« L’innocence des musulmans » et l’opium du peuple

« L’innocence des musulmans » et l’opium du peuple

Souvenons-nous avec effroi de notre massacre de la Saint Barthélémy : au nom d’une religion on massacrait les croyants de l’autre. Pas une nouveauté. Simon de Montfort s’était bien diverti avec les Albigeois et la bénédiction du Pape. Et ceci juste pour se ramentevoir quelques épisodes brillants de la saloperie française en matière de religion. Et puis tiens : il y eut aussi les Dragonnades, bonnes persécutions ordonnées par notre très brillant Roi Soleil. Tout cela bien accompagné de pillages, de tortures, de meurtres et bien sûr, de viols. Et toujours des peuples manipulés vers la violence pour assouvir leur misère et, pour le coup, ne pas inquiéter le pouvoir.
Les réactions des musulmans à la mise en ligne d’un film insultant pour leur religion me fait le même effet. D’ailleurs, combien sont-ils à avoir vu ce film, qui plus est, n’est qu’un lamentable navet tourné dans un Orient imaginaire ? C’est tellement nul que ça n’insulte que le crétin qui l’a réalisé. Mais naturellement, c’est là prétexte, comme à chaque fois dans l’histoire, pour faire descendre dans la rue des foules haineuses capables de tout y compris de brûler des livres.
On a souvent brûlé des livres. Après ou avant le bûcher pour quelques malheureux, il est bon de procéder à un bon autodafé de livres. L’Inquisition s’y complaisait. Les nazis aussi. Du beau monde quoi, qui ne manquait pas de percevoir que les livres contenaient le savoir, l’éducation des peuples et l’élévation de l’esprit.
Et pourtant, ne cherchons pas dans le Coran la légitimité de cette protestation violente envers le film étron publié sur Internet. Elle n’y est pas. Pas plus que les Evangiles n’invitent au massacre des protestants et des Albigeois.
Je me souviens d’une soirée passée, près d’Oran, en compagnie d’un vieillard musulman, tout plein d’hospitalité et de respect d’autrui. Il avait accompli le pèlerinage de La Mecque animée d’une profonde foi, pas comme le font certains qui suivent la tradition familiale ou sociale. Mes hôtes algériens m’avaient conduit jusqu’à lui, justement pour me faire rencontrer un homme saint. Nous avons passé de longs moments à parler de religion comparée.
Mais j’ai désespéré cet homme en lui avouant que, quoiqu’élevé dans la religion catholique, j’étais devenu athée. Son désespoir venait de ce que je m’étais éloigné de Dieu ou d’Allah qui, pour lui, étaient évidemment la même personne.
Je pense que cet homme, s’il vit encore, qui émettait une lumière de tolérance infinie, doit être désespéré plus encore par ces violences et ces meurtres commis au nom d’Allah.
« La religion est l’opium du peuple ». Ainsi disait le camarade que nous connaissons bien. Forme d’oppression, qui maintenant celui-ci dans l’ignorance, en fait les serfs dont les plus riches de toutes contrées ont besoin pour maintenir et agrandir leurs richesses et leurs privilèges.

1004 – 18/09/2012

Bakounine