contre, les trains roulent sur des voies qui sont construites et entretenues par les entités de la SNCF. Si les voies, les rails et tout ce qui s’ensuit étaient construits et entretenus par l’Etat et les collectivités territoriales depuis toujours, je suis porté à penser que la dette de la SNCF n’existerait pas.
Maintenant, au nom de la dette, Spinetta veut livrer tout ce qui fait bénef au privé, et les régions se taperont ce qui est déficitaire, mais utile aux citoyens.
Il agite le chiffon rouge dit-on ? Pire encore. Comme animé de haine, rien ne trouve grâce à ses yeux. Il conchie tout ce qui a été. Qu’il conchie ce qui était digne de l’être, mettons, mais voici qu’atteint d’une libérale diarrhée, il laisse aller sa haine merdique pour tout ce qui est, a été, fut et sera, le service public.

1289 – 16/02/2018

Bakounine