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Le commentaire:
« Ils ont tué Cabu ».
Depuis combien de temps arrosons-nous le chou et caressons nous la chèvre ?
A force de ménager toutes les susceptibilités qui, elles, ne manquent pas de s’essuyer les pieds sur notre mode de vie, notre culture, notre civilisation, nous voici, à force de reculade dans un bain de sang.Et il n’est pas besoin de deviner où se plante la balayette.
Ce n’est pas une attaque contre la liberté de s’exprimer qui a été menée chez Charlie Hebdo. Cette nuance est trop subtile pour ceux qui ont organisé et exécuté le massacre. C’est notre civilisation dans sa totalité qui est visée. La liquidation de la rédaction du journal sous couvert de la publication des caricatures de Mohamed n’est qu’un prétexte. Elle a payé pour notre lâcheté et tous les défilés ne seront que gesticulation tant qu’ils se borneront, en toute bonne conscience, à donner comme motif l’attaque contre la liberté de la presse.
Tant que l’on n’aura pas compris que nous sommes en guerre, nous continuerons à manipuler la chèvre, le chou et la balayette.

11Janvier

Cette réaction est bien primitive car elle ne donne même pas une hypothèse sur l’explication des raisons pour lesquelles on devrait s’attaquer à notre civilisation. Et c’est là qu’il faut faire preuve de nuances. D’abord ne pas oublier que le christianisme fut aussi stupide en d’autres époques. Au cours des croisades, il ne faisait pas bon être musulman dans les contrées parcourues par le très saint « Saint Louis » (cf. les Croisades vues par les Arabes). On s’intéressera à la croisade contre les Albigeois et même les petits buchers que fit élever Calvin à Genève.
On pourra alors se demander légitimement pourquoi les musulmans auraient alors quelques siècles de retard. Je ne saurai répondre à cette question, mais j’ai l’impression que si quelques groupes catholiques intégristes disposaient des mêmes ressources financières que Daesh, ils seraient bien disposés à construire quelques bûchers et autres saloperies.
Il semblerait bien que le goût du bûcher ou du djihad ou de la lapidation ou d’autres réjouissances diminue quand la culture augmente. Il est très difficile pour un musulman que la loi islamique ne soit pas celle d’un état. Ce qui rend impossible le concept de laïcité. Même les musulmans « cultivés » ont beaucoup de mal à admettre qu’on puisse faire des caricatures de Mahomet. Mais il en est de même pour des catholiques « cultivés » d’admettre des caricatures du Christ. Admettre qu’un écrivain, un orateur ou un dessinateur puisse produire des textes, des discours ou des dessins qui violente vos convictions représente pour toute personne, un effort énorme, voire insupportable, à rapprocher de toutes les requêtes en référé pour interdire tel livre, tel magazine. Ces requêtes sont justifiées ou non selon le point de vue où l’on se place.
C’est là que se place l’effort de tolérance qui peut être insoutenable pour certains mis en cause. Je possède un ouvrage qui reproduit plusieurs centaines de « une » de Charlie-Hebdo. Il en est de répugnantes. Et si elles peuvent m’inciter à poursuivre devant des tribunaux, je ne pense pas à tuer.
Je ne pense pas à tuer, si je me place dans ma position d’intellectuel. Mais si je ressentais une profonde blessure, je pourrais rechercher une vengeance… C’est toute la différence qui existe, par exemple, entre ce que ressentent les parents d’un enfant assassiné et un tribunal qui doit appliquer, aussi sereinement que possible, la loi. Ce sont les intellectuels qui ont fait abolir la peine de mort, pas les parents des victimes.
Certaines créatures prospèrent ainsi sur la pensée primitive de gens qui, pour diverses raisons, n’ont pas étudié autant que d’autres. Ceci a valu pour Hitler. Ceci vaut pour Abou Bakr al-Baghdadi. L’histoire est pleine d’exemples de tels malades mentaux.
Ajoutons à cela la situation économique. Hitler est venu au pouvoir parce que les allemands étaient dans un état d’effroyable pauvreté. Certains syriens, irakiens, afghans, etc., sont dans un grand dénuement, pour deux catégories de raisons. D’abord le fort pillage des richesses locales par le capitalisme mondial et certains pays arabes ; ensuite l’incroyable injustice dans le partage des richesses locales sans compter la corruption et tutti quanti. Ainsi des pauvres, des malheureux, des individus frustes deviennent les agents d’un système qui use de leur crédulité jusqu’au sacrifice de leur vie.
Au final, ce qu’on décrit comme un conflit de civilisation pourrait bien n’être qu’une question d’éducation et de partage raisonné des richesses.

1094 – 11/01/2015

Bakounine

1 commentaire pour l’instant

Gavroche Publié le13h48 - 14 janvier 2015

J’abonde dans le sens de la conclusion de ce propos. En propos subsidiaire j’ajouterai que le partage raisonné des richesses va bien au-delà de la simple répartition économique.

L’intervention de l’Etat qui consiste à niveler les ressources par la répartition fait liguer les uns contre les autres, désolidarise la conscience collective pour ne privilégier que les intérêts personnels. L’Etat doit être pourvoyeur de croissance et non cet aspirateur à cash pour financer sa politique déflationniste.

Il faut aussi reconnaitre que nos sociétés occidentales promeuvent trop souvent la réalisation de soi par la capacité à acheter, à consommer, à dealer.

Pris dans cette incapacité économique, nous portons la responsabilité collective d’avoir relégué les transmetteurs de culture et d’instruction à un point accessoire alors qu’ils sont l’essentiel. Ce sont eux qui assoient, dès l’enfance, la justice et l’égalité. Ceux qui permettent à une Nation d’être libre et en mouvement et accessoirement de produire de la richesse économique.