Il faut au moins descendre dans la rue…

Il faut au moins descendre dans la rue…

L’infâme politique dite « d’austérité » qui sert de théorie de gouvernance se déploie sur l’Europe. Après la Grèce, après l’Espagne, après l’Italie, après l’Irlande, qui ?
Heureusement pour eux, les Chypriotes, ou plutôt quelques Chypriotes, sont descendus dans la rue. Sinon, même les plus pauvres d’entre eux auraient été spoliés. Quant aux gros oligarques russes, il semble bien qu’ils aient bénéficié de l’aide de filiales des banques de Chypre installées au Royaume Uni.
Pendant ce temps, la grande majorité des européens reste immobile et impavide. On ne pille pas que les Chypriotes qui vivent, soi disant, tous dans le luxe, comme s’il n’y avait pas de pauvres là-bas. C’est loin, alors on laisse faire, comme si se servir directement sur des comptes bancaires n’était pas du vol, sinon du racket.
On s’indigne, en France, de l’augmentation du nombre de chômeurs. Mais une fois l’indignation passée, on retourne à ses affaires… sauf les chômeurs. Oui, dit-on, mais comment changer cela. Qu’est-ce qu’on peut faire ? On contemple alors, en silence, une bande de gangsters, composée d’hommes politiques et de banquiers, qui fait payer au peuple inconséquences et concussion. Et le peuple se tait.
Le peuple se tait toujours devant la montée du pouvoir des gangsters. Car il n’y a pas que les banquiers. Il y a aussi les chemises brunes qui viennent déguisées à la manifestation contre le mariage homosexuel. Comme les Croix de Feu dans les années trente.
Les espagnols, les italiens, furent moins heureux. Quant aux allemands ils furent bien servis, avant que ce ne soit le monde entier qui le soit.
Les tunisiens et les égyptiens se sont soulevés, les libyens et les syriens par les armes. Il y a beaucoup de libyens morts, encore plus de syriens. Le pire est qu’il faudra qu’ils se soulèvent une fois encore contre les fous soi-disant « intégristes ».
Mais en France, en Europe, on ne descend pas nombreux dans la rue. On lit Indignez-vous, on s’indigne un peu et on retourne à sa vie ordinaire. On a laissé les Indignés espagnols se faire évacuer sans un cri. Mais n’est-il pas venu le temps de s’indigner davantage. Entre 1936 et 1938, il y eût les Brigades Internationales et pendant la guerre tous les mouvements de Résistance.

Alors, ne peut-on juste commencer un peu ? S’installer Place de la Concorde au nom prédestiné ? Au moins pour s’indigner des conditions de vie qui sont faites à des millions de citoyens qui vivent dans la pauvreté voire dans la misère.
Mais aussi, et surtout, le peuple dans la rue, c’est toujours l’occasion d’une grande fraternité. C’est l’occasion d’échanges sociaux qui ne sont pas vains. C’est ainsi qu’en 1968, beaucoup ont trouvé là leur éducation politique internationale. Contre l’Amérique au Vietnam, pour ou contre Mao, pour ou contre le stalinisme… Voilà de quoi prendre la mesure des tyrannies qui peuplent le monde. Prendre la mesure des contraintes qui sont imposées aux citoyens, notamment aux femmes, prendre la mesure du danger des fanatiques.
Mais commençons ici.
Il n’est pas vrai de dire que la situation économique de l’Europe est bloquée. Elle l’est parce qu’on ne veut pas changer les règles. A quoi a conduit l’austérité après 1929 ? A d’effroyables conséquences sociales et politiques.
Allez, un petit effort. Ne restez pas silencieux, ne laissez pas la rue aux hostiles au mariage des homosexuels. Il y a bien d’autres sujets qui méritent qu’on lève le poing.

1088 – 31/03/2013

Bakounine