Réforme des collèges : 5+2 n’est pas égal à 10

Réforme des collèges : 5+2 n’est pas égal à 10

La notion de collège unique repose sur un postulat selon lequel les entrants sont assez ressemblants les uns aux autres pour qu’on leur propose un parcours « unique ». Postulat bon à jeter dans les toilettes puisqu’on connaît les différences. Donc, plus question, si l’on est honnête intellectuellement, de collège unique. On pourrait alors donner le même objectif à tous les collèges, mais les moyens d’y parvenir seront nécessairement différents selon les catégories d’élèves.

Encore faudrait-il, pour commencer, décréter l’école primaire unique, au sens où l’on conduirait tous les enfants vers une relative homogénéité. Ce qui n’est déjà pas le cas.

On connaît très bien les sources de variation. On voudra bien admettre que, pour une part, tous les enfants ne sont pas aussi intelligents. Mais l’on connaît tout aussi bien l’importance du milieu socio-culturel. Comme on a pu le dire, il est vraisemblable qu’à deux ans tout soit déjà bien déterminé. Et très difficile à compenser car un certain nombre de facteurs interviennent à contresens.

Autrefois l’école était respectable et le maître respecté. Autrefois, il y avait « l’étude ». Autrefois, même dans les familles pauvres rurales, il y avait souvent un coin de table pour apprendre les leçons.

Aujourd’hui, il y a des familles où cela n’est plus, où l’instituteur est un con, où la télévision est allumée en permanence.

Et tutti quanti…

Il y a beaucoup à dire sur la télévision qui se présente en concurrence avec tout, les devoirs, bien sûr, mais aussi les échanges verbaux entre les membres des familles. Et voici venus les SMS qui interrompent toute activité en cours.

Il y a les familles où l’on gère, souvent tant bien que mal, tant la concurrence est féroce avec la télé et les SMS, et les familles où l’on ne gère pas. Ajoutons à cela les troubles du sommeil parce que les enfants se couchent trop tard quand ils ne sont pas interrompus toute la nuit dans leur sommeil par les SMS. Il y a les familles où l’on résiste, en fixant des règles, il y a les familles dans lesquelles les échanges oraux structurés existent, il y a les familles où il y a des livres et des revues, il y a les familles où l’usage de la télévision est ordonné, etc. Puis il y a les autres, y compris quelques une où le niveau socio-économique est bon. Ajoutons aussi les familles chez lesquelles toute relation d’autorité aura disparue notamment dans l’environnement urbain de certains quartiers.

Et, avec tout cela, on voudrait faire un collège unique ?

Bien au contraire, le collège doit être diversifié avec pour seule règle d’obtenir le meilleur résultat pour chaque élève, en agissant, de façon simultanée sur les motivations. La question de savoir si l’on étudie une ou deux langues, ou le latin, ou le grec, ou si l’on procède en interdisciplinarité est totalement triviale. La vraie question est de pouvoir offrir chaque année à chaque élève un programme qu’il soit apte à suivre et qui soit apte à le faire progresser, seule manière de compenser les différences socio-culturelles. Tout cela n’est vraiment pas unique !

1127 -19/05/2015

Bakounine